[0001] La présente invention concerne un procédé de fabrication de feuilles en alliages
d' aluminium-fer hypoeutectiques, destinées plus particulièrement à la réalisation
de plats légers, tuyaux flexibles, bouchons et à toutes les applications exigeant
de ladite feuille des caractéristiques mécaniques qui favorisent l'emboutissage, le
pliage et la rigidité.
[0002] On entend ici par alliages aluminium-fer hypoeutectiques, ceux qui contiennent moins
de 1,7 % de fer.
[0003] De tels alliages sont connus notamment par le brevet français FR n° 1 438 096 qui
protège un produit convenant à la production de feuilles métalliques d'épaisseur inférieure
à 76 µm, caractérisé en ce qu'il contient de 0,6 à 1,2 % de fer, le reste étant de
l'aluminium. Une telle feuille est obtenue par coulée semi-continue classique suivie
d'un laminage à froid et présente des caractéristiques mécaniques intéressantes, à
savoir une résistance de rupture à la traction de l'ordre de 80 MPa et un allongement
de 7 %.
[0004] Un autre brevet français, le n° 2 291 285, revendique également un procédé de fabrication
de feuilles d'alliages contenant entre 1,1 et 2,5 % de fer. Ce procédé recourt à l'utilisation
de cduleuses à cylindres du type HUNTER, au laminage et à un recuit final. Cependant,
son enseignement est plutôt axé sur des compositions voisines de 1,7 % de fer, c'est-à-dire
eutectiques, lesquelles conduisent à des phases solides homogènes, constituées de
fines particules d'intermétalliques dispersées dans tout le matériau.
[0005] La demanderesse a orienté ses recherches vers des alliages de composition assez éloignée
de l'eutectique et contenant au maximum 1,3 % de fer. L'homme de l'art sait que, dans
ces conditions, la solidification débute par l'apparition de cristaux d'aluminium
dits primaires en forme de dentrites et s'achève par un dépôt d'eutectique composé
d'intermétalliques d'Al
nFe qui sépare les grains les uns des autres. Ceci conduit à une structure hétérogène
tout à fait différente de la structure homogène obtenue dans le cas d'une composition
eutectique.
[0006] Dans le domaine de ces alliages d'aluminium-fer hypoeutectique, le brevet français,
n°
'1.438 096, montre au moyen de courbes, les variations des caractéristiques mécaniques,
telles que la résistance de rupture à la traction et l'allongement, en fonction du
taux de réduction d'épaisseur que subit le métal au cours du laminage. Ce taux, encore
appelé taux d'écrouissage, correspondant à la formule

x 100, dans laquelle E représente l'épaisseur avant laminage et e, l'épaisseur finale.
[0007] On constate sur ces courbes que l'Al
nFe hypoeutectique a une caracté-- ristique d'allongement nettement meilleure que celle
des alliages classiques 1100 et 5005. Cette propriété fait que, comme l'enseigne le
brevet : "l'alliage s'adapte mieux aux opérations de fabrication de feuilles minces
et rend le produit obtenu supérieur en vue d'applications à l'emballage, pour lesquelles
une meilleure résistance mécanique serait inefficace si elle s'accompagnait d'une
perte appréciable d'allongement".
[0008] C'est, en effet, principalement la recherche d'un compromis optimum entre ces deux
caractéristiques qui guide l'homme de l'art dans la fabrication de feuilles destinées
à l'emballage et c'est dans cette optique que la demanderesse a cherché et trouvé
un moyen permettant d'améliorer ledit compromis, et de conférer ainsi au produit obtenu
des qualités favorisant l'emboutissage, le pliage et la rigidité.
[0009] Ce moyen consiste en un procédé visant à développer dans la feuille métallique une
structure finale dite "semi recristallisée".
[0010] On sait, en effet, que, lors du laminage à froid notamment, le métal durcit ou mieux
s'écrouit, c'est-à-dire qu'il perd progressivement toute capacité d'allongement plastique
tout en acquérant une résistance plus grande. On peut alors le chauffer à une température
voisine de 400°C et procéder ainsi à un recuit dit de recristallisation, opération
au cours de laquelle les caractéristiques mécaniques se modifient considérablement
et s'orientent vers une diminution de la charge de rupture et une augmentation de
l'allongement. Certes, on améliore ainsi notablement l'allongement, mais le plus souvent,
la résistance est devenue insuffisante.
[0011] C'est pourquoi, la demanderesse a pensé qu'en cherchant à limiter cette recristallisation,
il était possible de réaliser une structure intermédiaire, laquelle développerait
simultanément les avantages de la bonne résistance de l'état écroui et de l'allongement
convenable de l'état recristallisé concrétisant ainsi l'obtention du compromis recherché.
[0012] Pour y parvenir, elle a mis au point un procédé dans lequel on traite le bain métallique
par un affinant, on coule en semi-continu dans une lingotière ou en continu entre
cylindres, on lamine à froid et on recuit entre 380°C et 430°C, ce procédé étant caractérisé
en ce que '. l'affinant est ajouté en quantité telle qu'il génère une structure de
coulée dans laquelle les grains ont une dimension maximum inférieure à 100 µm et l'espacement
entre bras de dendrite est compris entre 8 et 30 µm et en ce que le laminage s'effectue
suivant unttaux de réduction d'épaisseur compris entre 98 et 99,8 %.
[0013] Ainsi, le procédé selon l'invention consiste à mettre en oeuvre les étapes classiques
en métallurgie, d'affinage de l'alliage à l'état liquide, de coulée, de laminage,
de recuit final. On peut noter, cependant, que le procédé s'applique de façon indifférente
à un produit coulé en semi-continu au moyen de lingotières ou de couleuses à cylindres
de type 3C, à condition que les paramètres d'affinage et. d'écrouissage soient adaptés
au type de coulée de manière à conduire à la même structure finale.
[0014] Le procédé est d'abord caractérisé par l'ajout d'un affinant en quantité telle qu'elle
génère une structure de coulée dans laquelle les grains ont une dimension maximum
inférieure à 100 µm.
[0015] De manière classique on obtient à la coulée des grains de dimensions voisines de
200 pm. Mais, l'expérience a montré qu'avec une telle grosseur, l'alliage a un comportement
trop hétérogène au cours du laminage et qu'il se crée des bandes de cisaillement favorables
au développement d'une recristallisation totale, ce qui va à l'encontre de l'obtention
d'une structure semi-recristallisée.
[0016] Cependant, la recherche d'une taille de grains trop petite n'est pas non plus intéressante
car elle conduit à une répartition trop uniforme -et régulière de l'eutectique et
aboutit à un produit ne recristallisant pas.
[0017] C'est pourquoi, on affine de manière à avoir des grains de dimensions comprises entre
10 et 50 µm. Cet affinage peut être obtenu au moyen de tout agent généralenent utilisé
dans la métallurgie de l'aluminium et, notamment, les produits à base de bore et de
titane comme, par exemple, l'AT5B.
[0018] Dans le mène but d'éviter cette homogénéité de structure, il est évident, pour l'homme
de l'art, d'utiliser des compositions d'alliage s'éloignant le plus possible de la
zone eutectique, mais en gardant néanmoins suffisamment de fer pour bénéficier des
propriétés particulières de cet élément et, notamment, de son action comme agent de
blocage de la recristallisation. Ainsi, une teneur comprise entre 1,1 et 1,3 % de
fer est préférée.
[0019] Toujours avec le même souci de recherche de structure hétérogène, on évite de couler
l'alliage dans une machine à cylindres du type HUNTER car la vitesse de solidification
est trop grande et conduit à des dendrites trop fines inférieures à 5 pm. Par contre,
la machine 3C s.'avère particulièrement intéressante dans le procédé de l'invention
car elle donne lieu à la formation de dendrites encore suffisamment grosses pour qu'on
puisse distinguer nettement sur la structure les zones avec et sans eutectique.
[0020] Le procédé est également caractérisé en ce que le laminage à froid, appliqué directement
sur la structure de coulée, s'effectue suivant un taux de réduction d'épaisseur compris
entre 98 et 99,8 %.
[0021] On entend,évidemment,par laminage à froid, un laminage effectué à une température
inférieure à la température de recristallisation.
[0022] Ce choix résulte du fait que, lorsque ce taux est trop faible, de l'ordre de 96 t
par exemple, l'écrouissage est insuffisant et, par suite, le métal recristallisera
facilement et complétement au cours du recuit. Au contraire, si l'écrouissage est
trop élevé, des branches de dendrites sont devenues tellement fines que la recristallisation
ne peut pas se produire et la structure n'évolue que par restauration.
[0023] Entre ces deux taux d'écrouissages, un nombre limité de régions peuvent recristalliser
et former des grains recristallisés isolés dans une matière restaurée et ces grains
ne peuvent pas se développer et envahir toute la structure en raison de la présence
des particules eutectiques. Ces taux ont été choisis de manière à former par la suite
une structure semi-recristallisée dans laquelle le volume recristallisé représente
entre 10 et 30 % du volume total, répartition la plus compatible avec le but recherché.
[0024] Enfin, le procédé comporte également un recuit entre 380 et 430°C après laninage
à une vitesse de montée en température et d'une durée telle qu'on développe la structure
semi-recristallisée souhaitée et qui est alors composée de grains recristallisés de
diamètre inférieur à 30 µm et compris généralement entre 5 et 15 µm, isolés dans une
matrice restaurée avec des sous grains de 1 à 2 µm.
[0025] La structure semi-recristallisée ainsi obtenue semble dûe essentiellement à une dispersion
dans la distribution des distances entre les particules intermétalliques permettant
à la fois la recristallisation lorsque cette distance est grande et le blocage de
la recristallisation lorsque cette distance est faible.
[0026] Le faible volume occupé par les grains recristallisés semble essentiel car il apporte
à l'alliage une amélioration de ductilité notable alors que la structure des sous
grains permet de conserver encore une limite élastique élevée.
[0027] Cette combinaison confère à la feuille d'alliage un compromis avantageux entre ses
caractéristiques, particulièrement favorable à des opérations ultérieures de transformation
telles que l'emboutissage par exemple.
[0028] L'imrention concerne également la feuille d'alliage obtenue par le procédé ayant
une épaisseur comprise entre 50 et 250 µm, une composition telle que :
Fe : 1,1 - 1,3 % Si < 0,7 % Mn < 0,1 % Ti < 0,1 % Cu < 0,2 %
caractérisée par une structure dans laquelle 10 à 30 $ du volume est à l'état recristallisé
sous forme de grains supérieurs à 5 µm et inférieurs à 30 µm, et le reste est à l'état
restauré de manière à obtenir un compromis avantageux entre la charge de rupture à
la traction et l'allongement, et se situant pour la première caractéristique mécanique
entre 120 et 140 MPa, et pour la deuxième, au-dessus de 17 %.
[0029] L'invention peut être illustrée au moyen des exemples suivants qui donnent les résultats
de caractéristiques mécaniques obtenues avec des feuilles de 100 µm d'épaisseur, élaborées
suivant le procédé revendiqué.
EXEMPLE 1
[0030] Un alliage de composition :
Fe : 1,3 % - Si : 0,3 % - Cu : 0,1 % - Mn 0,015 % - Ti : 0,03 %, a été affiné au moyen
d'un alliage-mère d'AT5B à raison de 3 kg par tonne d'alliage, puis coulé en continu
au moyen d'une lingotière sans fond sous forme d'une plaque dont la section a pour
dimensions 38 x 7 cm avec une vitesse de 8 cm/minute.
[0031] La structure du produit coulé était composée de grains d'aluminium primaire ayant
une dimension maximum inférieure à 150 µm séparés les uns des autres par des zones
eutectiques d'Al
nFe.
[0032] La plaque a été laminée à froid suivant un taux de réduction d'épaisseur de 99,8
% de manière à donner une feuille de 100 µm d'épaisseur qui a été recuite à 420°C
pendant 30 heures.
[0033] La structure finale de cette feuille présentait 30 % de son volume à l'état recristallisé
et ses caractéristiques mécaniques étaient les suivantes :

compromis de valeurs particulièrement favorable à l'élaboration de plats obtenus par
emboutissage.
EXEMPLE 2
[0034] Un alliage de composition :
Fe : 1,15 % - Si : 0,3 % - Ti : 0,03 % - Cu : 0,002 % - Mn : 0,020 %, a été affiné
au moyen d'un alliage-mère d'ATSB à raison de 2 kg par tonne d'alliage, puis coulé
en continu au moyen d'une machine à cylindres refroidis du type 3C sous forme d'une
tôle d'épaisseur 0,8 cm avec une vitesse de 100 cm/minute.
[0035] La structure du produit coulé comportait des grains d'aluminium primaire de dimensions
comprises entre 30 et 80 µm séparés les uns des autres par des zones eutectiques d'Al
nFe.
[0036] La tôle a été laminée à froid suivant un taux de réduction d'épaisseur de 99 % de
manière à former une feuille d'épaisseur 80 µm qui a été recuite à 400°C pendant 30
heures.
[0037] La tôle présentait une structure finale recristallisée à 20 % et ses caractéristiques
mécaniques étaient les suivantes :

caractéristiques qui ont permis d'utiliser cette feuille à la confection de plats
emboutis, avec un taux de rebut pratiquement nul.
[0038] La présente invention trouve son application dans l'industrie de l'aluminium chaque
fois que l'on veut obtenir des feuilles d'épaisseur comprise entre 50 et 150 µm présentant
un couple de valeurs optimum en ce qui concerne la charge de rupture à la traction
et d'allongement.