[0001] La nouvelle cellule d'électrolyse qui fait l'objet de l'invention concerne la préparation
par électrolyse de Zr ou Hf.
[0002] Elle concerne plus particulièrement la préparation de Zr ou Hf par électrolyse de
mélanges de chlorures et de fluorures alcalins ou alcalinoterreux fondus dans lesquels
Zr ou Hf se trouvent en solution sous forme de complexes. Les essais ont montré que
la présence de fluorures dans ces mélanges fondus a pour effet essentiel de permettre
la mise en solution de plusieurs pour cent en poids de Zr ou Hf à partir de ZrCl
4 ou HfCl
4. La présence de ces fluorures permet aussi, semble-t-il, de stabiliser la valence
4 du zirconium et du hafnium dans ces électrolytes.
[0003] Différents types de cellules d'électrolyse ont été proposés pour permettre la préparation
de Zr à partir de tels électrolytes.
[0004] Les figures ci-après permettent de mieux comprendre les caractéristiques des cellules
d'électrolyse qui ont été proposées, et celles de la cellule qui fait l'objet de l'invention.
Figure 1 : cellule d'électrolys'e suivant rapport USBM RI8125.
Figure 2 : cellule d'électrolyse modifiée suivant rapport USBM RI8125.
Figure 3 : cellule d'électrolyse suivant l'invention.
Figure 4 : cellule d'électrolyse suivant l'invention avec dispositif de régulation.
[0005] La figure 1 représente une cellule d'électrolyse pour la préparation du zirconium,
qui est décrite dans le rapport RI8125 du USBM : "Investigation of a cell design for
electrowinning zirconium metal from zirconium tetrachloride", G.M. Martinez et al,
(1976).
[0006] Dans la configuration représentée sur la droite de cette figure, la cellule (1) en
acier inoxydable, type 316, est remplie d'un électrolyte (2) contenant initialement
en poids % :
90,9 NaCl
9,1 NaF
et 2,0 Zr (rapporté à NaCl+NaF) sous forme ZrCl4
[0007] Une anode (3) en graphite est reliée au pôle positif d'une source de courant non
représentée et une cathode annulaire (4) en nickel entoure l'anode et est reliée au
pôle négatif de la source de courant. Entre les deux, un collecteur en graphite (5)
rassemble le chlore qui se dégage à l'anode et le dirige vers la canalisation d'évacuation
des gaz (6). La partie inférieure du collecteur pénètre un peu au-dessous de la surface
de l'électrolyte de façon à faire joint hydraulique. Enfin, une canalisation de liaison
(7) avec un récipient (8) sur la gauche de la figure, également en acier inoxydable
316, pernet de vider la cellule en transférant l'électrolyte dans le récipient (8).
Une telle opération est effectuée, par exemple, après dépôt électrolytique sur la
cathode (4) du zirconium initialement contenu dans l'électrolyte, afin de le récupérer.
[0008] Les essais d'électrolyse,effectués par Martinez et al.,ont montré qu'il est possible
d'effectuer l'électrolyse avec un assez bon rendement global des ampères. Cependant,
on a constaté que, malgré le joint hydraulique réalisé au niveau du collecteur, de
petites quantités de chlore passent dans le compartiment cathodique et attaquent les
parois de la cellule. Ce phénomène est attribué au fait que la partie inférieure du
collecteur en graphite,qui plonge dans l'électrolyte, joue le rôle d'une électrode
bipolaire. Ceci veut dire qu'elle fonctionne comme cathode sur la face qui regarde
l'anode axiale avec redissolution de chlore sous forme ionique ; sur la face qui regarde
la cathode, elle fonctionne, au contraire, comme anode avec dégagement d'un peu de
chlore dans ce compartiment cathodique. Ce chlore est une cause de corrosion des parois
de la cellule.
[0009] Afin d'éviter ces inconvénients, il est proposé dans le même rapport, de ne plus
réaliser de joint hydraulique entre le collecteur et l'électrolyte mais, au contraire,
de laisser un petit espace annulaire entre les deux. On voit, figure 2, un assemblage
de deux cellules identiques ainsi proposé. On voit sur la cellule de droite (9) que
la base du collecteur (10) n'entre pas en contact avec la surface (11) de l'électrolyte
(12). Four empêcher le chlore de passer dans le compartiment cathodique, de l'hélium
est introduit dans la cellule à travers le couvercle par le tube (13) qui débouche
dans la zone cathodique. Le courant d'hélium diffuse sous le collecteur et parcourt
la zone anodique en entraînant le chlore qui se dégage le long de l'anode. Le mélange
gazeux sort de la cellule par le tube (14) qui est relié à un système de captation
non représenté.
[0010] Bien qu'une telle disposition permette d'éviter le fonctionnement du collecteur en
électrode bipolaire, elle ne permet pas de résoudre entièrement le problème qui se
pose.
[0011] En effet, un balayage efficace nécessite une vitesse d'écoulement relativement importante
de gaz neutre à travers le passage entre le collecteur et la surface de l'électrolyte.
[0012] Ceci veut dire, qu'au niveau d'une cellule industrielle, de gros débits de gaz neutre
seraient nécessaires. Ce gaz viendrait diluer le chlore de façon très importante et
les frais de séparation et de recyclage deviendraient élevés. Enfin, ce courant -gazeux
risquerait de perturber l'équilibre thermique de la cellule et un préchauffage serait
probablement nécessaire.
[0013] Les tentatives, faites par le passé,d'utiliser des collecteurs en oxydes réfractaires,
tels que alumine ou zircone, ont donné de mauvais résultats car ces oxydes étaient
attaqués par l'électrolyte et le métal obtenu à la cathode était contaminé par l'oxygène
et par le métal de l'oxyde.
[0014] La nouvelle cellule d'électrolyse, qui fait l'objet de l'invention, permet de résoudre
ces difficultés. Elle comporte au-dessus de l'électrolyte un espace anodique délimité
par un collecteur en graphite ou revêtu de graphite; dont l'extrémité inférieure pénètre
un peu au-dessous de la surface de l'électrolyte pour faire joint hydraulique. Cette
extrémité est prolongée dans l'électrolyte par une paroi métallique pleine, ou encore
perforée ou poreuse, réalisée en métal à déposer ou revêtue du métal à déposer.
[0015] On peut avantageusement réaliser cette paroi sous forme d'un diaphragme et dériver
à travers celui-ci une fraction du courant anodique. L'intensité de ce courant dérivé
peut être assenrie à une différence de potentiel de référence.
[0016] Une première réalisation, conforme à l'invention, consiste, comme le montre la figure
3, à disposer dans une cellule analogue à celle décrite à la figure 1, un collecteur
(15) en graphite ou en métal inattaquable par l'électrolyte revêtu de graphite du
côté anodique. Le revêtement de graphite peut être effectué par exemple au moyen d'un
feutre à base de graphite expansé. L'extrémité de ce collecteur ne pénètre dans l'électrolyte
que sur une faible profondeur ; elle est prolongée dans l'électrolyte par une paroi
annulaire (16) en métal polyvalent à déposer (zirconium ou hafnium). Cette paroi (16)
de hauteur limitée peut être perforée ou non. Elle peut être réalisée, par exemple,
au moyen d'une tôle perforée ou non, d'un profilé, ou encore d'une tôle déployée.
Dans ces conditions, les ions chlore produits dans l'électrolyte par la dissolution
du chlore anodique au contact du collecteur viennent dissoudre,à l'état de chlorure,
le métal polyvalent de la paroi, supprimant ainsi tout dégagement de chlore gazeux
sur la face cathodique du collecteur et il suffit simplement de remplacer périodiquement
la paroi en métal polyvalent qui joue le rôle d'une anode sacrificielle.
[0017] Un tel dispositif, qui supprime les dégagements de chlore du côté cathodique, permet
d'éviter tout phénomène de corrosion dans cette zone de la cellule et permet aussi
d'accroître de façon très sensible les rendements des ampères aussi bien en ce qui
concerne le rendenent en chlore que le rendement en Zr ou Hf. De plus, l'utilisation
dans la cellule de matériaux uniquement métalliques, et de graphite, permet d'obtenir
des dépôts de Zr ou de Hf d'une grande pureté, dont les teneurs en oxygène sont particulièrement
faibles.
[0018] Une deuxième réalisation conforme également à l'invention, mais encore plus avantageuse,
consiste à réaliser la paroi en métal polyvalent sous la forme d'un diaphragme de
porosité convenable entourant complétement l'anode, réalisé en un métal inattaquable
par l'électrolyte tel que le nickel, le cobalt ou les aciers inoxydables.
[0019] Au cours de l'électrolyse effectuée avec un courant I entre anode et cathode, ce
diaphragme est maintenu légèrement cathodique par rapport à l'anode en dérivant un
courant I
1, fraction du courant I, à travers ce diaphragme. Sous l'effet de ce courant, le diaphragme
se recouvre du métal polyvalent et, à condition que le courant I
1 soit suffisant, c'est ce dépôt constamment renouvelé qui sert d'anode sacrificielle.
[0020] Le maintien de l'intensité I
1 à une valeur optimale est possible grâce aux propriétés d'un tel diaphragme recouvert
du métal à déposer. En effet, par exemple dans le cas de l'électrolyse du zirconium,
le diaphragme se comporte vis-à-vis de l'électrolyte comme une électrode de zirconium
en équilibre de potentiel par rapport à cet électrolyte. Côté cathodique, ce potentiel
est défini par la formule :

[0021] Dans cette formule, "e
oZr4+/Zr
o" représente le potentiel normal de l'électrode à zirconium- : "Zr
o→Zr
4+ + 4e", "a
Zr4+ cathodique" représentant l'activité des ions Zr
4+ dans le catolyte. Côté anodique, le potentiel du diaphragme par rapport à l'électrolyte
est défini dans la formule :

[0022] Dans cette formule, les conventions sont les mêmes que dans la précédente et "aZr
4+ anodique" représente l'activité des ions Zr
4+ dans l'anolyte. Au démarrage de l'électrolyse avec un courant I et l'alimentation
en ZrCl
4 correspondante, du fait de la conductivité électronique élevée du matériau constituant
le diaphragme, celui-ci fonctionne d'abord comme une électrode bipolaire. Il en résulte
:
- sur sa face anodique, un dépôt de zirconium aux dépens des ions Zr4+ de l'anolyte : "aZr4+ anodique" diminue ;
- sur sa face cathodique, une dissolution équivalente de zirconium métal aux dépens
du métal déposé par le courant I1, cependant, le volume du catolyte étant grand par rapport à celui de l'anolyte, "aZr4+ cathodique" n'est que peu modifié.
[0023] Une différence de potentiel apparaît dans l'électrolyte entre les deux faces du diaphragme
et un courant ionique à travers l'électrolyte imprè- gnant le diaphragme, tend progressivement
à se substituer au courant électronique initial et en régime permanent, on a finalement
l'équilibre stable :
eoZr4+/Zro +

in aZr4+ cathodique - IRD = eoZr4+/Zro +

in aZr4+ anodique où RD représente la résistance de l'électrolyte imprégnant le diaphragme.
[0024] Cette résistance R
D dépend non seulement de la porosité initiale du diaphragme mais aussi de la quantité
de zirconium déposé qui résulte elle-même de l'intensité du courant I
1 qui tend à l'augmenter et du courant de corrosion qui tend à la diminuer. Il suffit
donc, pour annuler les effets de ce dernier, d'ajuster I
1, de telle façon que R
D reste constante, c'est-à-dire, pour une intensité I constante, d'asservir I
1 aux variations de IR
D, de manière à maintenir ce dernier constant.
[0025] La figure 4 est un. schéma analogue à celui de la partie droite de la figure 3 montrant
une cellule d'électrolyse du zirconium fonctionnant suivant cette deuxième variante
améliorée. Pour celà, comme le montre la figure, le diaphragme (17) en toile de nickel
est relié par l'intermédiaire du collecteur (18) en nickel également, recouvert sur
sa face en regard de l'anode par un feutre de graphite expansé, au pôle négatif d'une
source de courant non représentée, dont le pôle positif est relié à l'anode (19).
Le collecteur est isolé de l'anode (19) et du couvercle de la cellule par le passage
isolant (20) (21). On peut ainsi dériver dans le diaphragme un courant d'intensité
I
1 qui est une fraction du courant d'électrolyse d'intensité I qui traverse l'anolyte.
Grâce à ce courant I
1, du zirconium métallique se déposa sur le diaphragme et peut ainsi compenser celui
qui est dissous par le courant de corrosion résultant de là redissolution du chlore
sous forme ionique au contact de la face anodique du collecteur.
[0026] Il est important de pouvoir ajuster I
1 en fonction de ce courant de corrosion. Pour celà, on compare la chute de potentiel
IR
D à travers le diaphragme ou une tension fonction de cette chute de potentiel, a une
tension de référence. Lorsque IR
D ou la tension fonction de IR
D devient inférieure à la tension de référence, on dérive dans le diaphragme un courant
I
1 d'autant plus intense que la différence entre IP
D ou la tension fonction de IR
D et la tension de référence est plus grande. L'intensité du courant qui parcourt le
catolyte est bien sûr I - I
1.
[0027] Une mesure approchée de IR
D peut être effectuée en mesurant la différence de potentiel entre deux électrodes
de référence telles que des électrodes sensibles aux ions chlore, disposées de part
et d'autre du diaphragme sans contact avec celui-ci. On peut aussi se contenter plus
simplement de mesurer la différence de potentiel entre diaphragme et anode, qui n'est
fonction que de IR
D et de caractéristiques constantes de la cellule.
[0028] La porosité du diaphragme n'est pas critique. Il faut seulement qu'elle soit suffisante
pour ne pas gêner l'égalisation des pressions entre les compartiments cathodique et
anodique et, cependant, suffisamment faible pour donner naissance à une chute de potentiel
facilement mesurable.
[0029] Un tel dispositif présente sur le précédent l'avantage de ne nécessiter aucune intervention
sur la cellule pour remplacer la paroi sacrificielle qui est, dans ce cas, autorégénératrice.
1°/ - Nouvelle cellule pour la préparation de Zr ou Hf par électrolyse de leurs chlorures
en bain d'halogénures fondus alcalins et/ou alcalinoterreux. qui comporte au-dessus
de l'électrolyte un espace anodique délimité par un collecteur en graphite ou revêtu
de graphite dont l'extrémité inférieure pénètre un peu au-dessous de la surface de
l'électrolyte pour fai re joint hydraulique, caractérisée en ce que l'extrémité inférieure
de ce collecteur est prolongée par une paroi métallique pleine, ou encore perforée
ou poreuse, réalisée en métal à déposer ou revêtue du métal à déposer.
2°/ - Nouvelle cellule suivant revendication 1, caractérisée en ce que la paroi métallique
est un diaphragme en métal non attaquable par l'électrolyte,revêtu du métal à déposer.
3°/ - Nouvelle cellule suivant revendication 1 ou 2, caractérisée en ce que la paroi
est reliée par l'intermédiaire du collecteur au pôle négatif d'une source de courant
dont le pôle positif est relié à l'anode de la cellule.
4°/ - Nouvelle cellule suivant revendication 2 ou 3, caractérisée en ce que, dans
le cas où la paroi est un diaphragme, deux électrodes de référence.sont disposées
de part et d'autre de celui-ci et reliées à un moyen de mesure de leur différence
de potentiel.
5°/ - Procédé de mise en oeuvre de la cellule suivant l'une des revendications 2,
3 ou 4, caractérisé en ce que, dans le cas où la paroi est un diaphragme, on maintient
constante la résistance électrique de l'électrolyte qui l'imprègne en dérivant dans
le diaphragme un courant dont l'intensité est asservie à l'écart entre la différence
de potentiel à travers cet électrolyte et une différence de potentiel de référence.