[0001] L'invention se-rapporte à une aiguille destinée à l'exécution d'opérations avec des
fils, mèches ou cordons souples, composée d'un fût qui se recourbe à son extrémité
en une lame formant un chas.
[0002] Une aiguille de ce genre trouve application dans le domaine du tissage, et notamment
dans la fabrication d'armatures par tissage multidirectionnel. De telles armatures
sont utilisées, après imprégnation par un liant approprié, pour réaliser des ensembles
structuraux en matériau composite pouvant subir des sollicitations mécaniques et thermiques
très sévères, par exemple des tuyères, des fenêtres d'antennes radioélectriques pour
navette spatiale, des aubes de turbine, des pointes avant de corps de rentrée, des
blindages, etc.
[0003] Il existe de nombreux procédés de tissage de structures de révolution, en particulier
des procédés de tissage tridimensionnel, dans lesquels les fils des directions circonférentielle
et longitudinale sont liés par des fils radiaux. Les aiguilles utilisées habituellement
pour effectuer cette liaison sont des aiguilles dites à couture et/ou à tricotage.
Les premières telles qu'utilisées dans la demande de brevet français n° 76/ 02 943
du 3 Février 1976, comportent un chas fermé. Elles entraînent un fil de piqûre noué
avec un second fil passé par l'intermédiaire d'une navette dans une boucle du premier
fil. Les secondes sont des aiguilles à clapet telles que décrites dans le brevet français
n° 75/20 117 du 26 Juin 1975 et dans le brevet américain n° 4 149 477.
[0004] Une aiguille à clapet s'engage, clapet ouvert, dans la structure en cours de tissage,
accroche un fil et le ramène à travers la structure, clapet fermé, la liaison entre
fils étant faite par un point de chaînette.
[0005] Dans le cas de la réalisation d'armatures de forme quelconque par tissage sur tiges
métalliques, l'aiguille à clapet classique telle qu'utilisée dans les brevets précités
comporte une tête d'aspect et de dimensions trop importantes qui ne lui permettent
pas d'accomplir sa fonction. De par sa constitution, les risques d'accrochage intempestif
des fils de la structure tissée sont multipliés non seulement en cas de fausse manoeuvre,
mais également en usage normal. Un tel risque existe, par exemple, lorsque l'aiguille
entre dans le tissé, puis recule avant que sa tête soit sortie du côté opposé. Par
ailleurs, il est parfois difficile de saisir avec une aiguille à clapet, eu égard
à sa taille, un nombre élevé de fils, ou un fil et/ou une mèche de fils importante
dans la mesure où les fils saisis ont tendance à s'échapper avant que le clapet se
referme; s'il y a lieu de saisir un nombre élevé de fils, il est nécessaire d'utiliser
une aiguille à clapet ayant un/bec de dimension importante entrai- nant une certaine
fragilité dans cette zone. D'autre part, dans la réalisation d'armature tissées susceptibles
de supporter des sollicitations mécaniques et thermiques importantes, la structure
textile la plus fréquemment utilisée est le fil ou mèche de carbone, qui est très
fragile et susceptible donc d'être endommagé facilement par le clapet mobile.
[0006] Pour pallier les inconvénients des aiguilles connues, la présente invention a pour
obj.et une aiguille permettant notamment la réalisation d'armatures de forme quelconque
par tissage multidirectionnel. Cette aiguille, qui est du genre indiqué au début,
est caractérisée par le fait que la partie terminale de son fût est recourbée en une
lame élastique dont l'extrémité libre se trouve normalement appliquée contre ledit
fût pour former le chas de l'aiguille. Le chas formé entre la lame et le fût étant
alors fermé, l'extrémité de la lame peut s'en écarter par déformation élastique de
ladite lame sous l'action d'un ouvreur pour permettre l'introduction de fils dans
le chas ainsi ouvert.
[0007] Une aiguille à chas ouvrant selon l'invention peut être utilisée à la place d'une
aiguille à clapet, sans en comporter les inconvénients. Cela provient du fait que
le chas de l'aiguille est normalement fermé, l'aiguille pouvant circuler dans cet
état à travers une structure tissée, dans un sens comme dans le sens opposé, sans
aucun risque.d'accrochage des fils de celle-ci. Le chas n'est ouvert, par l'ouvreur,
qu'au moment et à l'endroit ou des fils doivent être saisis par l'aiguille, pour être
tirés par exemple à travers la structure tissée, alors qu'une aiguille à clapet doit
traverser la structure tissée clapet ouvert pour aller chercher des fils à saisir
et ce, sans possibilité de recul en cas de nécessité.
[0008] Dans une forme d'exécution avantageuse, la partie du fût de l'aiguille en regard
de la lame élastique est plus mince que le reste du fût. Il convient de plus que la
lame élastique soit sensiblement rectiligne. Grâce à ces dispositions, une aiguille
selon l'invention présente dans la région de son chas ouvrant une section totale à
peine plus grande que dans la région de son fût, ce qui favorise sa pénétration dans
la structure tissée et minimise les risques - de dérangement de celle-ci.
[0009] La lame élastique précitée peut comporter, au voisinage de l'extrémité du fût de
l'aiguille, une partie amincie formant charnière et facilitant ses déformations lors
de l'ouverture et de la fermeture du chas. De préférence, cette partie résulte de
la présence d'une encoche sur la face extérieure de la lame, ce qui en facilite l'usinage.
Par ailleurs, l'extrémité de la lame est avantageusement taillée en biseau, afin d'assurer
un parfait glissement, sans risque d'accrochage intempestif, de l'aiguille ayant saisi
des fils et reculant en les tirant à travers une structure tissée.
[0010] Quant à l'extrémité du fût formant la tête de l'aiguille, elle est de préférence
conformée en pointe, de manière à faciliter la pénétration de l'aiguille dans une
structure tissée, pour aller saisir des fils. L'extrémité du fût peut aussi offrir
une cavité en forme de cuvette dans laquelle s'engage l'extrémité d'une tige métallique
qui, préalablement incorporée à la structure tissée, doit en être chassée par l'aiguille.
[0011] En conclusion, une aiguille selon l'invention, a chas ouvrant, évite l'accrochage
malencontreux du matériau de tissage aussi bien en usage normal qu'en cas de fausse
manoeuvre. Elle permet de saisir un nombre important de fils ou un fil de diamètre
élevé, et d'utiliser un fil très fragile sans l'endommager. Elle est facile à fabriquer
et sa constitution est telle qu'elle peut présenter une tête aussi fine qu'on peut
le désirer.
[0012] La description qui va suivre, en regard des dessins annexés à titre d'exemple non
limitatif, permettra de bien comprendre comment l'invention peut être mise en pratique.
[0013] La figure 1 représente en élévation une aiguille à chas ouvrant selon l'invention,
seule la zone du chas de l'aiguille étant montrée.
[0014] Les figures 2 à 5 représentent une partie d'une machine mettant en oeuvre l'aiguille
de la figure l, dans diverses phases de fonctionnement successives.
[0015] Les figures 6a à 6e montrent schématiquement comment fonctionne l'aiguille selon
l'invention par des vues successives correspondant à des sections de l'objet des figures
3 à 5 suivant un plan parallèle à l'aiguille et perpendiculaire: au plan des fils
manipulés par celle-ci.
[0016] La figure 7 représente en coupe, à l'échelle de la figure 1, la tête d'une aiguille
dans une variante de réalisation.
[0017] On voit sur la figure 1 un exemple de réalisation d'une aiguille à chas ouvrant selon
l'invention. Cette aiguille 1 comprend un fût 2 rectiligne, dont la section est circulaire
dans le présent exemple, mais pourrait présenter toute autre forme. La longueur du
fût 2 est quelconque; elle peut être très importante et atteindre un mètre et plus.
Ce fût offre dans sa zone terminale une partie 3 plus mince qui se recourbe, au delà
de la tête 4 de l'aiguille, en une lame flexible 5 s'appuyant élastiquement par son
extrémité 6 sur le fût 2, à la naissance de la partie 3 de celui-ci. La lame 5 et
la partie 3 du fût 2 définissent un espace 7 qui constitue le chas de l'aiguille,
lequel est normalement fermé.
[0018] L'extrémité 6 de la lame 5 est taillée en biseau, comme représenté, de manière que
l'aiguille 1 puisse traverser une structure tissée dans le sens de la flèche 9 sans
risque d'accrochage intempestif des fils de ladite structure.
[0019] Grâce à un ouvreur dont un exemple de réalisation sera décrit plus loin, il est possible
de faire s'écarter la lame 5 de la partie 3 du fût 2, de manière à obtenir l'ouverture
du chas 7 au niveau de l'extrémité 6 de ladite lame. Cette ouverture implique une
déformation par élasticité de la lame 5, qui est facilitée par la présence d'un amincissement
8 qu'elle comporte non loin de la tête 4 de l'aiguille 1 et qui joue le rôle d'une
charnière. Le chas 7 de l'aiguille étant ouvert, des fils peuvent y pénétrer.et s'y
loger pour être entrainés, après fermeture du chas, à travers une structure tissée
par l'aiguille 1 se déplaçant suivant la flèche 9. Pour permettre un retour aisé de
l'aiguille par un mouvement inverse à travers la structure tissée, on a donné à sa
tête 4 une conformation en pointe 4', comme représenté.
[0020] Les figures 2 à 6 illustrent un exemple d'utilisation d'une aiguille selon l'invention.
La figure 2 montre une partie d'une machine de confection d'une structure tissée 10
à, travers laquelle il s'agit de faire passer en direction verticale, de manière répétée,
une mèche de fils 11. Ces fils, au nombre de trois dans le présent exemple, sont guidés
à leur arrivée par un présentoir 12 offrant trois conduits de guidage 13. La mèche
de fils 11, s'élevant verticalement à la sortie des conduits 13 du présentoir 12,
est périodiquement soumise à l'action d'un poussoir horizontal 14 qui entraîne les
fils vers la droite (figure 3) avec formation d'une boucle de longueur convenable
et dévidage des fils, à travers le présentoir 12, suivant la flèche 15 à partir d'une
réserve d'alimentation non représentée. Puis une aiguille 1, conforme à l'aiguille
précédemment décrite, descend à travers la structure tissée 10 et passe derrière le
poussoir 14 et les fils 11 sortant du présentoir 12, son chas 7 étant fermé. Sa tête
4 pénètre dans un couloir 16 pratiqué dans une pièce fixe 20 et allant en se rétrécissant
en raison de la présence d'une paroi oblique 17 que rencontre la tête 4 de l'aiguille
et qui la repousse légèrement vers la droite. Ce mouvement cause la pénétration d'un
couteau 18 fixe dans le chas 7 de l'aiguille 1 (figure 3 et 6a), ce couteau formant,
avec la pièce 20 et son couloir 16, l'ouvreur précédemment mentionné. L'aiguille continuant
à descendre (figures 4 et 6b), la partie 3 du fût parvient à être entièrement au-dessous
des fils 11, tandis que le chas 7 s'ouvre sous l'action du couteau 18. Le présentoir
12, qui est monté sur un axe d'articulation 19 vertical, pivote alors autour de cet
axe et vient appliquer les fils 11 contre-le fût de l'aiguille 1 (figure 6c). Le poussoir
14 revient vers la gauche; l'aiguille commençant alors à remonter, ces fils pénétrent
dans le chas 7 ouvert (figures 6d et 5) et sont finalement cueillis par le chas de
l'aiguille et entraînés sous forme de boucle à travers la structure tissée 10 (avec
résorption concomitante de la boucle formée initialement par le poussoir 14), le chas
7 s'étant au préalable refermé par dégagement du couteau 18 au passage de la tête
4 de l'aiguille le long de la paroi oblique 17.
[0021] On voit sur les figures 1 et 3 à 6 que l'amincissement 8 que comporte la lame élastique
5 est réalisé par taillage d'une encoche sur le côté de la lame tourné vers l'extérieur.
Par ailleurs, les figures 1 et 6 montrent clairement que, du fait que toute la partie
3 du fût est amincie et que la lame 5 est rectiligne, l'aiguille 1 ne présente qu'une
faible surépaisseur dans la région de son chas
7.
[0022] La figure 7 montre une variante de réalisation dans laquelle la tête 4 de l'aiguille
1 comporte non pas une pointe 4', mais une cavité 4" de forme adaptée à celle de l'extrémité
des tiges que doit repousser éventuellement l'aiguille en descendant à travers la
structure tissée.
1. - Aiguille à chas ouvrant destinée à l'exécution d'opérations avec des fils, mèches
ou cordons souples, comportant un fût (2) doté d'un chas (7) à son extrémité, caractérisée
par le fait que la partie terminale. (3) dudit fût (2) est recourbée en une lame élastique
(5) dont l'extrémité libre (6) se trouve normalement appliquée contre le fût pour former
le chas (7) de l'aiguille.
2.- Aiguille selon la-revendication 1, caractérisée par le fait que la lame (5) peut
s'écarter du fût (2) par déformation élastique sous l'action d'un ouvreur pour permettre
l'introduction de fils, mèches ou cordons dans le chas (7) ainsi ouvert.
3.- Aiguille selon la revendication 1, caractérisée par le fait que la partie (3)
du fût (2) en regard de la lame élastique (5) est plus mince que le reste du fût.
4.- Aiguille selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisée par le
fait que la lame élastique (5) est sensiblement rectiligne.
5.- Aiguille selon l'une quelconque des revendications 2 à 4, caractérisée par le
fait que la lame (5) comporte, au voisinage de l'extrémité (4) du fût, une partie
amincie (8) formant charnière et facilitant ses déformations lors de l'ouverture et
de la fermeture du chas (7).
6.- Aiguille selon la revendication 5, caractérisée par le fait que ladite partie
amincie (8) résulte de la présence d'une encoche sur la face extérieure de la lame.
7.- Aiguille selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisée par le
fait que l'extrémité (6) de la lame est taillée en biseau.
8.- Aiguille selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisée par le
fait que l'extrémité (4) du fût, formant la tête de l'aiguille, offre une cavité (4")
en forme de cuvette (figure 7).