[0001] L'invention a trait à un procédé d'élaboration d'un revêtement noir sur au moins
une face de pièces métalliques, notamment panneaux, cette face étant formée de zinc
pur ou allié.
[0002] L'invention a vu le jour dans le cadre de recherches d'améliorations de capteurs
solaires. Ceux-ci sont, actuellement, très généralement constitués par des panneaux
en métal peu corrodable, tel qu'acier inoxydable, cuivre ou aluminium, munis d'un
circuit de fluide caloporteur, et présentant au rayonnement solaire une surface portant
un recouvrement noir (c'est-à-dire absorbant pour les rayonnements). Le coefficient
d'absorption du recouvrement, dans la gamme des longueurs d'ondes énergétiques du
rayonnement solaire et l'impédance thermique entre ce recouvrement et le circuit de
fluide caloporteur déterminent le rendement du capteur, en fonction de la densité
de rayonnement reçue et de la température du fluide caloporteur, et par voie de conséquence
les conditions dans lesquelles le rendement s'annule, et donc la durée d'efficacité
du capteur solaire dans les cycles diurnes et saisonniers. Or les besoins en énergie,
que doivent satisfaire les capteurs solaires, sont importants surtout lorsque la densité
de rayonnement solaire est faible, de sorte que des améliorations, à première vue
de peu d'importance, sur le coefficient d'absorption du revêtement, actuellement souvent
compris entre 0,9 et 0,95, et l'impédance thermique entre revêtement et fluide caloporteur,
peuvent se révéler finalement d'intérêt majeur. Par ailleurs, la solution couramment
utilisée d'un revêtement de peinture noir mat sur aluminium ou cuivre présente une
impédance thermique relativement élevée malgré l'utilisation de métaux bons conducteurs,
cette impédance se situant dans l'épaisseur de la peinture et à l'interface entre
la peinture et le métal sous-jacent.
[0003] Comme la galvanisation de l'acier est destinée à conférer à ce métal une résistance
à la corrosion correspondant sensiblement à celle qui est requise pour des capteurs
solaires, la Demanderesse a cherché à mettre au point un procédé d'élaboration d'un
revêtement noir adhérant au zinc, à coefficient d'absorption supérieur à 0,95, en
soi bon conducteur de la chaleur et formant une impédance thermique d'interface faible
avec la couche de zinc de galvanisation. L'adhérence au zinc et l'impédance thermique
d'interface faible, en condition conjointes impliquent presque nécessairement une
liaison du revêtement sur le zinc qui fasse intervenir les propriétés spécifiques
du zinc ; en corollaire le procédé sera efficace sur toute pièce présentant une face
en zinc, que la pièce soit en zinc massif, ou en un métal quelconque masqué par la
couche de zinc.
[0004] Aussi l'invention propose un procédé d'élaboration d'un revêtement noir sur au moins
une face de pièces métalliques, notamment panneaux, cette face étant formée de zinc
pur ou allié, caractérisé en ce que l'on met en contact ladite face, à une température
comprise entre l'ambiante et 75°C et pendant une durée comprise entre 120 et 5 secondes,
avec une solution aqueuse contenant de 3 à 25 g/1 d'ions cuivriques, de 5 à 25 g/1
d'ions zinc, de 1 à 20 g/1 d'ions nickel, de 15 à 40 g/1 d'ions orthophosphoriques,
et éventuellement des anions non susceptibles de former des sels insolubles avec les
ions métalliques précités, le pH de la solution étant compris entre 1,6 et 3,0, et
on nettoie la pièce après la fin de la durée de contact.
[0005] Au contact entre le zinc de la face et la solution contenant, à pH faible, des ions
cuivriques, il se produit une réaction d'oxydo-réduction, dite couramment cémentation,
donnant un précipité de cuivre sur le zinc attaqué. Ce précipité constitue une couche
poreuse de fins cristaux à orientation aléatoire, très proche d'un corps noir (coefficient
d'absorption 0,95-0,97). Par ailleurs les ions phosphoriques, en présence d'ions zinc,
forment à la surface du zinc une couche de phosphatation qui fixe la couche de cuivre
cémenté. Les ions nickel favorisent, de façon connue notamment en technique de phosphatation,
l'attaque régulière de la face de zinc, en accélérant et régularisant la phosphatation
du zinc.
[0006] De préférence le nettoyage de la pièce est exécuté par lavage pour éliminer des traces
résiduelles de solution, séchage puis brossage pour éliminer des particules mal fixées
sur la face de la pièce.
[0007] On choisira la durée et la température de contact en tenant compte de ce que, plus
la température de réaction est élevée, plus la vitesse de réaction est grande. On
admettra que la durée de contact est réduite de moitié par une élévation de température
comprise entre 8 et 16°C.
[0008] De préférence la solution contiendra de 5 à 18 g/1 d'ions cuivriques, de 8 à 9,5
g/1 d'ions zinc, de 4 à 8,5 g/1 d'ions nickel et de 20 à 30 g/1 d'ions orthophosphoriques,
le pH étant compris entre 1,8 et 2,4. Plus particulièrement la teneur en ions cuivriques
sera comprise entre 11 et 14 g/1, et la teneur en ions nickel entre 6,5 et 8,5 g/1.
[0009] Les caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront d'ailleurs de la description
qui va suivre, assortie d'exemples.
EXEMPLE 1. Préparation d'une solution de noircissement : pour 10 litres.
[0010] Dans 8 litres d'eau désionisée on disperse 107 g d'oxyde de zinc, puis on ajoute
de l'acide orthophosphorique (H
3P0
4) en agitant jusqu'à dissolution complète de l'oxyde de zinc. On ajoute ensuite 500
g de sulfate de cuivre pentahydraté (CuS0
4.5H
20) et 300 g de chlorure de nickel hexahydraté (NiCl
2.6H
2O) ; on complète le volume à 10 litres par ajout d'eau désionisée, et on ajuste le
pH à 2,0 par ajout d'acide orthophosphorique ; la quantité totale d'acide orthophosphorique
utilisée est voisine de 200 ml. La solution ainsi constituée est filtrée.
[0011] Le calcul donne les teneurs suivantes :

EXEMPLE II. Préparation d'une solution de noircissement : pour 20 litres.
[0012] Dans 18 litres d'eau désionisée on disperse 400 g de phosphate de zinc tétrahydraté
[Zn
3(PO
4)
2.4H
2O], et on ajoute de l'acide orthophosphorique jusqu'à dissolution du phosphate de
zinc. On dissout ensuite 1 400 g de sulfate de cuivre pentahydraté (CuS0
4.5H
20) et 800 g de sulfate de nickel heptahydraté (NiSO
4.7H
2O). On complète à 20 litres avec de l'eau désionisée, et on ajuste le pH vers 2,3
par addition de la quantité suffisante d'acide orthophosphorique (la quantité totale
utilisée est de l'ordre de 200 ml). La solution est filtrée. Le calcul donne les teneurs
suivantes :

EXEMPLE III. Préparation d'une solution de noircissement : pour 20 litres.
[0013] La solution est préparée comme dans l'exemple II, avec les quantités de réactifs
suivantes : phosphate de zinc tétrahydraté : 400 g, sulfate de nickel heptahydraté
: 400 g, sulfate de cuivre pentahydraté : 250 g, la quantité totale d'acide phosphorique
(d = 1,7) étant voisine de 275 ml (468 g) pour un pH de 2,4.
[0014] Les teneurs calculées sont :

[0015] Les solutions préparées suivant les exemples précédents ont des comportements très
voisins sur des feuilles de zinc immergées dans ces solutions à une température de
20°C pendant une durée de 90 secondes. La couche de dépôt noir présente une épaisseur
d'environ 10 pm, et le coefficient d'absorption avoisine 0,97.
[0016] De nombreux essais de composition de solutions de noircissement ont été effectués,
qui ont fait ressortir que les teneurs des constituants pouvaient varier dans de larges
limites sans que les propriétés d'absorption du revêtement noir soient altérées. Ainsi
la teneur en ions cuivriques peut varier de 3 à 25 g/1, la teneur en ions zinc entre
5 et 25 g/1, la teneur en ions nickel entre 1 et 20 g/1, la teneur en ions orthophosphoriques
entre 15 et 40 g/1, tandis que le pH pouvait varier entre 1,6 et 3,0. On notera que
les teneurs en ions Cl
- ou SO
42- sont pratiquement quelconques, compte tenu de ce que ces ions proviennent de sels
de cuivre et nickel. Il est par ailleurs clair que ces anions, qui ne participent
pas aux réactions, sont choisis pour leur commodité d'emploi comme sels solubles et
ne donnent pas de précipités avec les cations présents, et leur disponibilité.
[0017] Les essais ont ensuite porté sur les conditions d'emploi des solutions de noircissement,
mode d'application, durée et température de contact.
[0018] On a constaté que par immersion et par aspersion les résultats étaient sensiblement
équivalents, avec des épaisseurs de recouvrement comprises entre 5 et 10 pm ; ces
modes d'application correspondent à des travaux de série. On a également obtenu des
résultats satisfaisants, avec toutefois des épaisseurs moindres de revêtement, en
appliquant les solutions par pulvérisation (pistolet) ou à la brosse, processus utilisables
pour des travaux à l'unité ou sur des pièces de formes complexes.
[0019] Bien entendu, comme toutes les réactions électrochimiques, les vitesses de réaction
croissent exponentiellement avec la température. On a déterminé que l'intervalle de
température qui réduisait de moitié le temps de réaction se situait entre 8 et 16°C.
A des températures inférieures à 15°C, les durées de réaction dépassent 120 secondes.
Lorsque les durées sont réduites à moins de 5 secondes (entre 60° et 75°C), le contrôle
de la durée devient difficile, et les réactions risquent de s'emballer : par ailleurs
le chauffage des solutions et des pièces est onéreux.
[0020] De toute façon, après noircissement les pièces sont lavées, pour éliminer les traces
de solution, séchées, puis sont brossées pour éliminer les particules non adhérentes.
[0021] On a conduit les essais sur des feuilles de zinc d'essai, ainsi que sur des tôles
galvanisées. Les résultats se sont avérés être semblables, aucune influence favorable
ou défavorable du substrat d'acier ne se manifestant de façon significative. L'équivalence
du zinc massif et de l'acier galvanisé vis-à-vis de solutions prévues pour déplacer
du cuivre par du zinc était d'ailleurs hautement probable pour un homme du métier.
[0022] Il a été vérifié également que les solutions donnaient des recouvrements noirs sur
des zincsalliés, tels que le zamak, dans lesquels les éléments alliants sont ajoutés
au zinc pour en modifier certaines propriétés physiques, sans pour autant masquer
les propriétés chimiques, et notamment déplacer de façon significative le potentiel
d'oxydoréduction.
[0023] On a vérifié par ailleurs que le revêtement noir ne s'altérait pas sensiblement dans
les conditions d'emploi comme panneau solaire. Notamment un essai de 1 000 heures
à 135°C n'a fait apparaître aucune dégradation mesurable du coefficient d'absorption.
[0024] Sous l'aspect de la résistance à la-corrosion, on notera que le revêtement noir est
poreux, de sorte qu'en présence d'humidité le zinc sous-jacent est susceptible de
s'oxyder, la corrosion se manifestant par l'apparition de taches blanchâtres. Mais
il est fréquent que les panneaux solaires présentent un vitrage pour favoriser l'effet
dit "de serre", le vitrage étant transparent aux infrarouges rayonnés par le soleil,
et opaque aux infrarouges longs correspondant à la température du panneau. Le vitrage
permet de constituer un caisson étanche où la corrosion par humidité n'est pas à craindre.
En l'absence de caisson vitré, il est recommandé de faire subir au revêtement et au
zinc sous-jacent un traitement de passivation, ou de recouvrir le revêtement d'un
vernis protecteur, ou analogue.
[0025] On comprendra que le cadre de la présente invention, qui vise l'élaboration d'un
revêtement noir sur du zinc, ne saurait être restreint aux revêtements utilisés comme
surfaces absorbantes de panneaux solaires, même si les propriétés du revêtement recherchées
lors de la mise au point du procédé étaient spécialement adaptées à l'application
du revêtement obtenu par ce procédé.
1. Procédé d'élaboration d'un revêtement noir sur au moins une face de pièces métalliques,
notamment panneaux, cette face étant formée de zinc pur ou allié, caractérisé en ce
que l'on met en contact ladite face, à une température comprise entre l'ambiante et
75°C et pendant une durée comprise entre 120 et 5 secondes, avec une solution aqueuse
contenant de 3 à 25 g/1 d'ions cuivriques, de 5 à 25 g/1 d'ions zinc, de 1 à 20 g/1
d'ions nickel, de 15 à 40 g/1 d'ions orthophosphoriques, et éventuellement des anions
non susceptibles de former des sels insolubles avec les ions métalliques précités,
le pH de la solution étant compris entre 1,6 et 3,0, et on nettoie la pièce après
la fin de la durée de contact.
2. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce que le nettoyage de la pièce
comprend un lavage à l'eau, un séchage et un brossage.
3. Procédé suivant la revendication 1 ou la revendication 2, caractérisé en ce que
durée et température de contact sont liées par une relation telle que la durée est
réduite de moitié pour une élévation de température de.8 à 16°C.
4. Procédé suivant une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
ladite solution contient 5 à 18 g/1 d'ions cuivriques, 8 à 9,5 g/1 d'ions zinc, 4
à 8,5 g/1 d'ions nickel, et 20 à 30 g/1 d'ions orthophosphoriques, le pH étant de
1,8 à 2,4.
5. Procédé suivant la revendication 4, caractérisé en ce que la solution contient
de 11 à 14 g/1 d'ions cuivriques et de 6,5 à 8,5 g/1 d'ions nickel, le pH étant compris
entre 1,8 et 2,2.