[0001] L'invention concerne un dispositif semiconducteur capable d'émettre des électrons
dans le vide par une de ses surfaces.
[0002] L'invention a trait aux dispositifs électroniques ou optoélectroniques, tels que
les photocathodes utilisées dans les tubes- image et les photomultiplicateurs, qui
assurent une conversion entre les photons et les électrons, ou les dynodes utilisées
dans les photomultiplicateurs, qui fonctionnent par émission électronique secondaire.
[0003] Ces différents dispositifs émetteurs d'électrons, généralement dans le vide, sont
connus de l'art antérieur, tant dans leur structure que leur procédé de fabrication,
et l'on citera pour exemple le brevet des Etats-Unis d'Amérique, de numéro 3.959.038,
délivré le 25 Mai 1976 et décrivant des photocathodes en GaAs, fonctionnant en transmission.
[0004] Ces dispositifs comprennent très généralement une couche active, affleurant la surface
émettrice, qui est le siège de trois phénomènes physiques distincts : le premier est
l'excitation d'un électron, par exemple sous l'effet du rayonnement dans le cas des
photocathodes, le second est la diffusion de cet électron au sein de la couche active,
et le troisième est son émission dans le vide. Ces trois phénomènes physiques distincts
obéissent à des lois différentes et sont favorisés par des caractéristiques différentes
du matériau semiconducteur formant ladite couche active.
[0005] L'invention a pour but d'obtenir des dispositifs semiconducteurs dont l'efficacité
est améliorée, c'est-à-dire dont l'excitation, la diffusion et l'émission électronique
sont simultanément améliorées.
[0006] L'invention s'appuie sur le fait que ces fonctions sont séparables.
[0007] Le dispositif semiconducteur selon la présente invention est remarquable en ce qu'il
comporte une couche semiconductrice dite active, affleurant la surface émettrice,
dont le dopage croît lorsque la distance à ladite surface émettrice diminue.
[0008] Ainsi, la couche active de ce dispositif présente des caractéristiques qui varient
en fonction de la distance à la surface émettrice, de telle manière qu'en profondeur,
la longueur de diffusion est élevée en raison d'un faible dopage, ce qui permet d'améliorer
la diffusion des électrons excités, et qu'en surface, la probabilité d'émission est
élevée en raison d'un fort dopage.
[0009] Selon une réalisation pratique de l'invention, la couche active semiconductrice se
compose d'au moins deux zones de dopages différents, la zone proche de la surface
émettrice étant relativement plus dopée.
[0010] Dans ce cas, le dopage varie "en escalier" au lieu de varier continûment, mais la
séparation des fonctions diffusion et émission est également assurée.
[0011] Enfin, selon une réalisation particulière de l'invention, la couche active est en
un composé III-V, par exemple de l'arséniure de gallium, de type de conductivité p,
d'une épaisseur inférieure à 10 microns, et présente un dopage qui varie radialement
entre 10
18 et
1019 atomes/
cm
3 de façon continue ou discontinue.
[0012] La description qui va suivre, en regard des dessins annexés, donnés à titre non limitatif,
permettra de mieux comprendre comment l'invention s'exécute et d'en apprécier sa portée.
[0013] Les dispositifs émetteurs d'électrons ressortissent généralement à deux types, selon
leur mode de fonctionnement en transmission ou en réflexion. L'invention a vocation
à s'appliquer aux dispositifs des deux types, mais par simplicité la description suivante
fera plutôt référence à des dispositifs du premier type, sans que l'on puisse en tirer
une quelconque limitation.
[0014] Ainsi, la figure 1 représente une photocathode à structure inversée, fonctionnant
en transmission, capable d'émettre des électrons par suite de l'absorption de rayonnements
lumineux. Ce transducteur photon-électron appartient bien aux dispositifs visés par
la présente invention, et servira de base à sa description.
[0015] Une telle photocathode est constituée par le scellement sur un substrat de verre
1 (ou de corindon) d'une structure semiconductrice complexe, au moyen d'une couche
de scellement 2, par exemple en un verre de type court tel que celui décrit dans la
demande de brevet français, de numéro 75 03 429, déposée le 4 Février 1975, au nom
de la Demanderesse. La structure semiconductrice se compose d'une couche semiconductrice
3, dite "couche active", généralement en arséniure de gallium, de type de conductivité
p, et d'une couche supplémentaire 4, dite "couche de passivation", disposée entre
le verre et la couche active et dont la fonction consiste à diminuer la vitesse de
recombinaison à l'interface. Dans le cas d'une couche active 3 en GaAs (p), elle se
compose d'arséniure de gallium et d'aluminium, Ga
1-y Aly As, également de type de conductivité p. Cette couche 4 permet également de définir
la limite inférieure en longueur d'onde de la bande spectrale passante du rayonnement
; par exemple, pour y = 0,50, elle autorise le passage du rayonnement dont la longueur
d'onde est supérieure à 0,60 um.
[0016] Enfin, la couche semiconductrice active 3 présente sur sa face extérieure, destinée
à être soumise au vide, un état d'affinité électronique apparente négative, obtenu
par exemple, par un traitement de surface classique, bien connu de l'art antérieur,
de couverture par du césium et de l'oxygène.
[0017] Un tel matériau composite verre-semiconducteur ne s'obtient pas immédiatement par
simple collage, mais nécessite initialement la croissance d'une double hétéro-structure
sur un substrat, puis la suppression ultérieure par décapage chimique de la première
hétérostruc- ture.
[0018] Selon un procédé maintenant classique, la réalisation de cette structure nécessite
donc la croissance épitaxiale, sur un substrat 5 en GaAs, représenté en pointillés
à la figure 1 car destiné à disparaître, d'une première couche 6 de Ga
1-x Al
x A ,pour laquelle x égale typiquement 0,5, couche dite d'"arrêt chimique" (ou de bloquage,
car elle permet d'arrêter le procédé de décapage du substrat, qui se poursuivrait
sans cela dans la couche active 3), une deuxième couche de GaAs dite "couche active"
3, de type de conductivité p, obtenue par exemple par dopage au zinc (Zn) ou au germanium
(Ge), et enfin une troisième couche 4 de Ga
1-y Al
y As, pour laquelle y varie entre 0,25 et 1, selon les caractéristiques souhaitées,
couche dite de passivation, et dont les fonctions ont été précisées antérieurement.
[0019] La croissance de ces couches peut s'effectuer par épitaxie en phase liquide ou en
phase vapeur, par exemple selon la méthode aux organo-métalliques. Cette structure
est ensuite collée sur un substrat 1 de verre (ou de corindon), qui joue un rôle de
support mécanique et de fenêtre optique, ce scellement pouvant s'effectuer au moyen
d'une couche de verre 2, la couche 4 dite de passivation étant la plus proche du substrat
de verre 1, ce qui explique notamment la mention de photocathode "à structure inversée".
[0020] Après scellement, le substrat 5 et la couche d'arrêt chimique 6 sont enlevés par
décapage chimique ; un exemple de bain utilisé pour l'attaque chimique du substrat
1 de GaAs est une solution de NH
4 OH (- 40 °o) à 5 % en volume dans H
20
2 (- 30 %), bain qui présente l'avantage d'une vitesse d'attaque relativement importante
et une excellente sélectivité vis-à-vis de la couche d'arrêt 6. Cette dernière couche
6 est ensuite enlevée, par exemple par un bain d'acide fluorhydrique (HF) dilué commercial
(40 % V), bain qui n'attaque pratiquement pas le GaAs.
[0021] Enfin, après toutes ces opérations, la couche active 3 est mise si nécessaire à épaisseur
optimale, par exemple par un léger décapage chimique, puis activée, dans un bâti à
ultra-vide, afin d'obtenir une photocathode, si telle est sa destination.
[0022] Le fonctionnement de ces photocathodes est maintenant bien connu du physicien. L'absorption
d'un photon dans le matériau semiconducteur provoque l'excitation d'un électron qui
passe ainsi de la bande de valence à la bande de conduction, et qui va diffuser au
sein du matériau, après thermalisation, pendant le temps durant lequel il demeure
mobile (durée de vie
T), sur une distance moyenne_L
D (longueur de diffusion). Les atomes d'impuretés introduisent des niveaux d'énergie
supplémentaires dans la bande interdite du matériau, dont l'emplacement et la densité
modifient la durée de vie des porteurs de charge (pièges) et donc sa longueur de diffusion.
D'une façon générale, cette longueur de diffusion est une fonction décroissante dû
dopage, ce qui implique que pour accroître cette longueur, il convient de ne doper
que faiblement le matériau.
[0023] Et, lorsque l'électron ainsi excité atteint l'interface GaAs/vide, il peut être émis
dans le vide, à condition que le matériau soit placé en état d'affinité apparente
négative. La probabilité d'émission électronique dépend de plusieurs facteurs, dont
l'orientation cristalline, le dopage, etc... et en particulier, elle est d'autant
plus grande que le niveau de dopage est élevé.
[0024] Ces deux critères sont donc parfaitement opposés, et la solution traditionnelle a
été jusqu'à présent de réaliser un compromis dans la valeur du dopage. Les matériaux
réalisés à ce jour sont considérés comme convenables, si la longueur de diffusion
atteint 4 µm, pour un 19 3 dopage de 1.10 atomes/cm.
[0025] L'invention vise à améliorer la longueur de diffusion apparente en proposant une
nouvelle structure de la couche active.
[0026] Conformément à la présente invention, la couche active 3 présente un dopage qui croît
lorsque la distance à la surface émettrice diminue.
[0027] De cette manière, un électron excité par suite de l'absorption de rayonnement diffusera
sur une longueur plus grande au sein du matériau par suite d'un dopage plus faible
en profondeur, alors que sa probabilité d'émission dans le vide sera relativement
élevée, du fait que le dopage au voisinage de la surface émettrice sera plus fort.
[0028] Selon un exemple de réalisation, effectuée par la Demanderesse, la couche active
d'un photoémetteur est obtenue sous la forme de deux zones de dopages différents,
dans de l'arséniure de gallium de type de conductivité p, dopé par un matériau à faible
coefficient de diffusion tel que le germanium (Ge).
[0029] Zone 1


at/cm
3
Zone II


at/cm
3
[0030] Une telle structure, d'une épaisseur totale de cinq microns, présente une longueur
de diffusion apparente pour son fonctionnement en photoémetteur :
LD,app ≃7 µm
[0031] La réalisation d'une variation continue du dopage peut s'obtenir soit par un dosage
variable d'impuretés en cours de croissance, par exemple dans le réacteur d'épitaxie
en phase vapeur, soit par diffusion grâce au choix d'une impureté dopante à plus grand
coefficient de diffusion, tel que le zinc (Zn).
[0032] Cette structure peut également être obtenue avec tout autre matériau semiconducteur,
tel que des composés III-V ou II-VI binaires ou pseudo-binaires..., les valeurs des
compositions, des dopages et des épaisseurs de couches étant alors adaptées à chaque
cas et aisément calculables par le praticien, sans qu'il soit fait pour cela oeuvre
d'esprit.
[0033] Il est bien entendu également que l'invention ne se limite pas aux photocathodes,
mais trouve également son application pour la réalisation de dynodes, d'une manière
générale dans tout dispositif semiconducteur émetteur d'électrons.
[0034] La figure 2 est un réseau de courbes théoriques, donnant un exemple de la variation
de la sensibilité (en abscisses, en µ A/lumen) en lumière blanche (2854°K), des photocathodes
à structure inversée, conformes à la présente invention, en fonction de l'épaisseur
de la couche active 3 de GaAs (en ordonnées, en micron), pour différentes valeurs
de la longueur de diffusion électronique apparente (paramètre, en micron), et pour
lesquelles-P représente la probabilité d'émission des photoélectrons, et S la vitesse
de recombinaison des photoélectrons à l'interface GaAs/GaAlAs.
[0035] Il est intéressant de souligner que le maximum de sensibilité croît avec la longueur
de diffusion conformément à l'expérience, ce qui montre le parfait accord entre l'expérience
et la théorie, mais également que l'épaisseur optimale de la couche active 3 de GaAs
augmente,ce qui facilite sa réalisation et que les courbes s'aplatissent, ce qui rend
moins critique le choix de cette épaisseur, effet secondaire non négligeable vis-à-vis
de l'élaboration de ces structures.
[0036] Il est bien évident pour l'homme de l'art que de nombreuses variantes peuvent être
envisagées sans pour cela sortir du cadre de la présente invention tel que défini
par les revendications ci-après annexées.
1. Dispositif semiconducteur, capable d'émettre des électrons par une de ses surfaces,
caractérisé en ce qu'il comporte une couche semiconductrice dite active, affleurant
la surface émettrice, dont le dopage croit lorsque la distance à ladite surface émettrice
diminue.
2. Dispositif semiconducteur, selon la revendication 1, caractérisé en ce que la couche
active se compose d'au moins deux zones de dopages différents, la zone proche de la
surface émettrice étant relativement plus dopée.
3. Dispositif semiconducteur, selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que
le matériau semiconducteur est choisi parmi les composés III-V, II-VI, binaires ou
pseudo-binaires.
4 . Dispositif semiconducteur, selon la revendication 3, caractérisé en ce que le
matériau semiconducteur composant la couche active est en arséniure de gallium, de
type de conductivité p.
5. Dispositif semiconducteur, selon la revendication 4, caractérisé en ce que le dopage
de la couche active varie à partir de la surface émettrice entre 1019 et 10 accepteurs/cm3.
6. Photocathode selon l'une des revendications 1 à 5.
7. Dynode selon l'une des revendications 1 à 5.
8. Tube à image comportant au moins une photocathode, selon la revendication 7.
9. Photomultiplicateur comportant un dispositif semiconducteur émetteur d'électrons,
selon l'une des revendications 6 et 7.