[0001] Le secteur tectonique de la présente invention est celui des traitements de surface
des couches superficielles de pièces en acier en vue d'amé-
liorer leurs proprietes mécaniques. Plus particulièrement le secteur technique de la
présente invention concerne les traitements qui visent à accroître la résistance à
l'usure de pieces en acier de construction et acier à outils soumises à frottement.
[0002] Les principaux traitements de ce type actuellement pratiqués sur les aciers à outils
sont la nitruration, l'oxydation, la chromisation, le chromage dur et la boruration.
La sulfuration directe d'un substrat n'a jamais éte employée pour des traitements
de ce type car cet élément conduit à la fragilisation des aciers. Le soufre est utilisé
sous forme combinée au molyb-
dène ou au fer en vue d'application antifriction cemne lubrifiant solide et non pas
en résistance à l'usure.
[0003] Par les traitements de chromisation connus on obtient des revêtements ayant une bonne
résistance à l'usure. Ces revêtement se composent généralement ue couches à base de
carbures de chrome M
23 C
6 et M
7 C
3, M désignant un métal qui à part le chrome (Cr) peut être le fer (Fe) , le molybdène
(Mo) le vanadium (V) etc... Les couches obtenues ont une épaisseur limitée; par exemple
les cou- cnes obtenues par traitement de chromisation sur des aciers ayant une teneur
en carbone d'au moins 0,15% ont une épaisseur totale de carbures de l'ordre de 10
à 15 µm.
[0004] Or, la durée de vie d'un système, ainsi traité, et sollicité en frottement, dépend
de la cinétique d'usure de cette couche de carbures. Pour un rode de sollicitation
donné, cette durée de vie est liée, d'une part, à l'épaisseur totale de la couche
dure superficielle, d'autre part, à la morphologie de cristallisation des carbures
M
7C
3. Dans ces traitements de chromisation connus, M
7C
3 a une structure colonnaire néfaste à une bonne résistance à l'usure. Par ailleurs,
dans le cas de contact en frottement sec avec des antagonistes de moindre dureté,
ceux-ci subissent une usure très importante.
[0005] Le but de la présente invention est la réalisation d'un revêtement de surface de
pièces en acier qui améliore la resistance à l'usure de la pièce soumise à frottement
et permette d'augmenter la durée de vie des systèmes soli- cités en frottement tout
en limitant l'usure des antagonistes en contact par frottement avec lesdites pièces.
[0006] La présent invention a pour objet un procédé de traitement contre l'usure de surface
de pièces en acier à teneur en carbone d'au moins 0,15%, caractérisé en ce qu'on effectue
successivement sur cette surface un apport de soufre et une cnrcmisation en phase
vapeur.
[0007] Par apport préalable de soufre sur l'acier de base, on modifie les conditions d'échange
entre le chromé déposé au cours de la chromisation ultérieure et les éléments du substrat
et on permet ainsi au soufre de se combiner avec le chrome. On obtient en effet une
couche superficielle originale composée de sulfure de chrome. La surface ainsi traitée
présente une résistance à l'usure satisfaisante et offre en outre l'avantage de réduire
très largement l'usure de l'antagoniste en acier non revêtu. Au cours du frottement,
le soufre réagit par contact avec l'antagoniste et forme sur ce dernier des couches
de transfert riches en espèces soufrées favorisant sa moindre usure. Ce traitement
permet d'autre part d'augmenter l'épaisseur totale de la couche dure en surface. La
teneur en carbone supérieure ou égale à 0,15% est nécessaire pour la constitution
de sous-couches de carbures qui participent à la résistance à l'usure.
[0008] L'apport de soufre se fait préférentiellement par dépôt en surface de l'acier d'un
sulfure métallique, par exemple par dépôt d'un vernis à base de bisulfure de molybdène
ou par dépôt d'un sulfure d'alliage de fer-molybdène de formulation (Fe - Mo)
3S
4.
[0009] La sulfuration directe du substrat est en effet à éviter car le soufre conduit à
la fragilisation des aciers. D'autre pait, par réaction d'échange avec les éléments
métalliques, il est possible d'assurer le transport du chrome à partir d'un halogènure
de chrome en phase vapeur.
[0010] Avantageusement, on effectue préalablement au dépôt de sulfure de fer-molybdène,
un dépôt de fer-mlyndène.
[0011] Si le dépôt de sulfure de fer-molybdène est mis en oeuvre directement sur la pièce,
son adhérence dans le temps est assez faible. Par contre un dépôt préalable sans soufre
accroît notablement l'adhérence.
[0012] La chromisation est effectuée à 950°C pendant 15 heures et sans débit d'hydrogène.
[0013] En effet,l'hydrogène peut désulfurer le dépôt par formation de H
2S et ainsi empêcher la formation de sulfure de chrome en surface de substrat.
[0014] Les traitements thermiques usuels peuvent être pratiqués sur les aciers traités par
ce procédé. Cependant, la trempe à l'eau est déconseillée, car elle peut introduire
des fissurations dans le revêtement effectué selon l'invention.
[0015] L'invention a également pour-objet un revêtement de surface contre l'usure de pièces
en acier à teneur en carbone supérieure ou égale à 0,15%, caractérisé en ce qu'il
est constitué par une couche superficielle de sulfure de chrome et une couche sous-jacente
à la couche superficielle constituée de carbures de chrome M
23 C
6 et M
7 C
3. Dans la suite de la description, tous les pourcentages sont des pourcentages en
masse.
[0016] Le revêtement obtenu par le procédé selon l'invention est caractérisé en ce qu'il
est constitué par une couche superficielle de sulfure de chrome-molybdène, le molybdène
étant substitué dans le réseau hexagonal de sulfure de chrome à raison d'une teneur
en masse inférieure à 18% et une couche sous-jacente à la couche superficielle constituée
de carbures de chrome M
23 C
6 et M
7 C3.
[0017] La couche de carbure se compose de deux sous-couches constituées successivement par
du carbure de chrome M
23C
6 et du carbure de chrome M
7C
3.
[0018] La sous-couche de carbure de chrome M
7C
3 est recristallisée sur une partie de son épaisseur à partir du substrat.
[0019] On constate en effet une modification du mode de cristallisation des carbures M
7C
3. Le molybdène codiffuse avec le chrome dans les carbures M
7C
3 permettant ainsi de réduire la quantité de chrome dans cette phase et d'at- teindre
la teneur critique de 60% de chrome pour laquelle se produit la recristallisation
de M
7C
3. Celle-ci accroît la ténacité de la couche de carbure et par ce fait sa résistance
à l'usure.
[0020] D'autres avantages et caractéristiques de l'invention apparaîtront dans la description
d'un mode de réalisation de l'invention non limitatif qui va suivre.
[0021] L'acier retenu pour cette description est l'acier faiblement allié 35CD4, largement
utilisé dans les fabrications industrielles. Tout autre acier dont la teneur en carbone
serait d'au moins 0,15%, pourrait être employé.
[0022] Le traitement séquencé selon l'invention comprend deux parties, dont l'ordre doit
être respecté. La première partie de ce traitement consiste en un traitement permettant
d'effectuer un dépôt de sulfure de type sulfure de fer-molybdène ou sulfure de molybdène.
Le mode de traitement n'a d'importance que vis à vis de l'homogénéité en épaisseur
et en répartition du dépôt. On peut ainsi effectuer des dépôts du type vernis à base
de bisulfure de molybdène ou procéder à des dépôts par la technique "sprettering-magnétron"
de (Fe-Mo)
3S
4. Cette dernière technique permet une bonne maîtrise de l'épaisseur et de la répartition
du dépôt initial.
[0023] Un dépôt d'au moins 5 µm est nécessaire pour obtenir de bons résultats. Une épaisseur
de 8 à 15 µm est la mieux adaptée aux conditions de chromisation ultérieures.
[0024] Quand les pièces sont traitées sans dépôt préalaLle de fer-molybdène, on observe
des faiençages de dépôt, avant chranisation. Des traitements avec dépôt préalable
de fer-molybdène ont donc été effectués. Ils n'ont pas présentés de défaut d'adhérence.
[0025] Après dépôt de la couche de sulfure, on procède au traitement de chromisation selon
des paramètres moyens tels que :

[0026] Si l'on veut éviter la formation superficielle d'une couche de chrome exempte de
soufre, il est nécessaire dans ce cas de supprimer le débit d'hydrogène habituellement
assuré dans ces types de traitement.
[0027] Il est à noter que le type de cément et le mode statique ou dynamique de transport
ne conditionnent pas ici la nature du revêtement; ils n'en modulent que les épaisseurs
de couches relatives.
[0028] Deux couches principales d'égales épaisseurs, respectivement à base de sulfure et
de carbures de chrome, composent le revêtement obtenu après chromisation.
[0029] La couche externe de sulfure, formée de la phase (Cr, Mo) S qui cristallise dans
le système hexagonal, est assez hétérogène quant à sa répartition en molybdène et
soufre. Le fer y est en teneur quasiment nulle et Mo à raison d'au plus 18%.
[0030] La couche sous-jacente de carbures se répartit en deux sous-couches de carbures M
23C
6 et M
7C
3. Ce dernier carbure riche en molybdène, est partiellement recristallisé.
[0031] Au cours des échanges, le fer a donc été pompé du dépôt initial de fer-molybdène-soufre,
pour donner lieu à dépôt de chrome. Ce dernier élément, diffusant à travers l'ensemble
du dépôt initial, a migré jusqu'à l'interface du substrat pour y former avec le carbone
de l'acier, la séquence de carbures obtenue en chromisation classique, avec toutefois
quelques caractéristiques différentes. La sous-couche de carbure M
23C
6 est ici beaucoup plus importante; et le carbure M
7C
3 est partiellement recristallisé.
[0032] En surface, la morphologie générale des couches se présente sous la forme de cristaux
à front sphérulaire. Ces cristaux sont répartis en domaines séparés par des "canaux"
assez peu profonds.
[0033] En coupe, le revêtement. se répartit en deux couches principales A et B d'épaisseurs
respectives de 9 µm.
[0034] La couche A a un aspect biphasé avec des domaines à caractère basaltique. Ces domaines
sont en général en retrait par rapport à la surface extérieure. Ils correspondent
à des canaux.
[0035] La couche B se compose de deux sous-couches B
1 et B
2 Réverées après attaque basique, ces sous-couches correspondent à des carbures; la
sous-couche 13
2 a la morphologie typique du carbure M
7C
3 avec recristallisation.
[0036] La couche A se compose essentiellement des éléments chrome, soufre, molybdène. L'aspect
biphasé observé en métallographie ne semble dû qu'à des variations relatives du soufre
et du molybdène. Le fer y est en teneur quasiment nulle, et le molybdène jusqu'à 18%.
[0037] Sur la base des données du diagramme binaire chrome-soufre, il apparaît d'après le
niveau de concentration du chrome dans cette couche que la phase dont elle se compose,
est le sulfure'de chrome CrS. Cette phase cristallise dans le système hexagonal (a=3,45
A, c=5,76A c/a = 1,67).
[0038] La couche B se compose de deux couches formées de carbures où l'on ne détecte pas
de soufre. Les niveaux de concentration en chrome et l'allure des profils de répartition
du carbone indiquent que les sous-couches B
1 et B
2 correspondent respectivement aux carbures M
23C
6 et M
7C
3. Ils est à remarquer que la teneur en molybdène dans ces carbures est élevée. Mais
le molybdène peut se substituer largement dans ce type de phase.
[0039] A l'inverse des résultats enregistrés lors des précédentes analyses, on s'aperçoit
ici que le molybdène au lieu d'être pompé dans le substrat pour migrer vers les carbures
en formation, a en fait diffusé jusque dans celui-ci à partir du dépôt initial.
[0040] En coupe, le revêtement se répartit en deux sous-couches principales d'égaisseur
respective de 9 µm, soit une épaisseur totale de 18 µm.
[0041] La couche superficielle, dont l'aspect biphasé n'est dû qu'à des variations relatives
en molybdène se compose de la phase (Cr, Mo)S. La dureté de cette phase est de 770
+ 50 Hv
0,02.
[0042] La seconde couche, révélée par attaque métallographique en milieu basique, se compose
des carbures de chrome enrichis en molybdène M
23C
6 et M
7C
3. Le carbure M
7C
3 est dans ce cas partiellement recristallisé, ce qui assure un accroissement de ténacité
à cette couche de carbure. La dureté du carbure M
23 C
6 est de 1400 + 200 Hv
0,02, celle du carbure M
7C
3 est de 2700 + 500 Hv
v0,02 pour le domaine recristallisé.
[0043] Il est à noter que par chromisation directe avec des paramètres identiques de traitement
la couche avait une épaisseur totale de carbure de 13 µm.
[0044] Une caractérisation tribologique de cette couche a été effectuée. En essai standard
d'usure sur tribomètre en configuration pion-disques,les paramètres d'essai étaient
les suivants :
- disque plans en acier 35CD4,
- pions cylindriques à bout plat de diamètre 1,5mm en acier 35CD4,traités thermiquement
pour une dureté de 310Hv0.5,
- effort normal 1N, soit une contrainte statique normale de 0,56 MPa,
- vitesse circonférentielle : 500 tr.mn-1
- vitesse linéaire de contact : 41 m. mn-1
- température de laboratoire : 20°C,
- frottement sec,
- distance de sollicitation : 50 km.
[0045] Des essais identiques étant effectués sur disques 35CD4 chromisés directement avec
les mênes paramètres de traitement, les résultats du tableau n° montrent que :
a) la couche composée de sulfure de chrome est moins usée que la couche obtenue par
chromisation directe;
b) le pion antagoniste, qui n'a pas de traitement spécifique anti-usure, est ici très
peu endommagé. Cette usure particulièrement faible est assurée par un film transfert
à base de soufre,oxygène et carbone mis en évidence par spectrométrie Auger.

[0046] L'intérêt de l'invention réside dans le fait qu'il est possible d'accroître les performances
globales de résistance à l'usure des systèmes sollicités en frottement à sec ou mal
lubrifiés. Par ailleurs, ce gain de qualité peut être acquis à partir de techniques
de mise en oeuvre diverses sans pour autant modifier d'une façon fondamentale les
caractéristiques obtenues. Un changement de technologie de réalisation du traitement
de chromisation classique ne nécessite qu'une mise au point des paramètres ce qui
est d'un intérêt évident du point de vue économique.
[0047] L'intérêt économique réside en outre dans l'amélioration des durées ae vie et de
la fiabilité des pièces.
[0048] L'invention peut s'appliquer à tout système mécanique en mouvement, réalise en acier,
notamment les mécanismes d'armes ou les mécanismes de transmission de moteurs etc...
1 - Procède de traitement, contre l'usure de surface de pièces en acier à teneur en
carbone d'au moins 0,15%, caractérisé en ce qu'on effectue successivement sur cette
surface un apport de soufre et une chromisation en phase vapeur.
2 - Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'apport de soufre se
fait par dépôt en surface de l'acier d'un sulfure métallique.
3 - Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce qu'on réalise un dépôt de
vernis à base de bisulfure de molybdène.
4 - Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que l'on effectue un dépôt
de sulfure d'alliage fer-malybdène de formulation (Fe-Mo)3S4.
5 - Procédé selon la revendication 3 ou 4, caractérisé en ce qu'on effectue, préalablement
au dépôt de sulfure de fer-molybdène, un dépôt de fer-molybdène.
6 - Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que l'on dépose tout d'abord
une couche de fer-molybdène d'au moins 1 µm d'épaisseur et ensuite une couche de sulfure
fer-wlybdène d'au moins 4 µm.
7 - Procédé selon l'une des revendications 1 à 6, caractérisé en ce qu'on effectue
la chromisation à 950°C pendant 15 h et sans débit d'hydrogène.
8 - Procédé selon l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce qu'on effectue
ultérieurement un traitement thermique de trempe-revenu, à l'exception de la trempe
à l'eau.
9 - Revêtement de surface contre l'usure de pièces en acier à teneur en carbone supérieure
ou égale à 0,15%,caractérise en ce qu'il est constitué par une couche superficielle
de sulfure de chrome et une couche sous-jacente à la couche superficielle constituée
de carbures de chrome M23C6 et M7C3.
10 - Revêtement de surface de pièces en acier obtenu par le procédé selon les revendications
1 à 8, caractérisé en ce qu'il est constitué par une couche superficielle de sulfure
de chrome-molybdène, le molybdène étant substitué dans le réseau hexagonal du sulfure
de chrome à raison d'une teneur en masse jusqu'à 18% une couche sous-jacente à la
couche superficielle constituée de carbures de chrome M23C6 et M7C3.
11 - Revetement de surface selon la revendication 9 ou 10, caractérisé en ce que la
couche sous-jacente de carbures se compose de deux sous-couches constituées successivement
par du carbure de chrome M23C6 et du carbure de chrome M7C3.
12 - Revêtement de surface selon la revendication 11, caractérisé en ce que la sous-couche
de carbure de chrome M7C3 est recristallisée sur une partie de son épaisseur à partir du substrat.
13 - Revêtement de surface selon l'une des revendications 10 à 12, carac- térisé en ce qu'il se répartit en deux couches principales de sulfure métallique et de
carbures métalliques d'épaisseurs respectives de 9 µm au moins, soit une epaisseur
totale de 18 µm au moins.