[0001] L'invention concerne une grenade d'intervention de type cylindrique, utilisable notamment
soit comme grenade lacrymogène soit comme grenade fumigène, selon la composition pyrotechnique
active mise en place, et cette grenade comprend au moins un bloc à canal central de
composition pyrotechnique active, pouvant être mis à feu au moyen d'une composition
d'allumage interne à la grenade, et étant logé dans un boîtier extérieur ouvrable
sous la poussée des gaz de combustion, cette grenade pouvant être munie d'un bouchon
allumeur axial rapporté sur l'extrémité arrière.
[0002] Les bouchons allumeurs qui équipent les grenades d'intervention comportent un retard
pyrotechnique, de l'ordre par exemple de deux à trois secondes, avant que l'inflammateur
de ces bouchons ne soit mis à feu et produise un flux thermique dirigé dans la grenade.
Le fonctionnement efficace de la grenade nécessite alors de placer tous les blocs
de composition pyrotechnique active, dits blocs actifs, en régime de combustion stable,
et de rompre le bottier extérieur de manière à éjecter ces blocs actifs qui sont placés
à l'intérieur de boîtes cylindriques métalliques comportant des ouvertures de diffusion
des gaz et des fumées de combustion.
[0003] La mise en combustion stable des blocs actifs s'effectue au moyen d'une composition
d'allumage, et actuellement deux techniques différentes sont utilisées. Selon la première
technique, la composition d'allumage recouvre la totalité de la surface initiale de
combustion des blocs actifs, ce qui entraine des difficultés de réalisation puisqu'il
est nécessaire d'enduire à la fois la surface du canal du bloc et la ou les sections
libres de ce bloc, et ce qui conduit à des dépots de composition d'allumage qui présentent
des épaisseurs variables en fonction de la viscosité initiale de cette composition.
De plus, lorsqu' une éjection est nécessaire, une charge relai généralement constituée
par une ou plusieurs pastilles de poudre noire, est alors interposée entre les boites
métalliques et l'une des extrémités du boîtier extérieur. Selon la deuxième technique,
qui est décrite notamment dans le brevet français 2 456 934, la composition d'allumage
forme une saillie dans le canal central des blocs de composition et obstrue au moins
partiellement ce canal dans lequel s'écoule le flux thermique issu du bouchon allumeur.
Cette seconde technique permet d'éviter l'utilisation d'une charge relai interne tout
en améliorant la mise en combustion stable des blocs actifs, mais d'une part la masse
de composition d'allumage nécessaire est sensiblement égale à la somme des masses
de la composition d'allumage et de la charge relai, et d'autre part cette masse de
composition n'est pas rigoureusement constante et dépend du pouvoir d'absorption du
support qui constitue la saillie dans le canal central.
[0004] La présente invention a pour but, d'une part de réduire la masse de la composition
d'allumage tout-en évitant d'avoir recours à une charge relai, et d'autre part d'avoir
une masse constante de composition d'allumage dans chaque grenade fabriquée en grande
série, et se caractérise en ce que, d'une part le canal central du bloc est muni d'un
tube intérieur destructible dans les conditions thermodynamiques de la combustion
du bloc, l'enduction d'allumage étant limitée à la section libre de ce bloc, et en
ce que d'autre part le boîtier extérieur présente une résistance à l'ouverture qui
est supérieure à 2 bars.
[0005] Préférentiellement le tube intérieur est réalisé en un matériau combustible et présente
une épaisseur inférieure à 2 millimètres, mais un tel tube peut également être constitué
par une mince feuille métallique, en aluminium ou en étain par exemple, et ce matériau
combustible est avantageusement un matériau rigide dérivé de la cellulose, tel que
le celluloid ou l'acétate de cellulose. Selon une mise en oeuvre particulière, l'enduction
d'allumage adhère, au bloc de composition pyrotechnique active, au tube intérieur,
et à la surface latérale interne du conteneur dans lequel est placé le bloc, et le
tube intérieur peut lui même être solidarisé au fond du conteneur pour former un ensemble
résistant. Cependant, dans le cas où la grenade peut être soumise à des sollicitations
brutales telles que des chocs ou de fortes vibrations, cette mise en oeuvre particulière
peut alors être complétée par une entretoise qui est placée entre l'enduction d'allumage
et le couvercle du conteneur, une entretoise tubulaire étant particulièrement adaptée.
[0006] Préférentiellement le boîtier extérieur de la grenade est un tube monobloc dont chaque
extrémité est obturée par une fermeture, au moins l'une de ces fermetures pouvant
être éjectée lorsque la pression d'allumage comprise entre 2 et 12 bars est atteinte,
et la résistance à l'ouverture du boitier extérieur peut même être portée à 20 bars
lorsque les fermetures présentent la même résistance à l'éjection, de façon à ce que
les deux fermetures soient éjectées quasi-simultanément pour ne pas trop augmenter
la dispersion des conteneurs placés dans ce boitier. Avantageusement chaque conteneur
est une boite métallique qui contient deux blocs de composition active empilés l'un
sur l'autre, seul le bloc terminal étant recouvert par une enduction d'allumage.
[0007] La mise en oeuvre de la présente invention permet notamment d'avoir une masse de
l'enduction d'allumage qui est inférieure à 10 %, et même inférieure à 7 %, de la
masse de la composition pyrotechnique active.
[0008] Les avantages obtenus grâce à cette invention résultent essentiellement, d'une part
de la limitation de la masse de la composition d'allumage, et d'autre part de la constance
de la masse de cette composition dans chaque grenade ; en effet, les compositions
pyrotechniques actives utilisées dans les grenades lacrymogènes ne sont pas des compositions
sensibles aux chocs ou à la chaleur, et les conditions de sécurité imposées par les
différentes législations pour fabriquer, pour transporter ou pour stocker ces grenades
ne sont dues qu'à la présence des compositions sensibles utilisées pour l'allumage
et éventuellement pour les charges relais. Ces conditions de sécurité nécessaires
étant d'autant plus contraignantes et plus onéreuses que la quantité des compositions
sensibles est importante, il est donc particulièrement avantageux de réduire la masse
de composition d'allumage utilisée dans chaque grenade, surtout lorsque cette réduction
permet également, d'une part de simplifier le procédé de préparation des blocs revêtus
de leur composition d'allumage, tout en améliorant la résistance au vieillissement
de ces grenades, et d'autre part d'augmenter la dispersion des boites métalliques
placées dans le boîtier extérieur, du fait de l'ouverture de ce boîtier à une pression
plus élevée, tout en améliorant la régularité et la reproductibilité de cette dispersion,
du fait de la constance de la masse de la composition d'allumage dans chaque grenade.
[0009] Dans ce qui suit, l'invention est exposée plus en détail à l'aide d'un dessin représentant
un mode particulier d'exécution.
[0010] La figure unique représente sensiblement à l'échelle 1 une grenade lacrymogène dont
le boîtier extérieur (1) est constitué par un tube monobloc (la) en carton sur lequel
sont sertis le fond avant (2) et le fond arrière (3) réalisés en fer blanc. Le fond
arrière est constitué essentiellement par le porte-bouchon allumeur (4) et par la
couronne emboutie (5) dont le bord extérieur est rabattu pour former un sertissage
enserrant l'extrémité du tube monobloc, la profondeur de pénétration de ce sertissage
dans le carton étant déterminée pour que l'arrachement de ce fond arrière se produise
pour une pression moyenne de 6 bars. Le fond avant (2) est constitué par un disque
embouti dont le bord extérieur est rabattu pour former un sertissage qui enserre l'autre
extrémité du tube monobloc, et la profondeur de pénétration de ce sertissage dans
le carton est déterminée pour que l'arrachement de ce fond avant se produise pour
une pression moyenne de 3,5 bars, ce qui permet un dépotage normal par l'avant de
la grenade, le dépotage par l'arrière n'intervenant qu'exceptionnellement Deux boites
cylindriques métalliques (6, 7) identiques sont disposées, et calées au moyen de la
rondelle (8) à l'intérieur du boîtier extérieur, et les fonds (9 et 10) de ces boites
comportent une ouverture axiale dont le diamètre est légèrement inférieur au diamètre
du filetage du porte-bouchon allumeur (4), tandis que les couvercles (11, 12) de ces
boites comportent une ouverture axiale dont le diamètre est supérieur au diamètre
de l'ouverture des fonds, et correspond sensiblement au diamètre des tubes intérieurs
(13, 14) en acétate de cellulose qui sont collés sur les fonds (9, 10).
[0011] Chacune de ces boites cylindriques (6, 7) comprend deux blocs (15, 16) de composition
lacrymogène comportant un canal central dont le diamètre est supérieur au diamètre
des ouvertures axiales des boites, et l'enduction d'allumage (17) qui est coulée sur
le bloc terminal (16) adhère à ce bloc, au tube intérieur (13) et à la surface latérale
interne de la boite (7). Cette enduction d'allumage est réalisée à partir d'une suspension
de 12 % de silicium et de 88 % de minium dans un collodion constitué d'une partie
de poudre à double base (nitrocellulose et nitroglycérine) pour dix parties en poids
d'acétone, et après évaporation du solvant, l'enduction d'allumage forme une couche
dure sur laquelle peut prendre appui l'entretoise tubulaire (18) en carton qui est
interposée entre cette enduction et le couvercle (11) de la boite (7). Une telle enduction
d'allumage présente une excellente adhérence sur une composition lacrymogène qui est
à base d'un perchlorate à caractère alcalin, d'un liant organique et d'additifs minéraux,
et dont le composé actif est l'orthochloro- benzaldéhydemalononitrile (C.S.). Les
essais réalisés ont permis de déterminer qu'il suffisait d'une enduction d'allumage
(17) correspondant à une masse de 5 grammes pour obtenir la combustion stable à pression
ambiante des deux blocs de composition active (15) et (16) d'un poids total de 75
grammes dont la composition en poids est la suivante :

[0012] Toutefois il a été découvert qu'une telle limitation de la masse de l'enduction d'allumage
n'est possible qu'à la condition que le boîtier extérieur reste fermé suffisamment
longtemps pour que le flux thermique généré par l'enduction d'allumage assure une
mise à feu complète des surfaces enduites des blocs actifs, et il a été constaté que
les boîtiers extérieurs précédemment utilisés ne convenaient pas, car leur résistance
à l'ouverture était trop faible et leur ouverture se produisait trop rapidement. Les
différents essais réalisés ont permis de vérifier au moins qualitativement l'intérêt
de la combinaison de la nouvelle configuration d'allumage et de boîtiers extérieurs
présentant une résistance à l'ouverture qui est moins égale à 2 bars, et même préférentiellement
comprise entre 2,5 bars et 8 bars, et il a été constaté qu'il est toujours possible
de réduire la quantité de la composition d'allumage, quels que soient les types de
compositions actives utilisées, aussi bien dans le domaine des compositions lacrymogènes
que dans le domaine des compositions fumigènes.
1 - Grenade d'intervention de type cylindrique, notamment grenade lacrymogène, qui
comprend au moins un bloc à canal central de composition pyrotechnique active, pouvant
être mis à feu au moyen d'une composition d'allumage interne à la grenade, et étant
logé dans un boîtier extérieur ouvrable sous la poussée des gaz de combustion, et
qui peut être munie d'un bouchon allumeur axial rapporté sur l'extrémité arrière de
cette grenade, caractérisée en ce que d'une part le canal central du bloc (16) est
muni d'un tube intérieur (13) destructible dans les conditions thermodynamiques de
la combustion du bloc, une enduction d'allumage (17) limitée à la section libre dudit
bloc adhérant, au bloc (16), au tube inférieur (13), et à la surface latérale interne
du conteneur (7) dans lequel est placé ce bloc, et en ce que d'autre part le bottier
extérieur (1) présente une résistance à l'ouverture qui est supérieure à 2 bars.
2 - Grenade selon la revendication 1, caractérisée en ce que le tube intérieur (13)
est réalisé en un matériau combustible et présente une épaisseur inférieure â,2 2
millimètres.
3 - Grenade selon la revendication 2, caractérisée en ce que le matériau combustible
est un matériau rigide dérivé de la cellulose.
4 - Grenade selon d'une des revendications 1 à 3, caractérisée en ce que le tube intérieur
(13) est solidarisé au fond (9) du conteneur.
5 - Grenade selon la revendication 1, caractérisée en ce qu' une entretoise (18) est
placée entre l'enduction d'allumage (17) et le couvercle (11) du conteneur (7).
6 - Grenade selon l'une des revendications 5 ou 6, caractérisée en ce que chaque conteneur
est une boite métallique (6, 7) qui contient deux blocs (15, l6) de composition active
empilés l'un sur l'autre, seul le bloc terminal (15) étant recouvert par une enduction
d'allumage (17).
7 - Grenade selon l'une des revendications 1, 4, 5 ou 6, caractérisée en ce que la
masse de l'enduction d'allumage (17) est inférieure à 10 % de la masse de la composition
pyrotechnique active.
8 - Grenade selon la revendication 1, caractérisée en ce que le boîtier extérieur
(1) est un tube monobloc dont chaque extrémité est obturée par une fermeture (2, 3),
au moins l'une de ces fermetures pouvant être éjectée lorsque la pression d'allumage
est atteinte.
9 - Grenade selon l'une des revendications 1 ou 8, caractérisée en ce que le boitier
extérieur (1) présente une résistance à l'ouverture qui est inférieure à 12 bars.
10 - Grenade selon la revendication 8, caractérisée en ce que les fermetures (2) et
(3) présentent la même résistance à l'éjection, de façon à ce que ces deux fermetures
soient éjectées quasi-simultanément.