[0001] La présente invention se rapporte à l'élaboration des métaux, notamment de l'acier.
Elle concerne plus particulièrement l'affinage pneumatique d'un bain de fonte contenu
dans un creuset à l'oxygène soufflé par le haut.
[0002] On sait qu'un creuset d'affinage à l'oxygène soufflé par le haut est un récipient
métallique garni intérieurement d'un épais revêtement réfractaire. Le récipient se
compose essentiellement d'une partie verticale cylindrique (appelée paroi latérale)
qui est d'une part fermée à son extrémité inférieure par un fond circulaire encastré
et d'autre part prolongée à son extrémité supérieure par une partie tronconique formant
le bec. Par celui-ci pénètre une lance verticale pour le soufflage d'un ou de plusieurs
jets d'oxygène d'affinage en direction de la surface du bain métallique contenu dans
le creuset.
[0003] Il est connu de pouvoir élargir les possibilités métallurgiques des techniques d'affinage
de la fonte par soufflage d'oxygène par le haut en injectant par le bas du creuset
un gaz de brassage. Ce dernier est le plus souvent un gaz chimiquement inerte vis-à-vis
des impuretés du métal, comme l'azote, l'argon, etc... purs ou mélangés. Mais, il
n'est pas exclu d'utiliser un gaz réactif, tel l'oxygène ou le C0
2, pur ou mélangé à un gaz inerte et qui, en plus de sa fonction de brassage, participe
à l'affinage proprement dit en conjuguant son action avec celle de l'oxygène soufflé
par le haut.
[0004] On sait que les effets bénéfiques qu'on peut en attendre sont notamment une conduite
du soufflage plus aisée, une amélioration du rendement en fer et de la qualité de
l'acier ainsi qu'une réduction des consommations de désoxydants et de ferro-alliages.
On peut également bénéficier d'un accroissement de la quantité d'additions refroidissantes
(ferrailles ou minerai) %CO grâce a une augmentation du taux de combustion secondaire

lorsque, comme le décrit par exemple la demande de brevet luxembourgeois n° 81 207,
le procédé est mis en oeuvre conjointement avec le maintien d'une atmosphère d'oxygène
bien répartie sur la surface du bain.
[0005] L'une des principales caractéristiques technologiques du procédé est l'incorporation
dans le fond du creuset d'injecteurs permettant d'insuffler le gaz de brassage dans
le bain à tout moment pendant et/ou après le soufflage par le haut d'oxygène d'affinage.
Les injecteurs utilisés, devant assurer un passage sélectif du gaz de brassage pour
éviter des infiltrations de métal en fusion en sens inverse, peuvent être des tuyères
à faible section de passage (de quelques mm
2) ou, de préférence, des éléments réfractaires aéroperméables. Des éléments de ce
type existent désormais, dont la durée de vie est égale à celle du fond du creuset
et qui ont fait l'objet de plusieurs demandes de brevets'formulées par les inventeurs.
[0006] Cette souplesse dans le choix du moment, de la durée et de l'intensité de l'injection
gazeuse permet, comme on l'a rapidement souligné ci-avant, d'améliorer considérablement
les performances des creusets à l'oxygène soufflé par le haut en cumulant leurs propres
avantages avec ceux des procédés classiques à soufflage d'oxygène par le fond.
[0007] Cette nouvelle technique vient de conquérir la sanction industrielle sous la dénomination
Procédé "LBE" (Lance-Brassage-Equilibre) évoquant l'équilibre qu'il tend à réaliser
entre le métal et la scorie dans le creuset.
[0008] Les inventeurs viennent maintenant de découvrir que le procédé LBE permet d'étendre
largement les possibilités de l'affinage à l'oxygène par le haut, non seulement grâce
à la souplesse déjà évoquée dans le choix du moment, de la durée et de l'intensité
du brassage gazeux, mais également - et de façon tout-à-fait surprenante- par un choix
judicieux des conditions géométriques auxquelles doit répondre un tel brassage. De
plus, ce choix peut être mis en oeuvre de façon fort simple à partir de considérations
portant seulement sur la localisation des injecteurs dans le fond du creuset.
[0009] A cet effet, l'invention a pour objet un procédé d'affinage d'un bain de métal, en
particulier de fonte, dans un creuset à soufflage d'oxygène par le haut et selon lequel
on insuffle par le bas un gaz de brassage, procédé caractérisé en ce que l'on insuffle
le gaz de brassage au moins en partie à la périphérie du fond du creuset, au voisinage
immédiat de la paroi latérale de ce dernier.
[0010] L'invention a également pour objet un creuset particulier pour la mise en oeuvre
du procédé caractérisé en ce qu'il présente, incorporés à son revêtement réfractaire,
des injecteurs pour l'insufflation du gaz de brassage localisés dans le fond du creuset,
le long d'un cercle situé au voisinage immédiat de la paroi latérale de ce dernier.
[0011] Jusqu'ici, on avait coutume de répartir les injecteurs dans le fond du creuset selon
une disposition circulaire à peu près à mi-distance entre le centre du fond et la
paroi latérale. Cette disposition représentait un emplacement logique pour obtenir
un effet de brassage optimal, compte tenu du ou des jets d'oxygène soufflés par le
haut dont les points d'impact se situent dans la région centrale de la surface du
bain.
[0012] La mise en oeuvre de l'invention, laquelle, comme on l'aura compris, consiste fondamentalement
à repousser au maximum la zone de soufflage de gaz de brassage vers la périphérie
du fond, présente, par rapport à la technique habituelle, un résultat remarquable
: stabiliser la nitruration du bain à des teneurs tout-à-fait acceptables pour pratiquement
toutes les nuances élaborées à ce jour. L'intérêt de ce résultat sera mieux compris
après avoir indiqué que, dans la pratique antérieure, le soufflage à l'azote conduit
à des teneurs résiduelles fluctuantes en cet élément, sortant souvent des tolérances
admises et qui impliquent, ou la mise au rebut de la charge, ou des traitements correctifs
ultérieurs toujours délicats et onéreux, à l'exemple des traitements sous vide.
[0013] L'invention présente donc en particulier l'avantage de pouvoir utiliser en toute
circonstance et tout du long de l'opération d'affinage un gaz de brassage par nature
soluble dans le métal liquide dans certaines conditions, à l'exemple de l'azote, sans
risque d'une dissolution excessive. Cette possibilité permet de réduire le coût de
revient de l'opération dans des proportions appréciables puisque, comme on le sait,
parmi les gaz à usage industriel et sidérurgique en particulier, l'azote est sans
doute le plus économique, notamment en tant que sous-produit de la fabrication d'oxygène
à partir de l'air atmosphérique.
[0014] Au demeurant, il reste possible, conformément à une variante préférée de l'invention,
de combiner cette localisation périphérique avec la localisation traditionnelle en
dédoublant géométriquement les possibilités d'injection selon deux cercles concentriques
sur le fond du creuset, l'un à la périphérie, l'autre approximativement à mi-distance
entre le centre du fond et la paroi latérale du creuset.
[0015] Ainsi, il est possible d'augmenter le débit global de gaz de brassage tout en le
modulant afin notamment de réserver l'insufflation périphérique aux moments les plus
critiques où, au cours de l'évolution de l'affinage, les conditions sont telles que
la nitruration du bain est à craindre (notamment en fin de période de décarburation,
lorsque le bain atteint sa température maximale et que le lavage par le CO est moins
efficace).
[0016] On peut donc, à partir d'une centrale pneumatique alimentant séparément les deux
catégories d'injecteurs -respectivement en position périphérique et en position médiane-
se placer dans des conditions de brassage optimales tout en évitant une prise d'azote
excessive par le bain. Ce résultat peut être aisément atteint par tout moyen de mesure
approprié de la tendance du bain à la nitruration.
[0017] A ce titre, et selon une mise en oeuvre préférée de l'invention, on détermine au
cours de l'affinage et à une cadence suffisante, les paramètres indicatifs de la tendance
à la nitruration du bain métallique et on réagit suivant la réponse obtenue en effectuant
un changement des conditions géométriques de l'insufflation du gaz de brassage, en
ce sens que l'on effectue préférentiellement cette insufflation par les injecteurs
situés à la périphérie du fond du creuset.
[0018] On rappelle que les paramètres indicatifs de la tendance à la nitruration du bain
sont essentiellement la température de celui-ci ainsi que l'état d'avancement des
réactions d'affinage dans le temps et plus pratiquement l'état d'avancement de la
réaction de décarburation.
[0019] Il est bien entendu que ces paramètres sont déterminés de manière empirique suivant
la configuration et les dimensions des installations d'affinage et qu'il y a lieu
de tenir compte de facteurs spécifiques comme le débit de l'oxygène soufflé par le
haut et les caractéristiques du ou des jets issus de la lance de soufflage.
[0020] Conformément à une variante de réalisation préférée du creuset selon l'invention,
les injecteurs ne sont pas.répartis circulairement mais localisés en des endroits
tels que, lors des basculements du creuset, ils ne soient plus au contact du bain
de métal en fusion.
[0021] L'intérêt d'une telle disposition est notamment de pouvoir arrêter le soufflage du
gaz de brassage lorsqu'il n'est pas ou plus nécessaire, sans risquer pour autant des
infiltrations en retour de métal en fusion dans les injecteurs. On en comprend aisément
l'avantage lorsque les injecteurs sont des tuyères, mais le bénéfice obtenu n'est
pas pour autant négligeable dans le cas d'éléments réfractaires aéroperméables, du
moins pour certains d'entre eux, dont la bonne tenue est conditionnée par le maintien
d'un débit gazeux, léger mais nécessaire en permanence, même en dehors des périodes
de brassage pour établir dans les éléments une pression contrebalançant la pression
ferro-statique.
[0022] Dans une forme de réalisation, les injecteurs sont localisés symétriquement de part
et d'autre du plan de basculement à la verticale de l'axe de basculement (axe des
tourillons équipant le creuset), le creuset étant supposé lui-même en position verticale.
[0023] Cette disposition est valable pour les injecteurs principaux situés à la périphérie,
mais également, le cas échéant, pour les injecteurs secondaires prévus en position
médiane entre le centre et le bord du fond. Toutefois, si l'on veut mieux répartir
les zones de soufflage dans le fond du creuset, on disposera ces injecteurs médians
au voisinage immédiat du plan de basculement, de part et d'autre et selon une direction
parallèle ou sensiblement parallèle à l'axe de basculement et, de toutes façons, suffisamment
éloignée à la fois de la zone centrale soumise à l'influence des jets d'oxygène soufflés
par le haut et de la paroi latérale pour ne plus être au contact du bain une fois
le creuset basculé.
[0024] L'invention sera mieux comprise et d'autres aspects et avantages apparaîtront plus
clairement au vu de la description qui suit donnée en référence à la planche unique
de dessins annexée sur laquelle :
- la figure 1 est une vue schématique en coupe verticale d'un creuset conforme à l'invention
selon le plan BB de la figure 2,
- la figure 2 est une vue en coupe horizontale selon le plan AA de la figure et montrant
le fond du creuset.
[0025] Sur les figures, les mêmes éléments sont désignés par des références identiques.
[0026] Le creuset représenté est constitué principalement d'une cuirasse métallique 1 de
symétrie axiale recouverte intérieurement d'un épais revêtement réfractaire 2. L'ensemble
ainsi constitué se compose d'une partie cylindrique 3 formant la paroi latérale du
creuset et prolongée à son extrémité supérieure par une partie tronconique, ou bec,
4, et fermée au droit de sa partie inférieure par un fond encastré 5 au moyen d'un
joint annulaire en pisé réfractaire représenté en 6.
[0027] La partie cylindrique présente, à peu près à mi-hauteur de l'ensemble, une ceinture
de renfort habituelle 7 pourvue de deux tourillons 8 et 8' diamétralement opposés
assurant le support du creuset et permettant son basculement autour de l'axe de basculement
symbolisé en 9. Par ailleurs, une lance verticale 10 pour le soufflage d'oxygène par
le haut pénètre axialement dans le creuset en passant par l'ouverture du bec.
[0028] Comme on le voit, le fond 5 du creuset est équipé d'injecteurs de gaz de brassage
15 et 18 qui, en l'espèce, sont des éléments réfractaires aéroperméables incorporés
dans le maçonnage réfractaire du fond.
[0029] On rappelle que ces éléments, qui ne font pas partie de l'objet spécifique de l'invention,
sont habituellement constitués d'un réceptacle métallique Il à l'intérieur duquel
est placé une masse réfractaire aéroperméable 12 conçue de façon à pouvoir être traversée
par un gaz sous pression. Le gaz arrive par une tubulure d'amenée 13 prévue à la base
de l'élément et entre dans le bain par la face opposée 14 destinée à être mise au
contact de ce dernier.
[0030] On souligne par ailleurs que, pour des raisons de commodité évidente, ces éléments
viennent en substitution de briques ordinaires constitutives du fond et qu'à cet égard,
ils présentent avantageusement une forme identique et un format identique, ou très
légèrement inférieur, respectivement à la forme et au format des briques qu'ils remplacent.
[0031] Conformément à une caractéristique de l'invention, les éléments réfractaires aéroperméables
sont différenciés en deux catégories identifiables par leur localisation géométrique
sur le fond 5 :
- une première catégorie composée des éléments 15, séparés en deux groupes équivalents
diamétralement opposés et disposés à la périphérie du fond 5, au voisinage immédiat
de la paroi latérale 3 selon un cercle imaginaire 16 centré sur le milieu du fond,
indiqué en 17 sur les figures ;
- une deuxième catégorie constituée des éléments 18, également séparés en deux groupes
équivalents diamétralement opposés et placés en position intermédiaire entre les éléments
périphériques 16 et le centre 17, selon un cercle imaginaire 19, concentrique au premier
cité.
[0032] Avant de poursuivre, il importe de rappeler que, conformément à l'objet principal
de l'invention, seul les éléments périphériques 15 sont indispensables ; les éléments
18 n'étant prévus qu'accessoirement en tant qu'éléments complémentaires, confèrent
au procédé une plus grande souplesse quant à la gamme des débits totaux de gaz de
brassage pouvant être injectés et quant à une modulation possible des débits selon
différentes zones d'injection sur le fond 5.
[0033] A ce titre, un voit qu'il est prévu, sous le fond et à faible distance, deux nourrices
circulaires concentriques 20 et 21 alimentant par les tubulaires 13 convenablement
disposées, respectivement les éléments 15 et les éléments 18 en gaz de brassage.
[0034] Ces nourrices sont elles-mêmes alimentées en gaz par les conduites principales 22
et 23 qui remontent le long de la partie cylindrique et traversent le tourillon 8
perçé à cet effet, pour rejoindre une source de gaz sous pression symbolisée en 24.
Celle-ci est munie d'accessoires pour régler séparément les débits gazeux dans les
éléments 15 et 18 et sur lesquels on reviendra plus en détail par la suite.
[0035] Comme on le voit clairement sur la figure 2, les éléments périphériques 15 ne sont
pas répartis régulièrement selon la circonférence 16, mais sont concentrés au droit
de l'axe 9 des tourillons.
[0036] Une telle disposition résulte des considérations suivantes :
on a traçé en 25 et 26 deux droites perpendiculaires au plan de basculement symbolisé
en 27 et qui correspondent concrètement à l'intersection de la surface du bain avec
le fond 5 du creuset lorsque ce dernier est en position basculée, soit d'un côté pour
le décrassage du laitier, soit de l'autre pour la coulée du métal.
[0037] Ces traces qui, sur les creusets habituels à soufflage par le haut, sont à égale
distance du centre 17, définissent, donc entre elles une région du fond qui n'est
plus en contact avec le bain en fusion quand le creuset est dans l'une ou l'autre
de ses positions de basculement.
[0038] Dès lors, on comprend que si l'on souhaite, conformément à une réalisation préférée
de l'invention, soustraire les éléments 15 au contact du bain lors des opérations
de vidange du creuset, il faut les localiser sur les portions du cercle 16 délimitées
par les traces 25 et 26.
[0039] Il est bien entendu que les positions de ces traces ne sont pas déterminables à l'avance
une fois pour toutes, mais peuvent varier empiriquement d'une installation à l'autre
en fonction notamment de la taille du creuset, de la forme de son bec ou de son degré
de remplissage.
[0040] Les indications qui précèdent sont également applicables aux éléments secondaires
18. Cependant, étant donné que ceux-ci n'ont pas à être impérativement placés très
à l'écart du centre 17, il résulte que l'on pourra avantageusement les disposer selon
un cercle entièrement compris entre les traces 24 et 25, c'est-à-dire, comme le montre
la figure 2, selon un cercle tel que 19 dont le diamètre est légèrement inférieur
à la largeur de la bande du fond définie par ces deux traces.
[0041] Toutefois, il est souvent suffisant, compte-tenu des besoins en débit de gaz de brassage,
de prévoir des éléments secondaires 18 seulement sur une portion du cercle 19.
[0042] Dans ce cas, il est préférable de les disposer le plus éloigné possible des éléments
15 de manière à répartir au mieux la zone de soufflage sur le fond 5.
[0043] Une telle disposition est bien représentée sur la figure 2, où l'on voit que les
éléments 18 ont été placés au voisinage du plan de basculement 27, selon des orientations
sensiblement perpendiculaires à celles des éléments primaires 15.
[0044] On va maintenant donner, en référence au tableau de valeurs ci-après, des indications
relatives à des essais de mise en oeuvre de l'invention à l'échelle industrielle.

[0045] Ces essais ont été effectués sur un creuset classique à soufflage d'oxygène par le
haut selon la technique traditionnelle du procédé "L.D." et ayant une capacité de
310 tonnes.
[0046] En marche habituelle (sans soufflage par le fond), le métal après affinage et avant
coulée présente assez régulièrement une teneur en azote très voisine de 20 ppm (parties
par million) -lère ligne du tableau-.
[0047] Le fond du creuset a été, dans un premier temps, équipé de douze éléments réfractaires
aéroperméables disposés selon la technique antérieure, c'est-à-dire régulièrement
répartis selon un cercle à peu près à mi-distance entre le centre du fond et la paroi
réfractaire latérale.
[0048] Les résultats obtenus après 250 charges montrent une teneur moyenne du bain en azote
de 25 à 30 ppm (ligne 2 du tableau). Ces charges ont portées sur des nuances d'acier
dont les teneurs en carbone se situaient dans une gamme allant de 25 à 105 millièmes
de pourcent. Les dispersions maximales de la teneur en azote ont été observées pour
les nuances comprises entre 70 et 100 millièmes de pourcent en carbone et se sont
montées à près de 35 ppm au-dessus de la valeur indiquée ci-dessus. Dans ces conditions,
un nombre non-négligeable de coulées ont dû être déclassées pour cause de nitruration
excessive. Par la suite, les douze éléments réfractaires aéroperméables ont été montés
dans le fond selon une géométrie conforme à la caractéristique essentielle de l'invention,
c'est-à-dire selon une couronne circulaire, au voisinage immédiat de la paroi réfractaire
latérale. Toute chose étant égale par ailleurs et pour les mêmes conditions opératoires
que précédemment, les essais, qui ont porté sur un nombre de charges bien moindre,
ont été néanmoins suffisants pour obtenir des résultats statistiques significatifs.
Ces résultats ont montré que la nitruration du bain s'est maintenue constamment à
des valeurs de 20 ppm (ligne 3 du tableau) avec une dispersion réduite n'ayant entraîné
aucun déclassement.
[0049] On retrouve là des résultats pratiquement identiques à ceux obtenus sans soufflage
de gaz de brassage (lère ligne du tableau) et on peut donc conclure que l'invention
rend le bain métallique quasiment "transparent" à l'azote de brassage.
[0050] Une troisième série d'essais a été réalisée en respectant le mode d'implantation
des douze éléments aéroperméables, tel que décrit auparavant en référence aux figures,
c'est-à-dire selon une disposition en deux catégories 15 et 18.
[0051] Suite à une injection de gaz menée selon un schéma opérationnel qui sera précisé
par la suite, les résultats ont montré une tendance à la nitruration qui est restée
limitée à 20 ppm environ (ligne 4 du tableau) et ceci malgré l'activation des éléments
aéroperméables 18 en disposition médiane.
[0052] En fait, ces résultats ont pu être obtenus grâce à un schéma de soufflage qui a consisté
essentiellement en une modulation des débits soufflés par les éléments des deux catégories,
en fonction de l'état d'avancement de l'opération d'affinage. Plus précisément, seuls
les éléments périphériques ont été activés au cours de la phase de fin de décarburation
du bain, les autres éléments n'ayant été également sollicités qu'après l'achèvement
de cette phase.
[0053] Bien entendu, un tel schéma opératoire a pu être mis en oeuvre grâce à un système
permettant des alimentations séparées de chaque catégorie d'éléments.
[0054] Un système de ce type a été schématiquement représenté sur la partie droite de la
figure 1. Il comprend, entre la source unique 24 d'azote sous pression et les deux
conduites d'alimentation principale 22 et 23, un groupe électropneumatique composé,
depuis la sortie de la source, d'un compteur volumétrique général 28 débitant dans
deux circuits en parallèle, équipé chacun d'une électrovanne 29 (29') à commande "tout
ou rien", suivi d'un sous-ensemble 30 (30') regroupant des composants classiques pour
régler le débit à partir d'une valeur de consigne fixe ou variable.
[0055] Le tout est relié aux conduites 22 et 23 par un raccord circulaire étanche 31 à deux
passages concentriques au niveau du tourillon 8 et permettant l'immobilisation du
système d'alimentation malgré les mouvements du creuset sur son axe de basculement.
[0056] En ce qui concerne le code opératoire, il est utile de rappeler que l'homme de métier,
par la seule expérience qu'il a acquise dans la pratique de l'affinage à l'oxygène
soufflé par le haut, connaît à tout moment l'état d'avancement des réactions métallurgiques
à l'intérieur du creuset et peut par conséquent agir manuellement sur les commandes
29 et 29' en toute connaissance de cause.
[0057] Il demeure cependant que l'invention se prête parfaitement à son intégration dans
un système de contrôle automatique assisté par un ordinateur, tel que symbolisé en
32 et commandant les électrovannes 29 et 29' à partir d'un capteur 33 mesurant les
paramètres représentatifs de l'état d'avancement de l'opération d'affinage, donc de
la tendance à la nitruration du bain, comme par exemple la température des gaz de
réaction et leur composition, notamment en oxyde de carbone.
[0058] Il va de soi que l'invention ne saurait se limiter aux exemples décrits en référence
aux figures, mais s'étend à toutes variantes ou à tous équivalents dans la mesure
où sont reproduites les caractéristiques contenues dans les revendications jointes.
[0059] En particulier, l'invention s'applique non seulement au cas de l'azote, mais à tout
autre gaz de brassage susceptible de se dissoudre dans le métal en fusion contenu
dans le creuset et dont la qualité finale n'est pas insensible à sa concentration
en ce gaz.
[0060] Ainsi, l'invention, dans sa variante de réalisation à deux catégories d'injecteurs
géométriquement différenciés, apparaît, non seulement comme une technique de diminution
de la nitruration d'un bain d'acier brassé à l'azote, mais encore, et de façon beaucoup
plus générale, comme une technique de contrôle de taux de dissolution d'un gaz de
brassage dans un bain en fusion, quelques soient les natures respectives de ce gaz
et de ce bain.
[0061] A cet égard, l'invention n'est pas limitée non plus à deux catégories d'injecteurs
mais s'étend à un nombre supérieur, sachant que la tendance à la dissolution augmente
lorsqu'on active les injecteurs proches du centre du fond et diminue lorsqu'on se
rapproche de la paroi réfractaire latérale.
[0062] Par ailleurs, ces injecteurs ne sont pas obligatoirement des entités fonctionnelles
préformées (tuyères ou éléments réfractaires aéroperméables), mais peuvent fort bien
ne présenter aucune individualité propre en tant que tels et apparaître au cours de
la construction même du fond du creuset, par exemple au moyen de briques réfractaires
profilées spécialement de façon à ménager entre elles, une fois juxtaposées, des interstices
réservés au soufflage du gaz, ainsi que le décrit notamment le brevet américain n°
2.456.798 (SLICK).
[0063] De même, il est clair que la source de gaz de brassage sous pression n'est pas obligatoirement
unique, mais peut être décuplée à volonté, et notamment en autant de fois que le nombre
de catégories d'injecteurs.
1) Procédé d'affinage d'un bain de métal dans un creuset à soufflage d'oxygène par
le haut et selon lequel on injecte par le bas du creuset un gaz de brassage, caractérisé
en ce que l'on injecte le gaz de brassage au moins à la périphérie du fond du creuset,
au voisinage immédiat de la paroi latérale de ce dernier.
2) Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on injecte le gaz de
brassage par la partie du fond du creuset comprise entre deux droites représentatives
de l'intersection du fond avec la surface du bain lorsque le creuset est en ses positions
basculées.
3) Procédé selon les revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que l'on injecte le
gaz de brassage à la périphérie du fond au voisinage immédiat de l'aplomb de l'axe
de basculement du creuset.
4) Procédé selon les revendications I, 2 ou 3, caractérisé en ce que 'l'on injecte
également le gaz de brassage par une partie médiane du fond entre le centre dudit
fond et sa périphérie.
5) Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que l'on détermine au cours
de l'affinage les paramètres indicatifs de la tendance à la dissolution du gaz de
brassage dans le bain métallique et que l'on réagit suivant la réponse obtenue en
modifiant les conditions géométriques de l'injection du gaz de brassage par le fond
entre une injection périphérique et une injection médiane.
6) Procédé selon la revendication 5-et selon lequel le gaz de brassage est de l'azote,
caractérisé en ce qu'on détermine au cours de l'affinage les paramètres indicatifs
de la tendance à la nitruration du bain par une mesure de l'état d'avancement de la
décarburation du bain.
7) Creuset d'affinage à l'oxygène soufflé par le haut pour la mise en oeuvre du procéda
selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il présente, incorporées a son revêtement
réfractaire, des injections pour l'insufflation du gaz de brassage localisées dans
le fond du creuset, au moins selon une couronne périphérique située au voisinage immédiat
de la paroi réfractaire latérale dudit creuset.
8) Creuset selon la revendication 7, caractérisé en ce que le fond présente au moins
une seconde couronne d'injecteurs secondaires localisée en position médiane intermédiaire
entre le centre du fond du creuset et la couronne périphérique et en ce que des moyens
sont prévus pour alimenter séparément chacune des couronnes d'injecteurs de brassage.
9) Creuset selon les revendications 7 ou 8, caractérisé en ce que les injecteurs sont
localisés dans le fond du creuset dans une région comprise entre les deux traces de
la surface du bain sur le fond du creuset lorsque celui-ci est placé respectivement
en ses deux positions basculées.
10) Creuset selon la revendication 9, caractérisé en ce que les injecteurs de la couronne
périphérique sont concentrés au voisinage de l'aplomb de l'axe de basculement et en
ce que les injecteurs de la couronne médiane sont concentrés au voisinage immédiat
du plan de basculement du creuset selon une orientation sensiblement perpendiculaire
à celle desdits injecteurs de la couronne périphérique.