[0001] La présente invention est relative à des cylindres de travail pour laminage à froid
de métaux ferreux et non ferreux, qui sont du type composite et obtenuspar coulée.
[0002] On utilisait antérieurement, pour la fabrication de tels cylindres de travail pour
laminage à froid, des cylindres en acier forgé trempé à l'eau dans des nuances à carbone
de 0,8 à 0,9 % et à chrome de 1,8 à 3 Ces cylindres forgés doivént avoir une parfaite
santé interne pour supporter les tensions considérables induites lors de la trempe
martensitique par un refroidissement brutal à l'eau.
[0003] Dans certains cas, notamment lorsqu'on recherche de très fortes profondeurs de trempe,
les tensions internes induites par le traitement de trempe à l'eau sont telles qu'il
peut être nécessaire de recourir à une refusion sous laitier, afin d'obtenir une cristallisation
parfaite. La teneur en chrome de ces cylindres peut alors atteindre 5 à 7 %.
[0004] Une compétition s'est engagée entre forgerons pour accroître la profondeur de trempe,
afin d'augmenter la partie utilisable du cylindre dans le laminoir, sans avoir à le
retremper. Ainsi, de 30 mm il y a une dizaine d'années on est passé à une partie utilisable
de 70 mm sur le diamètre. Cette compétition n'a néanmoins pas apporté d'amélioration
sensible en ce qui concerne la résistance à l'adoucissement qui caractérise, dans
une certaine mesure, la résistance aux incidents de laminage.
[0005] Plus récemment, les fabricants de cylindres moulés ontintroduit sur le marché un
nouveau type de cylindre constitué d'une couche externe en fonte à haute teneur en
chrome et d'un coeur en fonte lamellaire ou nodulaire. Ces cylindres, qui se caractérisent
tout à la fois par une haute résistance à l'adoucissement, et donc aux incidents,
et par une forte possibilité d'utilisation sur le diamètre ( )70 mm), prennent sur
le marché une place de plus en plus importante, venant ainsi concurrencer les cylindres
forgés réalisés jusqu'alors.
[0006] Ces cylindres en fonte à haute teneur en chrome, dont les duretés atteignent celles
des cylindres en acier forgé trempé à l'eau, présentent cependant des inconvénients
qui en freinent l'utilisation dans les laminoirs :
- Ils présentent une grande difficulté de rectification.
[0007] En effet, la durée de rectification de ces cylindres entre deux montages de laminage
atteint, pour une même retouche, un temps au moins double de celui d'un cylindre en
acier forgé.
[0008] - Ils sont plus difficiles à grenailler que les cylindres forgés.
[0009] On peut même noter qu'il est parfois impossible, notamment lorsque les cylindres
en acier moulé sont très durs, d'obtenir de fortes rugosités.
[0010] La présente invention vise à remédier à ces deux inconvénients importants, tout en
conservant les qualités inhérentes à ce type de cylindres obtenus par moulage, dont
les qualités essentielles sont une bonne résistance à l'adoucissement et une grande
profondeur de la partie utilisable sur le diamètre.
[0011] La présente invention a ainsi pour objet un cylindre composite bimétallique pour
laminage à froid obtenu par moulage, caractérisé en ce qu'il comprend un métal de
coeur constitué d'une fonte nodulaire ou lamellaire et un métal d'enveloppe constitué
d'un acier ayant une teneur en chrome de 8 à 16 $ et en carbone de 0,65 à 0,95 J,
le rapport chrome/carbone étant compris entre 11 à 16 et la structure du métal d'enveloppe
étant martensitique avec une teneur en austénite résiduelle inférieure à 10 %.
[0012] La structure du cylindre métallique, dont la composition est définie précédemment,
est obtenue par un procédé de traitement thermique qui consiste tout d'abord à soumettre
le cylindre à un traitement d'austénitisation à une température supérieure à 900°C
pendant un temps de 8 à 24 heures, puis après trempe à l'air ou à l'air humide soufflé
arrêtée à une température de 450 à 550°C, on maintient la température à 500-550°C
pendant 8 à 24 heures, on refroidit alors le cylindre par trempe à l'air jusqu'à la
température ambiante et on soumet enfin le cylindre à un revenu pour réactivation
de l'austénite à une température comprise entre 400 et 450°C pendant un temps de 8
à 24 heures.
[0013] Le traitement d'austénitisation est de préférence conduit à une température comprise
entre 1000 et 1050°C, pendant un temps de 8 à 24 heures. Le cylindre est ensuite soumis
à une trempe par soufflage d'air ambiant ou d'air humide ou tout autre moyen connu
équivalent, qui est de préférence arrêtée lorsque la température du cylindre atteint
500-à 520°C. On maintient alors le cylindre, pendant 8 à 24 heures, dans une enceinte
portée à la température indiquée'précédemment de 500 à 550°C, afin d'équilibrer les
températures entre coeur et peau. On ramène alors la température du cylindre à la
valeur de la température ambiante par une nouvelle trempe à l'air. Le cylindre est
enfin soumis à un traitement de revenu à une température comprise entre 400 et 450°C,
pendant 8 à 24 heures.
[0014] Les cylindres définis précédemment,ayant les compositions et obtenus à la suite des
traitements thermiques définis ci-dessus présentent les cinq propriétés essentielles
suivantes :
1 - Utilisation de millimètres utiles jusqu'à 100 sur le diamètre.
2 - Résistance à l'adoucissement à chaud exceptionnelle au moins jusqu'à 450°C.
3 - Haute dureté pour éviter les marques et augmenter la tenue du grenaillage.
4 - Facilité de rectification égale à celle des cylindres en acier forgé.
5 - Facilité de grenaillage avec obtention aisée de fortes rugosités.
[0015] Ces cinq propriétés réunies sur un seul type de cylindre constituent un progrès notable
par rapport à l'état actuel de la technique, qui ne permettait pas jusqu'à présent
de concilier tous ces avantages.
[0016] Le cylindre composite selon la présente invention comporte une couche de métal d'enveloppe
ayant une épaisseur de 30 à 70 mm, qui est de préférence réalisée par centrifugation.
[0017] Ce métal d'enveloppe est un acier à haute teneur en chrome et en carbone, présentant
de préférence la composition suivante :

nodulaire ayant la composition suivante :

[0018] Les composition et traitements thermiques définis ci-dessus permettent d'expliquer
l'obtention des cinq propriétés énoncées précédemment pour les raisons suivantes.
1. Forte couche utile (jusqu'à 100 mm sur le diamètre)
[0019] Ceci est obtenu à l'aide d'une transformation martensitique sur toute l'épaisseur
utile et, grâce à des tensions internes induites maintenues au plus bas niveau. La
transformation martensitique est obtenue par refroidissement à l'air et l'effet de
trempe est limité par la liaison de la couche utile du métal d'enveloppe avec un métal
de coeur donnant lors du refroidissement à l'air une transformation perlitique.
[0020] Le métal de coeur, peu allié, est donc constitué d'une fonte nodulaire ou lamellaire
qui permet d'obtenir tout à la fois de bonnes caractéristiques mécaniques et une bonne
cristallisation, ces deux propriétés étant essentielles pour supporter les contraintes
de traction induites par la trempe martensitique du métal d'enveloppe.
2. Résistance à l'adoucissement à chaud
[0021] L'analyse du métal d'enveloppe est choisie avec une composition voisine de celle
de la matrice des cylindres de travail à froid en fonte à haute teneur en chrome antérieurement
utilisée dans la technique. Les revenus utilisés sur la nuance d'acier très alliée
selon la présente invention ne conduisent pas à une transformation de l'austénite
en bainite, mais à une réactivation de l'austénite résiduelle qui se transforme, lors
du refroi dissement, en martensite, à l'exclusion de toute formation de bainite.
[0022] Pour obtenir la réactivation de l'austénite résiduelle, il est nécessaire de monter
à des températures de plus de 400°C, sans pour autant que la martensite de trempe
soit fortement adoucie.
3. Hautes duretés
[0023] Après trempe à l'air, le nouveau cylindre composite selon la présente invention permet
d'atteindre une dureté de 700 HV (dureté Vickers) avec une teneur en austénite résiduelle
de 30 à 40 %.
[0024] Après revenu, la réactivation de cette austénite permet d'obtenir des duretés de
760 à 800 HV. Ces niveaux de haute dureté sont ceux que l'on obtient habituellement
en laminage à froid avec des cylindres en acier forgé traditionnel.
4. Facilité de rectification
[0025] Cette propriété est obtenue par l'élimination de la présence de carbures lédéburitiques
du type M7C3 qui étaient antérieurement présents dans les cy- lindresmoulés selon
la technique antérieure.
[0026] En effet, on peut expliquer le comportement singulier à la rectification et au grenaillage
de ces cylindres selon la technique antérieure, comme étant la conséquence de la présence
dans la structure de la fonte d'une forte quantité de carbures de chrome du type M7C3
dont la dureté individuelle peut atteindre 1700 HV. Ces carbures, solidement enchâssés
dans une matrice martensitique également dure (700 HV), s'opposent évidemment à l'abrasion
de la meule, ainsi qu'à la déformation de la grenaille, qui n'atteint pas, loin s'en
faut, leur dureté (la grenaille la plus dure atteint 900 à 940 HV). L'étude du comportement
en service de ces cylindres en fonte à haute teneur en chrome, selon la technique
antérieure, a permis de conclure que la phase de carbures du type M7C3 ne jouait pas
un rôle important au cours du laminage, mais provoquait, par contre, les inconvénients
constatés lors de la rectification et du grenaillage.
[0027] La composition du nouvel alliage selon la présente invention est calculée, notamment
en ce qui concerne la teneur en carbone et en chrome, pour atteindre une composition
légèrement hypereutectoïde, afin d'éviter la présence de ces carbures lédéburitiques
nuisibles.
5. Facilité de grenaillage, notamment pour les fortes rugosités
[0028] Là, également l'absence des carbures massifs de type M7C3 très durs permet un meilleur
travail de déformation plastique de la grenaille projetée, ainsi que cela a été expliqué
ci-dessus.
[0029] L'étude de la composition de l'alliage d'enveloppe du cylindre selon la présente
invention, dont le carbone et le chrome constituent les deux éléments principaux,
permet de dégager les conclusions suivantes.
[0030] On peut considérer que le chrome présente un coefficient de carbone équivalent de
0,05.
[0031] Il apparaît ainsi que la composition légèrement hypereutectolde de l'alliage est
donc équivalente, en œ qui concerne l'apparition de la lédéburite à un acier de composition
0,7 + 11 x 0,05 = 1,25 % de carbone pour la teneur maximale en chrome.
[0032] On vérifie ainsi que cette teneur est à la limite inférieure de l'apparition d'un
réseau de carbures lédéburitiques.
[0033] Par ailleurs, pour obtenir les propriétés de résistance à l'adoucissement à chaud,
il est nécessaire d'avoir une teneur en chrome suffisante dans la matrice. Le meilleur
rapport

, qui détermine avec la température d'austénitisation la teneur en chrome de la matrice,
a été déterminé expérimentalement sur toute une série d'alliages carbone-chrome, et
doit être de préférence compris entre 11 et 16.
[0034] Les autres éléments, à savoir Si et Mn, se trouvent dans les fourchettes habituelles
des analyses des aciers moulés.
[0035] Le nickel et le manganèse sont volontairement limités à 0,7% pour éviter leur effet
stabilisant sur l'austénite résiduelle.
[0036] Le molybdène et le vanadium améliorent la résistance au revenu de l'austénite et
se trouvent dans les teneurs habituelles des aciers de travail à froid au chrome (classes
80 et 90 de la classification américaine).
[0037] On obtient ainsi de nouveaux cylindres composites bimétalliques moulés présentant
une résistance à l'adoucissement exceptionnelle par revenu de la matrice.
[0038] A titre d'exemple, un cylindre selon la présente invention a été réalisé à l'aide
d'un métal d'enveloppe et d'un métal de coeur ayant les compositions suivantes.

Analyse du métal de coeur

[0039] Le cylindre ainsi obtenu est soumis à un traitement d'austénitisation pendant 24
heures à 1000°C, puis à une trempe à l'air soufflé qui est arrêtée à une température
de 520°C. On maintient alors la température du cylindre à une valeur de 520°C pendant
20 heures, puis on refroidit le cylindre jusqu'à la température ambiante par trempe
à l'air.
[0040] Il présente une dureté après trempe de 692 HV et une teneur en austénite de 40,6
%.
[0041] On soumet alors ce cylindre à un revenu à une température supérieure à 400°C, pendant
20 heures, qui permet d'obtenir à l'issue du traitement une dureté de 780 HV sur 50
mm au rayon.
[0042] Ce cylindre a été utilisé pour le laminage à froid de tôles fines et a confirmé les
avantages énoncés précédemment dans le cours de la description.
1. Cylindre composite bimétallique pour laminage à froid obtenu par moulage, caractérisé
en ce qu'il comprend un métal de coeur constitué d'une fonte nodulaire ou lamellaire
et un métal d'enveloppe constitué d'un acier ayant une teneur en chrome de 8 à 16
% et en carbone de 0,65 à 0,95 %, le rapport chromé/carbone étant compris entre 11
et 16 et la structure du métal d'enveloppe étant martensitique avec une teneur en
austénite résiduelle inférieure à 10% et d'une dureté supérieure à 700 HV.
2. Cylindre selon la revendication 1, caractérisé en ce que le métal d'enveloppe a
une épaisseur de 30 à 70 mm environ.
3. Cylindre selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que le métal d'enveloppe
a la composition suivante:
4. Cylindre selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que le métal de coeur
est une fonte nodulaire ayant la composition suivante:
5. Procédé de fabrication d'un cylindre selon l'une quelconque des revendications
précédentes, caractérisé en ce qu'on coule tout d'abord par centrifugation une couche
de métal d'enveloppe en acier ayant une teneur en chrome de 8 à 16 %, en carbone de
0,65 à 0,95 % et un rapport chrome/carbone compris entre 11 et 16, puis un noyau de
métal de coeur en fonte nodulaire ou lamellaire et on soumet le cylindre à un traitement
d'austénitisa- tion à une température supérieure à 900°C pendant un temps de 8 à 24
heures, puis après trempe à 1 ' air ou à l'air humide soufflé arrêtée à une température
de 450 à 550°C, on maintient la température à 500-550°C, pendant 8 à 24 heures, on
refroidit alors le cylindre par trempe à l'air soufflé jusqu'à la température ambiante
et on soumet enfin le cylindre à un revenu pour réactivation de l'austénite à une
température comprise entre 400 et 450°C pendant un temps de 8 à 24 heures.
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que le traitement d'austénitisation
est de préférence réalisé à une température de 1000 à 1050°C et la trempe est de préférence
arrêtée à une température comprise entre 500 et 520°C.