[0001] La présente invention concerne une munition d'entraînement, particulièrement pour
armes de guerre.
[0002] On sait que la portée maximum d'une arme est un multiple de sa portée utile. Une
mitrailleuse .50 a une portée maximum de l'ordre de 7.000 m et une portée utile d'environ
3.000 m. Pour des raisons évidentes de sécurité, un champ de tir doit avoir des dimensions
tenant confortablement compte de la portée maximum, alors que les cibles ne sont situées
qu'à 500 ou 600 mètres. D'énormes espaces sont ainsi perdus, ce qui est particulièrement
gênant, surtout dans les pays à haute densité de population.
[0003] On a proposé, en vue de réduire la portée maximum, de diminuer la charge propulsive
des munitions et/ou d'utiliser des balles ayant un coefficient aérodynamique élevé.
[0004] Cette dernière solution pose des difficultés, car la munition doit répondre à des
impératifs de forme afin de pouvoir être accomodée normalement par le système d'alimentation
et de chargement de l'arme.
[0005] Pour contourner cette difficulté, on a proposé de munir une tête de balle anti-aérodynamique
d'une coiffe ogivale de forme classique, destinée à être soufflée, lors du tir, dans
l'âme même du canon de l'arme. Une telle solution est par exemple décrite dans le
brevet belge n° 744.993.
[0006] Ces solutions connues présentent le désavantage important de s'écarter des conditions
de tir réel, qu'elles ne peuvent reproduire.
[0007] En effet, ces projectiles d'entraînement ont une vitesse de départ de beaucoup inférieure
à celle d'un projectile réel correspondant. Il s'ensuit que pour atteindre une cible
située dans la zone utile, il faut nécessairement plus de hausse. La précision du
tir est également moindre et il est en outre souvent nécessaire de modifier le réglage
du mécanisme d'armement de l'arme.
[0008] Le but de l'invention est de pallier ces inconvénients en fournissant une munition
d'entraînement donnant lieu à un tir juste et précis jusqu'à une certaine distance
de l'arme (en principe jusqu'à l'endroit ou se trouvent les cibles) sous les mêmes
conditions de tir et avec le même temps de vol que la munition de guerre mais ayant
une portée et une flèche maximale fort réduites.
[0009] L'invention repose sur le fait que suite à l'onde de choc oblique créée par un projectile
à vitesse supersonique, la pression, la masse spécifique et la température de l'air
s'élèvent brusquement au passage de l'onde. Il s'ensuit que la surface de l'ogive
du projectile est soumise à de hautes pressions et températures, cette ogive absorbant
de la chaleur en cours de vol.
[0010] Le principe de l'invention est d'utiliser ces facteurs pour entraîner une modification
notable de la forme du projectile à partir d'un point de sa trajectoire correspondant
à la portée utile, de manière à obtenir un brusque ralentissement et, partant, un
raccourcissement important de la portée totale et de la flèche maximale.
[0011] Une munition d'entraînement selon l'invention se caractérise dès lors en ce qu'une
partie au moins de l'ogive du projectile est réalisée en un matériau s'érodant sous
l'action de la chaleur et des pressions présentes à la surface de l'ogive en vol de
manière à entraîner une modification de la forme de ladite ogive après un certain
temps de vol, modification causant une notable augmentation de son coefficient aérodynamique,
le restant ou corps de la balle étant métallique.
[0012] Deux exemples de réalisation de projectiles selon l'invention sont décrits ci-après
avec référence aux figures 1 et 2 annexées, représentant chacune une réalisation différente.
[0013] La figure 1 représente une balle conforme à l'invention, constituée par un corps
1 présentant, en sa partie avant, une face plane annulaire 2 et un tenon central 3.
Le corps 1 reçoit une ogive 4 réalisée dans cet exemple en polyéthylène haute densité,
ayant une température de ramollissement fixée par la portée utile du projectile, par
exemple de l'ordre de 120-130°C. L'ogive 4 est collée sur le corps 1 au niveau de
la face 2.
[0014] Le plan de la face avant 5 du tenon 3 est situé nettement en avant de la zone de
plus grand échauffement de l'ogive en vol, pointe exceptée. Ainsi, après un premier
temps calculé de vol, la matière constitutive de l'ogive 4, située entre les plans
2 et 5 aura disparu, tandis que la pointe de l'ogive aura été partiellement et progressivement
érodée, ce qui assure la précision du tir.
[0015] A remarquer que les dimensions de l'ogive dans le plan de la face 5 sont calculées
de façon à assurer l'adhésion de ladite pointe ou tenon 3 durant le premier temps
de vol. Ensuite, la matière en contact avec la face 5 s'érode très rapidement sous
l'action de la chaleur et de la pression, ce qui entraîne la séparation du restant
de la pointe de l'ogive du tenon 3.
[0016] La face avant 5 du tenon 3 est situé dans un plan passant par une zone d'échauffement
moindre que celles situées derrière ce plan lorsque le projectile est en vol. Les
dimensions de la tête ogivale dans le plan de la face 5 sont calculées de façon à
assurer l'adhésion de celle-ci au tenon pendant la première phase du vol, tout en
permettant un changement lent et progressif de l'ogive, ce qui assure un tir juste
et précis.
[0017] Dans la deuxième phase, la matière se trouvant dans le plan de la face 5 du tenon
s'érode très vite sous l'action de la chaleur et de la pression résultant dans la
séparation de la tête (reste) du tenon (voir figures en annexe). Il ne reste dès lors
plus qu'un projectile à coefficient aérodynamique élevé, ce qui se traduit par une
chute brutale de la vitesse et une diminution importante de la portée totale.
[0018] Le choix du matériau constitutif de l'ogive 4, sa forme et celle du corps 1 seront
choisis de manière telle que ladite chute brutale de vitesse se situe en fin de portée
utile du projectile ou juste au-delà de cette dernière. De cette manière, les caractéristiques
balistiques du projectile sus- décrit seront, durant la première phase du vol (portée
utile), en tous points comparables à celles d'un projectile réel.
[0019] Le tenon 3 a pour avantage de faciliter le centrage et le maintien de l'ogive 4.
Il pourrait toutefois être omis et remplacé par un simple évidement, comme indiqué
en 6 à la figure 2.
[0020] Il est clair de ce qui précède qu'une munition selon l'invention présente, dans la
première phase de son vol, les mêmes caractéristiques qu'une munition réelle. Comme
l'augmentation du coefficient de résistance aérodynamique au terme de cette première
phase résulte uniquement de phénomènes physiques, le bon fonctionnement de la munition
est garanti.
[0021] Il est évident que d'autres formes de réalisation que celles décrites ci-dessus peuvent
être envisagées, sans pour autant sortir du cadre de l'invention.
1.- Munition d'entraînement du type constitué principalement par une douille, une
charge propulsive et une balle à ogive de forme identique à celle d'une balle réelle,
caractérisée en ce qu'une partie au moins de ladite ogive (4) est réalisée en un matériau
s'érodant sous l'action de la chaleur et des pressions présentes à la surface de l'ogive
en vol de manière à entraîner une modification de la forme de ladite ogive après un
certain temps de vol, modification causant une notable augmentation de son coefficient
aérodynamique, le restant ou corps (1) de la balle étant métallique.
2.- munition selon la revendication l, caractérisée en ce que ladite ogive (4) est
réalisée en une matière synthétique ayant une température de ramollissement de l'ordre
de 120-130°C, cette ogive étant solidarisée à la balle (1) par collage.
3.- Munition selon la revendication 2, caractérisée en ce que ladite ogive (4) présente
un alésage borgne axial s'étendant à partir de sa face arrière.
4.- Munition selon la revendication 3, caractérisée en ce que le corps de la balle
(1) présente un tenon (3) destiné à remplir complètement ledit alésage.
5.- Munition selon la revendication 4, caractérisée en ce que les longueurs et diamètres
desdits alésage et tenon (3) sont tels que, durant le vol du projectile, la partie
de l'ogive située entre le corps de la balle et l'extrémité avant (5) du tenon (3)
s'érode complètement avant que ne disparaisse la partie restante ou pointe de l'ogive.