[0001] L'invention est relative à la conception des réservoirs de gaz liquéfié, notamment
à ceux que comportent les navires transporteurs.
[0002] On connaît déjà de tels réservoirs, par exemple par le brevet français n° 1 298 204,
qui comportent une triple paroi étanche délimitant d'abord l'enceinte contenant le
gaz liquéfié, mais aussi deux enceintes de sécurité et d'isolation thermique, généralement
emplies d'un matériau thermiquement isolant.
[0003] On sait également, par l'enseignement du brevet français précité, injecter, dans
l'enceinte comprise entre la paroi externe et la paroi adjacente, un liquide susceptible
d'être gelé au contact du gaz naturel liquéfié et ainsi, de boucher, de manière étanche,
les interstices de l'isolation contenue dans ladite enceinte.
[0004] L'invention consiste essentiellement à remplacer ce liquide par un corps normalement
à l'état gazeux et susceptible de se SUBLIMER sous l'effet d'un abaissement de la
température, et ainsi de prendre l'état solide, sans passer par l'état liquide. Cette
substitution permet l'obtention de nombreux résultats nouveaux et inattendus par rapport
à ceux obtenus par la technique antérieure, comme cela est exposé ci-après. La simplicité
de l'invention ne la rend donc pas pour autant évidente, et lui permet d'être brevetable
par rapport'à l'art connu.
[0005] L'invention est donc relative à un réservoir de gaz naturel liquéfié, notamment de
méthane liquéfié, constitué au moins par :
- une paroi principale étanche et résistante, qui délimite l'enceinte externe du réservoir,
- une paroi interne étanche, dite barrière primaire, qui est disposée à l'intérieur
de l'enceinte externe et à une distance non nulle de la paroi principale, et qui délimite
l'enceinte principale du réservoir,
- une paroi intermédiaire étanche, dite barrière secondaire, qui est disposée dans
l'espace compris entre lesdites paroi principale et barrière primaire, à une distance
non nulle de chacune d'elles, et qui délimite, d'une part, entre la barrière primaire
et elle-même, une enceinte primaire,.d'autre part, entre la paroi principale et elle-même,
une enceinte secondaire, et,
- un fluide d'étanchéité, qui est contenu à l'intérieur de l'enceinte secondaire et
dont le point (tempérament) de congélation est, d'une part, inférieur à la température
régnant en service dans l'enceinte secondaire, d'autre part, supérieur à la température
du gaz liquéfié contenu dans l'enceinte principale.
[0006] Ce fluide d'étanchéité comprend au moins un corps qui, sous une pression déterminée
au moins égale à la pression de gaz du gaz liquéfié contenu dans l'enceinte principale,
a un point (température) de SUBLIMATION, d'une part, inférieur à la température régnant
en service dans l'enceinte secondaire, d'autre part, supérieur à la température du
gaz liquéfié contenu dans l'enceinte principale, cependànt que la pression régnant
dans l'enceinte secondaire est, en outre, effectivement maintenue égale à ladite pression
déterminée, l'enceinte secondaire étant, par ailleurs, raccordée à un détendeur d'alimentation
sélective en gaz sous pression.
[0007] Les avantageuses dispositions suivantes sont, en outre, de préférence adoptées :
- ladite alimentation sélective .en un gaz sous pression comprend un distributeur
de gaz sous pression à au moins deux positions, dans la première desquelles la communication
est établie entre une source de gaz sous pression et l'enceinte secondaire, et dans
la deuxième desquelles ladite communication est coupée, ce distributeur étant muni,
d'une part, d'un organe élastique de rappel tendant à le placer dans sa première position,
d'autre part,'d'un vérin de réglage de sa position d'effet antagoniste dudit organe
élastique de rappel et relié à l'enceinte secondaire ;
- un débitmètre est disposé sur la liaison reliant l'enceinte secondaire à l'alimentation
sélective en un gaz sous pression ;
- l'enceinte secondaire est munie d'un clapet de décharge taré ;
- lorsque le réservoir est destiné à contenir du méthane liquéfié, sous pression atmosphérique,
ledit corps est, de préférence, du dioxyde de carbone (CO2), dont la température de sublimation à ladite pression déterminée est de l'ordre
de -80° C ;
- chacune des enceintes primaire et secondaire est emplie d'un matériau thermiquement
isolant ; et,
- le réservoir est muni d'un manomètre de surveillance de la pression dans l'enceinte
secondaire, qui est relié à cette enceinte secondaire.
[0008] L'invention sera mieux comprise, et des caractéristiques secondaires et leurs avantages
apparaîtront au cours de la description de réalisations donnée ci-dessous à titre
d'exemple.
[0009] Il est entendu que la description et les dessins ne sont donnés qu'à titre indicatif
et non limitatif.
[0010] Il sera fait référence aux dessins annexés, dans lesquels :
- la figure 1 est une coupe transversale de la coque d'ùn navire méthanier comportant
des réservoirs conforme à l'invention ;
- les figures 2 et 3 sont des coupes d'un détail de la figure 1, suivant deux autres
configurations de service ; et,
- la figure 4 est une coupe d'un détail d'une variante de réalisation d'un réservoir
conforme à l'invention.
[0011] Le réservoir représenté sur la figure 1 est celui constituant une citerne d'un navire
méthanier et est constitué par :
- la coque extérieure comprenant les murailles 1 raccordées au pont 2 et au fond 3
;
- la double coque constituant une paroi, dite principale, 4, étanche, dont une partie
est constituée par le pont 2 lui-même, et qui délimite l'enceinte, dite, externe du
réservoir ;
- une paroi interne, étanche, dite barrière primaire 5, disposée entièrement à l'intérieur
de l'enceinte externe, et à une distance D5/4 non nulle de la paroi principale 4,
qui délimite l'enceinte principale 9 contenant le méthane liquide ; et,
- une paroi intermédiaire, étanche, dite barrière secondaire 6, qui est disposée entre
la paroi principale 4 et la barrière primaire 5, à des distances D6/4 et D6/5 également
non nulles de chacune d'elles.
[0012] Des enceintes sont délimitées entre la barrière secondaire et les parois adjacentes
; il s'agit de :
- l'enceinte primaire 7, qui est emplie par un matériau thermiquement isolant et est
délimitée entre les barrières primaire 5 et secondaire 6, et,
- l'enceinte secondaire 8, qui est également emplie par un matériau thermiquement
isolant et est délimitée entre la barrière secondaire et la paroi principale 4.
[0013] Ce type de construction est connu, ainsi que les matériaux utilisés : acier normal
pour la coque. 1-2-3 et pour la double coque 4 ; alliages spéciaux non fragiles aux
très basses températures, par exemple contenant 5,5 % ou 9 % ou 36 % de Nickel, ou
aciers inoxydables 18/8, ou contreplaqués spéciaux, pour les barrières primaire 5
et secondaire 6. Les matériaux thermiquement isolants sont, par ailleurs, souvent
poreux. Dans ce cas, leurs propriétés isolantes leur sont conférées par le gaz qui
les imbibe : leur structure fibreuse ou pulvérulente ayant comme but d'immobiliser
les molécules du gaz en question. Comme le dioxyde de carbone est meilleur isolant
que l'azote, l'isolation thermique du réservoir se trouve être ainsi améliorée.
[0014] Afin d'éviter le passage de méthane liquéfié à la pression atmosphérique à une température
de l'ordre de -160° C, les enceintes primaire et secondaire sont mises en pression
par admission de gaz sous pression.
[0015] Il s'agit :
- de l'admission dans l'enceinte primaire 7, d'azote gazeux à 1,01 atmosphère, et,
- de l'admission dans l'enceinte secondaire 8, d'un gaz pur ou d'un mélange gazeux,
contenant obligatoirement du dioxyde de carbone, à 1,01 ou 1,02 atmosphère.
[0016] On constate que les pressions sont faibles, et qu'en outre, aucune poussée significative,
notamment verticale, n'est exercée par la pression de ces gaz sur les parois des diverses
enceintes.
[0017] Il convient d'observer que la présence de dioxyde. de carbone (C0
2) peut être remplacée par celle de tout gaz présentant, comme le dioxyde de carbone,
la propriété physique de pouvoir se SUBLIMER, c'est-à-dire de passer directement de
l'état gazeux à l'état solide dans les conditions suivantes :
- état gazeux, à la pression régnant dans l'enceinte secondaire 8 (1,01 à 1,02 atmosphère)
et à la température moyenne dans cette enceinte secondaire, supérieure naturellement
au point de sublimation du gaz en question (-800 C pour le dioxyde de carbone) ;
- état solide, toujours à la pression de l'enceinte secondaire 8, mais à une température
inférieure au point de sublimation, et, en particulier à la température du méthane
liquéfié (-160° C°). Comme c'est en général le cas, lors du passage de l'état gazeux
à l'état solide, le gaz en question libèrera la chaleur latente de sublimation.
[0018] Par ailleurs, si la présence du dioxyde de carbone ou d'un gaz équivalent du point
de vue ci-dessus est indispensable dans l'enceinte secondaire 8, cette présence peut
être accompagnée de celle d'un autre gaz, bien entendu la pression du mélange sera
la même, tel que, par exemple de l'azote gazeux.
[0019] Les alimentations en méthane liquéfié et en gaz sont assurées par les moyens décrits
ci-après.
[0020] Ainsi, un conduit 10 plonge jusqu'au fond de l'enceinte principale 9 et est relié
à un distributeur 11 à trois positions, auquel sont, par ailleurs, reliés deux autres
conduits 12 et 13, l'un, 12, éventuellement raccordé à une station de stockage d'un
gisement de méthane, avant chargement du réservoir, l'autre, 13, raccordé à une pompe
14 de déchargement du réservoir. Les trois positions du distributeur 11 correspondent
:
- la première position, à la mise en communication des conduits 10 et 12, donc au
chargement du réservoir, et, à l'obturation du conduit 13 ;
- la deuxième position, à l'obturation des trois conduits 10, 12, 13 ; et,
- la troisième position, à la mise en communication des conduits 10 et 13, donc au
déchargement du réservoir, et, à l'obturation du conduit 12.
[0021] Un conduit 15 relie l'enceinte primaire 7 à un distributeur 16 à trois positions,
cependant qu'une source d'azote liquide sous pression de gaz 17 est reliée audit distributeur
16 par un conduit 18, et, qu'un conduit de décharge à l'atmos
phère 19 est raccordé à ce distributeur.
[0022] Les trois positions du distributeur 16 correspondent :
- la première position, à la mise en communication des conduits 15 et 18, à l'admission
d'azote gazeux dans l'enceinte primaire 7, et, à l'obturation du conduit 19 ;
- la deuxième position, à l'obturation des trois conduits 15, 18 et 19 ; et,
- la troisième position, à la mise en communication des conduits 15 et 19, à la mise
à l'atmosphère de l'enceinte primaire 7, et, à l'obturation du conduit 18.
[0023] Un conduit 20 relie l'enceinte secondaire 8 à un distributeur 21 à trois positions,
cependant qu'une source de dioxyde de carbone comprimé 22 est reliée au distributeur
21 par un conduit 23, et, qu'un conduit de déchàrge. à l'atmosphère 24 est raccordé
à ce distributeur.
[0024] Les trois positions du distributeur 21 correspondent :
- la première position, à la mise en communication des conduits 20 et 23, à l'admission
de dioxyde de carbone dans l'enceinte secondaire 8, et, à l'obturation du conduit
24 ;
- la deuxième position, à l'obturation des trois conduits 20, 23 et 24 ; et,
- la troisième position, à la mise en communication des conduits 20 et 24, à la mise
à l'atmosphère de l'enceinte secondaire 8, et, à l'obturation du conduit 23.
De plus, on note :
- le raccordement d'un manomètre 25 à l'enceinte secondaire 8 au moyen d'un conduit
26 ;
- le raccordement d'un conduit 27 à l'enceinte primaire 7, un clapet de décharge taré
28 étant disposé sur ce conduit 27, afin d'éviter les surpressions dans ladite enceinte
primaire ;
- le raccordement d'un conduit 29 à l'enceinte secondaire 8, un clapet de décharge
taré 30 étant disposé sur ce conduit 29, afin d'éviter les surpressions dans ladite
enceinte secondaire ;
- la présence d'une mince couche de givre de dioxyde de carbone 31 sur la totalité
de la face 32 de la barrière secondaire 6, qui délimite l'enceinte secondaire 8.
[0025] Une variante de réalisation est représentée sur la figure 4. En complément des dispositions
qui viennent d'être décrites, et qui sont reprises, on note qu'un conduit 33 relie
l'enceinte secondaire 8 à un distributeur 34 à trois positions, un débitmètre 35 étant
disposé sur ce conduit. Une source d'azote comprimé 36 est reliée au distributeur
34 par un conduit 37, un conduit 38 de décharge à l'atmosphère étant raccordé à ce
distributeur. Il convient de noter que le distributeur 34 est muni d'une commande
volontaire 39 de réglage de sa position, mais également d'un ressort de rappel 40
et d'un vérin de réglage automatique 41, qui est relié au conduit 33. En absence d'action
sur la commande volontaire 39, les effets antagonistes combinés du ressort 40 et de
la pression normale s'exerçant.sur le vérin 41, le distributeur 34 est maintenu dans
sa deuxième position. Si, par contre, une baisse anormale de pression se produit dans
l'enceinte secondaire 8, l'effet du ressort devient prépondérant et place le distributeur
34 dans sa première position.
[0026] Les trois positions du distributeur 34 correspondent
- la première position, à la mise en communication des conduits 33 et 37, donc à l'alimentation
de l'enceinte secondaire 8 en azote sous pression, et, à l'obturation du conduit 38
;
- la deuxième position, à l'obturation des trois conduits 33, 37 et 38 ; et,
- la troisième position, à la mise en communication des conduits 33 et 38, donc à
la mise à l'atmosphère de l'enceinte secondaire 8, et, à l'obturation du conduit 37.
[0027] La configuration de la figue 2 est celle dans laquelle la barrière primaire 5 a subi
un dommage léger, tel qu'une fissure 44 qui laisse suinter du méthane liquéfié dans
l'enceinte primaire 7. Le méthane liquéfié s'accumule au fond de.cette enceinte pri-_
maire 7, jusqu'à un niveau 45. La température de la partie de la barrière secondaire
mouillée par le méthane s'abaisse à environ -160° C, et, au contact de cette partie,
une couche épaisse 42 de dioxyde de carbone vient se solidifier par sublimation et
libère sa chaleur latente.
[0028] Les avaries du réservoir peuvent être plus graves, de sorte qu'on parvient à la configuration
de la figure 3. La crevasse 46 dans la barrière primaire 5 laisse s'écouler une quantité
importante de méthane liquéfié dans l'enceinte secondaire jusqu'à un niveau 47. Une
quantité plus importante de dioxyde de carbone vient se solidifier, en une couche
très épaisse 43, de manière analogue à la couche précédente 42, mais en imprégnant
une grande partie du matériau thermiquement isolant et libérant davantage de chaleur.
[0029] Le fonctionnement des dispositions qui viennent d'être décrites et leurs avantages
vont maintenant être vus.
[0030] De manière classique, il a fallu assurer une pressurisation légère et graduelle des
enceintes primaire 7 et secondaire 8 par rapport à la pression de gaz de l'enceinte
principale 9. L'originalité a consisté à assurer la pressurisation de l'enceinte secondaire
8 avec du dioxyde de carbone normalement à l'état gazeux.
[0031] Il se peut que, par endroits, la barrière secondaire 6 ait une température, après
un certain temps, et dans certaines circonstances extérieures, inférieure au point
de sublimation du dioxyde de carbone, sans descendre pour autant jusqu'à -160
0 C, température du méthane liquéfié. Alors, dans ces circonstances et en ces endroits,
se dépose une mince couche 31 de dioxyde de carbone à l'état solide, qui, parfait,
par ailleurs, l'isolation thermique.
[0032] Le distributeur 21 et la source 22 permettent l'alimentation de l'enceinte secondaire
8 en dioxyde de carbone à l'état gazeux.
[0033] En cas d'avarie, la température de la partie de la barrière secondaire 6 mouillée
par le méthane liquéfié descend jusqu'à -160° C, de sorte qu'elle se recouvre d'une
couche de dioxyde de carbone solidifié 42 ou 43, plus ou moins importante, et suffisamment
importante pour que le complément d'isolation thermique procuré par cette couche permette
à la température dans l'enceinte secondaire, à la limite et en dehors de la couche
42 ou 43, de redevenir supérieure au point de sublimation du dioxyde de carbone. En
outre, la couche 42, 43 obture les fissures éventuelles de la barrière secondaire
6 et de la chaleur a été produite lors de la condensation du dioxyde de carbone.
[0034] Ainsi, la double coque 4 a-t-elle été protégée des très basses températures qui auraient
rendu fragile l'acier la constituant.
[0035] Il est, en outre, bon de pouvoir détecter l'apparition ou l'existence d'une fissure
44, 46. Un premier moyen de détection est constitué par le manomètre 25. Au moment
où se forme la couche solide 42, 43, un vide relatif tend à s'établir à l'intérieur
de l'enceinte secondaire 8, vide précisément détecté par la surveillance des indications
du manomètre 25.
[0036] Dans le cas de la configuration de la figure 3, et peut-être même dans celle de la
figure 2, il est nécessaire de. rétablir la pressurisation de l'enceinte secondaire
8, momentanément annulée par la solidification d'une partie du dioxyde de carbone.
Le rétablissement de la pressurisation peut être réalisé de deux manières. Bien entendu,
il est possible d'introduire à l'intérieur de l'enceinte secondaire 8 une nouvelle
quantité de dioxyde de carbone (source 22). Mais, il peut arriver que cette source
soit épuisée (bouteilles de dioxyde de carbone vidées, par exemple) et qu'en outre,
la présence d'un complément de dioxyde de carbone ne soit pas indispensable pour boucher
les fissures. Dans ce cas, il est possible de rétablir la pressurisation par injection,
dans l'enceinte secondaire 8, d'un autre gaz comprimé tel que l'azote comprimé de
la source 36.
[0037] Cette nouvelle pressurisation peut, en outre, être réalisée automatiquement par le
distributeur 34. En effet, si un vide partiel s'établit dans l'enceinte secondaire
8, le vérin 41 ne maintient plus ce distributeur dans sa deuxième position, le ressort
40 plaçant alors le distributeur dans sa première position.
[0038] A noter que l'observation du débitmètre 35 permet de détecter la valeur du débit
éventuel de gaz vers l'enceinte secondaire 8, et, par suite, de détecter l'existence
de fissures 44, 46.
[0039] Au moment du réchauffage de l'enceinte principale 9, pour réparations et visites
périodiques, il convient naturellement de veiller à ce que le passage inverse de l'état
solide à l'état gazeux du dioxyde de carbone ne provoque par des surpressions dangereuses
pour les barrières primaire 5 et secondaire 6. Les clapets de décharge tarés 28 et
30 permettent d'éviter de telles surpressions.
[0040] Ainsi, avec les nouvelles dispositions préconisées, on constate :
- la détection aisée des avaries de la barrière primaire 5 ;
- le renforcement de l'isolation thermique et de l'imperméabilité des barrières primaire
5 et secondaire 6 ;
- une auto-cicatrication d'une barrière secondaire 6 endommagée, ou simplement imparfaite.
[0041] Il est important de mentionner la caractéristique remarquable suivante : les goussets
et éléments de fixation des barrière primaire 5 et secondaire 6 constituent, d'une
part, les zones faibles desdites barrières, d'autre part, des ponts thermiques. En
raison de cette dernière caractéristique, un dépôt de givre de dioxyde de carbone
solide se dépose sur ces éléments dès le temps du service normal du réservoir. Ce
givre assure donc déjà, d'une part, un complément d'isolation thermique au niveau
des goussets et analogues, d'autre part, un complément d'étanchéité autour de ces
éléments de fixation, et donc, dans les zones les plus faibles des barrières primaire
et secondaire, ceci, dès le temps du service normal. En cas d'avarie, le remède réparateur
est déjà en place, au moins partiellement.
[0042] Il est également bon de remarquer les points suivants :
- certaines dispositions antérieures ont tenté d'utiliser le dioxyde de carbone pour
compléter l'isolation thermique d'une barrière thermique unique comprise entre seulement
deux parois ; il a été constaté que cette manière de procéder était tout à fait non
satisfaisante du fait des énormes quantités de gaz carbonique rendues nécessaires,
qui d'ailleurs se sublime presque instantanément, si bien qu'il ne subsiste pratiquement
pas de. gaz carbonique à l'état gazeux. Selon cet enseignement antérieur, il y avait
donc une indication conduisant à la non- adoption d'un procédé utilisant le dioxyde
de carbone. La première. nouveauté de l'invention a été de vaincre ce préjugé défavorable,
et de penser à adopter le procédé au cas des barrières thermiques doubles (enceintes
7 et 8). Il a effectivement été vérifié que, dans l'enceinte secondaire 8, la température
est, en permanence, suffisamment élevée pour qu'une partie du dioxyde de carbone contenu
dans cette enceinte 8 reste à l'état gazeux, disponible précisément pour être sublimé
au contact de la'face 32, seulement en cas de besoin ;
- le fait que dans l'enceinte 8, le dioxyde de carbone soit en grande partie à l'état
gazeux est intéressant, car la conductibilité thermique de ce gaz est faible, et inférieure
à celle de l'azote. Ainsi, se trouve renforcée l'isolation thermique recherchée ;
- un autre point important réside dans le fait qu'en se sublimant, le dioxyde de carbone
libère une certaine quantité de chaleur, qui réchauffe le contenu de l'enceinte 8,
et, par ce moyen, également, la paroi principale 4, évitant donc un éventuel refroidissement
excessif de celle-ci, sans qu'il soit, par ailleurs, nécessaire de prévoir un autre
moyen de réchauffage ;
- enfin, à titre indicatif, il est noté que le dioxyde de carbone sous forme gazeuse
peut être obtenu à partir des gaz d'échappement d'appareils moteurs, notamment de
navire, ce qui rend économique le procédé utilisant le dioxyde de carbone.
[0043] L'invention n'est pas limitée aux réalisations décrites, mais en couvre au contraire
toutes les variantes qui pourraient leur être apportées sans sortir de leur cadre,
ni de leur esprit..
1. Réservoir de gaz 1 i q u é f i é, notamment de méthane liquéfié, constitué au moins
par :
- une paroi principale (4) étanche et résistante, qui délimite l'enceinte externe
du réservoir,
- une paroi interne étanche, dite barrière primaire (5), qui est disposée à l'intérieur
de l'enceinte externe et à une distance (D5/4) non nulle de la paroi principale (4),
et qui délimite l'enceinte principale (9) du réservoir,
- une paroi intermédiaire étanche, dite barrière secondaire (6), qui est disposée
dans l'espace compris entre lesdites paroi principale (4) et barrière primaire (5),
à une distance non nulle (D6/4 et D6/5) de chacune d'elles, et qui délimite, d'une
part, entre la barrière primaire et elle-même, une enceinte primaire (7), d'autre
part, entre la paroi principale et elle-même, une enceinte secondaire (8), et,
- un fluide d'étanchéité (22), qui est contenu à l'intérieur de l'enceinte secondaire
et dont le point (température) de congélation est, d'une part, inférieur à la température
régnant en service dans l'enceinte secondaire, d'autre part, supérieur à la température
du gaz liquéfié contenu dans l'enceinte principale,
caractérisé en ce que ce fluide d'étanchéité comprend au moins un corps (22) qui,
sous une pression déterminée au moins égale à celle du gaz 1 i q u é f i é contenu
dans l'enceinte principale, a un point (température) de SUBLIMATION, d'une part, inférieur
à la température régnant en service dans l'enceinte secondaire, d'autre part, supérieur
à la température du gaz 1 i q u é f i contenu dans l'enceinte principale, cependant
que la pression .régnant dans l'enceinte secondaire (8) est, en outre, effectivement
maintenue égale à ladite pression déterminée, l'enceinte secondaire (8) étant par
ailleurs raccordée à une alimentation sélective (22, 21 et/ou 36, 34) en un gaz sous
pression.
2. Réservoir selon la revendication 1, caractérisé en ce que ladite alimentation sélective
en un gaz sous pression comprend un distributeur (34) de gaz sous pression à au moins
deux positions, dans la première desquelles la communication est établie entre une
source de gaz sous pression (36) et l'enceinte secondaire (8), et dans la deuxième
desquelles ladite communication est coupée, ce distributeur étant muni; d'une part,
d'un organe élastique de rappel (40) tendant à le placer dans sa première position,
d'autre part, d'un vérin de réglage de sa position (41) d'effet antagoniste dudit
organe élastique de rappel (40) et relié (33) à l'enceinte secondaire (8).
3. Réservoir selon l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisé en ce qu'un
débitmètre (35) est disposé sur la liaison (33) reliant l'enceinte secondaire (8)
à l'alimentation sélective (36, 34) en un gaz sous pression.
4. Réservoir selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
l'enceinte secondaire (8) est munie d'un clapet de décharge taré (30).
5. Réservoir selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que,
de manière connue en soi, il est destiné à contenir du méthane liquéfié (9), sous
pression atmosphérique, ledit corps (22) étant du dioxyde de carbone (C02), dont la température de sublimation à ladite pression déterminée est de l'ordre
de -80° C.
6. Réservoir selon l'une quelconque des revendications 1 et 5, caractérisé en ce que,
de manière connue en soi, chacune des enceintes primaire (7) et secondaire (8) est
emplie d'un matériau thermiquement isolant.
7. Réservoir selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce qu'il
est muni d'un manomètre (25) de surveillance de la pression dans l'enceinte secondaire
(8), qui est relié (26) à cette enceinte secondaire.