[0001] La présente invention concerne un élément chauffant pour cathode à chauffage indirect.
Elle concerne également un procédé de fabrication d'un tel élément et les cathodes
à chauffage indirect comportant un tel élément.
[0002] Les cathodes à chauffage indirect qui sont utilisées dans les tubes électroniques
sont bien connues de l'art antérieur. Elles sont généralement constituées par un disque
émissif brasé à l'une des extrê- mités d'un cylindre en matériau non émissif qui sert
de boîtier. A l'intérieur du cylindre est placé un filament qui assure le chauffage
dit indirect de la cathode.
[0003] On distingue deux types de cathodes à chauffage indirect :
- celles à chauffage par filament libre dans lesquelles le filament chauffe la cathode
par rayonnement ;
- celles à chauffage par filament dit potté, dans lesquelles l'espace laissé libre
par le filament à l'intérieur du cylindre est rempli par un corps bon conducteur thermique,
électriquement isolant à la température de fonctionnement, dont le point de fusion
est élevé et qui enfin ne réagit pas à la température de fonctionnement avec le filament
et le cylindre.
[0004] Dans les cathodes à chauffage indirect par filament "potté", le filament est moins
vulnérable aux chocs et aux vibrations mécaniques que dans les cathodes à chauffage
indirect par filament libre.
[0005] La présente invention concerne les cathode à chauffage indirect par filament "potté".
[0006] Dans l'art antérieur, le "potting", c'est-à-dire le corps qui bloque le filament
dans le cylindre, est constitué :
- par de la poudre d'alumine frittée vers 2000°C ;
- ou, par un mélange de poudre d'alumine et de poudre d'oxyde de calcium fritté entre
1750°C et 1800°C.
[0007] Selon la présente invention, le "potting" est constitué par un mélange d'alumine
et de moins de 10 % en poids d'un oxyde d'un des éléments de la colonne III A de la
table périodique des éléments, ce mélange étant fritté entre 1700 et 1800°C.
[0008] Selon un mode préféré de réalisation de l'invention, le mélange est constitué d'oxyde
d'yttrium et d'alumine de composition chimique 3 Y
2 O
3. 5 Al
2 O
3, plus de l'alumine en phase α
[0009] Le "potting" selon la présente invention présente les avantages suivants :
- le frittage est réalisé entre 1700 et 1800°C et cette température ne peut pas fragiliser
le filament en tungstène ou en tungstène rhénium, comme c'est le cas lorsqu'on doit
monter à 2000°C pour fritter de la poudre d'alumine pure ;
- le potting réalisé est solide et compact, il assure un bon contact thermique de
longue durée entre le filament et le cylindre.Il assure un isolement électrique égal
à celui obtenu avec un "potting " à base d'alumine uniquement.
- l'oxyde d'yttrium'qui peut être utilisé est stable et très pur. Son coefficient
de dilatation linéaire α égal à 8, 18. 10-6 est très proche de celui des filaments couramment utilisés et identique à celui de
l'alumine, ce qui permet d'obtenir un "potting" dont le coefficient de dilatation
ne dépend pas des proportions d'alumine et d'oxyde.De plus, la conductibilité thermique
de l'oxyde d'yttrium est identique à celle de l'alumine (λ = 0,017 cal. S-1. cm-1.e-1 à 1800°C et 0,013 à 1000°C). Enfin, la température de fusion de l'oxyde d'yttrium
(2410°C) est inférieure à celle de l'oxyde de calcium par exemple (2572°C).
[0010] D'autres objets, caractéristiques et résultats de l'invention ressortiront de la
description suivante, donnée à titre d'exemple non limitatif et illustrée par les
figures annexées qui représentent :
- La figure 1, une vue en perpective d'une cathode à chauffage indirect à filament
"potté" ;
- La figure 2, un détail du diagramme de phase du mélange alumine-oxyde d'yttrium
;
- Les figures 3a, b et c, des schémas illustrant le procédé de fabrication selon l'invention.
[0011] Sur les différentes figures, les mêmes repères désignent les mêmes éléments, mais,
pour des raisons de clarté, les cotes et proportions des divers éléments ne sont pas
respectées.
[0012] La figure 1 représente une vue en perspective d'une cathode à chauffage indirect
à filament potté.
[0013] Cette cathode est constituée d'un disque émissif 1 qui occupe l'une des extrémités
d'un cylindre 2 en matériau non-émissif.
[0014] Le cylindre 2 est généralement en molybdène. Il sert de boîtier à la cathode et on
l'appelle aussi "jupe" de la cathode.
[0015] A l'une des extrémités du cylindre , on brase un disque 1 entungstène poreux. Le
brasage s'effectue aux environs de 1900°C.
[0016] Ce brasage effectué, on introduit dans le cylindre un filament 3 en tungstène ou
en tungstène rhénium recouvert par cataphorèse d'une couche d'isolement en alumine.
On réalise le "potting" 4 qui bloque le filament 3 dans le cylindre.
[0017] On réalise ensuite à chaud, aux environs de 1750°C, l'imprégnation par de l'aluminate
de baryum et de calcium du disque en tungstène poreux 1, ce qui rend ce disque émissif.
[0018] L'imprégnation du tungstène poreux se faisant vers 1750°C alors que le filament 3
se trouve dans le cylindre 2, il n'y a pas d'inconvénient à ce que pour l'élaboration
du "potting", la température atteigne 1700 ou 1800°C comme c'est le cas pour l'élaboration
du "potting" selon l'invention.
[0019] Selon l'invention, le "potting" est constitué par un mélange d'alumine et de moins
de 10 % en poids d'un oxyde d'un des éléments de la colonne III A de la table périodique
des éléments, ce mélange étant fritté entre 1700 et 1800°C.
[0020] La colonne III A de la table périodique des éléments comporte quatre éléments : le.
scandium, Sc, l'yttrium, Y, le lanthane, La,et enfin l'actinium, Ac.
[0021] Nous allons prendre d'abord à titre d'exemple l'yttrium.
[0022] Sur la figure 2, on a représenté un détail du diagramme de phase du mélange alumine-oxyde
d'yttrium, qui est extrait de l'ouvrage : "Phase diagrams for Ceramists - 1969 - supplement".
[0023] La courbe en trait épais indique la tempéra-
ture de fusion du mélange alumine Al
2 O
3, oxyde d'yttrium Y
2 0
3 en fonction des pourcentages en poids d'alumine et d'oxyde d'yttrium.
[0024] Cette courbe est discontinue. Pour certains pourcentages d'alumine et d'oxyde d'yttrium,
la fusion se produit à une température plus faible que pour les autres pourcentages,
ce sont des compositions eutectiques.
[0025] Sur la figure 2, on constate que pour le point A qui correspond sensiblement à 60
% d'alumine et 40 % d'oxyde d'yttrium, la température de fusion est de 1760°C. Autour
du point A, on constate que la température de fusion est supérieure à 1760°C. De même,
il est remarquable en observant la figure 2 qu'à partir d'un pourcentage supérieur
à 43 % d'alu- nine environ, le mélange obtenu à l'état solide a la même constitution
chimique qui est 3 Y
2 O
3 . 5 Al
2 O
3, plus de l'alumine en phase α.
[0026] Le fait que le mélange alumine-oxyde d'yttrium soit un eutectique est intéressant
car il permet de diminuer la température du frittage par rapport à l'alumine pure.
De même, il est intéressant que la composition chimique du produit solide obtenu soit
la même dans un large domaine des pourcentages respectifs d'alumine et d'oxyde d'yttrium.
En effet, il est difficile lorsqu'on effectue un mélange de poudres -ici la poudre
d'alumine et la poudre d'oxyde d'yttrium- de s'assurer que le mélange est parfaitement
bien réalisé et que le pourcentage des corps en présence est constant. Par conséquent
il est intéressant d'obtenir un même composé chimique même si le mélange n'est pas
parfaitement homogène.
[0027] On désire donc bénéficier des avantages du mélange alumine-oxyde d'yttrium par rapport
à l'alumine pure,tout en cherchant à avoir un mélange comportant le maximum d'alumine.
[0028] En effet, si le mélange comporte trop d'oxyde d'yttrium, on risque le décollement
du "potting" du cylindre qui sert de boîtier et le décollement du filament de son
"potting".
[0029] Expérimentalement, on a déterminé qu'on obtenait le potting réunissant le maximum
d'avantages souhaité en frittant entre 1700 et 1800°C et en limitant à 10 % en poids
environ le pourcentage d'oxyde d'yttrium.
[0030] Il est cependant bien entendu qu'on obtient un "potting" de bonne qualité en frittant
entre 1700 et 1800°C un mélange comportant environ 50 à 99 % d'alumine et donc environ
1 à 50 % d'oxyde d'yttrium.
[0031] Dans tous les cas, on obtient un mélange d'oxyde d'yttrium et d'alumine de composition
chimique 3 Y
2 O
3 . 5 Al
2 O
3, - plus , de l'alumine en phase α.
[0032] Sur la figure 2, on n'a représenté que la partie intéressante du diagrammè de phase
alumine-oxyde d'yttrium. En effet, sur le restant du diagramme, le pourcentage d'alumine
est , faible (inférieur à 40 %) et la température dé'fusion et donc la température
de frittage sont trop élevées.
[0033] L'alumine qui entre dans la composition du "potting" peut être constituée de plusieurs
variétés d'alumine de granulométrie différente.
[0034] On utilise ainsi, par exemple,des grains de moins de 10 µm de diamètre et des gains
de 10 à 50 pm de diamètre.
[0035] Le mélange de plusieurs variétés d'alumine permet, -de trouver un compromis entre
les défauts et les qualités inhérents à chaque variété. En effet, l'alumine à grains
fins se prend en masse facilement mais présente un retreintimportant. Alors que l'alumine
à grains de grand diamètre se prend en masse plus difficilement mais constitue une
masse poreuse sans retreint.
[0036] De même que cela vient d'être décrit en détail pour l'yttrium, le "potting" peut
être réalisé en frittant entre 1700 et 1800°C un mélange d'alumine et de moins de
10 % d'un oxyde de scandium, de lanthane ou d'actinium. La composition chimique des
corps obtenus sera dans le cas de l'oxyde de lanthane, La
2 O
3 . 11 Al
2 O
3 plus de l'alumine en phase α et dans le cas de l'oxyde de scandium, Sc
2 O
3 . Al
2 03, plus de l'alumine en phase α.
[0037] On peut signaler que la couche d'isolement déposée par cataphorèse sur le filament
3 peut être une couche d'alumine comme cela a été signalé dans la description de la
figure 1, mais cette couche d'isolement peut avoir aussi la même composition que le
mélange qui sert à réaliser le potting, par exemple de l'alumine et de l'oxyde d'yttrium.
[0038] Sur les figures 3a, b et c, on a représenté. un procédé de fabrication d'un élément
chauffant selon l'invention.
[0039] Selon ce procédé, on mélange d'abord intimement en agitant pendant 24 heures au moins,
de la poudre d'un oxyde d'un des éléments de la colonne III A de la table périodique
des éléments et une ou plusieurs poudres d'alumine de granulométrie différente. La
poudre d'alumine ne doit pas dépasser 10 % en poids du mélange.
[0040] On ajoute ensuite au mélange un liant de façon à obtenir une pâte.
[0041] On tapisse avec cette pâte 5 la face du disque émissif 1 qui est située vers l'intérieur
du cylindre 2. Cette étape est représentée sur la figure 3a. Ensuite, on fait s'évaporer
lentement le liant en utilisant une lampe électrique, de 100 W par exemple, ou en
laissant sécher naturellement.
[0042] On introduit le filament 3 dans le cylindre 2. Cette étape est représentée sur la
figure 3b.
[0043] On remplit ensuite en plusieurs fois le cylindre avec la pâte dont la consistance
peut être modifiée par addition du liant. A chaque fois qu"on a ajouté de la pâte
dans le cylindre, on fait s'évaporer le liant, qui peut être de l'acétone, en utilisant
la lampe électrique.
[0044] Enfin, on fritte sous hydrogène entre 1700 et 1800°C pendant une demi-heure environ
de façon à obtenir le "potting" 4.
[0045] En faisant s'évaporer le liant lentement et au fur et à mesure qu'on ajoute une couche
de pâte dans le cylindre, on évite la formation de bulles dues à une évaporation rapide
du liant de la totalité de la pâte remplissant le cylindre.
1. Elément chauffant pour cathode à chauffage indirect constituée d'un disque émissif
(1) qui occupe l'une des extrémités d'un cylindre (2) en matériau non émissif, cet
élément chauffant étant constitué d'un filament (3) situé à l'intérieur du cylindre
et d'un mélange (4) fritté d'alumine et d'oxyde, qui remplit l'espace laissé libre
par le filament à l'intérieur du cylindre, caractérisé en ce que ce mélange (4) est
constitué d'alumine et de moins de 10 % en poids d'un oxyde d'un des éléments de la
colonne III A de la table périodique des éléments, ce mélange étant fritté entre 1700
et 1800°C.
2. Elément chauffant selon la revendication 1, caractérisé en ce que ce mélange (4)
est constitué d'oxyde d'yttrium et d'alumine de composition chimique, 3 Y2 O3 . Al2 O3 plus de l'alumine en phase α .
3. Elément chauffant selon la revendication 1, caractérisé en ce que ce mélange (4)
est constitué d'oxyde de lanthane et d'alumine de composition chimique, La2 O3 . 11 Al2 O3 plus de l'alumine en phase α.
4. Elément chauffant selon la revendication 1, caractérisé en ce que ce mélange (4)
est constitué d'oxyde de scandium et d'alumine de composition chimique, Sc2 O3 . Al2 03 plus de l'alumine en phase α
5. Elément chauffant selon l'une des revendication 1 à 4, caractérisé en ce que ce
mélange (4) comporte plusieurs variétés d'alumine de granulométrie différente.
6. Elément chauffant selon la revendication 5, caractérisé en ce que l'une des variétés
d'alumine' comporte des grains de moins de 10 µm de diamètre alors que l'autre variété
comporte des grains de 10 à 50µm de diamètre.
7. Elément chauffant selon l'une des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que le
filament (3) est en tungstène ou en tungstène rhénium recouvert par cataphorèse d'une
couche d'isolement en alumine ou consituée par le mélange d'alumine et d'oxyde qui
constitue le reste de l'élément chauffant.
8. Procédé de fabrication d'un élément chauffant selon l'une des revendications 1
à 7, caractérisé en ce qu'il comporte les étapes suivantes :
a) - on mélange intimement en agitant pendant 24 heures au moins, de la poudre d'un
oxyde d'un des éléments de la colonne III A de la table périodique des éléments et
une ou plusieurs poudres d'alumine de granulométrie différente, la poudre d'oxyde
ne dépassant pas 10 % en poids du mélange ;
b) - on ajoute au mélange un liant de façon à obtenir une pâte
c) - on tapisse avec cette pâte la face du disque émissif (1) située vers l'intérieur
du cylindre (2) en matériau non-émissif, puis on fait s'évaporer lentement le liant
;
d) - on introduit le filament (3) dans le cylindre ;
e) - on remplit en plusieurs fois le cylindre (2) avec la pâte dont la consistance
peut être modifiée par addition du liant, en faisant s'évaporer chaque fois le liant
;
f) - on fritte sous hydrogène, entre 1700 et 1800°C.
9. Cathode à chauffage indirect, caractérisée en ce qu'elle comporte un,élément chauffant
selon l'une des revendications 1 à 7 et en ce qu'elle est constituée d'un cylindre
(2) en molybdène brasé à l'une de ses ex- trêmités sur un disque émissif (1) constitué
de tungstène poreux imprégné à chaud d'aluminate de baryum et de calcium.