[0001] Le dispositif et le procédé qui font l'objet de l'invention concernent la préparation
du titane par électrolyse en bain d'halogénures fondus. Ils concernent plus particulièrement
le mode d'alimentation de la cellule en TiCl
4.
[0002] Plusieurs publications ont décrit des cellules d'électrolyse permettant la préparation
du titane et comportant des dispositifs d'alimentation en continu en TiCI
4.
[0003] Les figures ci-après permettront de mieux comprendre les caractéristiques des dispositifs
connus et celles du dispositif et du procédé qui font l'objet de l'invention.
Figure 1 : cellule d'électrolyse du type connu pour la préparation du titane.
Figure 2 : dispositif d'alimentation en TiCl4 suivant l'invention, d'une cellule d'électrolyse pour la préparation du titane.
[0004] Dans le brevet FR 2.423.555, est décrite une cellule anéliorée pour la préparation
par électrolyse de métaux polyvalents et plus particulièrement pour la préparation
du titane.
[0005] Dans cette cellule, un dispositif d'alimentation permet d'introduire de façon continue,
au fur et à mesure de l'électrolyse, du tétrachlorure de titane dans un bain d'halogénures
alcalins ou alcalinoterreux fondus.
[0006] La figure 1 représente une telle cellule d'électrolyse du type décrit dans le FR
2.423.555 qui comporte une enveloppe métallique (1) contenant l'électrolyte fondu
(2). Une anode (3) est placée à l'intérieur d'un compartiment anodique (4). Un diaphragme
(5) sépare ce compartiment du reste de la cellule dans lequel se trouvent les cathodes
de dépôt (6) et d'alimentation (7). Comme on le voit, la cathode d'alimentation (7)
est de forme tubulaire. Elle est, par exemple, en toile métallique et reliée au pôle
négatif d'une source de courant. Cette toile métallique peut être, par exemple, en
acier au carbone ou en un autre métal tel que du nickel ou de l'acier inoxydable éventuellement
revêtu de cobalt. Une alimentation en TiCl
4 est effectuée à l'intérieur de la cathode d'alimentation(7) au moyen du tube (8)
placé au voisinage de son axe. Ce tube est isolé par rapport à la cathode. Dans ces
conditions, on constate que le TiCl
4 qui sort par l'orifice (9) du tube (8) est réduit au moins partiellement en sous-chlorure
de titane qui se dissout dans le bain.
[0007] Le mécanisme de réduction de TiCl
4 n'est pas connu avec certitude. Suivant une théorie généralement admise, il se produit
une première réaction entre le TiCl
4 gazeux et le TiCl
2 dissous dans le bain.:

[0008] Puis, au cours d'une deuxième réaction, les ions Ti
3+ formés par la réaction (1) diffusent dans l'électrolyte et viennent se réduire à
la cathode d'alimentation suivant la réaction :

[0009] On voit que, si l'on désire obtenir la transformation de tout le TiCl
4 en TiCl
2, il faut théoriquement, en admettant un rendement des ampères de 100 %, que le courant
I
1 qui traverse la cathode d'alimentation, soit égal à :

[0010] Dans cette relation (3), q est la masse de TiCl
4 introduite dans l'électrolyte en g/h et I
1 l'intensité du courant en ampères.
[0011] Dans le même temps, la cathode de dépôt (6) doit être traversée par un courant I
2 = I
1, afin de recueillir à chaque instant une quantité de titane correspondant à celle
qui a été solubilisée. Le courant total I qui traverse l'anode est tel que :

[0012] Dans ces conditions, on ne devrait observer aucun dépôt de titane sur la cathode
d'alimentation. En fait, l'expérience montre que ce n'est pas le cas. En effet, du
titane métallique se dépose sous forme de poudre très fine au voisinage de la cathode.
Ce dépôt, qui forme avec l'électrolyte une sorte de boue, perturbe le fonctionnement
de la cathode ; il est très difficile à extraire de la cellule et correspond à une
perte de rendement qui peut être importante.
[0013] Deux hypothèses, pratiquement équivalentes, peuvent rendre compte de ce comportement
anormal :
- lère hypothèse : dans les conditions opératoires, TiCl2 n'est stable qu'en présence d'une certaine quantité de TiCl3, sinon il se dismute par déplacement vers la droite de la réaction équilibrée :

- 2ème hypothèse : la réduction de Ti3+ en Ti2+ ne s'effectue pas directement à la cathode par la réaction (2), mais par l'intermédiaire
des réactions suivantes :

Ti métal + 2 TiCl3 dissous 3 TiCl2 dissous (5bis) c'est-à-dire par la réaction (4) déplacée vers la gauche.
[0014] Dans les deux cas, le résultat final est le même : le passage d'une intensité I
1 = 1/2

ampères aboutit à un dépôt de titane, soit par dismutation d'une partie de TiCl2
fomé, soit par réduction incomplète du TiCl
3 par le titane métal déposé sur la cathode par la réaction (5) conformément à l'équilibre
(4).
[0015] L'objet de l'invention est un dispositif permettant l'alimentation en TiCl
4 d'une cellule d'électrolyse pour la préparation du titane comportant au moins une
cathode de dépôt et une cathode d'alimentation ; ce dispositif est un diaphragme métallique
qui entoure la cathode d'alimentation et qui est isolé.par rapport à celle-ci. De
façon avantageuse,
'des électrodes de référence disposées de part et d'autre du diaphgrame, sont reliées
à un moyen de mesure de leur différence de potentiel.
[0016] Un autre objet de l'invention est un procédé d'alimentation d'une cellule d'électrolyse
pour la préparation du titane, comportant au moins une cathode d'alimentation en TiCl
4 entourée d'un diaphragme isolé par rapport à elle, dans lequel on règle l'intensité
du courant 1 qui traverse la cathode d'alimentation de manière a maintenir une chute
de potentiel faible mais non nulle dans l'électrolyte qui imprègne le diaphragme.
De façon avantageuse, ce réglage est effectue en asservissant l'intensité du courant
qui traverse la cathode d'alimentation à la chute de potentiel dans l'électrolyte
imprégnant le diaphragme ou à une variable liée à cette chute de potentiel.
[0017] Grâce à ce dispositif et ce procédé, on réalise une régulation des teneurs en TiCl
3 et en TiCl2 dissous à la cathode d'alimentation dans des proportions conformes à
l'équilibre (4).
[0018] La figure 2 représente, à titre d'exemple non limitatif, un dispositif de cathode
d'alimentation suivant l'invention.
[0019] Ce dispositif est placé à l'intérieur d'une cellule (10) pour la préparation par
électrolyse de titane à partir d'un électrolyte fondu (11). Cette cellule comporte,
comme celle de la figure 1, une anode (12) entourée d'un diaphragme (13) et, au moins,
une cathode de dépôt (14). Seul le dispositif d'alimentation suivant l'invention est
décrit de façon détaillée. Il comporte un tube (15) qui permet d'introduire le TiCl
4 qui sort dans l'électrolyte par l'orifice (16). La cathode d'alimentation est constituée
de deux tiges en acier (17) et (18) disposées de part et d'autre du tube (15). Elles
traversent le couvercle (19) de la cellule à travers des joints isolants et sont reliées
au pôle négatif d'une source de courant non représentée.
[0020] Le diaphragme (20), qui constitue l'un des objets de l'invention, est réalisé en
un métal présentant une tenue suffisante vis-à-vis de l'élec
- trolyte dans les conditions de température où l'on opère. On peut faire appel, par
exemple, à du nickel non allié, ou à des alliages à base de nickel ou encore à des
aciers, de préférence inoxydables. Ce diaphragme est raccordé à la partie supérieure
au couvercle (19) de l'électrolyseur au moyen d'une paroi annulaire métallique étanche
(21) qui est fixée au couvercle (19) par des joints annulaires isolants et étanches
(22) et (23). La paroi annulaire (21) pénètre par sa partie inférieure dans l'électrolyte
et fait ainsi obstacle à la circulation des gaz présents au-dessus du niveau de l'électrolyte
de part et d'autre du diaphgrame (20). Le rôle essentiel de celui-ci est de faire
obstacle à la diffusion du TiCl3 formé suivant la réaction (2) par action de TiC1
4 sur TiCl
2, en dehors de l'espace délimité par ce diaphragme. De cette façon, la zone de l'électrolyte
située au voisinage immédiat des tiges (17) et (18), qui constituent la cathode d'alimentation,
s'enrichit en TiCl
3, ce qui permet une redissolution très rapide du titane formé au contact de ces tiges
par décharge des ions titane bivalents.
[0021] La structure du diaphragme (20) peut être réalisée, par exemple, sous forme d'une
toile métallique telle qu'une toile de nickel, ou d'une feuille obtenue par frittage
d'une poudre métallique, par exemple à base d'acier inoxydable, et présentant une
porosité résiduelle suffisante.
[0022] L'expérience a montré qu'un tel diaphragme, réalisé par exemple en toile de nickel
et isolé par rapport à la cathode d'alimentation, se comporte comme une électrode
indicatrice de la réaction d'oxydo réduction :

[0023] Le potentiel de ce diaphragme (20) par rapport à l'électrolyte dans lequel il est
plongé, peut se calculer par l'une des deux équations suivantes, en considérant soit
le potentiel de la face interne de ce diaphragme par rapport à l'électrolyte (24)
qui se trouve à l'intérieur de ce diaphragme, soit le potentiel de la face externe
du même diaphragme par rapport à l'électrolyte (25) situé à l'extérieur de ce diaphragme.
[0024] Le potentiel de la face interne du diaphragme se calcule par la formule bien connue
des électrochimistes :

[0025] Dans cette formule, e
o Ti
3+/Ti
2+ représente le potentiel normal pour la réaction
(6), et a Ti
3+ et a Ti
2+ représentent les activités respectives des ions Ti
3+ et Ti2+ dans le volume d'électrolyte (24) contenu dans l'espace entouré par le diaphragme
(20).
[0026] Le potentiel de la face externe du diaphragme (20) se calcule de façon identique
par la réaction :

Dans cette formule, a
2 Ti
3+ et a
2 Ti
2+ représentent les activités respec- tives des ions Ti et Ti dans l'électrolyte (25)
avec lequel se trouve en contact la face externe du diaphragme (20).
[0027] Du fait de la présence de Ti métal sur la cathode de dépôt (14), l'électrolyte (25)
est en équilibre avec le titane métal conformément à l'équilibre (4) et l'on peut
également écrire :

où
e Ti
2+/Ti
o représente le potentiel normal de la réduction des ions Ti2+ à l'état métallique,
les autres paramètres de l'équation étant déjà définis plus haut. Cette relation montre
que, pour une teneur donnée en titane dissous dans l'électrolyte (25) ce potentiel
est déterminé.
[0028] La cellule étant alimentée avec un courant i = I
1 + I
2, la cathode d'alimentation avec un courant I
1 et un débit de TiCl
4, q = 1,772 I, la cathode de dépôt avec un courant I
2, on observe que, suivant l'intensité du courant I
1, trois situations peuvent se présenter :
a) l'intensité I1 est choisie de manière a ce que

reste constant et conforme à la valeur d'équilibre de la réaction (4) c'est-à-dire
égal à

on observe alors une simple réduction des ions Ti3+ à l'état Ti2+ à la cathode d'alimentation à l'exclusion de tout dépôt métallique,
les potentiels de part et d'autre du diaphragme restent inchangés et égaux, et un
courant électronique égal à I1 s'établit dans les portions métalliques du diaphragme entraînant la réduction des
ions Ti2+ à l'état métallique sur la face externe du diaphragme et l'oxydation en quantité
équivalente des ions Ti2+ à l'état Ti3+ sur la face interne ; cependant, simultanément, l'alimentation en TiCl4 entraîne l'apparition d'un flux d'électrolyte (24) à travers le diaphragme qui entraîne
le TiCl3 ainsi formé vers la face externe du diaphragme, où il réagit sur le Ti déposé en
redonnant du TiCl2.
b) l'intensité I1 est choisie à une valeur supérieure à la précédente ; un excès de TiCl2 est produit à la cathode d'alimentation, une partie de cet excès est réduitedirectement
à l'état métallique sur cette cathode, et le reste se dismute dans l'électrolyte (24)
conformément à l'équilibre (4) en donnant naissance à des particules de Ti très fines
qui forment avec l'électrolyte une sorte de boue ; le rapport

reste ainsi inchangé, ainsi que les potentiels de part et d'autre du diaphragme.
Le courant I1 passe toujours par voie électronique avec, comme conséquence, le dépôt de titane
métallique sur la face externe et formation en quantité équivalente d'ions Ti3+ sur la face interne ; cependant, le TiCl3 en excès ainsi formé est à son tour immédiatement réduit à l'état de TiCl2 par les boues de titane métallique en suspension dans l'électrolyte (24), le flux
d'électrolyte (24) traversant le diaphragme ne contient plus alors assez de TiCl3 pour redissoudre le titane métallique sur la surface externe du diaphragme qui se
colmate progressivement.
c) l'intensité I1 est choisie à une valeur inférieure à celle qui a été choisie en a) : un excès de
TiCl3 non réduit à la cathode reste dis-Ti3+ sous dans l'électrolyte, et le terme

diminue en valeur absolue, une chute de potentiel

appa-raît dans l'électrolyte, imprégnant le diaphragme qui est alors parcouru par
un courant ionique, ce qui entraîne une diminution du courant électronique dans les
parties métalliques du diaphragme ; le dépôt de titane métallique sur la surface externe
du diaphragme, qui résulte du passage de ce courant, diminue et ce dépôt est complètement
redissous par le flux d''électrolyte (24) traversant le diaphragme par suite de l'alimentation
en TiCl4 ; du TiCl3 en excès diffuse dans le bain (25). Cependant, étant donné l'importance du volume
du bain (25) par rapport à celui du bain (24), la présence de ce TiCl3 en excès ne modifie pas sensiblement le potentiel de la face externe du diaphragme,
mais il vient se réduire au contact de la cathode de dépôt, ce qui diminue le rendement
de la cellule.
[0029] En définitive, c'est le cas n°I qui répond aux meilleures conditions de fonctionnement
de la cellule, la solution, et c'est là l'objet de l'invention, consiste à régler
le courant I
1 de façon a ce qu'il existe une chute de potentiel aussi faible que possible, mais
non nulle, dans le bain imprégnant le diaphragme. La porosité de celui-ci n'est pas
critique. Elle doit être suffisamment grande pour ne pas freiner exagérément le flux
d'électrolyte qui traverse le diaphragme. Elle doit être suffisamment faible pour
permettre la détection facile d'une chute de potentiel dans l'électrolyte imprégnant
le diaphragme.
[0030] La mesure exacte de cette chute de potentiel est relativement difficile à réaliser.
Il est par contre possible de mesurer une valeur très proche de cette différence de
potentiel en disposant de part et d'autre du diaphragme, mais sans contact avec celui-ci,
deux électrodes de références, par exemple des électrodes sensibles aux ions chlores
(26) et (27) telles que des électrodes Ag/AgCl plongées dans l'électrolyte : les extrémités
de ces électrodes traversent le couvercle de la cellule par des joints isolants et
sont reliées à un moyen de mesure de la différence de potentiel qui servira à piloter
le courant I
1 ou ce qui revient au même, le rapport I
2/I
1.
[0031] D'autres méthodes de mesure de cette différence de potentiel peuvent être utilisées
pour la réalisation du dispositif ou du procédé suivant l'invention, qui ne sortent
pas du domaine de l'invention.