[0001] La présente invention concerne un procédé et un appareillage pour réguler, de façon
précise, la cadence d'introduction et la teneur en alumine d'une cuve d'électrolyse
ignée, et leur application à la production d'aluminium selon le procédé Hall-Héroult.
[0002] Au cours des dernières années, on a progressivement automatisé le fonctionnement
des cuves de production d'aluminium, tant pour en améliorer le bilan énergétique et
la régularité de marche, que pour limiter les interventions humaines et améliorer
le rendement de captage des effluents fluorés.
[0003] Un des facteurs essentiels, pour assurer la régularité de marche d'une cuve de production
d'aluminium par électrolyse d'alumine dissoute dans la cryolithe fondue, est la cadence
d'introduction:de l'alumine dans le bain. Un défaut d'alumine provoque l'apparition
de "l'effet anodique", ou "emballage" qui se traduit par une augmentation brutale
de la tension aux bornes de la cuve, qui peut passer de 4 à 30 ou 40 volts, et qui
se répercute sur l'ensemble de la série.
[0004] Un excès d'alumine crée un risque de salissure du fond de la cuve par des dépôts
d'alumine pouvant se transformer en plaques dures isolant électriquement une partie
de la cathode. Ceci induit dans le métal des cuves la création de courants horizontaux
très forts qui, par interaction avec les champs magnétiques brassent la nappe de métal
et provoquent une instabilité de l'interface bain-métal.
[0005] Ce défaut est particulièrement gênant lorsqu'on cherche à abaisser la température
de fonctionnement de la cuve - ce qui est très favorable au rendement Faraday - en
adoptant des bains -très "acides" ( à teneur élevée en A1F3) ou comportant des additifs
divers, tels que des chlorures, des sels de lithium ou de magnésium. Mais, ces bains
ont une capacité et une vitesse de dissolution de l'alumine sensiblement réduites,
et leur utilisation implique que l'on régule de façon très précise la teneur en alumine,
à des concentrations relativement basses et entre deux limites extrêmes relativement
proches. Bien qu'il soit possible de mesurer directement la teneur en alumine des
bains par analyse d'échantillons d'électrolyte, on a choisi, depuis de nombreuses
années, de procéder à une évaluation indirecte des teneurs en alumine en suivant un
paramètre électrique reflétant la concentration en alumine dudit électrolyte.
[0006] Ce paramètre est généralement la variation de la résistance interne, ou, plus exactement,
de la pseudo-résistance interne qui est égale à :

e étant une image de la force contre-électromotrice de la cuve dont on admet généralement
que la valeur est de 1,65 volts, U la tension aux bornes de la cuve et I l'intensité
qui la traverse.
[0007] Par étalonnage, on peut tracer une courbe de variation de R en fonction de la teneur
en alumine, et par mesure de R à une fréquence déterminée selon des méthodes actuellement
bien connues, on peut connaître à tout moment la concentration symbolisée par [Al
2O
3].
[0008] On a cherché, depuis de nombreuses années, à introduire l'alumine dans le bain avec
une certaine régularité de façon à maintenir sa concentration relativement stable
autour d'une valeur prédéterminée.
[0009] Les procédés d'alimentation automatique en alumine, asservis plus ou moins rigoureusement
à sa concentration dans le bain, ont été décrits notamment dans les brevets suivants
: brevet français 1 457 746 de REYNOLDS, dans lequel la variation de résistance interne
de la cuve est utilisée comme paramètre reflétant la concentration en alumine, dont
l'introduction dans le bain est effectuée par un distributeur combiné avec un moyen
de perçage dans la croûte d'électrolyse figé ; brevet français 1 506 463 de V.A. W,
qui est basé sur la mesure du temps qui s'écoule entre l'arrêt de l'alimentation en
alumine et l'apparition de l'effet anodique ; brevet américain US 3 400 062 d'ALCOA,
qui met en oeuvre une "anode pilote" pour obtenir une détection précoce de la tendance
à l'emballement et régler la cadence d'introduction de l'alumine, qui est distribuée
à partir d'une trémie munie d'un dispositif de perçage de la croûte d'électrolyte
figé.
[0010] Le moyen d'alimentation en alumine est décrit de façon plus complète dans le brevet
US 3 681 229 de la même société.
[0011] Plus récemment, des procédés de régulation basés sur le contrôle de la teneur en
alumine ont été décrits en particulier dans la demande de brevet japonais 52-28417/77
de SHOWA DENKO, et dans le brevet des Etats Unis 4 126 525 de MITSUBISHI.
[0012] Dans le premier de ces brevets, la concentration en alumine est fixée dans l'intervalle
de 2 à 8 %. On mesure la variation Aü, en fonction du temps t, de la tension aux bornes
de chaque cuve, on la compare avec une valeur prédéterminée et on modifie la cadence
d'alimentation en alumine pour ramener le ΔV/T à la valeur standard. L'inconvénient
de ce procédé est que sa sensibilité varie avec la teneur en alumine, qui est précisément
minimale dans l'intervalle utilisé, de 3 à 5 % d'A1
20
3 (tableau page 84).
[0013] Dans le second de ces brevets, on fixe également la teneur en alumine dans la gamme
de 2 à 8 % et, de préférence, 4 à 6 %. On alimente la cuve pendant un temps t, prédéterminé
avec une quantité d'alumine supérieure à sa consommation théorique, jusqu'à l'obtention
d'une concentration en alumine prédéterminée (par exemple jusqu'à 7 %), puis on commute
l'alimentation sur une cadence égale à la consommation théorique pendant un temps
t
2. prédéterminé , puis on cesse l'alimentation jusqu'à apparition des premiers symptômes
d'effet d'anode ("emballage"), et on reprend le cycle d'alimentation en cadence supérieure
à la consommation théorique.
[0014] Dans ce procédé, la concentration en alumine varie, au cours du cycle, de 4,9 à 8
% (exemple 1) ou de 4,0 à 7 % (exemple 2). Ces différents procédés manquent de précision
et ne résolvent pas le problème posé, qui est la régulation de la teneur en alumine
entre des limites étroites.
[0015] L'objet de l'invention est un procédé de régulation précise de la cadence d'introduction
et de la teneur en alumine d'une cuve destinée à la production d'aluminium par électrolyse
d'alumine dans un bain à base de cryolithe fondue, dont la partie supérieure forme
une croûte figée, procédé qui assure le maintien de la teneur en alumine dans un intervalle
étroit choisi entre 1 et 3,5 % et qui consiste à introduire l'alumina directement
dans la bain de cryelithe fondue, en doses successives, de poids sensiblement constant
et à des intervalles de temps variables, par au moins un orifice maintenu ouvert en
permanence dans la croûte figée et à moduler la cadence d'introduction de l'alumine
en fonction des variations de la pseudo-résistance interne de la cuve dans des intervalles
de temps prédéterminés, en alternant des phrases de sous-alimentation et de suralimentation
en alumine par rapport à la cadence correspondant à la consommation de la cuve.
[0016] Un autre objet de la même invention est un appareillage pour la mise en oeuvre du
procédé de régulation précise de la teneur en alumine, comportant un moyen pour délivrer
à chaque orifice des doses successives d'alumine de poids sensiblement constant, un
moyen de mesure de la pseudo-résistance interne, un moyen de calcul de la vitesse
de variation de la résistance interne, des moyens pour faire varier la cadence d'introduction
des doses d'alumine en fonction des variations de la résistance interne et des moyens
pour faire varier la distance anode-cathode de la cuve.
[0017] Un autre objet de la même invention est l'application du procédé et de l'appareillage
ci-dessus à la production d'aluminium par le procédé Hall-Héroult soit avec un électrolyte
normal ou légèrement acide à base de cryolithe pouvant contenir, en outre, de 5 à
13 % d'AlF
3, et fonctionnant aux environs de 955 à 970° C, soit avec un électrolyte très acide,
pouvant contenir de 13 à 20 % d'AlF
3 et fonctionnant aux environs de 930 à 955° C, et pouvant également contenir du Lithium,
sous forme de LiF, et fonctionnant à des températures pouvant descendre jusqu'à 910°
C.
[0018] La figure 1 représente la variation de la pseudo-résistance interne d'une.cuve d'électrolyse
en fonction de-sa teneur en alumine, avec, en paramètre, la distance anode-cathode
"DAM".
[0019] La figure 2 représente la variation de la pseudo-résistance interne d'une cqve d'électrolyse
en fonction du temps et de la cadence d'introduction d'alumine selon l'invention.
[0020] / La figure 3 représente la variation de la pseudo-résistance interne d'une cuve
d'électrôlyse en fonction du temps et de la cadence d'introduction de l'alumine selon
une variante de mise en oeuvre de l'invention.
[0021] La figure 4 représente l'ensemble d'un doseur, de sa trémie d'alimentation et d'un
dispositif destiné à maintenir ouvert, en permanence, l'orifice d'introduction de
l'alumine.
[0022] La figure 5 représente le doseur permettant de délivrer des doses d'alumine successives
de poids sensiblement constant.
[0023] La figure 1 montre que la pseudo-résistance interne d'une cuve passe par un minimum
quelque peu flou aux environs de 3,5-4 % et augmente rapidement du côté des faibles
teneurs en alumine et beaucoup plus lentement du côté des teneurs élevées. Pour avoir
une bonne sensibilité, il y a donc intérêt à se placer du côté des faibles teneurs
en alumine, sans toutefois descendre en-dessous de 1 %, valeur autour de laquelle
la pseudo-résistance interne augmente très rapidement quand la teneur en alumine diminue,
ce qui correspond à l'effet d'anode ou emballage". Dans la suite, nous parlerons,
pour simplifier, de résistance interne désignée par Ri pour désigner la pseudo-résistance
interne.
[0024] L'invention est basée sur l'utilisation de la partie de la courbe Ri = f [A1
20
3] comprise entre des teneurs en alumine de 1 à 3,5 % environ , et sur la possibilité
d'évaluer, à tout moment - et de corriger - la teneur en alumine du bain de cryolithe
et de la maintenir entre des limites très étroites. Il en résulte, outre une très
grande régularité de marche, la possibilité d'utiliser des bains d'électrolyse ayant
une plus faible capacité d'absorption de l'alumine mais, en contre-partie, conduisant
à une température de fonctionnement sensiblement abaissée et à un rendement de courant
dit rendement Faraday sensiblement augmenté.
[0025] Le procédé, objet de l'invention, qui consiste à moduler la cadence d'alimentation
en fonction des variations de la résistance interne, comporte les stades successifs
suivants (les stades identiques, dans les différentes variantes, seront désignées
par les mêmes lettres).
A - On fixe une valeur de consigne Ro pour la résistance interne Ri qui est, par exemple,
de 13,9 uΩ pour une cuve moderne de 175 000 ampères à anodes précuites, et deux valeurs
limites hautes et basses entre lesquelles la résistance interne sera autorisée à varier,
Ro + r et Ro - r, par exemple 13,9 ± 0,1 µΩ.
B - On commence un cycle de régulation au moment où Ri est comprise entre 13,8 et
14,0 µΩ.
C- On alimente la cuve à une cadence dite lente (qui sera notée CL) inférieure de
15 à 50 % à la consommation normale correspondant au processus d'électrolyse, qui
sera notée CN (sur une longue période de temps, CN est environ de l'ordre de 100 kg/h
pour une cuve de 175 000 ampères). CL est déduit de CN par l'équation CL = a.CN où
a est un paramètre ajustable. La cuve va donc progressivement s'appauvrir en alumine,
le point figuratif va remonter dans le sens de la flèche CL, figure 1, et Ri va croître
(figure 2).
D -On mesure les valeurs successives que prend la résistance interne à des intervalles
de temps égaux tl, t2, t3, etc... par exemple toutes les 3 à 6 minutes. En pratique, on effectue un grand
nombre de mesures dont on prend la moyenne de façon à écarter le risque de valeurs
aberrantes.
E -On détermine la pente pl de la courbe - en pratique assimilable à une droite .- de variation de résistance
interne en fonction du temps au cours du stade D. Si la pente pl est inférieure à une valeur de consigne p 1, on donne un ordre de "serrage", c'est-à-dire
de diminution de la distance anode-cathode ou, plus exactement, de la distance anodes-métal
(DAM) par descente du système anodique d'une valeur prédéterminée. Lorsque la résistance
interne dépasse la valeur limite haute Ro + r (à t8 par exemple), on donne l'ordre au dispositif d'alimentation de passer en cadence
rapide (CR), supérieure de 20 à 100 % à la consommation normale CN, pendant un temps
T prédéterminé et qui peut être de l'ordre de 1/2 heure à 1 heure. CR est déduit de CN par l'équation CR = β.CN, où β est un paramètre ajustable.
F - Du fait de l'alimentation à cadence rapide, la teneur en alumine de la cuve va
augmenter progressivement puisqu'on lui en fournit plus que l'électrolyse n'en consomme,
le point figuratif va redescendre dans le sens de la flèche CR, figure 1 et Ri va
décroître. On mesure les valeurs successives que prend la résistance interne, à des
intervalles de temps égaux, t9 et t16, par exemple, toutes les trois à six minutes.
G - A la fin du temps T, on arrête l'alimentation en cadence rapide. Puis, on calcule
la pente P2 de la variation de résistance interne en fonction du temps pendant le stade F et
on effectue les opérations suivantes :
a) on compare P1 et P2. Ils doivent être dans le rapport

. Si ce n'est pas le cas, on en déduit que CN est mal centrée et on recalcule une
nouvelle valeur CN1 selon l'équation:

Ce calcul est normalement assuré par l'automate qui pilote la cuve et le recalage
de CN est automatique, ces opérations étant effectuées par des appareillages connus
de l'homme de l'art et qui ne font pas partie de l'invention ;
b) si Ri est devenue inférieure à Ro - r ou si p2 est supérieure à une valeur de consigne p 2, on donne un ordre de desserrage, c'est-à-dire d'augmentation de la distance anode-cathode,
d'une valeur prédéterminée ;
c) on passe l'alimentation en cadence lente, éventuellement modifiée en fonction de
la nouvelle valeur de CN1 de la cadence normale, et on reprend ainsi unnouveau cycle, au stade C.
[0026] Dans le procédé, le temps T (d'alimentation en cadence rapide) et la cadence rapide
CR sont ajustés de façon que la concentration de l'électrolyte en alumine augmente
de 0,5 à 1 % (en valeur absolue) et, de préférence, de 0,5 à 0,6 % On s'est donc déplacé
sur une portion réduite de la courbe Ri = f [Al
2O
3] que l'on peut, de ce fait, et sans erreur appréciable, considérer comme linéaire
dans l'intervalle.
[0027] Ce procédé assure donc un très grande précision de la teneur en alumine et, par conséquent,
une très grande régularité de marche de la cuve.
[0028] Il peut être appliqué sous deux variantes, d'une mise en oeuvre plus simple ; première
variante : on effectue les stades de A à D, puis :
E1 : lorsque la résistance interne Ri a franchi la valeur limite haute Ro + r, on donne
à la cuve un ordre de "serrage" d'une valeur prédéterminée et on passe en cadence
d'alimentation rapide CR pour un temps prédéterminé T.
F : du fait de l'alimentation à cadence rapide, la teneur en alumine de la cuve va
augmenter progressivement, puisqu'on lui en fournit plus que l'électrolyse n'en consomme,
le point figuratif va redescendre dans le sens de la flèche CR, figure 1 et Ri va
décroître.
On mesure les valeurs successives que prend la résistance interre, à des intervalles
de temps égaux, t9 à t161 par exemple toutes les trois à six minutes.
G1 : lorsque le temps T est écoulé, on repasse en cadence lente. Si à la fin du temps
T, on a Ri.< Ro - r, on donne un ordre de desserrage proportionnel à la différence
(Ro - r) - Ri, de façon à recaler le départ du cycle avec Ri sensiblement égal à Ro
- r.
[0029] Dans cette variante, on ne calcule plus les pentes p
1 et p
2, et on ne dispose plus, de ce fait, de l'information "cadence normale corrigée CN
1".
[0030] Une deuxième variante consiste à effectuer les stades A et E tels qu'on vient de
les décrire, et à continuer de la façon suivante :
E2 : lorsque la résistance interne Ri a franchi la valeur limite haute Ro + r, on donne
à la cuve un ordre de "serrage" d'une valeur prédéterminée. Si ce serrage amène la
valeur suivante de Ri en-dessous de Ro + r, on continue à alimenter en cadence lente
jusqu'à ce que Ri repasse au-dessus de Ro + r. On donne alors un nouvel ordre de "serrage".
Si le premier ordre de serrage n'a pas permis à la valeur suivante Ri de repasser
en-dessous de Ro + r, on donne un deuxième, et éventuellement, d'autres ordres de
serrage, mais on a fixé, à priori, et introduit dans l'automatisme, le nombre maximal
N d'ordres successifs au-delà duquel on repasse en cadence d'alimentation rapide.
Ce nombre N peut être 1, 2, 3, 4 ou 5. (Si N est égal à 0, on est ramené au cas précédent,
stade E1). On passe alors en cadence rapide CR pendant un temps T'prédéterminé.
F : du fait de l'alimentation en cadence rapide, la teneur en alumine de la cuve va
augmenter progressivement, puisqu'on lui en fournit plus que l'électrolyse n'en consomme,
le point figuratif va redescendre dans le sens de la flèche CR, figure 1, et Ri va
décroître.
G1 : lorsque le tempsT est écoulé, on repasse en cadence lente CL. Si à la fin du temps T, on a Ri < Ro--
r, on donne un ordre de desserrage proportionnel à la différence (Ro - r) - Ri, de
façon à recaler le départ du cycle avec Ri sensiblement égale à Ro - r.
[0031] L'appareillage pour la mise en oeuvre de l'invention comporte, tout d'abord, un moyen
pour délivrer, à chaque orifice d'introduction ménagé dans la croûte d'électrolyte
figé, des doses successives d'alumine de poids sensiblement constant, combiné à un
moyen de stockage de l'alumine situé, de préférence, à proximité de la cuve, et que
l'on peut réalimenter périodiquement à partir d'un stockage central.
[0032] Les figures 4 et 5 représentent un dispositif d'alimentation en alumine selon l'invention.
[0033] L'alumine est stockée dans la trémie (1) placée dans la superstructure de la cuve.
Sa capacité peut correspondre, par exemple, a un ou plusieurs jours de marche, et
elle est réalimentée elle-même à partir d'un stockage centralisé, par tous moyens
connus (transports pneumatiques, fluidisés, etc...).
[0034] Le distributeur (2) et l'outil de perçage (3) sont placés à l'intérieur même de la
trémie et fixés sur une plaque (4) qui en constitue le fond. Le distributeur comporte
essentiellement un doseur (5) et un distributeur (6) qui introduit l'alumine dans
l'orifice (7) pratiqué et entreténu dans la croûte figée (8) à la surface de l'électrolyte
(9).
[0035] Le doseur comporte un corps tubulaire (20) dans lequel coulisse une tige (11) actionnée
par le vérin (12). Cette tige est munie de deux obturateurs coniques (13) (13') qui
coopèrent avec deux portées coniques (14) (14') sur lesquelles ils peuvent alternativement
venir en appui de façon sensiblement étanche.
[0036] Le corps tubulaire (10) et le corps supérieur (15) sont réunies coaxialement par
une pluralité de nervures (16), laissant entre elles de larges espaces entre lesquels
l'alumine s'écoule spontanément par gravité lorsque l'obturateur (13) est en position
haute, de façon à remplir le corps tubulaire dont la capacité correspond à une dose
unitaire d'alumine.
[0037] Sous l'action du vérin, la tige centrale (11) amène l'obturateur (13) en position
basse, sur la portée (14) tandis que l'obturateur (13') quitte sa portée (14') et
permet ainsi à la dose d'alumine de s'écouler par l'intermédiaire de la goulotte de
distribution (6) directement dans l'orifice (7).
[0038] L'outil de perçage (3) est également disposé dans un corps tubulaire (17) placé à
l'intérieur de la trémie. Il comporte un vérin (18) dont la tige (19) est munie, à
son extrémité, d'une pointerolle (20) facilement interchangeable, d'un moyen de raclage
(21) qui permet d'éliminer, lors de la remontée de la pointerolle, les croûtes d'électrolyte
qui auraient pu y adhérer.
[0039] Les commandes des vérins (12) et (18), non représentées, sont reportées à l'extérieur
de la trémie de-façon connue.
[0040] Pour éviter que la pointerolle (20) ne plonge inutilement dans le bain, on peut la
munir d'un moyen de détection du niveau de l'électrolyte, tel qu'un contact électrique,
qui donne au vérin (18) de l'ordre de remonter dès que la croûte a été brisée et que
l'extrémité de la pointerolle est venue au contact de l'électrolyte fondu.
[0041] La capacité du doseur est fixée en fonction de la puissance de la cuve et du nombre
de points d'alimentation. Une cuve donnée peut comporter un ou plusieurs ensembles
doseurs-distributeurs-piqueurs, répartis par exemple entre les deux lignes d'anodes.
[0042] Bien entendu, ce type de doseur n'est donné qu'à titre d'exemple, et tout autre moyen
équivalent pour introduire l'alumine directement dans l'électrolyte liquide, par un
orifice maintenu ouvert, entre dans le champ de l'invention.
[0043] On peut également prévoir, à proximité immédiate de l'orifice pratiqué et entretenu
dans la croûte, un moyen de captage des effluents gazeux qui s'en dégagent.
[0044] La mesure de la pseudo-résistance interne peut s'effectuer par différents moyens
connus de l'homme de l'art. La plus simple consiste à mesurer l'intensité I, la tension
U aux bornes de la cuve et à effectuer l'opération :

[0045] Les informations recueillies et traitées sont finalement utilisées pour assurer le
cadencement des doses successives d'alumine.
[0046] Si, par exemple, la cadence normale CN est de 100 kg à l'heure, répartis entre quatre
orifices d'introduction et que chaque dose d'alumine soit de 1 kg, CN correspond à
une dose toutes les 110 secondes et CL = CN - 30 ?o à une doses toutes les 205 secondes.
[0047] Ces calculs et les déclenchements d'ordres au distributeur-doseur sont assurés, de
façon connue, par des automates programmables, équipés de micro-processeurs.
[0048] Il est particulièrement avantageux de munir le dispositif destiné à maintenir ouvert
l'orifice d'introduction d'un détecteur de bouchage dudit orifice, de telle sorte
que, dans l'attente d'un débouchage manuel ou automatique, les distributeurs-doseurs
alimentant les autres orifices restés ouverts reçoivent des ordres d'augmentation
de cadence pour que la quantité totale d'alumine introduite dans la cuve reste constante.
[0049] Le procédé et l'appareillage qui viennent d'être décrits s'appliquent aux séries
de cuves destinées à la production d'aluminium par électrolyse d'alumine dissoute
dans des bains à base de cryolithe fondue et, tout particulièrement, au cas ou le
bain comporte :
- soit de 5 à 13 % d'AlF3, avec une température de fonctionnement comprise entre 955 et 9700 C.
- soit de 13 à 20 % d'AlF3 (bains dits "très acides") avec une température de fonctionnement de l'ordre de 930
à 955° C, ces bains pouvant contenir, en outre, jusqu'à 1 % de lithium sous forme
de fluorure de lithium avec, dans ce dernier cas, une température de fonctionnement
pouvant descendre jusqu'à 910° C.
[0050] On peut également envisager d'autres additifs tels que halogénures de magnésium à
une concentration pouvant aller jusqu'à 2 % de magnésium ou des chlorures alcalins
ou alcalino-terreux à une concentration pouvant aller jusqu'à l'équivalent de 3 %
de C1.
[0051] Ces bains ont une capacité d'absorption et de dissolution d'alumine relativement
faible et ils sont, de ce fait, bien adaptés à la mise en .oeuvre du procédé, objet
de l'invention, qui assure un apport régulier d'alumine. Ils sont l'avantage d'assurer
un rendement Faraday nettement supérieur aux bains classiques fonctionnant à 960-970°
C.
Exemple d'application :
[0052] On a fait fonctionner pendant plusieurs mois une série de cuves à anodes précuites,
alimentées sous 180 000 ampères, en assurant la régulation de la teneur en alumine,
selon.l'invention, autour d'une valeur centrale de 2,9 % et des variantes extrêmes
de 3,5 à 2,1%. Le bain contenait 13 % d'AlF
3 et la température était voisine de 950° C. On a obtenu un rendement Faraday moyen
de 93,5 % (au lieu de 92 % moyens avec un bain à 8 % d'AlF
3 et 6 à 9 % Al
2O
3, à 960° C).
[0053] Puis, on a abaissé la teneur en alumine à une valeur centrale de 2,3 % avec des variations
extrêmes de 1,6 et 2,9 %. Le bain contenait 14 % d'AlF
3 et 2 % de LiF, et la température était voisine de 935°C. On a obtenu un rendement
Faraday moyen de 95 %.
[0054] On peut, en outre, tenir pour certain que l'abaissement de la température, permis
par la mise en oeuvre de l'invention, augmentera de façon sensible la durée de vie
des cuves d'électrolyse.
[0055] Parmi les autres avantages que procure la mise en oeuvre de l'invention, on peut
indiquer la suppression des accumulations de boues sur le fond des cuves, et la réduction
du nombre moyen d'emballage, sur chaque cuve, à moins de un par vingt quatre heures.
1°) Procédé de régulation précise de la cadence d'introduction et de la teneur en
alumine d'une cuve destinée à la production d'aluminium par électrolyse d'alumine
dissoute dans un bain à base de cryolithe, dont la partie supérieure forme un croûte
figée, et dont la teneur en alumine doit être maintenue dans un intervalle étroit,
entre 1% et 3,5 %, caractérisé en ce que l'on introduit l'alumine directement dans
le bain de cryolithe fondue par au moins un orifice maintenu ouvert dans la croûte
figée et en ce que l'on module la cadence d'introduction de l'alumine en fonction
des variations de la résistance interne de la cuve pendant des intervalles de temps
prédéterminés, en alternant des cycles de durée égale d'introduction d'alumine à cadence
plus lente et à cadence plus rapide que la cadence correspondant à la consommation
de la cuve.
2°) Procédé de régulation selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on module
la cadence d'introduction de l'alumine en l'introduisant en doses successives, de
poids sensiblement constant, à des intervalles de temps variables.
3°) Procédé de régulation selon la revendication 1, caractérisé en ce que la cadence
d'introduction de l'alumine en fonction des variations de la résistance interne est
déterminée par la succession des opérations suivantes, effectuées selon un cycle répétitif
:
A - On fixe une valeur de consigne Ro pour la résistance Ri et deux valeurs limites
haute : Ro + r et basse : Ro - r entre lesquelles la résistance interne pourra varier
;
B - On commence un cycle de régulation au moment où Ri est comprise entre Ro - r et
Ro + r ;
C - On alimente la cuve à une cadence lente CL inférieure de 15 à 50 % à sa consommation
normale CN en alumine ;
D - On mesure les valeurs successives que prend la résistance interne, qui augmente,
à des intervalles de temps égaux ;
E - On détermine la pente p1 de variation de Ri au cours du stade D ; on compare pl à une valeur de consigne p 1 et, si on trouve p1 < p , on oonne un ordre de serrage d'une valeur prédéterminée.
Dès que la résistance interne Ri dépasse Ro + r, on alimente la cuve à une cadence
rapide CR supérieure de 20 à 100 % à sa consommation normale CN, pendant un temps
T prédéterminé.
F - On mesure les valeurs successives que prend la résistance interne, qui diminue,
à des intervalles de temps égaux ;
G - A la fin du temps T, on arrête l'alimentation à cadence rapide CR, on calcule
la pente p2 de variation de la résistance interne pendant le stade F et on compare p1 et p2. Si p2 = CN - CR : on ne modifie pas les cadences CL et CR. p1 CN - CL Si

: on recàlcule une nouvelle cadence normale CN1 selon la formule :

et on prend la nouvelle valeur CN1 comme base de calcul pour les cadences lente et rapide des cycles suivants, puis
on compare Ri et Ro - r et p2 et p1. Si l'on a Ri < Ro - r ou p2 > p° , valeur de consigne prédéterminée, on donne un ordre de desserrage d'une valeur
prédéterminée ; et, finalement, on passe l'alimentation à cadence lente CL, éventuellement
modifiée en fonction de la nouvelle valeur CN,, de la cadence normale et on commence
un nouveau cycle au stade C.
4°) Procédé de régulation selon la revendication 3, caractérisé en ce que au stade
E, lorsque la résistance interne Ri de la cuve a dépassé la valeur limite haute Ro
+ r, on effectue les opérations suivantes :
E1 : lorsque la résistance Ri a franchi la valeur limite haute Ro + r, on donne à la
cuve un ordre de serrage d'une valeur prédéterminée et on passe en cadence d'alimentation
rapide CR pour un temps prédéterminé , To.
F : on mesure les valeurs successives que prend la résistance interne qui diminue,
à des intervalles de temps égaux ;
G1 : lorsque le temps T s'est écoulé, on repasse en cadence lente. Si, à la fin du temps
T on a Ri< Ro - r, on donne un ordre de desserrage proportionnel à (Ro- r) - Ri.
5°) Procédé de régulation selon la revendication 3 caractérisé en ce que, au stade
E, lorsque la résistance interne de la cuve a dépassé la valeur limite haute Ro +
r, on effectue les opérations suivantes :
EZ : on donne un premier ordre de serrage d'une valeur prédéterminée et on mesure à nouveau
la résistance interne Ri. Si elle est toujours supérieure à Ro + r, on donne un deuxième
ordre de serrage et ainsi de suite jusqu'à ce que la résistance interne soit redescendue
en-dessous de Ro + r ;
quand le nombre d'ordres de serrage successifs a dépassé une valeur N prédéterminée,
généralement comprise entre 1 et 5, sans que la résistance interne soit descendue
en-dessous de Ro + r, on passe en cadence rapide CR pendant un temps T prédéterminé
;
F : on mesure les valeurs successives que prend la résistance interne, qui diminue,
à des intervalles de temps égaux ;
Gl : lorsque le temps T est écoulé, on repasse en cadence lente CL. Si, à la fin du temps
T, on a Ri < Ro - r, on donne un ordre de desserrage proportionnel à la différence
(Ro - r) - Ri et on commence un nouveau cycle au stade C.
6°) Procédé de régulation selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé
en ce que la cadence lente CL est inférieure de 15 à 50 % à la cadence normale CN.
7°) Procédé de régulation selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé
en ce que la cadence rapide CR est supérieure de 20 à 100 % à la cadence normale CN.
8°) Procédé de régulation selon l'une quelcoque des revendications 1 à 7, caractérisé
en ce que l'on maintient ouvert chaque orifice d'introduction d'alumine au moyen d'un
plongeur animé d'un mouvement alternatif, sensiblement verticale qui est actionné
dans l'intervalle de temps séparant les introductions de doses d'alumine.
9°) Procédé de régulation selon revendication 8, caractérisé en ce que l'on détecte
l'obturation éventuelle de l'un des orifices d'introduction et que l'on cesse tout
apport d'alumine à ce point et que l'on augmente , proportionnellement, l'apport d'alumine
aux autres orifices jusqu'au débouchage de l'orifice obturé.
10°) Procédé de régulation selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé
en ce que l'on ajoute au bain de cryolithe fondue au moins l'un des additifs suivants
:
- fluorure d'aluminium de 5 à 20 %,
- sels de lithium en concentration inférieure ou égale à 1 % exprimée en Li,
- sels de magnésium en concentration inférieure ou égale à 2 % exprimée en Mg,
- chlorure alcalin ou alcalino-terreux en concentration inférieure ou égale à 3 %
exprimée en Cl.
11°) Procédé de régulation selon l'une quelconque des revendications 1 à 10, caractérisé
en ce que la température de l'électrolyte est réglée entre 910 et 955° C.
12°) Appareillage pour la mise en oeuvre du procédé selon l'une quelconque des revendications
1 à 11, caractérisé en ce .qu'il comporte un moyen pour maintenir ouvert chaque orifice
de chargement, un moyen pour délivrer à chaque orifice dès doses successives d'alumine
de poids sensiblement constant, un moyen de mesure de la pseudo-résistance interne,
un moyen de calcul de la vitesse de variation de la résistance interne, des moyens
pour faire varier la cadence d'introduction des doses d'alumine en fonction des variations
de la résistance interne et des moyens pour faire varier la distance anode-cathode
de la cuve.
13°) Appareillage selon la revendication 12, caractérisé en ce qu'il comporte, en
outre, un moyen pour détecter l'obturation éventuelle d'un orifice d'introduction,
un moyen pour interrompre l'alimentation à l'orifice obturé et un moyen pour accélérer
proportionnellement la cadence d'alimentation aux autres orifices jusqu'au débouchage
de l'orifice obturé.
14°) Appareillage selon revendication 12 ou 13, caractérisé en ce qu'il comporte,
en outre, un moyen de captage des effluents, situé à proximité immédiate de chaque
orifice.,
15°) Appareillage selon l'une quelconque des revendications 12 à 14 dans lequel le
moyen pour délivrer des doses successives d'alumine de poids sensiblement constant,
comporte un corps tubulaire cylindrique d'axe sensiblement vertical, de capacité prédéterminée,
une tige disposée selon l'axe du corps portant, à ses extrémités, deux obturateurs
coopérant avec deux portées sur les extrémités inférieure et supérieure du corps tubulaire,
la distance entre les deux obturateurs étant supérieure à la longueur du corps tubulaire,
ladite tige étant reliée à un moyen contrôlé de déplacement axial vers le haut et
vers le bas qui amène, alternativement, l'obturateur inférieur, puis l'obturateur
supérieur en contact avec la portée inférieure et avec la portée supérieure, la partie
supérieure du corps tubulaire étant en communication avec un réservoir d'alumine,
caractérisé en ce que la partie inférieure du corps tubulaire est reliée à un couloir
d'écoulement de l'alumine vers l'orifice de la croûte d'électrolyte.
16°) Application du procédé et de l'appareillage selon l'une quelconque des revendications
1 à 15 à la production d'aluminium par électrolyse d'alumine dissoute dans un bain
à base de cryolithe fondue, dans lequel la teneur en alumine doit être maintenue dans
un intervalle étroit choisi entre 1 et 3,5% avec des variations n'excédant pas ± 0,5
% par rapport à la valeur centrale, le bain de cryolithe étant additionné de 5 à 20
% d'AlF3 et, éventuellement, jusqu'à 1 % de lithium sous forme de LiF, des halogénures de
magnésium à une concentration pouvant aller jusqu'à 2 % de magnésium ou des chlorures
alcalins ou alcalino-terreux à une concentration pouvant aller jusqu'à l'équivalent
de 3 % de Cl.