[0001] L'invention concerne un procédé de fabrication de pièces métalliques de forme par
moulage et frittage d'une poudre d'alliage métallique. L'expression "de forme" signifie
que les pièces obtenues par le procédé sont aux formes et aux cotes désirées et n'ont
pas à subir ensuite un traitement de mise en forme par déformation mécanique. L'expression
"poudre d'alliage métallique" signifie que la poudre mise en oeuvre est une poudre
de grains d'alliage dont la composition n'est pas substantiellement modifiée par l'exécution
du procédé.
[0002] Le procédé de l'invention s'applique notamment à la réalisation de pièces en superalliages
à base de cobalt et/ou de nickel ou encore en alliages à base de titane. Il est du
genre comprenant :
- une phase de conformation qui inclut les opérations suivantes : introduction d'une
charge de poudre d'alliage métallique dans un moule de forme, chauffage du moule dans
des conditions de température et de durée permettant d'obtenir un élément solide mais
poreux (que l'on dénommera "préforme"),
- une phase de compactage et de frittage au cours de laquelle la préforme est soumise
à un traitement thermique sous pression isostatique dans des conditions de température,
de durée et de pression permettant d'obtenir une pièce compacte, c'est-à-dire substantiellement
sans porosités.
[0003] Des procédés de ce genre sont déjà connus. Ils peuvent en principe se substituer
avantageusement, pour l'obtention de pièces métalliques de forme complexe en superalliages
ou en alliages de titane, aux procédés mettant en oeuvre l'usinage dans la masse ou
le forgeage isotherme en phase superplastique car ils n'en présentent pas les inconvénients
tels que pertes importantes de matière, ou encore nombre et durée des opérations,
coût et complexité des outillages, etc...
[0004] Un exemple d'application d'un procédé du genre précité est décrit sommairement dans
la publication de Louis J. FIEDLER intitulée "Advancements in superalloy powder production
and consolidation" et parue dans "Agard Conférence Proceedings n° 200, April 1976",
pages 4B-1 à 4B-9. Cet exemple concerne la réalisation de pièces en superalliage de
nickel. La phase de conformation est réalisée dans un moule rigide de forme, chauffé
à 1246
*C de telle sorte que la préforme réalisée est poreuse mais que ses pores sont fermés
; autrement dit les pores ne communiquent pas entre eux et ne débouchent pas vers
l'extérieur. Lors de la phase de compactage et de frittage, la préforme est soumise
directement à une pression isostatique. Ce procédé présente en fait deux inconvénients,
dûs tous deux à ce que les pores doivent être fermés, faute de quoi la pression isostatique
ne pourrait pas être appliquée directement à la préforme.
[0005] D'une part, pour obtenir l'assurance que les pores sont fermés, la température de
chauffage durant la phase de conformation doit atteindre une valeur telle qu'une phase
liquide apparaisse dans les zones de contact des grains. Mais si cette température
devient trop élevée, la proportion d'alliage fondu et resolidifié devient trop importante,
la résistance à la déformation par compression de la préforme devient trop élevée
et le pressage isostatique est inefficace. La fourchette des températures convenables
est donc très étroite et difficile à respecter.
[0006] D'autre part, la densification durant cette phase de conformation atteint une valeur
importante et provoque un retrait dont la valeur est très proche du retrait total
dû aux deux phases. Autrement dit, c'est au cours de la phase de conformation que
se produit la majeure partie du retrait. Dans certaines parties de la préforme et
notamment dans les parties concaves, ladite préforme n'épouse plus les formes du moule.
Des criques de retrait peuvent aussi apparaître. Il n'est donc pas possible d'obtenir
des pièces saines devant avoir à la fois une forme complexe et des cotes précises.
[0007] L'objet de l'invention est d'éviter ces inconvénients. Le procédé de l'invention,
qui comprend comme le procédé de l'art antérieur que l'on vient de décrire la phase
de conformation et la phase de compactage et de frittage qui ont été définies au début
de la présente description, est caractérisé en ce que les conditions de température
et de durée de la phase de conformation sont telles que la préforme est non seulement
poreuse, mais que ses pores demeurent ouverts et en ce que, pour l'exécution de la
phase de compactage et de frittage, la préforme est au préalable logée dans une enveloppe
métallique étanche et déformable sur laquelle est appliquée la pression isostatique.
[0008] Ainsi, il suffit pour l'exécution de la phase de conformation que les conditions
de température et de durée soient telles que les grains de poudre d'alliage soient
liés entre eux par leurs points de contact initiaux, par exemple par diffusion intersolide.
Il n'y a ni fusion, ni par conséquent, resolidification. La fourchette des températures
admissibles est beaucoup plus large que dans le procédé de l'art antérieur précité.
En effet, en ajustant la durée de chauffage, on peut régler la température entre une
limite inférieure au-dessus de laquelle commence la diffusion et une limite supérieure
au-dessus de laquelle commence la fusion. Les conditions de conformation sont donc
beaucoup moins critiques. En outre, le retrait durant cette phase de conformation
est beaucoup plus faible et la majeure partie du retrait total est réalisée pendant
la phase de compactage et de frittage. La préforme épouse fidèlement les parois du
moule et il n'y a pas de risque d'apparition de criques tandis que le retrait durant
la deuxième phase est pratiquement isotrope. Il suffit que l'enveloppe soit assez
déformable pour s'appliquer contre toutes les parties de la préforme.
[0009] Il est à remarquer que l'on a déjà proposé de réaliser des ébauches en superalliages
(et non pas des pièces de forme aux cotes) par métallurgie des poudres en mettant
en oeuvre, après la consolidation, une phase de compactage et de frittage sous pression
isostatique par l'intermédiaire d'une enveloppe. On en trouvera des exemples dans
la publication de Dennis J. Evans intitulée "Manufacture of low cost P/M Astroloy
Turbine Disks" parue également dans "
Agard Conférence Proceedings n• 200, April 1976" pages 4A-1 à 4A-6. Mais,
- d'une part, ces exemples s'appliquent comme on l'a dit à la réalisation d'ébauches
destinées au forgeage et la phase de consolidation n'est pas une phase de conformation,
- d'autre part, c'est le moule de consolidation qui est utilisé comme enveloppe durant
la phase de compactage sous pression isostatique.
[0010] Le compactage déforme le moule (que celui-ci soit métallique ou céramique) et l'on
doit donc utiliser un moule par ébauche. Le moule doit en outre répondre à des exigences
contradictoires puisqu'il doit être suffisamment rigide pour supporter sans déformation
la phase de conformation et suffisamment déformable pour s'appliquer contre la préforme
au cours de la phase de compactage et de frittage. C'est pourquoi ledit procédé de
l'art antérieur ne permet de réaliser que des ébauches. Le procédé de l'in- vention
permet au contraire de réaliser des pièces de forme complexe et de réutiliser, si
on le désire, le moule de conformation.
[0011] On remarque que le procédé de l'invention exclut la présence d'un liant (tel que
le stéarate de zinc) du fait de l'utilisation d'une enveloppe étanche lors du pressage
isostatique.
[0012] Le procédé de l'invention trouve notamment application pour la réalisation de pièces
à partir de poudres de titane pour lesquelles un traitement thermique est nécessaire.
En effet, dans ce cas particulier, il est possible d'effectuer un traitement des poudres
à haute température, par rapport à la température de compactage, au moment de la réalisation
de la préforme, par exemple sous vide en moule céramique. Ce traitement à haute température
peut être effectué en même temps ou après la phase de collage des poudres. Ceci est
rendu possible du fait que les domaines des températures de collage et de traitement
thermique sont voisins.
[0013] On va maintenant décrire un exemple de mise en oeuvre du procédé de l'invention en
se référant aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 est une coupe d'un moule de conformation contenant une charge de poudre
d'alliage,
- la figure 2 est une coupe de la préforme correspondante obtenue,
- la figure 3 est une coupe de ladite préforme logée dans l'enveloppe déformable,
avant exécution de la phase de compactage et de frittage,
- la figure 4 est une coupe de la pièce réalisée encore logée dans l'enveloppe,
- la figure 5 est une coupe de la pièce réalisée extraite de l'enveloppe.
[0014] Etant donné que les paramètres de mise en oeuvre ne sont pas critiques, notamment
en ce qui concerne la phase de conformation, cet exemple est valable quelle que soit
la composition désirée. Il s'applique notamment à la réalisation de pièces en superalliages
à base de nickel et/ou de cobalt et de pièces en alliages à base de titane.
[0015] La figure 1 montre le moule de conformation 10 en céramique dans lequel est ménagée
l'empreinte de moulage 11 dans laquelle débouche l'entonnoir de remplissage 12 par
lequel est introduite la charge de poudre d'alliage 20. L'homogénéité du remplissage
est réalisée par exemple par . vibration du moule. La quantité de poudre d'alliage
à introduire est mesurée par pesée et est telle que, lorsque le remplissage est terminé,
la charge de poudre affleure la limite supérieure 13 de l'empreinte. Ainsi qu'on l'a
déjà indiqué, le moule lO peut être non démontable et non récupérable ou, comme dans
la figure 1, démontable et récupérable. Il est ici constitué par une partie inférieure
de moule 14 et par une partie supérieure de moule 15 séparées par un plan de joint
16.
[0016] Le moule 10 rempli est alors placé dans un four non représenté pour y subir le chauffage
destiné à agglomérer les grains de poudre pour obtenir la préforme. Selon les alliages,
la température de chauffage est, à titre indicatif, de 1100 à 1250
*C, la durée de chauffage étant par exemple 1 heure.
[0017] La figure 2 montre la préforme 20 réalisée et démoulée. La figure 3 montre la préforme
20 logée dans l'enveloppe 30 destinée à appliquer la pression isostatique durant le
traitement de compactage. L'enveloppe 30-est une enveloppe mince en matériau métallique
étanche et facilement déformable dans les conditions de traitement, par exemple en
feuillard d'acier extra-doux. Dans la figure-3, cette enveloppe est constituée par
deux parties d'enveloppe 31 et 32 chacune en forme d'assiette. Elles sont munies de
rebords circulaires 33 et 34 permettant un assemblage étanche par soudage. On voit
également deux queusots 35 qui sont éventuellement présents pour assurer après soudage
le pompage de l'air et l'introduction d'une atmosphère inerte (par exemple de l'azote)
ne risquant pas de former avec l'alliage utilisé un composé altérant sensiblement
les propriétés mécaniques de la pièce obtenue. Si le compactage est fait sous vide,
un seul queusot 35, destiné à l'aspiration, est présent. Mais la solution la plus
élégante consiste à placer l'enveloppe et la préforme dans une enceinte mise sous
vide. Les queusots 35 ne sont plus nécessaires puisque l'air s'échappe entre les deux
bords 33 et 34. Le soudage des bords est assuré dans l'enceinte au moyen d'un faisceau
d'électrons.
[0018] La figure 4 montre l'enveloppe 30 et la préforme 20 logées dans l'autoclave (non
représenté) utilisé pour le compactage et le frittage. La pression isostatique qui
applique l'enveloppe contenant la préforme est symbolisée par des flé- ches.
[0019] Enfin la figure 5 montre la pièce 40 obtenue après ablation de l'enveloppe 30, cette
ablation étant par exemple réalisée par attaque chimique sélective.
[0020] Du fait que le moule 10 est utilisé seulement pendant la phase de conformation et
que l'enveloppe 30 est utilisée seulement pendant la phase de compactage et de frittage,
leur réalisation et le choix des matériaux qui les constituent ne posent pas de problèmes
particuliers. Ainsi qu'on l'a déjà indiqué, le moule 10 peut être réalisé en céramique,
qu'il soit monolithique ou démontable. Quant à l'enveloppe 30, elle peut être dans
la plupart des cas réalisée en feuillard d'acier extra-doux.
1. Procédé de préparation d'une pièce métallique, du genre comprenant les opérations
suivantes :
- introduction d'une charge métallique de composition convenable dans un moule de
forme (10),
- chauffage du moule dans des conditions de température et de durée permettant d'obtenir
une préforme poreuse (20) à pores 'ouverts,
- démoulage de la préforme,
- chauffage de la préforme sous pression isostatique afin de réaliser une pièce de
forme (40) parcompacification et frittage,
caractérisé en ce que, afin de permettre l'application de ladite pression isostatique
à la préforme, celle-ci est introduite après démoulage dans un boîtier étanche (32)
réalisé en feuillard métallique soudé dont le matériau et l'épaisseur sont tels que
ledit boîtier se déforme sous l'action de la pression isostatique et vient s'appliquer
étroitement contre la préforme pour transmettre à celle-ci ladite pression isostatique.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le moule de conformation
(10) est démontable de telle sorte que la préforme (20) puisse être démoulée sans
détruire ce moule.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que, dans le cas de poudres
de titane, un traitement thermique à haute température est effectué au moment de la
réalisation de la préforme, en même temps ou après la phase de collage des poudres.
4. Procédé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que l'enveloppe
métallique (30) contient une atmosphère.
5. Procédé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que le vide est
fait dans l'enveloppe métallique (30).
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que l'enveloppe métallique
(30) est fermée par un joint de soudage réalisé sous vide.
7. Procédé selon la revendication 6, caractérisé en ce que le joint de soudage est
réalisé par bombardement électronique.
8. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que
la poudre d'alliage (20) est une poudre de superalliage à base de nickel et/ou de
cobalt ou une poudre d'alliage de titane.
9. Pièce métallique, caractérisée en ce qu'elle est réalisée par un procédé selon
l'une quelconque des revendications 1 à 8.