[0001] La présente invention est relative à un procédé d'affinage du silicium primaire des
alliages aluminium-silicium hypereutectiques.
[0002] L'homme de l'art sait que l'on classe les alliages aluminium-silicium en trois groupes
suivant leur teneur en élément d'addition. Les alliages contenant environ 12,5 % en
poids de Si sont dits eutectiques ; ceux qui en renferment une quantité inférieure
ou supérieure à cette valeur sont qualifiés respectivement d'hypo ou d'hypereutectiques.
[0003] Dans le cas présent, ne sont considérés que les alliages hypereutectiques qui, lors
de leur élaboration, donnent successivement, en se refroidissant, une phase solide
contenant essentiellement des cristaux de silicium primaire puis l'eutectique aluminium-silicium.
[0004] De tels alliages trouvent leur application en particulier lors de la fabrication
par moulage de chemises de moteurs à combustion interne, car une telle structure de
cristaux de silicium primaire durs noyés dans une matrice eutectique plus tendre est
particulièrement apte à former une surface présentant des microporosités favorables
à la rétention des lubrifiants et au comportement au frottement. Mais, il faut cependant,
pour obtenir des résultats convenables, que ces cristaux aient des dimensions ne dépassant
pas 100 pm.
[0005] Or, cette exigence est difficile à respecter sur les pièces de fonderie surtout lorsqu'elles
sont de taille importante.
[0006] C'est pourquoi, on est amené, lors de l'élaboration de ces alliages, à ajouter des
éléments ou des composés dits "affinants" qui multiplient dans le métal liquide le
nombre de centresde germination et conduisent, au cours du refroidissement, à la formation
de cristaux de petites dimensions.
[0007] De nombreux agents d'affinage ont été décrits dans la littérature. Toutefois, on
ne peut les utiliser indifféremment car chacun d'entre eux a un effet spécifique.
[0008] Si certains ont une action sur les cristaux de silicium primaire, d'autres, au contraire,
n'agissent que sur les cristaux de silicium de l'eutectique. Il en est mêmeequi peuvent
provoquer un grossissement des cristaux de l'une des phases en même temps qu'ils affinent
les cristaux de l'autre.
[0009] S.T. CHIU, dans son article "The effect of various éléments on the modification of
Al-Si Alloys" paru dans la revue METALLKUNDE n° 57 de Mai 1966, a montré la spécificité
de ces éléments et, notamment, dans le tableau 4 à la page 399, il donne une liste
d'éléments avec leurs concentrations qui sont susceptibles d'affiner les cristaux
de silicium primaire. On y trouve le chrome, le molybdène, le manganèse, le tungstène,
le phosphore, le soufre, l'iode, le cuivre, l'argent, le zinc, l'étain, le plomb,
le nickel, le cadmium, le mercure.
[0010] On peut lire aussi dans cet article à la page 396, sur le tableau 2, que le magnésium
ajouté à un alliage hypereutectique contrairement à tous les éléments cités plus haut
a pour effet de grossir les cristaux de silicium primaire et d'affiner les critaux
eutectiques.
[0011] Or, la demanderesse, dans une étude approfondie de l'affinage des alliages hypereutectiques,
notamment par le phosphore, a constaté avec surprise qu'un ajout de magnésium à de
tels alliages déjà affinés, n'avait pas pour effet de réduire cet affinage, mais,
au contraire, de l'amplifier ; ce qui va à l'encontre de l'enseignement donné par
CHIU. De plus, elle a remarqué que l'action d'affinage complémentaire était fugace,
c'est-à-dire qu'elle disparaissait progressivement dans le temps et qu'il fallait
donc ajouter ce magnésium peu de temps avant la coulée pour bénéficier au maximum
de son effet.
[0012] Ainsi, la présente invention est-elle relative à un procédé d'affinage du silicium
primaire d'alliages aluminium-silicium hypereutectiques ayant subi un pré-affinage
par un produit à base de phosphore, caractérisé en ce que l'on ajoute à cet alliage
un produit à base de magnésium immédiatement avant de le couler. L'alliage étant préparé
de manière classique et affiné par ajout de 50 à 1000ppm de phosphore ou d'une quantité
correspondante de l'un de ses dérivés, on y ajoute donc du magnésium. Ce dernier peut
être à l'état élémentaire ou d'alliages-mères aluminium-magnésium et sous forme de
tournures, de poudre ou même de morceaux massifs de dimensions compatibles avec une
vitesse de dissolution suffisamment grande.
[0013] La quantité utilisée est telle qu'elle permet d'atteindre, dans l'alliage final,
une teneur en magnésium de 500 ppm mais, dans le cas de l'élaboration d'alliages contenant
du magnésium dans leur composition, on peut ajouter la quantité nécessaire pour atteindre
la teneur souhaitée. L'ajout s'effectue à un moment le plus voisin possible de celui
de la coulée et en tout cas, moins de 30 minutes avant la solidification, car, au-delà
de ce laps de temps, l'effet d'affinage s'estompe et devient pratiquement nul. De
préférence, l'ajout se fait moins de cinq minutes avant la coulée pour être dans les
conditions optima d'affinage.
[0014] On peut ainsi obtenir une réduction de moitié environ de la taille des cristaux de
silicium primaire par rapport à celle qui est obtenue en présence de phosphore seulement.
[0015] On peut également, pour une taille de cristaux souhaitée, réduire la quantité de
phosphore nécessaire à un tel affinage et la compenser par une quantité de magnésium.
Celà a pour avantage de réduire la consommation en ce métalloide et de diminuer les
quantités présentes dans les fours d'élaboration.
[0016] L'invention peut être illustrée au moyen des exemples suivants :
EXEMPLE 1
[0017] A partir d'un bain métallique d'AS17 ultra pur, contenant quelques dizaines de ppm
de phosphore, et à une température de 765°C, on a prélevé un échantillon que l'on
a solidifié en 13 secondes. Ce dernier présentait, à l'examen, des cristaux de silicium
primaire d'une taille moyenne voisine de 50pm.
[0018] On a alors ajouté au même bain 0,1 % de magnésium puis, deux minutes après l'introduction,
on a prél.evé, solidifié et examiné dans les mêmes conditions que précédemment, un
nouvel échantillon : la taille des cristaux était alors passée à 25 pm. Les mêmes
opérations ont été répétées une heure après l'introduction du magnésium et ont alors
conduit à l'observation de cristaux de 40 µm montrant ainsi la fugacité de l'effet
de cet élément d'affinage.
EXEMPLE 2
[0019] Un bain métallique d'AS17 a été partagé en trois volumes distincts auxquels on a
ajouté à chacun des quantités différentes de phosphore, comprises entre 10 et 50 ppm.
On a prélevé sur chacun d'eux un échantillon que l'on a solidifié en treize secondes
et dont on a examiné la structure : la taille des cristaux de silicium primaire observée
était 20 - 40 - 60 pm.
[0020] A chacun des volumes, on a ajouté 0,1 % Mg et, deux minutes après introduction de
cet élément, on a procédé aux mêmes opérations que celles pratiquées sur l'alliage
non traité par le magnésium. La taille des grains était resnectivement, pour chacun
des échantillons : 11 - 19 - 32 µm.
[0021] On constate ainsi que le magnésium a pour effet de diviser la taille des grains de
silicium primaire par un facteur 2 environ.
EXEMPLE 3
[0022] A partir d'un bain d'AS17U4G, à une température de 780°C auquel on a ajouté du cuprophosnhore
à 15 Z de phosphore, de manière à atteindre une teneur en phosphore de 700 ppm, on
a prélevé une certaine quantité de liquide pour le couler sous forme d'éprouvettes
de traction. Après solidification, la taille des cristaux de silicium
Drimaire observée sur ces éprouvettes dépassait 50 µm.
[0023] Au bain restant, on a ajouté 0,6 Z de magnésium et prélevé immédiatement, après introduction
et fusion de ce dernier, d'autres éprouvettes ; celles-ci présentaient, après solidification,
une taille de orains de 30 pm confirmant ainsi le rôle du magnésium comme élément
d'affinage.
[0024] La présente invention trouve son application dans l'affinage des alliages d'aluminium
hypereutecti
ques et présente un grand intérêt, notamment lorsque ces alliages sont destinés à la
fabrication de chemises de moteurs à combustion interne ou de tout autre pièce soumise
à des frottements.