[0001] L'invention se rapporte aux fours à longerons et concerne plus particulièrement des
plots ou boutons réfractaires pour de tels fours.
[0002] Depuis quelques années, les fours à longerons mobiles refroidis tendent à remplacer
les fours poussants pour le réchauffage de brames, blooms ou billettes d'acier en
raison, notamment, de leur capacité de production supérieure, de leur bonne fiabilité
et de leur intérêt économique.
[0003] Dans les fours à longerons, la charge (brames, blooms ou billettes) à réchauffer
passe successivement des longerons mobiles à des longerons fixes, sans frottement,
par pose et dépose contrôlées sur des plots ou boutons espacés, solidaires des longerons
et faisant saillie sur le dessus desdits longerons. Les longerons étant constitués
d'un tube métallique (d'un diamètre de 130 à 220 mm environ) refroidi intérieurement
par une circulation d'eau et d'un garnissage réfractaire isolant relativement épais
(60 mm environ) gainant ledit tube, il y aurait avantage à ce que les plots ou boutons
soient les plus hauts possibles de façon que leur face supérieure soit à une température
aussi voisine que possible de celle de la face inférieure de la charge. Egalement,
plus les plots ou boutons sont hauts, moins il y a à redouter l'effet d'ombre que
peuvent exercer les longerons et leur garnissage isolant sur le chauffage de la charge
par les brûleurs inférieurs latéraux.
[0004] Cependant, les plots ou boutons actuellement employés, qui sont réalisés en un alliage
à 50% de cobalt, 30% de chrome et 20% de fer, ont tendance à s'écraser, par suite
d'une résistance au fluage insuffisante, après quelques mois de fonctionnement lorsque
leur hauteur dépasse une certaine valeur (90 mm environ), passant d'une forme cylindrique
initiale à celle d'un champignon, du fait que les contraintes pouvant être supportées
par le métal diminuent lorsque la température en service du métal augmente, ce qui
est le cas lorsqu'on accroît la hauteur des plots ou boutons. Pour cette raison, la
hauteur des plots actuels est comprise dans la gamme de 70 à 90 mm. Pour remédier
à cet inconvénient, on a proposé d'employer un alliage riche en nickel à la place
de l'alliage sus-mentionné, mais les résultats obtenus n'ont pas été, à la connaissance
de la Demanderesse, pleinement satisfaisants. En outre, il faut noter que les plots
ou boutons en alliage utilisés jusqu'à présent sont très onéreux.
[0005] Il existe donc un besoin pour des plots ou boutons de relativement grande hauteur
pour fours à longerons qui soient plus performants que les plots ou boutons actuellement
utilisés et qui soient moins chers que ces derniers.
[0006] La présente invention a pour objet de satisfaire ce besoin en fournissant un nouveau
plot ou bouton pour fours à longerons.
[0007] L'invention concerne un plot ou bouton pour fours à longerons comprenant un corps
en une matière réfractaire à base d'oxydes, et une chemise en alliage métallique réfractaire
entourant la périphérie du corps, des moyens étant prévus pour éviter l'arrachement
vers le haut du corps par rapport à sa chemise.
[0008] De préférence, le corps fait légèrement saillie à sa partie supérieure par rapport
à la chemise.
[0009] Selon un mode de réalisation préféré, le plot ou bouton comporte, en outre, un renforcement
métallique noyé dans le corps en matière réfractaire.
[0010] Par "plot ou bouton", il faut entendre aussi bien des éléments de forme générale
circulaire que de forme générale carrée, rectangulaire ou autre.
[0011] Il faut prévoir des moyens évitant l'arrachement du corps afin d'éviter que le corps,
sous l'effet d'un collage avec la charge à réchauffer, ne soit arraché de sa chemise.
On s'est, en effet, aperçu qu'un tel phénomène indésirable pouvait se produire dans
le cas de corps simplement frettés dans une chemise cylindrique. Les moyens anti-arrachement
peuvent consister à donner à la chemise une section allant en diminuant de sa base
à son sommet, par exemple à donner à la chemise une forme tronconique ou pyramidale.
En variante, on pourrait donner à la chemise une forme ondulée ou prévoir des saillies
sur la surface interne de la chemise destinées à retenir le corps contre toute force
visant à l'arracher de sa chemise.
[0012] Les matières réfractaires à base d'oxydes utilisables sont toutes les matières réfractaires
fondues et coulées qui présentent un fluage très faible dans les conditions de service
des plots (température de l'ordre de 1300
0C et efforts de compression de l'ordre de 2,5 N/mm
2 par exemple), sont insensibles à l'oxydation, résistent à l'attaque par l'oxyde de
fer, donc peu poreuses, et présentent une tendance réduite au collage avec la calamine
présente sur la surface de la charge à réchauffer. On pourra, en général, utiliser
les matières réfractaires fondues et coulées utilisées pour réaliser les soles des
fours poussants. Des exemples non limitatifs de telles matières sont les suivants
:
- une matière réfractaire fondue et coulée dont la composition chimique est approximativement,
en poids, 73% d'Al2O3, 5% de Zr02, 20% de Si02, 0,5% de Ti02, 0,3%.de CaO, 0,5% de Fe2O3 et 0,7% de Na20, et dont la composition cristallographique est, en poids, 43% de corindon, 5% de
zircone, 37% de mullite et 15% de phase vitreuse. Cette matière est disponible dans
le commerce sous la marque MAGMALOX® et est largement utilisée pour la construction
des soles de fours poussants;
- les matières réfractaires fondues et coulées, recommandées dans le brevet français
n° 2 295 930 ou le brevet des E.U.A. n° 4 139 394 pour le garnissage des soles de
fours poussants et dont la composition chimique est, en poids, de 10 à 28% de Zr02, 3 à 12% de Si02, 60 à 80% d'Al2O3, 0,3 à 1,5% de Na20, jusqu'à 5% au total de Fe203, Ti02, Ca0 et MgO avec la condi- tion que le rapport pondéral

et dont la composition cristallographique, en poids, est de 60 à 80% de corindon,
10 à 28% de zircone et 5 à 19% de phase vitreuse, la somme corindon + zircone + phase
vitreuse constituant au moins 99% de la composition et la somme zircone + 2,5 (phase
vitreuse) étant comprise entre 33 et 57,5%.
[0013] A la place de réfractaires fondus et coulés, on peut aussi utiliser des bétons réfractaires
et des matériaux réfractaires frittés à haute teneur en alumine, en particulier les
bétons réfractaires décrits dans les demandes de brevet et d'addition français n°
76 22 344 (publication n° 2 359 090) et n° 77 14 717 (publication n° 2 390 400) ou
dans le brevet des E.U.A. n° 4 111 711, spécialement ceux contenant de l'oxyde de
chrome.
[0014] A ce jour, cependant, on préfère utiliser des matières réfractaires fondues et coulées
(appelées aussi électro- fondues) pour constituer le corps des plots.
[0015] La chemise est constituée d'un alliage métallique réfractaire ayant une bonne résistance
mécanique à haute température. Des exemples non limitatifs d'alliages qui conviennent
sont des aciers réfractaires tels que les suivants :
- 0,5% C, 26,5% Cr, 48,5% Ni, 6,25% W et du fer pour le complément à 100%;
- 0,4% C, 25% Cr, 20% Ni et du fer pour le complément à 100%.
[0016] De préférence, le plot de l'invention comprend, en outre, une semelle métallique
sur laquelle repose le corps réfractaire, de façon à répartir les efforts de compression
exercés sur le corps sur une plus grande surface du longeron refroidi.
[0017] Les plots ou boutons selon l'invention ont des hauteurs d'au moins 70 mm environ,
de préférence de 100 à 150 mm afin de minimiser le transfert thermique de la charge
à réchauffer vers les longerons refroidis. Une telle hauteur, qui représente un progrès
important par rapport aux 70-90 mm des plots ou boutons de la technique antérieure,
est rendue possible grâce au faible taux de fluage à haute température des matières
réfractaires utilisées pour constituer le corps des plots de l'invention. Le MAGMALOX
R résiste, par exemple, à 1300°C à des pressions de l'ordre de 30 N/mm2 alors que les
efforts de compression exercés sur les plots par les charges à réchauffer sont de
l'ordre de 2,5 à 3 N/mm
2. Par ailleurs, du fait que les matières réfractaires fondues et coulées à base d'oxydes
ont une conductivité thermique beaucoup plus faible que les alliages métallique utilisés
pour la réalisation des plots de l'art antérieur, le transfert thermique de la charge
à réchauffer vers les longerons refroidis est fortement minimisé, ce qui permet d'obtenir
une homogénéité du réchauffage améliorée.
[0018] Le renforcement métallique, facultatif mais préféré, noyé dans le corps, a pour but
d'améliorer la résistance aux chocs mécaniques et thermiques du corps, les matières
réfractaires étant relativement fragiles à ces chocs. Egalement, en cas de bris du
corps, ce renforcement a tendance à retenir les morceaux du corps qui, autrement,
risqueraient d'être arrachés du plot, par exemple par suite d'un collage avec la calamine
des charges à réchauffer. Le renforcement métallique peut présenter diverses configurations.
Il peut, par exemple, être constitué par un insert métallique de forme cruciforme
ou en forme d'ailettes solidaires d'un mât central. Il peut également être constitué
d'ailettes solidaires de la chemise et réparties sur la surface interne de celle-ci,
auquel cas le renforcement métallique peut remplir simultanément le rôle des moyens
anti-arrachement.
[0019] Les plots ou boutons de.l'invention peuvent être facilement fixés aux longerons les
supportant par soudure de la base de la chemise auxdits longerons.
[0020] La fabrication d'un plot ou bouton de l'invention, lorsqu'on utilise une matière
réfractaire fondue et coulée pour constituer le corps du plot, peut s'effectuer en
coulant dans la chemise reposant sur sa base la matière réfractaire fondue et en l'y
laissant se solidifier, une masselotte étant prévue sur le dessus de la chemise formant
moule de façon à y localiser la cavité de retassure. Après refroidissement, on scie
la partie solidifiée correspondant à la masselotte, la ligne de sciage se trouvant
légèrement au-dessus du sommet de la chemise.
[0021] On pourrait aussi, bien entendu, couler le corps réfractaire à part et l'introduire
ultérieurement dans la chemise.
[0022] De préférence, on fait reposer le corps réfractaire sur une semelle métallique qui
répartit la contrainte sur une plus grande surface du longeron refroidi.
[0023] La description qui va suivre, faite en se référant aux dessins, fera bien comprendre
l'invention. Sur les dessins :
Les figures 1a et 1b sont des vues en coupe verticale et horizontale, respectivement,
d'un plot selon l'invention; les figures 2a et 2b sont des vues en coupe verticale
et horizontale, respectivement, d'un autre plot selon l'invention; les figures 3a
et 3b sont des vues.en coupe verticale et horizontale, respectivement, d'encore un
autre plot selon l'invention.
[0024] Sur les figures 1a et 1b, on voit une partie d'un longeron constitué d'un tube métallique
1 refroidi par une circulation d'eau et d'une isolation thermique réfractaire 2. Ce
longeron porte à sa partie supérieure un plot, désigné par la référence générale 3,
constitué d'un corps 4 en matière réfractaire fondue et coulée, d'une chemise 5 en
acier réfractaire de forme générale tronconique entourant le corps et d'un insert
6 en acier réfractaire constitué d'une pièce cruciforme 7 soudée à sa base à une semelle
ronde 8 en acier, la pièce cruciforme étant noyée dans la matière réfractaire du corps.
Le plot 3 est fixé par soudure de la base de la chemise 5 au tube 1, et le corps fait
légèrement saillie, à sa partie supérieure, par rapport à la chemise. A titre indicatif,
le plot peut avoir une hauteur de 120 mm et un diamètre à son sommet de 110 mm et
à sa base de 130 mm. La saillie du corps par rapport à la chemise peut être de l'ordre
de 2 mm. La forme tronconique de la chemise empêche l'arrachement du corps.
[0025] Sur les figures 2a et 2b, qui illustrent une variante de réalisation du plot de l'invention,
on voit un plot, désigné par la référence générale 13, constitué d'un corps 14 en
matière réfractaire fondue et coulée et entouré d'une chemise 15 en acier réfractaire
de forme générale cylindrique. La chemise 15 porte sur sa face interne une pluralité
d'ailettes 16 en acier réfractaire, par exemple sous forme de groupes de 3 ou 4 ailettes
réparties à 90° les uns des autres comme le montre la figure 2b, les ailettes de groupes
opposés étant décalées les unes par rapport aux autres dans le sens de la hauteur
comme le montre la figure 2a. Ces ailettes sont noyées dans la matière réfractaire
fondue et coulée lors de la fabrication du plot et empêchent tout arrachement du corps
en service.
[0026] Les figures 3a et 3b illustrent encore un autre type de plot selon l'invention. Ce
plot, désigné, par la référence générale 23, présente une forme rectangulaire en section
horizontale et est constitué d'un corps 24 en matière réfractaire fondue et coulée,
d'une chemise 25 en acier réfractaire en forme générale de tronc de pyramide à base
rectangulaire, et d'un insert 26 en acier réfractaire constitué d'une plaque rectangulaire
27 porteuse d'ailettes 28 réparties sur ses faces.
[0027] Le type de plots des figures 3a et 3b convient plus particulièrement au réchauffage
de pièces étroites (billettes) qui imposent une quasi continuité du support le long
des longerons.
[0028] Il va de soi que les modes de réalisation décrits ne sont que des exemples et qu'il
serait possible de les modifier, notamment par substitution d'équivalents techniques,
sans sortir pour cela du cadre de l'invention.
1. Un plot ou bouton pour fours à longerons, caractérisé en ce qu'il comprend un corps
(4) en une matière réfractaire à base d'oxydes et une chemise (5) en alliage métallique
réfractaire entourant la périphérie du corps, des moyens étant prévus pour éviter
l'arrachement vers le haut du corps par rapport à sa chemise.
2. Un plot ou bouton selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte, en
outre, un renforcement métallique (6) noyé dans le corps en matière réfractaire.
3. Un plot ou bouton selon la revendication 1, caractérisé en ce que la chemise présente
la forme d'un tronc de cône ou d'un tronc de pyramide.
4. Un plot ou bouton selon la revendication 1, caractérisé en ce que la chemise présente
une forme cylindrique et est pourvue, sur sa face interne, d'éléments en saillie.
5. Un plot ou bouton selon la revendication 2, caractérisé en ce que le renforcement
métallique présente une forme cruciforme.
6. Un plot ou bouton selon la revendication 2, caractérisé en ce que le renforcement
métallique est constitué d'un élément central à ailettes.
7. Un plot ou bouton selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé
en ce qu'il a une hauteur d'au moins 100 mm.
8. Un plot ou bouton selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé
en ce qu'il présente, en outre, une semelle métallique (8) sur laquelle repose le
corps.