[0001] Le procédé qui fait l'objet de l'invention, concerne la préparation du titane par
électrolyse d'halogénures fondus. Il concerne plus particulièrement l'électrolyse
du titane dissous dans un électrolyte à base de chlorures en utilisant, comme matière
de départ, le tétrachlorure de titane.
[0002] On connaît déjà différents travaux décrivant la préparation du titane à partir de
TiCl
4 par électrolyse de chlorures.
[0003] C'est ainsi que le rapport RI 7648 de USBM, publié en 1972, décrit une cellule d'électrolyse
permettant l'élaboration de Ti par un tel procédé. Les figures ci-après permettent
de mieux comprendre le procédé décrit dans ce rapport et le procédé amélioré qui fait
l'objet de l'invention.
Figure 1 : cellule d'électrolyse pour la mise en oeuvre du procédé décrit dans le
rapport RI 7648 de l'USBM.
Figure 2 : cellule d'électrolyse pour la mise en oeuvre du procédé suivant l'invention.
[0004] La cellule d'électrolyse représentée à la figure 1 comporte un récipient (1) chauffé
de l'extérieur vers 520°C qui contient un électrolyte (2) fondu, à base d'un mélange
LiCl KCl, dans lequel on dissout 8 à 12 % de TiCl
2.
[0005] Une anode (3) entourée d'un diaphragme poreux (4) est reliée au pôle positif et une
cathode de dépôt (5) au pôle négatif. Pour maintenir la con
- centration de l'électrolyte en Ti
++ au niveau souhaité, il est nécessaire d'introduire dans l'électrolyte, de façon continue
ou discontinue, du TiCl
4 pour remplacer le titane fixé à la cathode.
[0006] Cette introduction est effectuée au moyen d'une cathode d'alimentation (6) qui comporte
un tube d'arrivée de TiCl
4 (7) dont l'extrémité perforée (8) est plongée dans l'électrolyte. Le courant d'élecerolyse
1, qui traverse l'électrolyte à partir de l'anode, se divise en deux parts : un courant
I
1 qui traverse la cathode d'alimentation (6) et un courant I
2 qui traverse la cathode de dépôt. En effet, pour que l'électrolyse s'effectue dans
des conditions satisfaisantes, le titane doit être présent dans l'électrolyte sous
la forme bivalente. Il est donc nécessaire de réduire à une valence voisine de 2 le
titane qui est introduit à la valence 4 sous forme de TiCl
4. Ce résultat est atteint lorsque le débit de TiCl
4 et l'intensité du courant I
1, qui traverse la cathode d'alimentation, sont ajustés convenablement. Avec un rendement
des ampères de 100 %, il faut théoriquement que le débit de TiCl
4 en g/h soit égal à I (ampère)X1,772. Le courant I
I devrait alors être égal à 1/2 de I. L'expérience a montré que le fonctionnement de
la cathode d'alimentation est assez délicat. Il est difficile d'assurer un débit régulier
de TiCl
4 et les risques de bouchage de la canalisation d'arrivée par l'électrolyte ne sont
pas négligeables.
[0007] De même, le barbotage du TiCl
4 dans l'électrolyte provoque une agitation souvent violente qui perturbe l'électrolyse.
[0008] Les études théoriques ont montré que le phénomène de réduction du TiCl
4 en TiCl
2, au niveau de la cathode d'alimentation, est complexe. Il peut être décrit de façon
simplifiée par les réactions suivantes : tout d'abord, le TiCl
4 introduit réagit sur le TiCl
2 dissous dans l'électrolyte suivant la réaction :

Au niveau de la cathode d'alimentation, grâce au courant I
1, des ions Ti
2+ se déchargent :

[0009] Le Ti formé réagit à son tour avec le TiCl
3 dissous dans l'électrolyte suivant la réaction d'équilibre :

[0010] Au total, la réaction peut être représentée globalement de la façon suivante :

On voit que l'une des difficultés est dûe au fait que la réaction (1) et la réaction
(3) peuvent très bien se produire en des points différents de l'électrolyte, en particulier
si celui-ci est fortement agité par l'introduction du TiCl
4. On pourra alors observer, d'une part, en certains points de la cathode d'alimentation,
des dépôts de Ti plus ou moins importants, en même temps que la teneur en TiCl
3 de l'électrolyte s'accroîtra,
[0011] ce qui pourra être une cause de redissolution du titane au niveau de la cathode de
dépôt.
[0012] De plus, la réaction (3) étant une réaction d'équilibre, l'alimentation de la cathode
avec un courant I
1 =

conduit normalement à un dépôt de Ti.
[0013] On a donc recherché la possibilité de simplifier de façon très importante la conception
des électrolyseurs pour la préparation du titane afin de permettre un fonctionnement
stable de ceux-ci.
[0014] On a recherché, en particulier, la possibilité d'éviter les perturbations causées
par les mouvements des bains dûs à l'introduction de TiCl
4 liquide ou gazeux. On a cherché aussi à éviter les variations de concentration et
de valence du titane dissous dans le bain.
[0015] Le procédé suivant l'invention concerne l'élaboration par électrolyse du titane dissous
sous forme d'halogénure dans un électrolyte à base d'au moins un halogénure alcalin
ou alcalinoterreux. Il est caractérisé par l'utilisation d'un dispositif d'alimentation
qui permet d'introduire dans la zone cathodique de la cellule d'électrolyse le titane
sous la forme d'un halogénure ou d'un mélange d'halogénures de valence moyenne inférieure
à 3. Suivant un mode préférentiel de mise en oeuvre de l'invention, les halogénures
de titane sont des chlorures de titane obtenus par réduction partielle de TiCl
4. On peut utiliser comme réducteur un métal alcalin ou alcalinoterreux, ou des alliages
de ces métaux ou encore du titane ou un alliage de titane.
[0016] Cette réduction de TiCl
4 au niveau de valence désiré est effectuée au moyen du réducteur choisi dans une installation
séparée. Le ou les chlorures de titane de valence moyenne inférieure à 3 sont le plus
souvent obtenus en solution dans un halogénure ou mélange d'halogénures alcalins ou
alcalinoterreux fondus. Ce mélange fondu ainsi réalisé est introduit progressivement
dans le compartiment cathodique de l'électrolyseur au fur et à mesure des besoins.
Simultanément une quantité correspondante d'électrolyte appauvri en halogénures de
titane est extraite du compartiment anodique.
[0017] La figure 2 représente de façon schématique une cellule d'électrolyse (10) pour l'élaboration
du titane, dans laquelle on net en oeuvre le procédé suivant l'invention. Cette cellule
est chauffée de l'extérieur par un moyen non représenté. On voit que le dispositif
relativerent complexe de cathode d'alimentation décrit plus haut est ici remplacé
par un simple tube d'alimentation (11) qui permet d'introduire le mélange d'halogénures
fondus contenant du titane, sous forme d'ions de valence moyenne inférieure à 3, dans
le compartiment cathodique. Ce tube est raccordé à une installation non représentée
dans laquelle est effectuée la réduction partielle de TiCl
4. La cellule comporte, par ailleurs, une cathode de dépôt (12) sur laquelle se dépose
le titane. Dans le compartiment anodique (13) on observe, à côté de l'anode (14),
un tube de soutirage (15) qui permet d'extraire de la cellule des quantités d'électrolyte
équivalentes à celles qui sont introduites par le tube (11). Un tube (16) permet le
dégagement du chlore formé à l'anode.
[0018] Grâce au diaphragme (17), l'électrolyte ainsi soutiré ne contient que très peu de
titane en solution.
[0019] De nombreux modes de mise en oeuvre du procédé suivant l'invention peuvent être envisagés.
On peut, en particulier, faire appel à différentes méthodes pour réduire le tétrachlorure
de titane.
[0020] Les exemples suivants décrivent de façon non limitative deux modes de mise en oeuvre
particulièrement avantageux.
EXEMPLE 1 :
[0021] Une première méthode de réduction du tétrachlorure de titane consiste à effectuer
celle-ci au moyen de titane métallique. Une telle opération se justifie particulièrement
bien dans le cas où on dispose de déchets de titane ou d'alliages à base de titane,
à-l'état divisé, tels que des tournures, chutes de tôles, etc... On peut utiliser
aussi comme réducteur de l'éponge de titane et, en particulier, de l'éponge ne présentant
pas un degré de pureté suffisant pour son utilisation directe. Enfin, on peut utiliser
également du titane électrolytique auquel sa structure cristalline, en général assez
lâche, confère une grande réactivité.
[0022] On réalise les réactions suivantes :

puis

[0023] On opère, en général, dans un réacteur en acier dans lequel on place les déchets
de titane. Après chauffage à la température convenable en atmosphère neutre, on introduit
progressivement le TiCl
4. Il est, en général, souhaitable d'introduire dans le réacteur une certaine quantité
d'électrolyte provenant de préférence du compartiment anodique de l'électrolyseur,
de façon à dissoudre les sous-chlorures de titane formés. En effet, l'introduction
de ces sous-chlorures de titane à l'état solide dans le compartiment cathodique de
l'électrolyseur présenterait de plus grandes difficultés que leur introduction sous
forme d'un méla1nge de sels fondus. Dans le cas, par exemple, d'une électrolyse en
milieux LiCl-KCl, on introduit dans le réacteur une quantité dudit électrolyte prélevée
dans le Compartiment anodique de l'électrolyseur telle que, après réduction de TiCl
4 par le titane, la teneur du mélange de sels fondus en sous-chlorures de titane soit
de l'ordre de 8 à 12 %. Comme la réaction 6 est équilibrée, il n'est pas possible
d'aboutir à une réduction complète de
TiCl3 en TiCl
2. Par ailleurs, on doit aussi remarquer que, pendant l'introduction de TiCl
4 dans le réacteur, il peut y avoir réaction directe de TiCl4 sur TiCl
2 :

[0024] On obtiendra donc, en général, une valence moyenne du titane en solution comprise
entre 3 et 2. Cette valence sera d'autant plus proche de celle correspondant à l'équilibre
6 que l'excès de titane sera grand par rapport au TiCl
4 introduit et que la surface spécifique de ce titane sera importante. Pour cette dernière
raison, on donnera la préférence à l'utilisation de titane sous forme de copeaux ou
tournures fines, d'éponge ou mieux encore de cristaux de titane électrolytique. Le
mélange de sels ainsi préparé est finalement introduit dans l'électrolyseur par la
canalisation (11).
EXEMPLE 2 :
[0025] Une deuxième méthode consiste à effectuer cette réduction par le sodium. Il est connu,
en effet, qu'on peut réduire le TiCl
4 par Na suivant les réactions suivantes : soit au total

[0026] On pourra observer aussi, comme dans le cas de la réduction de TiCl
4 par Ti, la réaction (7).
[0027] Ces réactions sont effectuées, par exemple, dans un réacteur en acier dans lequel
on fond le sodium à l'abri de l'air, en présence d'un gaz inerte tel que de l'argon,
et à l'intérieur duquel on introduit progressivement le TiCl
4 dans la proportion voulue. Le mélange de sels obtenu est ensuite transféré à l'état
liquide dans la cellule d'électrolyse au moyen du tube d'alimentation (11). On voit
que, dans le cas de l'utilisation du sodium comme réducteur du TiCl
4, il est souhaitable d'utiliser comme électrolyte, uniquement un mélange de chlorure
de sodium et de sous-chlorures de titane.
[0028] On peut alors utiliser le chlorure de sodium qui est soutiré du compartiment anodique
pour élaborer à nouveau du sodiua par électrolyse suivant le procédé habituel.
[0029] On peut aussi, dans certains cas, soutirer du compartiment anodique, une quantité
supplémentaire de chlorure de sodium qui sera utilisée pour diluer le mélange de sels
préparé suivant la réaction (7), afin d'obtenir un mélange de sels dans lequel la
teneur en sous-chlorures de titane soit plus proche de celle du catolyte dans lequel
ce mélange sera transféré par la canalisation (11).
[0030] Il y a intérêt à effectuer dans tous les cas, de façon continue ou semi- continue,
les opérations d'introduction d'électrolyte dans le compartiment cathodique et de
soutirage d'électrolyte dans le compartiment anodique pour éviter les à-coups.
[0031] On peut, pour celà, effectuer, de façon également continue, la réduction du TiCl
4 par Ti ou Na.
[0032] Par ailleurs, d'autres réducteurs peuvent être envisages pour la préparation des
sous-chlorures de titane. On peut, en particulier, faire appel à d'autres métaux alcalins
ou alcalinoterreux. On peut aussi, éventuellement, utiliser comme réducteurs des alliages
de métaux alcalins ou alcalinoterreux tels que des alliages NaK ou LiK cu d'autres.