[0001] L'addition d'iodures de perfluoroalcane CF
3(CF
2)
nI que nous désignerons sous le terme générique de R
FI à des composés éthyléniques ou acétyléniques peut conduire à des produits qui sont
utilisés comme intermédiaires de synthèse.
[0002] Plusieurs procédés sont connus, mais ceux-ci ne donnent que des rendements médiocres
dans le cas des alcools éthyléniques ou acétyléniques et notamment dans le cas de
l'alcool allylique.
[0003] Cette addition peut s'effectuer par exemple par voie radicalaire initiant la réaction
par une élévation de température (R.N. Haszeldine, J. Chem. Soc. 1953 p. 1199, USP
3 016 406 et 3 016 407), par irradiation par les rayons UV (article de R.N. Haszeldine
déjà cité, J.D. Park, J. Org. Chem. 26 1961 p. 2086 et D. Cantacuzene J. Chem. Soc.
Perkin 1 1977 p. 1365), par l'intermédiaire des dérivés azoïques (N.O. Brac, J. Orge
Chem. 27 1962 p. 3027 et USP 3 083 224, 3 145 222 et 3 257 407).
[0004] Il est également possible de catalyser l'addition par le système d'Assher (J. Chem.
Soc. 1961 p. 2261), le catalyseur étant un mélange de sels cuivreux et cuivriques
et d'amines. Ce procédé a été étendu à des molécules fluorées par D.J. Burton (Tetrahedron
Letters 1966 p. 5163) N.O. Brace (J. Orge Chem. 44 1979 p. 212) et décrit dans le
BF 2 103 459.
[0005] Si tous ces systèmes permettent d'additionner R
FI à un composé éthylénique, ils présentent l'inconvénient de n'aboutir qu'à des rendements
médiocres et très variables suivant la nature de l'initiateur et celle de l'oléfine
utilisée. Il n'existe pas de catalyseur universel et en particulier il n'existe pas
de système capable de provoquer l'addition quantitative de R
FI sur les alcools éthyléniques. C'est ainsi que l'addition photochimique suivant J.D.
Park, ou le procédé décrit dans le BF 2 103 459 donnent un taux de transformation
de seulement 50 - 55 % avec l'alcool allylique.
[0006] La demanderesse a mis au point un procédé d'addition des iodoperfluoroalcanes aux
alcools non saturés par électrocatalyse, qui conduit à des rendements pratiquement
quantitatifs. Avec l'alcool allylique par exemple, on obtient dans un premier temps
l'iodoalcool polyfluoré correspondant, puis en poursuivant l'électrolyse on obtient
l'époxyde par déshydroioduration.

[0007] Les ions iodures produits migrent vers l'anode où ils sont oxydés avec formation
d'iode qui décante dans l'anoly- te sous forme d'iode élémentaire.
[0008] La phase de formation de l'halohydrine et celle de l'époxyde sont successives ou
simultanées selon la densité du courant imposée.
[0009] Le procédé de l'invention est applicable aux alcools acétyléniques. C'est ainsi que
l'alcool propargylique donne un mélange de iodo alcool éthylénique et d'alcool acétylénique
:

L'alcool éthylénique se trouve sous les deux formes cis et trans.
[0010] Les éthers éthyléniques peuvent également fixer R
FI dans les conditions opératoires décrites. Le diallyl éther CH
2 = CH - CH
2 - O - CH
Z - CH = CH
Z par exemple donne par électrocatalyse le composé :

[0011] Tous ces produits sont des intermédiaires et peuvent être utilisés pour la fabrication
de tensio-actifs fluorés et pour l'obtention de dérivés hydro et oléophobes utiles
en particulier pour le traitement des textiles, cuir, papier, etc.
[0012] La réaction peut être mise en oeuvre en milieu solvant ou en émulsion aqueuse en
fonction du matériau cathodique employé. C'est ainsi qu'avec une cathode en mercure
la réaction aura lieu en milieu D M F, et qu'avec une cathode en fibre de carbone
il est possible d'utiliser une émulsion aqueuse contenant l'iodoperfluoroalcane, l'alcool
insaturé et un électrolyte tel le KCl. Comme type de fibres de carbone utilisables
comme cathode, on peut citer les fibres RIGILOR AGTF 10.000, les fibres longues V
5 C et les feutres de graphite R V G qui sont tous des produits de Carbone-Lorraine.
[0013] Bien que l'invention soit réalisable avec l'ensemble des matériaux cathodiques et
l'emploi de solutions ou d'émulsions, le procédé, lorsqu'il est mis en oeuvre dans
ces dernières conditions, avec une cathode en fibre de carbone et une émulsion aqueuse
contenant les réactifs présente le maximum d'avantages :
- absence de sous-produit, de catalyseur ou de solvant qui constituent autant de risques
de pollution,
- séparation facile du composé obtenu,
- possibilité de travailler sur des solutions très concentrées ce qui économise l'énergie
nécessaire à la séparation des produits et augmente la productivité des installations,
- conductivité électrique très élevée du milieu permettant l'utilisation de bas voltage
et de fort ampérage,
- récupération directe de l'iode sous forme élémentaire dans le cas de la préparation
d'époxyde,
- facilité pour résoudre le problème du diaphragme séparant les deux compartiments
avec un matériau non mouillable par la phase organique.
[0014] Le rendement Faraday varie avec le type de cellule utilisé. Il est excellent pour
les cellules à cathode de mercure, nettement moins bon pour les cellules à cathode
en fibre de carbone. Néanmoins la phase de formation du composé d'addition du R
FI sur l'oléfine ou le composé acétylénique est toujours électrocatalytique avec une
consommation de courant électrique nettement inférieure à 1 Faraday par mole, alors
que la phase d'époxydation n'est pas électrocatalytique et nécessite au moins 1 Faraday
par mole de produit formé.
[0015] La chute ohmique dans la cellule dépend étroitement de la géométrie du montage et
du rapport phase aqueuse/phase organique du catholyte. Cependant, elle reste faible
si on la compare aux valeurs rencontrées en électrochimie organique. Elle varie d'environ
4 à 10 volts selon les intensités utilisées.
[0016] Les exemples suivants illustrent l'invention sans toutefois la limiter.
EXEMPLE 1
[0017] On utilise une cellule du type Moinet décrite dans le Bull Soc. Chim. Fr. 1969 p.
690. Les électrodes sont une cathode de mercure de 6 cm de diamètre et une anode en
toile de platine. Le potentiel d'électrolyse est contrôlé par une électrode de référence
au colomel, saturée en KCl (ECS).

[0018] La réduction monoélectronique de l'iodoalcane perfluoré nécessiterait 1 258 coulombs.
Après le passage de seulement 60 coulombs on observe la conversion complète du C
6F
13I en l'halohydrine C
6F
13-CH
2-CHI-CH
2OH. Rendement électrique : 21,6 moles de R
FI converties par Faraday consommé.
EXEMPLE 2
[0019] On utilise une cathode en fibre de carbone, RIGILOR AGTF 10.000 de Carbone-Lorraine,
obtenue par pyrolyse de fibre de crylor. L'anode est un carbone (électrode pour arc
de 6 mm de diamètre). L'anolyte est une solution saturée en KC1, le catholyte contient
:

[0020] Le catholyte est agité au moyen d'un agitateur magnétique. La figure 1 montre le
plan de l'appareillage utilisé.
[0021] Avec un courant de 0,2 A on obtient en 1 h untaux de transformation de 90 % en C
4F
9CH
2CHICH
2OH.
[0022] Si l'électrolyse est poursuivie on observe la conversion progressive de l'halohydrine
en époxyde C
4F
9CH
2 -

EXEMPLES 3 à 6
[0023] Dans ces exemples R
F= C
4F
9.
[0024] On répète l'exemple 2 en faisant varier l'intensité du courant d'électrolyse. Les
résultats sont donnés dans le tableau ci-dessous :

les % de (1) et (2) sont donnés par rapport au R
FI de départ

Notons que pour l'exemple 4, le rendement électrique pour la conversion du R
FI en halohydrine, est au temps 60 mm de 0,25 Faraday par mole de R
FI de départ.
EXEMPLE 7
[0025] On utilise la cellule définie dans l'exemple 2.
[0026] Le catholyte est chargé de 2 ml H
2O saturée en KC1, 4 ml d'alcool propargylique CH = C - CH
20H, 6 ml de C
4F9I. On impose un courant de 0,2 A.

[0027] Les % de A, B, C sont donnés en % molaire par rapport au R
FI de départ :

[0028] Après formation des composés d'addition A et B on observe la déshydroioduration de
A conduisant à C. Cette élimination de HI est provoquée par l'élévation du pH du catholyte
(réduction de la phase auqueuse) et ne se produit que sur le composé A dans lequel
I et H sont en position trans.
EXEMPLE 8
[0029] On utilise la cellule définie dans l'exemple 2.
[0031] Le composé en C
6F
13 est obtenu de façon analogue. Ces composés sont solubles dans l'acétone d'où ils
recristallisent par évaporation lente du solvant. L'analyse en R.M. N. du carbone
13 permet de déterminer le pourcentage cis-trans de A. (cf. N.O. Brace J. Org. Chem.
44 1979 p. 212).
EXEMPLE 9
[0032] L'exemple 2 est répété en utilisant les chaînes C
6F
13I et C
8F
17I au lieu de C
4F
9I. Deux situations sont à considérer :
― cas du C6F13I
[0033] L'électrolyse donne des résultats quasi identiques à ceux obtenus pour le C
4F
9I.
- cas du C8F17I
[0034] Pour co composé la phase organique a tendance à n'être constituée que de C
8F
17I avec très peu d'alcool allylique, ce dernier passant dans la phase aqueuse préférentiellement.
L'électrolyse ne conduit alors à aucune réaction sur le C
8F
17I.
[0035] Cette difficulté est résolue si on électrolyse une phase mixte C
4F
9I + C
8F
17I, dans une proportion de 20 % de C
4 en volume. On observe alors la formation des produits attendus. Avec un courant de
0,2 A on a obtenu les résultats suivants :

[0036] Les compositions sont indiquées en % molaire.
[0037] Les deux époxydes formés sont séparables par distillation ; ce sont des liquides
incolores, denses (d ≃ 1,75).
1 - Procédé d'addition d'iodoperfluoroalcanes de formule CF3 (CF2)n I où n varie de 1 à 19, sur des composés éthylé- niques ou acétyléniques caractérisé
par une électrocatalyse du mélange des réactifs.
2 - Procédé selon la revendication 1 où le mélange des réactifs est en milieu solvant
organique.
3 - Procédé selon la revendication 1 où le mélange des réactifs forme une émulsion
aqueuse.
4 - Procédé selon la revendication 1 où la cathode de la cellule d'électrolyse est
une cathode en fibre de carbone.
5 - Procédé selon la revendication 1 où-la cathode de la cellule est une cathode de
mercure.
6 - Procédé selon l'une des revendications 1 à 5 dans lequel le composé éthylénique
est l'alcool allylique et le produit formé par électrocatalyse l'halohydrine polyfluorée
RFCH2-CHI-CH2OH.
7 - Procédé selon la revendication 6 dans lequel l'électrocatalyse est suivie d'une
électrolyse conduisant à l'époxyde