[0001] La présente invention concerne un dispositif de tuyères de soufflage de gaz de brassage
dans un convertisseur d'affinage des métaux liquides par lance, par exemple un convertisseur
d'aciérie.
[0002] Un tel gaz de brassage peut être un gaz neutre, tel que de l'azote ou de l'argon,
ou bien un gaz oxydant et refroidissant, tel que de la vapeur d'eau ou du gaz carbonique,
bu bien un gaz faiblement oxydant, tel que de l'air ordinaire à l'exclusion de gaz
fortement oxydants, tels que l'oxygène pur, qui provoqueraient une usure beaucoup
trop rapide des tuyères selon l'invention.
[0003] Dans l'opération d'affinage de l'acier par soufflage d'oxygène pur de haut en bas
au moyen d'une lance, il est avantageux de pouvoir assurer un brassage du bain métallique
et du laitier, réalisé par un soufflage de bas en haut, à travers le fond du convertisseur,
d'un gaz de brassage à faible débit.
[0004] Différents systèmes de soufflage d'un gaz de brassage à faible débit à travers le
fond d'un convertisseur sont connus.
[0005] Les uns utilisent des réfractaires poreux, dont la porosité ouverte, éventuellement
orientée, rend possible le cheminement d'un gaz sous pression à travers la masse réfractaire,
[0006] D'autres utilisent des éléments perméables constitués de briques réfractaires compactes,
les joints entre briques formant des passages très étroits, mais néanmoins perméables
aux gaz sous pression. Ces passages perméables sont réalisés soit par un assemblage
ajusté de tôles entourant chacune des briques, soit par un rapprochement de briques
préalablement sciées et ac-. colées de part et d'autre de fils métalliques très fins.
[0007] Mais tous ces systèmes connus présentent des
.vitesses d'usure des réfractaires qui sont variables et qui ne sont pas négligeables.
Des vitesses d'usure acceptables en exploitation industrielle de ces systèmes connus
nécessitent d'une part que la température du bain métallique reste modérée, par exemple
toujours inférieure à 1660°C, et d'autre part que les modes opératoires soient tels
que les éléments perméables se trouvent en permanence recou- verts d'un dépôt de laitier
enrichi en magnésie, selon une technique dite "du tartinage". Il en résulte que, au-dessous
de 1660°C, la fiabilité des éléments perméables n'est pas forcément assurée si le
dépôt de laitier magnésien est insuffisant, et qu'au-dessus de 1660°C, les éléments
perméables sont peu utilisables,car ce dépôt de laitier magnésien se forme plus difficilement
encore.
[0008] Le but de la présente invention est de rendre possible dans de bonnes conditions
d'exploitation industrielle le soufflage de gaz de brassage à travers le fond d'un
convertisseur, et même à travers son revêtement latéral en cas de besoin, et cela
même si la température du bain métallique à affiner dépasse largement 1660°C, et même
si le dépôt de laitier basique sur le dispositif de soufflage est faible ou nul.
[0009] A cet effet, la présente invention a pour objet un dispositif de soufflage de gaz
de brassage à travers le fond ou la paroi d'un convertisseur d'affinage des métaux
liquides, constitué par un jeu de tuyères à un seul tube disposées à travers toute
l'épaisseur du revêtement réfractaire compact du convertisseur et s'usant avec lui,
caractérisé en ce que le tube constituant chacune des tuyères est aplati sur toute
la longueur consommable de la tuyère, en ce que la largeur de la section intérieure
de passage du gaz dans le tube aplati est au plus égale à un millimètre, et de préférence
voisine de 0,5 millimètre, en ce que la base de chacun desdits tubes, en principe
cylindrique, traverse une plaque d'acier à laquelle elle est brasée et en ce que ladite
plaque d'acier constitue l'une des parois d'une chambre de répartition entre les tuyères
du gaz de brassage alimentée en ce gaz par une conduite, ladite chambre étant fixée
par l'intermédiaire de ladite plaque sur la face extérieure de la cuirasse du convertisseur.
[0010] Suivant une caractéristique particulière de l'invention, chacune des tuyères contient
au moins un fil métallique longitudinal, dont le diamètre garantit l'exacte largeur
de la partie aplatie du tube constituant la tuyère.
[0011] Suivant une autre caractéristique particulière de l'invention, la plaque d'acier
traversée par tous les tubes d'un même jeu de tuyères est surmontée par une couche
de matière réfractaire damée, compacte, constituant une couche de sécurité, à travers
laquelle cheminent lesdits tubes en divergeant les uns des autres à partir de ladite
plaque.
[0012] Suivant une autre caractéristique particulière de l'invention, dans les briques de
la couche d'usure du revêtement réfractaire qui surmonte la couche de sécurité, chaque
tube est logé dans un trait de scie pratiqué sur toute la longueur de la brique correspondante.
[0013] Suivant une autre caractéristique particulière de l'invention, le jeu de tuyères
est disposé en ligne droite et plusieurs briques particulières d'une même rangée du
revêtement d'usure peuvent contenir chacune sur leur bord l'une de ces tuyères, ou
même deux.
[0014] Suivant une autre caractéristique particulière de la présente invention, le jeu de
tuyères est disposé suivant plusieurs lignes droites voisines et parallèles, et, selon
ces lignes droites, plusieurs briques particulières d'une même rangée du revêtement
d'usure peuvent contenir chacune sur leur bord une ou deux de ces tuyères.
[0015] L'un des principaux avantages de l'invention est que la mise en place de ce dispositif
est facile, plus facile que celle des éléments perméables connus : ainsi, la chambre
de répartition du gaz est placée à l'extérieur de la cuirasse du convertisseur ; dans
l'épaisseur de la couche réfractaire de sécurité, les pats tubes d'un même jeu sont
écartés en parapluie et divergent les uns des autres ; dans la couche réfractaire
d'usure, chaque tube est logé dans un trait de scie pratiqué sur la longueur de la
brique. Cette mise en place est plus facile que celle des bouchons poreux ou des éléments
perméables.
[0016] Un avantage supplémentaire du dispositif selon l'invention est que le principe du
montage des briques constituant le fond ou la paroi du récipient d'affinage ne se
trouve pas modifié du fait de la mise en place des tuyères selon l'invention.
[0017] Un autre avantage de l'invention est une sécurité plus grande. En effet, dans les
dispositifs connus, derrière un bouchon poreux ou un élément perméable, disposé dans
la couche d'usure, il faut laisser, dans la couche de sécurité, une cavité, par exemple
de 30 millimètres de diamètre si l'on veut faire passer un tube de 27 millimètres
pour alimenter en gaz de brassage le bouchon poreux ou l'élément perméable. Cette
cavité offre un certain risque en cas d'usure trop forte ou de percée de l'élément
perméable.
[0018] Au contraire, avec le jeu de tuyères selon l'invention, la couche de sécurité est
constituée, dans la zone du jeu de tuyères, par une masse de dolomie, ou de magnésie,
goudronnée, damée, 'compacte, et traversée par le réseau de tubes fins, ce qui limite
beaucoup les risques d'infiltration d'acier liquide. En effet, la traversée de la
couche réfractaire de sécurité se fait en aval de la chambre de répartition du gaz
de brassage entre les différentes tuyères. Autrement dit, c'est le circuit individuel
de chaque tuyère qui traverse la couche de sécurité, et non pas une alimentation collective.
Cette disposition limite beaucoup la gravité des conséquences d'une infiltration éventuelle
de métal dans la couche de sécurité.
[0019] Enfin, l'avantage essentiel du dispositif de soufflage selon l'invention est de réaliser
une meilleure résistance du fond du convertisseur à l'usure en cours d'affinage du
bain, et ceci sans la nécessité d'obtenir en permanence sur le fond le dépôt d'une
couche protectrice de laitier de magnésie.
[0020] Afin de bien faire comprendre l'invention, on va décrire ci-après à titre d'exemples
non limitatifs, deux modes de réalisation du dispositif selon l'invention dans le
fond d'un convertisseur d'aciérie à soufflage d'oxygène par lance.
La figure 1 est une coupe verticale du dispositif suivant un alignement de quatre
tuyères.
La figure 2 est une coupe transversale d'un tube aplati du premier mode de réalisation.
La figure 3 est une coupe transversale d'un tube aplati du deuxième mode de réalisation.
La figure 4 est une coupe verticale du fond du convertisseur muni d'un jeu de tuyères
selon l'invention sur sa droite, et, à titre de comparaison explicative, muni d'un
bouchon poreux de.type connu sur sa gauche.
La figure 5 est une coupe horizontale d'une rangée de briques de la couche d'usure
du fond réfractaire, comportant chacune une entaille pour la mise en place d'un tube
aplati.
[0021] Sur la figure 1 sont représentées quatre tuyères 1, 2, 3, 4 dont la base la, 2a,
3a, 4a est constituée de tubes de.cuivre cylindriques, dont la longueur consommable
lb, 2b, 3b, 4b est constituée par les mêmes tubes que leur base, mais aplatis selon
les figures 2 ou 3, la partie intermédiaire lc, 2c, 3c, 4c servant à raccorder.la
partie cylindrique à la partie aplatie.
[0022] La base cylindrique de chacune de ces quatre tuyères est brasée sur la plaque d'acier
5, qui constitue l'une des parois de la chambre de répartition 6 alimentée en gaz
de brassage par la conduite 7.
[0023] Dans le premier mode de réalisation, les bases des tuyères, en a, sont des tubes
de 2 mm de diamètre intérieur et de 4 mm de diamètre extérieur. La section transversale
de la partie aplatie, visible et grossie 10 fois sur la rigure 2, présente 0,5 mm
de largeur intérieure, 2,5 mm de longueur intérieure, 2,5 mm de largeur extérieure,
et 4,5 mm de longueur extérieure.
[0024] Une corde à piano de 0,5 millimàre de diamètre, contenue dans chaque tuyère sur toute
sa longueur, visible par sa section en 19 sur la figure 2, fixe exactement à 0,5 mm
la largeur intérieure du tube aplati.
[0025] Dans ce premier mode, la chambre 6 alimente dix tuyères (dont 4 seulement se trouvent
dans le plan de la figure 1, trois autres en avant du plan de figure et trois autres
en arrière de ce plan), qui sont toutes brasées à la plaque 5.
[0026] Dans le deuxième mode de réalisation décrit ici à titre d'exemple, les bases des
tuyères, en a, sont des tubes de 4 mm de diamètre intérieur et de 6 mm de diamètre
extérieur. La section transversale de la partie aplatie, visible et grossie 10 fois
sur la figure 3, présente 0,5 mm de largeur intérieure, 6 mm de longueur intérieure,
2,5 mm de largeur extérieure, et 8 mm de longueur extérieure. Deux cordes à piano,
chacune de 0,5 millimètre de diamètre, contenues dans chaque tuyère sur toute sa longueur,
visibles par leur section en 20 et 21 sur la figure 3 fixent exactement à 0,5 mm la
largeur intérieure du tube aplati. Dans ce deuxième mode, la chambre 6 alimente 14
tuyères (dont 4 seulement se trouvent dans le plan de la figure 1) qui sont toutes
brasées à la plaque 5.
[0027] Dans des mesures d'étalonnage à froid, les débits observés en fonction de la pression
d'introduction de l'azote soufflé sont mentionnés dans le tableau suivant pour chacun
des deux modes de réalisation ci-dessus :

[0028] Ainsi, pour une section totale de passage du mode 2 qui est 3,36 fois plus grande
que la section du mode 1, les débits sous 5 bars sont 14 fois plus élevés, et, sous
7 bars, sont 5,7 fois plus élevés.
[0029] A chaud, in situ dans le convertisseur d'aciérie en couts de souf-
c flage,-on a mesuré, sous 9 bars avec le mode 1, un débit de.0,35 Nm3/min (au lieu
de 0,50 Nm3/min à froid), et sous 7 bars avec le mode 2, un débit de 1,4 Nm3/min (au
lieu de 2 Nm3/min à froid).
[0030] La mise en place d'un dispositif selon l'invention dans le fond du convertisseur
d'aciérie considérée dans cet exemple est visible sur les fi--gures 4 et 5.
[0031] La chambre de répartition 6 est fixée par l'intermédiaire de la plaque 5 à la cuirasse
8 du convertisseur d'aciérie. Dans le plan de la figure 4 (qui est aussi celui de
la figure 1), les quatre tubes aplatis lc, 2c, 3c, 4c, cheminent en divergeant, à
partir de la plaque 5, dans une couche 9 de magnésie goudronnée, damée, compacte,
disposée entre deux briques 10 et 11 du revêtement de sécurité 12 du fond réfractaire.
[0032] Puis, pour traverser la couche d'usure 13, chacun des tubes est logé dans un trait
de scie 14, visible sur la figure 5, pratiqué sur toute la longueur de chacune des
briques correspondantes 15a, 15b, 15c, 15d, longueur qui est égale à 500 mm.
[0033] Naturellement, les tuyères peuvent être disposées suivant plusieurs lignes droites
parallèles entre elles, chacune des lignes droites étant semblable et parallèle à
celle de la figure 5.
[0034] A titre de comparaison, on a représenté également sur la figure 4, dans sa partie
gauche, un bouchon poreux 16 de type connu, occupant toute la hauteur de la couche
d'usure 13, et alimenté par un tube 17 de 27 mm de diamètre extérieur qui traverse
une cavité 18 ménagée dans la couche de sécurité 12, cette cavité 18 étant d'un diamètre
approximatif de 30 mm. Ainsi, entre le tube 17 et la paroi de la cavité 18 existe
un espace libre dans lequel pourrait s'infiltrer l'acier liquide en cas d'usure complète
du bouchon poreux 16. C'est un risque qui n'existe pas avec le dispositif de soufflage
selon l'invention.
[0035] Il est bien entendu que l'on peut, sans sortir du cadre de l'invention, imaginer
des variantes et des perfectionnements de détails, ou utiliser des moyens équivalents.
C'est ainsi que, dans le même fond réfractaire, on peut disposer plusieurs éléments
semblables à ceux du premier mode ou du deuxième mode décrits ci-dessus.
1.- Dispositif de soufflage de gaz de brassage à travers le fond ou la paroi d'un
convertisseur d'affinage des métaux liquides, constitué par un jeu de tuyères à un
seul tube disposées à travers toute l'épaisseur du revêtement réfractaire compact
du convertisseur et s'usant avec lui, caractérisé en ce que le tube constituant chacune
des tuyères est aplati sur toute la longueur consommable (lb) de la tuyère, en ce
que la largeur de la section intérieure de passage du gaz dans le tube aplati (1b)
est au plus égale à un millimètre, en ce que la base (la) de chacun desdits tubes,
en principe cylindrique, traverse une plaque d'acier (5) à laquelle elle est brasée,
et en ce-que-ladite plaque d'acier (5) constitue l'une des parois d'une chambre de
répartition (6) entre les tuyères du gaz de brassage alimentée en ce gaz par une conduite
(7), ladite chambre (6) étant fixée par l'intermédiaire de ladite plaque (5) sur la
face extérieure de la cuirasse (8) du convertisseur.
2.- Dispositif de soufflage selon la revendication 1, caractérisé en ce que la largeur
de la section intérieure de passage du gaz de brassage dans le tube aplati (lb) de
chaque tuyère est de l'ordre de 0,5 millimètre.
3.- Dispositif de soufflage selon l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisé
en ce que le tube constituant chaque tuyère contient au moins un fil métallique longitudinal
(19), dont le diamètre garantit l'exacte largeur de la partie aplatie dudit tube.
4.- Dispositif de soufflage selon l'une quelconque des revendications 1, 2 et 3, caractérisé
en ce que la plaque d'acier (5) traversée par tous les tubes (lc), (2c), (3c), (4c)
d'un même jeu de tuyères est surmontée par une couche de matière réfractaire damée,
compacte, constituant une couche de sécurité (12), à travers laquelle cheminent lesdits
tubes (lc) en divergeant les uns des autres à partir de ladite plaque.
5.- Dispositif de soufflage selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé
en ce que, dans les briques de la couche d'usure (13) du revêtement réfractaire qui
surmonte la couche de sécurité (12), chaque tube aplati (lb) est logé dans un trait
de scie (14) pratiqué sur toute la longueur de la brique correspondante.
6.- Dispositif de soufflage selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé
en ce que le jeu de tuyères est disposé en ligne droite et en ce que chacune des tuyères
correspond à une brique particulière d'une même rangée du revêtement d'usure.
7.- Dispositif de soufflage selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé
en ce que le jeu de tuyères est disposé suivant plusieurs lignes droites voisines
et parallèles, et en ce que, selon ces lignes droites, plusieurs briques particulières
d'une même rangée du revêtement d'usure peuvent contenir chacune sur leur bord une
ou deux de ces tuyères.