[0001] La présente invention concerne le désasphaltage des huiles résiduelles d'hydrocarbures,
telles que les résidus de distillation du pétrole, les résidus dérivés des huiles
de schiste ou des sables bitumineux ou les . produits lourds de la distillation destructrice
ou de l'hydrogénation du charbon.
[0002] Les huiles résiduelles d'hydrocarbures, qui renferment des matières asphaltiques,
ne peuvent être directement soumises à des traitements tels que l'hydrodésulfuration,
l'hydrocracking ou le cracking catalytique du fait de leur teneur excessive en asphalte
et en métaux.
[0003] Il a donc été proposé de les soumettre à un traitement préalable de désasphaltage
au moyen d'un solvant habituellement choisi parmi les hydrocarbures aliphatiques,
saturés ou oléfiniques, de bas poids moléculaire.
[0004] On sait que le rendement en huile désasphaltée est d'autant plus élevé que l'hydrocarbure
utilisé comme solvant renferme davantage d'atomes de carbone, avec toutefois deux
inconvénients : ce rendement accru est obtenu au détriment de la pureté de l'huile,
notamment de sa teneur en métaux ; l'asphalte obtenu est d'autant plus dur et moins
fusible que le solvant est plus lourd.
[0005] Il en résulte que, pour des raisons pratiques et bien que l'on ait proposé d'utiliser
des hydrocarbures ayant de 3 à 7 atomes de carbone-, la plupart des réalisations connues
opèrent avec des hydrocarbures C
3, C
4, mélanges C
3 + C
4 et plus rarement C
5.
[0006] Une difficulté à surmonter est celle du traitement de la phase asphaltique rejetée
au cours du dêsasphaltage. Cette phase renferme une proportion notable de solvant
d'extraction, mais doit être séparée de celui-ci. Ceci est communément réalisé par
vaporisation du solvant et/ou entraînement par un gaz inerte tel que l'azote ou la
vapeur d'eau ; la vaporisation du solvant oblige à fournir une quantité importante
de chaleur à la phase asphaltique.
[0007] Dans les réalisations connues, on fait passer la phase asphaltique dans un four chauffé
par.une flamme (US 2943050, 3423308 et 4017383) bien que l'on puisse utiliser la vapeur
d'eau pour le propane et certains mélanges légers de propane et de butane (US 3627675).
[0008] Il est clair que la température du four doit être d'autant plus élevée que le solvant
est plus lourd, mais on est limité en température par la tendance de l'asphalte à
se décomposer au contact des parois du four. On admet qu'une décomposition de l'asphalte
se produit dès 310 à 330 °C. Or il est difficile de contrôler la température des parois
d'un four. Non seulement celle-ci n'est pas la même en tous les points du four, mais
encore la température optimale varie au cours du temps en fonction de la nature elle-même
variable de la charge à réchauffer.
[0009] La décomposition de l'asphalte se traduit par des dépôts qui s'opposent à une bonne
transmission de la chaleur et obligent à chauffer davantage, augmentant encore les
points chauds. Le rendement du four s'abaisse tellement que l'on doit procéder à un
arrêt et à un nettoyage de l'installation ; parfois même c'est le bouchage des canalisations
qui commande l'arrêt de l'opération.
[0010] Cet inconvénient se manifeste déjà avec l'emploi de butane, et il est particulièrement
accusé quand on emploie un hydrocarbure ayant de 5 à 7 atomes de carbone en raison
du caractère de plus en plus visqueux de l'asphalte obtenu.
[0011] L'objet de la présente invention est de décrire un procédé de désasphaltage (démétallisation)
qui remédie aux inconvénients précités et permet de traiter, sans difficulté d'encrassement
et pendant de longues périodes, des huiles résiduelles d'hydrocarbures au moyen d'hydrocarbures
ayant 4 à 7 atomes de carbone, par exemple l'isobutane, le n-butane, le néo-pentane,
le n-pentane, l'iso-hexane ou des coupes C
49 C
5 ou
C6.
[0012] Le procédé comprend la mise en contact de la charge d'hydrocarbures à désasphalter
avec un solvant hydrocarbure léger, dans une zone d'extraction (ou de simple mélange),
la quantité de solvant, la température et la pression étant choisies de manière à
permettre la formation de 2 phases distinctes : un mélange liquide solvant-huile désasphaltée
et un mélange fluide solvant-huile asphaltique ; les phases ainsi formées sont séparées
l'une de l'autre, par exemple par décantation, et le solvant est ensuite séparé de
chaque phase par vaporisation afin de pouvoir être recyclé. Le procédé est caractérisé
en ce qu'on fait passer une partie de l'huile désasphaltée, substantiellement séparée
du solvant, dans une zone de chauffage indirect par flamme, de manière à élever sa
température, en ce qu'on la met ensuite en contact d'échange de chaleur avec le mélange
solvant-huile asphaltique, de manière à fournir à ce dernier au moins une partie de
la chaleur nécessaire à la vaporisation du solvant qu'il renferme, et en ce qu'on
la mélange enfin avec le mélange solvant-huile désasphaltée déchargé de la zone d'extraction,
auquel elle apporte un complément de chaleur qui facilite la-vaporisation du solvant.
[0013] Suivant un mode de réalisation préféré, la vapeur de solvant séparée par vaporisation
de l'huile désasphaltée est mise en contact d'échange thermique avec le mélange solvant-huile
désasphaltée avant que celui-ci reçoive l'huile désasphaltée qui lui fournit le complément
précité de chaleur.
[0014] Les conditions opératoires du désasphaltage sont, en elle-mêmes, connues et ne seront
que brièvement rappelées : le rapport en volume hydrocarbure léger / huile à désasphalter
est habituellement de 2 à 12,de préférence 3 à 5. La température dépend de l'hydrocarbure
léger utilisé et se situe habituellement entre 70 et 220 °C. Par exemple, avec le
pentane, la température est habituellement choisie entre 170 et 210 °C, par exemple
205 °C en tête et 195 °C en fond.
[0015] La température à laquelle peut être portée l'huile désasphaltée, dans la zone de
chauffage indirect par flamme, peut être relativement élevée, par exemple 250 à 420
°C, de préférence 350 à 400 °C, sans risque sérieux d'encrassement de la dite zone,
en raison de la teneur réduite en asphaltènes de cette huile.
[0016] Comme cette huile est ensuite renvoyée en aval de la zone de vaporisation du solvant
mélangé à l'huile désasphaltée, il est aisé de contrôler la quantité de chaleur fournie
à la phase asphaltique, dans la zone d'échange, par simple réglage du débit de cette
huile.
[0017] Selon une variante du procédé, une partie de l'huile désasphaltée, chauffée par flamme,
peut être utilisée pour réchauffer l'asphalte à sa sortie du (ou des) vaporiseur(s).
[0018] L'invention est illustrée par la figure jointe.
[0019] La charge d'hydrocarbures contenant des asphaltènes (conduite.1) est reçue dans le
stockage intermédiaire 2, puis est envoyée par la. conduite 3 dans la colonne 4, après
avoir reçu de l'hydrocarbure léger provenant de la conduite 5. Si on le désire, une
autre portion d'hydrocarbure léger est introduite au bas de la colonne 4 par la ligne
6. Ce système d'alimentation est de type conventionnel, tout comme le réchauffage
en haut de colonne par l'échangeur 7;un interface s'établit dans la colonne. On soutire
un mélange d'hydrocarbure léger et d'huile désasphaltée par la ligne 8 et on le fait
passer dans l'échangeur 9 et la ligne 10 pour alimenter la colonne de vaporisation
11. La vapeur d'hydrocarbure léger est recyclée vers les conduites 5 et 6 par la ligne
12, l'échangeur 9, le condenseur 13 et la conduite 14. L'huile désasphaltée est soutirée
de la colonne Il par la conduite 15. Une partie de cette huile passe dans le four
16, la conduite 17, l'échangeur 18 et la ligne 19 pour rejoindre la conduite 10. Dans
l'échangeur 18, elle cède de la chaleur au mélange d'asphalte et d'hydrocarbure léger
qui quitte la colonne 4 par la conduite 20 pour être envoyé dans la colonne de vaporisation
21. Une autre partie d'huile désasphaltée est envoyée par la conduite 22 dans la colonne
d'entraînement 23 où elle est traitée par un courant de vapeur d'eau (conduite 24).
L'huile désasphaltée est ainsi débarrassée des dernières traces d'hydrocarbure léger
et est évacuée par la ligne 25.
[0020] Dans la colonne de vaporisation 21, on obtient une phase vapeur d'hydrocarbure léger
qui rejoint la ligne 14 après passage dans la conduite 26 et le condenseur 27. On
peut toutefois l'envoyer, si on le désire, en tout ou partie, vers la ligne 12 par
la conduite 28, de façon à récupérer sa chaleur dans l'échangeur 9. L'asphalte est
soutiré de la colonne 21 par la ligne 29 et est envoyé dans la colonne d'entraînement
30 pour être débarrassé des dernières traces d'hydrocarbure léger au moyen d'un courant
de vapeur d'eau admis par la ligne 31. L'asphalte est déchargé par la ligne 32 ; on
peut le réchauffer pour le fluidiser par passage dans l'échangeur 33 alimenté par
une partie de l'huile désasphaltée ayant traversé le four 16 : cette huile passe dans
la ligne 34, l'échangeur 33 et la ligne 35.
[0021] En tête des colonnes 23 et 30 on obtient des mélanges vaporisés d'eau et d'hydrocarbure
léger. Ces mélanges peuvent être traités en-, semble ou séparément ; dans le premier
cas, pris comme exemple, le mélange de la conduite 36 est réuni au mélange de la ligne
37 pour passer dans le condenseur 38 puis dans le décanteur 39. L'eau est déchargée
par la ligne 40 et l'hydrocarbure léger par la ligne 41. Ce dernier peut être recyclé
dans l'installation par une conduite non-représentée.
[0022] De nombreuses modifications peuvent être apportées au schéma ci-dessus sans en modifier
l'esprit. Par exemple, l'enlèvement de l'hydrocarbure léger à partir, soit de l'huile
désasphaltée, soit de l'as- phalte, peut être effectué dans une seule colonne, par
exemple la colonne Il pour l'huile désasphaltée et la colonne 21 pour l'asphalte.
Dans ce cas les colonnes 23 et/ou 30 ne sont pas utilisées. On peut aussi, dans ce
cas, prévoir un entraînement par vapeur d'eau ou gaz inerte dans la colonne unique,
c'est-à-dire dans les colonnes Il et 21.
[0023] Dans le schéma annexé, les compresseurs, les détendeurs et les pompes n'ont pas été
représentés, dans un but de simplification. Il est toutefois entendu que l'opération
de désasphaltage est effectuée le plus souvent, de manière connue, sous pression en
raison de la nécessité de maintenir l'hydrocarbure léger en phase liquide à la température
opératoire. Il est cependant avantageux de soumettre les effluents du désasphaltage
à une détente de la pression pour favoriser l'évaporation du solvant.
Exemple :
[0024] On opère selon le schéma de la figure jointe. On traite une charge d'hydrocarbures
constituée par un résidu sous-vide dont les propriétés sont données dans le tableau
joint.
[0025] La charge d'hydrocarbures est traitée par le n-pentane en rapport volume pentane
/ hydrocarbures de 4, à une température d'environ 175 °C en fond et 195 °C en tête.
L'effluent de tête (huile désasphaltée + solvant) est soumis à une détente de pression
et passe ensuite dans l'échangeur 9 où il subit un réchauffage. Dans le ballon 11,
le solvant vaporisé sort en tête et passe dans l'échangeur 9. La phase liquide d'huile
désasphaltée sort à 250 °C. Une partie est évacuée de' l'installation après traitement
par la vapeur d'eau (23). Une autre partie passe dans le four 16, chauffé au fuel,
où elle est portée à 330 - 380 °C, puis dans l'échangeur 18 où elle sert à porter
la température de la phase asphaltique d'environ 150 à 300 °C. Cette dernière est
soumise à une vaporisation, après détente de la pression, de manière à récupérer le
solvant. L'asphalte subit un entraînement par la vapeur d'eau, destiné à éliminer
les traces de solvant puis il est évacué à une température d'environ 300 °C après
réchauffage par une partie de l'huile désasphaltée sortant du four 16.
[0026] Après 6 mois de fonctionnement, on a examiné l'état de l'échangeur 18. Un dépôt goudronneux
de faible épaisseur s'était formé, mais les propriétés de conduction thermique n'avaient
pratiquement pas changé. Quant au four de chauffage de l'huile désasphaltée, il ne
présentait aucun encrassement.

[0027] A titre de comparaison, une unité de désasphaltage pratiquement identique, si ce
n'est que l'échangeur 18 avait été remplacé par un four chauffé au fuel, a dû être
arrêtée après seulement 3 mois de fonctionnement en raison d'une perte de charge excessive
dans le four. Une inspection de celui-ci a montré des dépôts infusibles très durs
en certains points chauds des tubes.
1.- Procédé de désasphaltage au solvant d'une huile résiduelle d'hydrocarbures contenant
des asphaltènes, dans lequel on met l'huile résiduelle en contact avec un solvant
hydrocarbure léger, dans une zone d'.extraction, on maintient des conditions de désasphaltage
permettant la formation d'une phase liquide solvant - huile désasphaltée et d'une
phase fluide solvant - asphalte, on sépare les deux phases formées et on vaporise
séparément le solvant de chacune de ces deux phases, de manière à recueillir séparément
une huile désasphaltée et un résidu asphaltique, caractérisé en ce que :
a) on fait passer une partie de l'huile désasphaltée, substantiellement séparée du
solvant, dans une zone de chauffage indirect par flamme, de manière à élever sa température,
b) on met l'huile désasphaltée réchauffée, provenant de l'étape (a) en contact d'échange
de chaleur indirect avec la phase fluide solvant - asphalte, de manière à fournir
à cette phase au moins une partie de la chaleur nécessaire à la vaporisation du solvant,
et
.c) on mélange l'huile désasphaltée, après échange de chaleur de l'étape (b), avec
la phase liquide solvant - huile désasphaltée provenant de la zone d'extraction.
2.- Procédé selon la rev. l, dans lequel une partie de l'huile désasphaltée réchauffée,
provenant de l'étape (a), est mise en contact d'échange de chaleur indirect avec le
résidu asphaltique, de manière à réchauffer et fluidifier ce dernier.
3.- Procédé selon la revendication 1 ou 2, dans lequel la température de l'huile désasphaltée
est portée jusqu'à 250 - 420 °C dans l'étape (a).
4.- Procédé selon la revendication 1 ou 2, dans lequel la température de l'huile désasphaltée
est portée jusqu'à 350 - 400 °C dans l'étape (a).
5.- Procédé selon l'une quelconque des rev. 1 à 4, dans lequel la vapeur de solvant
séparée de l'huile désasphaltée est mise en contact d'échange thermique avec la phase
liquide solvant - huile désasphaltée avant que celle-ci soit soumise au mélange de
l'étape (c).
6.- Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, dans lequel le solvant
est choisi parmi les hydrocarbures aliphatiques ayant de 4 à 7 atomes de carbone.
7.- Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, dans lequel le solvant
est choisi parmi les hydrocarbures aliphatiques ayant de 5 à 7 atomes de carbone.
8.- Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, dans lequel le débit
d'huile désasphaltée, envoyée à l'étape (a), est réglé en fonction de la quantité
de chaleur à fournir à la phase fluide solvant - huile asphaltique.