[0001] La présente invention a pour objet de nouvelles compositions pour moules et noyaux
en fonderie, liées par un liant à base de silicates.
[0002] Il est connu depuis longtemps de préparer des noyaux et moules en fonderie par utilisation
d'un mélange ternaire comprenant de 93 à 98 parties en poids d'un sable convenable
pour l'industrie de la fonderie, et de 2 à 7 parties en poids d'une solution aqueuse
de silicate alcalin.
[0003] De telles compositions étaient généralement durcies au moyen de gaz carbonique. 0n
a amélioré ce procédé en faisant appel à différents additifs dans le brevet FR 1 172
636. Enfin, on a cherché à éviter, surtout pour les grosses pièces, l'utilisation
du gaz carbonique qui présente certains inconvénients, notamment à haute température.
[0004] Ainsi, dans l'US 3 207 057, on a proposé d'utiliser un liant comprenant une solution
aqueuse d'un silicate de métal alcalin et un additif consistant essentiellement en
3 à 100 % d'alumine par rapport au liant.
[0005] Mais, on sait que l'on exige de nombreuses qualités de ces compositions. En particulier,
l'on attend des noyaux et moules de bonnes qualités mécaniques. On désire de plus
obtenir simultanément un temps de prise plus bref et un temps de vie relativement
important.
[0006] Par temps de vie, on entend, l'intervalle de temps pendant lequel il est possible
de stocker le mélange sable + silicate + durcisseur, sans que l'on observe une diminution
des propriétés mécaniques, à partir du moment ou l'on a ajouté le silicate au mélange
sable + durcisseur.
[0007] Par temps de prise, on entend l'intervalle de temps qui sépare le moment où l'on
ajoute le silicate au mélange sable + durcisseur du moment où l'on n'observe plus
de modifications sur la surface du sable aggloméré. Pratiquement, le moment de la
prise est apprécié simplement en exerçant une pression sur ladite surface.
[0008] C'est pourquoi on a proposé, dans la demande française 77 13177, au nom de la demanderesse,
de faire appel à des catalyseurs de durcissement de solutions aqueuses de silicates
alcalins à base de carbonates d'alkylène caractérisés par le fait qu'ils contiennent
aussi des esters méthyliques d'acides organiques.
[0009] Mais si de tels durcisseurs, utilisés en combinaison avec du sable et des liants
à base de silicate alcalin, conduisent à d'excellents résultats tant en ce qui concerne
les propriétés mécaniques que les temps de vie et de prise, un problème reste encore
résolu de manière non entièrement satisfaisante : il s'agit du débourrage. Par "débourrage",
on entend l'action qui consiste à extraire assez facilement de la pièce métallique,
le sable situé à l'intérieur des cavités formées par les noyaux.
[0010] En effet, le sable aggloméré des moules et des noyaux doit avoir une haute résistance
mécanique avant la coulée du métal, et conserver une résistance mécanique à chaud
satisfaisante ; mais présente une fois le métal refroidi, une résistance mécanique
assez faible de sorte que le sable puisse être facilement enlevé.
[0011] Afin de faciliter le débourrage, on a déjà préconisé de faire appel à des matières
carbonées et/ou des adhésifs résineux filmogènes dans le FR 2 237 706, mais il peut
se produire un phénomène de recarburation.
[0012] Aussi a-t-on revendiqué dans la demande française 77 38182 des compositions pour
moules et noyaux en fonderie comprenant du sable et un liant à base d'un silicate
alcalin, et un agent durcisseur qui contiennent un agent de débourrage constitué,
au moins en partie, par une alumine de granulométrie moyenne sensiblement comprise
entre 0,2 et 5 pm.
[0013] Ces compositions donnent d'excellents résultats dans le cas notamment des traitements
à haute température, comme par exemple pour la fonte ou l'acier. Malheureusement,
si la nature du métal exige de plus basses températures, par exemple 750°C, l'on observe
une baisse dans l'efficacité du procédé.
[0014] La présente invention a pour objet des compositions qui permettent de pallier cet
inconvénient. Les compositions selon l'invention comprennent du sable et un liant
à base de silicate alcalin, ainsi qu'un agent durcisseur et un agent de débourrage.
Elles se caractérisent par le fait que l'agent de débourrage comprend un dérivé minéral
métallique, notamment du groupe des alcalino-terreux, sous forme d'une poudre fine
et une alumine hydratée, de granulométrie moyenne comprise entre 0,2 et 5 µm, et en
particulier entre 0,5 et 3 um.
[0015] On a en effet observé que avec certains dérivés minéraux selon l'invention il y a
synergie avec de telles alumines.
[0016] Ceci se traduit de manière inattendue par le fait que l'on peut améliorer à la fois
les propriétés mécaniques et la friabilité des compositions en substituant une partie
de l'alumine dans une composition de l'alumine par un agent de débourrage selon l'invention.
C'est le cas en particulier lorsque l'on fait appel à des oxydes ou carbonates de
calcium ou magnésium d'une granulométrie sensiblement inférieure à 5 um.
[0017] Aussi selon une forme de mise en oeuvre préférée de l'invention l'agent de débourrage
comprend de 1 à 99 % d'alumine hydratée de granulométrie moyenne comprise entre 0,2
et 5 um et de préférence entre 0,5 et 3 um, et de 1 à 99 % d'un dérivé métallique
selon l'invention.
[0018] De plus les alumines, selon l'invention, présentent avantageusement une surface B.E.T.
inférieure à 300 m2/g de préférence comprise entre 3 et 40 m2/g.
[0019] Selon une mise en oeuvre particulière de l'invention on peut faire appel à des alumines
A1
20
3, 3H
20, type hydrargillite.
[0020] De manière pratique, et préférentielle les compositions selon l'invention renferment
de 90 à 98 parties en poids de sable, 2 à 10 parties en poids d'une solution de silicate
alcalin, et de 0,5 à 5 % en poids d'alumine selon l'invention, de préférence de 0,8
à 1,7 %, et de 0,5 à 5 parties de l'additif selon l'invention.
[0021] Le silicate selon l'invention présente de préférence un rapport pondéral SiO
2/Na
2O compris entre 2 et 2,7. On peut notamment utiliser comme durcisseur un composé du
groupe des carbonates d'alkylène et/ou d'esters organiques, tels que mono, diacétine,
triacétine ou leurs mélanges, esters de glycol, notamment esters méthyliques, et en
particulier des esters méthyliques de monoacides organiques, éventuellement substitués
par d'autres radicaux fonctionnels, tels que le lactate de méthyle ; ils peuvent être
des esters diméthyliques de diacides organiques, tels que les diacides aliphatiques
ayant trois à dix atomes de carbone, comme par exemple l'acide malonique, l'acide
succinique, l'acide glutarique et l'acide adipique.
[0022] Les carbonates cycliques d'alcoylènes ont un radical alcoylène ayant de préférence
deux à dix atomes de carbone, les carbonates habituellement utilisés sont le carbonate
d'éthylène et le carbonate de propylène.
[0023] En général, on emploie 4 à 30 parties en poids d'ester méthylique d'acide organique
pour 96 à 70 parties en poids de carbonate d'alkylène ; occasionnellement, on peut
diluer ce mélange par un solvant réglant la réactivité avec le silicate alcalin. Comme
tels solvants, on peut utiliser des polyols aliphatiques et de préférence des polyalcoylène-glycols
aliphatiques tels que le diéthylène glycol. Ces solvants peuvent être utilisés par
exemple à raison de 2 à 20 parties en poids pour 100
' parties en poids du durcisseur carbonate d'alkylène/ester méthylique.
[0024] Mais on peut aussi faire appel à d'autres types de durcisseurs .tels que gaz carbonique
ou laitier de hauts fourneaux.
[0025] Les procédés d'obtention d'un moule ou d'un noyau de fonderie utilisés sont conformes
à la technique habituelle, comme par exemple décrit dans l'US 3 307 046 ou FR 2 264
608. En particulier, on peut opérer à température ambiante, c'est-à-dire grosso-modo
entre 0 et 30°C.
[0026] Dans les exemples suivants on opère de la manière suivante :
[0027] Dans un mélangeur planétaire KENWOOD, on introduit, à une température comprise entre
18 et 20°C, les constituants du mélange du moulage dans l'ordre suivant :
- du sable SIFRACO (référence AFA 53-57)
- le débourrant
- le durcisseur
- la solution aqueuse de silicate de sodium. Cette solution de silicate de sodium
a une teneur en eau de55 % et un extrait sec de 45 %. Le rapport pondéral SiO2/Na2O est égal à 2,39, sa densité à 20°C est de 1,525 et sa viscosité de 600 millipascals
par seconde à 20°C.
[0028] Le sable utilisé présente les caractéristiques suivantes : surface spécifique 115
cm2/g ; densité apparente 1,5 ; perte au feu 0,15 X. Il contient un minimum de 99,7
% de SiO
2 et un maximum de 0,1 % d'argile avec des traces de carbonate de calcium.
[0029] Sa répartition granulométrique est :
- 1 % supérieur à 420 µm
- 26 % compris entre 420 et 300 µm
- 47 % compris entre 300 et 210 µm
- 23 % compris entre 210 et 150 µm
- 3 % compris entre 150 et 105 µm
[0030] Test de résitance à la compression selon fiche technique du Centre technique des
Industries de la Fonderie, Division des études du moulage sable. juillet 1971.
[0031] Après la préparation. du mélange de moulage (sable + débourrant + durcisseur + silicate)
au mélangeur planétaire KENWOOD, on confectionne en 4 minutes dans un boîte à noyau
7 éprouvettes. Ces dernières sont conformes à la norme DIN 52-401 (type G.F.) on mesure
leur résistance à la compression à des intervalles de temps compris entre 10 minutes
et 1 heure, à l'appareil de résistance GF, type SPDR. L'origine des temps est fixée
au moment de l'introduction du silicate.
[0032] Test de résistance au cisaillement selon fiche technique du Centre technique des
Industries de la Fonderie, Division des études du moulage sable. Juillet 1971 en réalisant
des éprouvettes conformes à la norme DIN 52-401 (type G.F.)
Test de friabilité
[0033] On porte l'éprouvette à la température indiquée de 500°C, 750°C et 1000°C dans un
four pendant 30 minutes, puis après refroidis-. sement on la place dans un tube où
l'on fait tomber une masse de 600 g d'une hauteur de 50 cm. Sous l'effet du choc l'éprouvette
éclate. Les morceaux sont tamisés sur un tamis de 2 mm de maille, pendant 10 secondes.
Le rapport poids de refus/poids initial est considéré comme représentant la friabilité
F. Si F est proche de 0, on considère qu'il s'agit d'un bon débourrant et si F est
voisin de 1 les propriétés débourrantes sont nulles.
[0034] Rappelons qu'un bon débourrant ne doit pas aliéner les propriétés mécaniques, indiquées
plus haut, de l'éprouvette.
[0035] Dans l'exemple 1 le durcisseur a la composition suivante :
80 % du mélange ester adipate de méthyle ester glutarate de méthyle ester succinate
de méthyle
20 % de diéthylène glycol.
[0036] L'alumine est une hydrargillite, Al
2O
3, 3H
20 de granulométrie moyenne égale à 1 µm, de 5 m2/g de surface spécifique, renfermant
35 % d'eau de cristallisation.
Exemple 1
[0037]
- Le mélange est effectué de la manière suivante
- 1 kg de sable
- 1,8 % de débourrant
1er malaxage de 2 minutes.
- 0,5 % de durcisseur
2ème malaxage de 2 minutes.
- 3,5 % de silicate de sodium
3ème malaxage de 2 minutes.
[0038] Les résultats obtenus sont résumés au tableau 1 suivant.

Dans cet exemple on a mesuré la résistance à la compression après 24 heures parce
que la prise n'est pas immédiate et la mesure ne devient significative qu'après 24
heures.
Exemple 2
[0039] Cet exemple est identique au précédent sauf que le durcisseur selon l'exemple 1 est
remplacé par un gazage du C0
2 de 10 secondes sous 2 10
5 Pa.
[0040] On donne ici la résistance au cisaillement parce que la prise est immédiate et la
résistance au cisaillement est plus significative que la résistance à la compression.

[0041] On voit donc dans ces exemples que la substitution partielle d'alumine par du carbonate
de calcium ou de l'oxyde de magnésium conduit à la fois à l'amélioration de la friabilité
et au moins au maintien des propriétés mécaniques. Il apparaît que lorsque l'on utilise
de l'alumine seule, les propriétés de débourrage vers 750°C ne sont pas tout à fait
satisfaisantes. De plus, lorsque l'on utilise le carbonate de magnesium seul, les
propriétés mécaniques apparaissent insuffisantes.
[0042] Les compositions selon l'invention qui comportent à la fois de l'alumine et un dérivé
minéral du groupe des alcalino-terreux, remédient aux inconvénients précités.
Exemple 3
[0043] Cet exemple est identique à l'exemple 1 sauf que l'on remplace le durcisseur de l'exemple
1, par le durcisseur suivant :
malonate de diméthyle 40
malonate de diéthyle 60
avec un mélange 50 % alumine 50 % carbonate Ca.
On observe à 750°C une valeur de la friabilité de 0,07.
Exemple 4
[0044] Dans cet exemple selon l'exemple 3, le durcisseur est constitué par un mélange de
85 % de diacétine et 15 % de triacétine.
[0045] La friabilité à 750°C = 0,05
Exemple 5
[0046] Dans cet exemple comparatif, on met en oeuvre d'une part, le carbonate de magnesium
seul selon l'exemple 2 et d'autre part, un mélange 50 % alumine, 50 % carbonate de
magnesium selon l'exemple 2. On mesure les résistances à la compression et au cisaillement
sur des éprouvettes fabriquées à des temps croissants depuis la confection du mélange
de façon à déterminer le temps de vie de celui-ci.
[0047] Les résultats obtenus sont rassemblés dans le tableau ci-après :

[0048] Il apparaît que contrairement aux mélanges selon l'invention, le carbonate de magnésium
présente un temps de vie trop court pour permettre une mise en oeuvre industrielle
aisée.
1) Nouvelles compositions pour moules et noyaux en fonderie comprenant du sable et
un liant à base d'un silicate alcalin, un agent durcisseur et un agent de débourrage,
caractérisées par le fait que l'agent de débourrage comprend un dérivé minéral métallique,
notamment du groupe des alcalino-terreux, sous forme d'une poudre fine et entre 1
et .99 % d'une alumine hydratée de granulométrie moyenne comprise entre 0,2 et 5 um
et en particulier entre 0,5 et 3 um.
2) Nouvelles compositions, selon la revendication 1, caractérisées par le fait que
le dérivé minéral est du groupe des oxydes et carbonates de Ca et Mg.
3) Nouvelles compositions selon la revendication 1, caractérisées par le fait qu'elles
renferment des alumines Al2O3, 3 H20.
4) Nouvelles compositions selon l'une des revendications précédentes, caractérisées
par le fait qu'elles renferment :
- de 90 à 98 parties en poids de sable
- de 2 à 10 parties en poids de silicate alcalin
- de 0,5 à 5 % en poids de préférence de 0,8 à 1,7 % d'alumine.
- de 0,5 à 5 % de débourrant.
5) Nouvelles compositions selon l'une des revendications précédentes, caractérisées
par le fait que l'agent liant est constitué par une solution de silicate alcalin de
rapport pondéral SiO2 Na2O compris entre 2 et 2,7.
6) Nouvelles compositions selon l'une des revendications précédentes, caractérisées
par le fait que l'agent durcisseur est constitué par au moins un composé du groupe
du carbonate d'alkylène et d'esters organiques, notamment méthyliques.
7) Nouvelles compositions selon la revendication 6, caractérisées par le fait que
l'agent durcisseur comprend de 4 à 30 parties en poids d'ester méthylique d'acide
organique pour 96 à 70 parties en poids de carbonate d'alkylène.
8) Nouvelles compositions selon l'une des revendications précédentes, caractérisées
par le fait que l'agent durcisseur est constitué par du gaz carbonique.
9) Nouvelles compositions selon l'une des revendications précédentes, caractérisées
par le fait que l'agent durcisseur est constitué par un laitier de haut fourneau.