[0001] La présente invention concerne les leurres électromagnétiques.
[0002] Les systèmes d'arme missile sont souvent équipés d'un guidage à détecteur électromagnétique
actif, du genre radar ou laser par exemple. Il en est de même pour les conduites de
tir, qui peuvent aussi être pilotées à partir d'informations obtenues par des détecteurs
du même genre. En pareil cas, le principal moyen de défense consiste à élaborer un
leurre susceptible de tromper le détecteur électromagnétique, afin de l'écarter de
l'objectif réel, dont il devra perdre complètement trace.
[0003] Le principal type de leurre électromagnétique utilisé jusqu'à présent est fondé sur
des paillettes de fibre de verre métallisée de longueur choisie, souvent dénommées
"chaffs". Ces paillettes forment réflecteur pour une longueur d'onde qui est liée
à leur taille. Elles présentent par ailleurs la propriété de demeurer en suspension
dans l'air assez longtemps, étant très légères. De ce fait, en créant un nuage assez
dense de paillettes de ce type, de longueurs diverses choisies, on arrive à créer
un écho électromagnétique important, qui permet de simuler une cible, et par conséquent
d'écarter la menace de la cible réelle: Bien que ce type de leurre se soit avéré très
utile, il présente des problèmes en application. En effet, les moyens de détection
électromagnétique actifs ont tendance à devenir de plus en plus fins, et par conséquent
à être capables d'une reconnaissance au moins embryonnaire. Il est alors très difficile
avec des nuages de paillettes d'obtenir une forme souhaitée, et surtout de la maintenir
dans le temps. La présente invention a notamment pour objet d'apporter une solution
nouvelle à ce problème, qui est essentiellement un problème de crédibilité, accompagné
d'autres problèmes techniques que l'on évoquera dans la suite.
[0004] A la base, la présente invention propose un procédé pour leurrer des détecteurs électromagnétiques
actifs, procédé qui comprend la mise en oeuvre d'au moins un jeu de trièdres rétroréflecteurs.
[0005] Selon un aspect particulièrement avantageux de l'invention, utilisable notamment
pour la protection des navires de surface en mer, ce jeu de trièdres comprend un réseau
de trièdres contigus montés tête-bêche.
[0006] On connaît déjà les propriétés rétroréflec- trices des trièdres pour un rayonnement
électromagnétique. Les trièdres, également connus sous le nom de "coins de cube",
sont utilisés notamment en télémétrie. En optique, la réalisation la plus courante
est à base de verre.En effet, un surfaçage extrêmement précis est nécessaire, surfaçage
qui s'est accompagné de l'obtention d'arêtes vives.
[0007] De façon assez inattendue, la demanderesse-a observé que les trièdres fonctionnent
également de manière satisfaisante lorsque les arêtes des trièdres ne sont pas vives
mais arrondies. Cette caractéristique facilite la réalisation pratique des jeux de
trièdres rétroréflecteurs précités.
[0008] Selon un autre aspect de l'invention, le réseau de trièdres contigus montés tête-bêche
comprend un panneau de lignes ou rangées adjacentes de trièdres identiques, articulées
à pivotement les unes sur les autres. Cette possibilité de repliement avec emboîtement
des lignes de trièdres les unes sur les autres permet de les stocker sous forme très
compacte, à l'intérieur d'une munition de lancement, comme on le verra plus loin.
[0009] La présente invention propose également un procédé pour défendre des navires de surface,
procédé qui s'applique donc en mer, et qui consiste à déployer au moins un jeu de
trièdres du type précité à une altitude comprise entre 3 et 20 mètres environ. De
leurs côtés, les trièdres élémentaires, qui sont de préférence identiques, ont une
arête qui mesure entre 2 et 20 cm.
[0010] Avec un jeu de trièdres, on peut simuler un navire de petite taille.
[0011] Un autre aspect de l'invention propose un procédé perfectionné, capable de simuler
un navire de grande taille, et suivant lequel on développe un alignement sensiblement
horizontal de jeuxinterconnectësde trièdres. Au moins un des jeux de trièdres comprend
deux panneaux sensiblement perpendiculaires. On obtient ainsi une propriété rêtroréflection
pratiquement isotrope, avec cependant de petites zones d'ombre qui en elles- mêmes
sont intéressantes : elles permettent en effet, lorsque les deux panneaux tournent
ensemble sur eux-mêmes, de présenter des variations. Cela évite que le leurre.soit
reconnaissable par le fait qu'il renvoie trop parfaitement le rayonnement électromagnétique
émissif.
[0012] Dans un mode de mise en oeuvre particulier de ce procédé, le ou les jeux de trièdres
sont suspendus à des ballons captifs respectifs.
[0013] Il peut s'agir d'une suspension à pendulation, le ballon captif étant relié de son
côté à une ancre flottante. Ces ballons sont de préférence choisis conformés pour
lier leur poussée aérostatique à une portance aérodynamique au vent rencontré.
[0014] On peut également prévoir, dans une variante intéressante, des moyens pour solliciter
les jeux de leurresvers le bas, ces moyens pouvant comporter avantageusement un organe
apte à traîner sur l'eau, du genre ballon chargé faiblement gonflé. La liaison entre
le ballon captif porteur et le ballon inférieur, ou simplement la suspension à pendulation
du jeu de trièdres à son ballon captif porteur, sont dans les deux cas agencés de
manière telle que les jeux de trièdres puissent tourner sur eux-mêmes.
[0015] Pour simuler un navire de grande surface, on interconnecte entre elles les suspensions
d'un certain nombre de jeux de trièdres, à l'aide d'un filin, monté entre un organe
tracteur, qui peut être un dispositif du type voile, parachute par exemple, ou encore
un générateur de gaz, et un organe de retenue, qui est une ancre flottante que l'on
appellera principale, car elle est plus importante que les ancres flottantes reliées
au ballon porteur individuel.
[0016] En pratique, on utilisera de trois à dix jeux de trièdres ainsi alignés, les extrémités
comportant avantageusement un seul panneau de trièdres, tandis que les intermédiaires
en comportent deux, perpendiculaires.
[0017] La présente invention concerne également un leurre électromagnétique permettant la
mise en oeuvre de ce procédé.
[0018] Le leurre électromagnétique est de structure alvéolaire réversible, une partie au
moins des alvéoles en creux étant munie d'un revêtement réflecteur en forme de trièdre.
[0019] La structure est avantageusement en matière plastique injectée ou coulée sous pression,
ou encore en tôle d'alliage léger emboutie.
[0020] Un autre mode de réalisation, également très avantageux,de ladite structure, consiste
à couler sous-vide une résine époxyde sur un tissu de fibre de verre placée entre
deux moules à surfaçage optique, les moules comportant en outre un revêtement réflecteur
qui se trouve transféré sur la résine après moulage.
[0021] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de
la description détaillée qui va suivre, faite en référence aux dessins annexés, donnés
pour illustrer à titre non limitatif un mode de réalisation préférentiel de la présente
invention, et sur lesquels :
- la figure 1 est une illustration schématique d'un panneau de trièdres selon la présente
invention ;
- les figures 2A et 2B sont des vues en coupe montrant comment les trièdres dudit
panneau peuvent se replier les uns sur les autres pour former, en position de stockage,
une structure compacte ;
- la figure 3 est une vue schématique en perspective montrant la mise en oeuvre d'.un
ensemble de leurres pour la simulation d'un bâtiment de surface ;
- les figures 4A à 4D montrent comment peut se faire le déploiement du leurre selon
la présente invention à partir d'une roquette ; et
- les figures 5 et 6 montrent schématiquement l'implantation des différents éléments
du leurre à l'intérieur d'un corps de roquette.
[0022] La figure 1 illustre sous la forme d'une vue de face ombrée un panneau de trièdres
selon l'invention. Le panneau est ici composé de sept rangées ou lignes de trièdres,
notées R1 à R7. La rangée Rl comporte trois trièdres orientés vers l'avant, complétée
de deux trièdres orientés vers l'arrière. Le premier trièdre en haut et à gauche,
noté dans son ensemble Tl, est constitué de trois faces orthogonales Tll, T12 et T13,
séparées entre elles par les arêtes All, A12 et A13. Cette structure se reproduira
pour l'ensemble des autres trièdres. On notera également que la partie essentielle
du trièdre en rétroréflexion électromagnétique, délimitée par le triangle équilatéral
dont les côtés sont Cll, C12 et Cl 3 est indéformable. Immédiatement adjacente à la
rangée Rl se trouve la seconde rangée R2, qui est elle composée de trois trièdres
orientés vers l'arrière intercalés de deux trièdres orientés vers l'avant. La rangée
R3 reprend la structure de la rangée Rl, puis la rangée R4 celle de la rangée R2,
et ainsi de suite alternativement jusqu'à la rangée R7. On a noté T2 et T3 les premiers
trièdres à gauche des rangées R2 et R3, T2 étant orienté vers l'arrière et T3 vers
l'avant. Dans l'illustration de la figure 1, la face inférieure du trièdre Tl est
présentée en continuité avec la face supérieure du trièdre T2, ce qui.peut être en
pratique réalisé. Toutefois, selon la présente invention, il est estimé comme nettement
préférable de prévoir des axes de pivotement tels que PA1, PA2 et PA3 entre les différentes
rangées de trièdres, ce qui permet de les replier les unes sur les autres, les cubes
tels que Tl, T2 et T3 s'emboîtant de la manière illustrée sur les figures 2A et 2B.
On obtiendra ainsi une structure extrêmement compacte. Bien entendu, suivant la taille
des trièdres ainsi que la géométrie du volume disponible, on pourra prévoir l'axe
de pivotement non pas entre chacune des rangées, mais entre les rangées prises deux
par deux, ou bien trois par trois, par exemple.
[0023] On voit immédiatement que le panneau de la figure 1 présente la structure alvéolaire
réversible déjà citée, dont une partie au moins des alvéoles en creux est munie d'un
revêtement réflecteur en forme de trièdre.
[0024] Comme précédemment indiqué, de tels trièdres ont déjà été utilisés comme rétroréflecteurs-dans
le cadre de mesures optiques. Pour de telles applications, on leur donne naturellement
un surfaçage optique très soigné, la planéité étant assez importante, ainsi que des
arêtes AI1, A12 et A13 très vives. Dans ces conditions, quelle que soit son orientation,
le cube renvoie le rayonnement électromagnétique incident dans la direction d'où il
vient.
[0025] L'un des points de départ de la présente invention est l'observation que les trièdres
continuent à fonctionner d'une manière satisfaisante pour la réalisation de leurres
électromagnétiques, même si leurs arêtes All, A12 et A13 sont arrondies. Cela permet
tout d'abord, à des conditions économiques raisonnables, de fabriquer des panneaux
de trièdres du type de celui de la figure 1.
[0026] Bien que le phénomène ne soit pas encore complètement expliqué, il semble même que
des arêtes arrondies contribuent à un bon fonctionnement du dispositif en tant que
leurre, en produisant des irrégularités dans la réponse du leurre en fonction de son
orientation, ainsi que dans sa réponse aux ondes électromagnétiques incidentes de
polarisation quelconque.
[0027] On pourra naturellement réaliser le panneau de leurre de la figure 1 à partir d'une
structure en matière plastique injectée ou coulée sous pression, ou encore en tôle
d'alliage léger emboutie. Pour obtenir un revêtement réflecteur de qualité optique,
on métallise le panneau par une opération du type galvanoplastie, vernis avec dépôt
électrostatique d'aluminium, ou encore métallisation sous-vide.
[0028] Dans le cas d'une structure en tôle d'alliage léger, les axes de pivotement tels
que PA1, ... pourront être réalisés par des charnières minces du type charnière à
piano. On prendra soin, suivant l'épaisseur du matériau, ainsi que la forme de sa
découpe au niveau des charnières, de réaliser les points d'articulation d'une manière
permettant d'assurer le repliement convenable. On notera que dans le cas particulier
de la figure 2A, le point d'articulation est alternativement d'un côté puis de l'autre
:
- à l'intersection entre les trièdres Tl et T2, le point d'articulation est à gauche
;
- à l'intersection entre les trièdres T2 et T3, le point d'articulation est à droite.
[0029] Pour une structure en matière plastique injectée ou coulée sous pression, l'articulation
peut être réalisée de la même manière, ou encore par insertion d'un matériau déformable
entre les deux blocs de matière plastique.
[0030] Dans un autre mode.de réalisation, considéré actuellement comme particulièrement
avantageux, la structure est en résine époxyde sur tissu de fibre de verre.
[0031] Plus précisément, on prévoit deux moules homologues, en verre à surfaçage optique,
dont les formes correspondent aux deux côtés du panneau de la figure 1. Des surfaces
optiques de ces moules sont préalablement munies d'un revêtement réflecteur convenable,
qui est maintenu-en place à l'aide d'une colle de force moyenne. Entre les deux moules,
on va réaliser un tissu de fibre de verre, de préférence à l'aide de trois bandes
entrelacées. La première bande de fibre de verre va passer sur les faces telles que
T11 et T12, et suivra donc la direction générale des rangées RI, R2, ..., dans la
direction de la flèche Fl. La deuxième bande de fibre de verre va suivre les faces
telles que Tll et T13, en prenant donc la direction de la diagonale d'orientation
F2 sur la figure 1. Enfin, la troisième bande de fibre de verre va suivre les faces
telles que T12 et T13, prenant alors la direction de la flèche F3. On voit immédiatement
que chaque face du trièdre est définie par superposition de deux parties des bandes
de fibre de verre précitées. Les bandes sont de préférence découpées pour suivre à
chaque fois le profil en escalier correspondant à la largeur du trièdre individuel.
Après avoir mis en place entre les deux moules le tissu en fibre de verre ainsi défini,
on coule sous-vide entre les moules une résine époxyde. Après polymérisation, la résine
époxyde retient le revêtement réflecteur, qui adhère plus sur elle que sur le moule
en verre. Etant donné que la surface extérieure de ce revêtement a été définie par
la surface optique du moule, on obtient ainsi directement un revêtement réflecteur
de qualité optique sur une structure moulée en résine époxyde, qui est par ailleurs
de grande solidité étant donné son armature en fibre de verre.
[0032] L'unité de moulage pourra avoir une taille qui dépend de la position des axes de
pivotement. Si l'on désire un axe de pivotement entre chaque rangée de trièdres, on
prévoira alors un moule pour une seule rangée de trièdres, ce qui permet de laisser
non enduite par la résine époxyde la zone du point d'articulation PA1. On obtient
alors facilement un axe d'articulation, qui repose sur la souplesse de la fibre de
verre non enduite. On recommence alors, en inversant les moules, pour la rangée R2,
et ainsi de suite. Si au contraire on désire des axes d'articulation toutes les deux
rangées de moules, on aura alors un moule de forme correspondant au bloc des rangées
Rl et R2, avec le moule homologue de l'autre côté, l'ensemble étant déplacé par simple
translation. Si l'unité de base rigide comporte trois rangées de trièdres, le moule
sera de forme correspondante. Là encore, il faudra inverser les moules à chaque fois.
[0033] On a vu, en référence à la figure 1, que la partie la plus active d'un trièdre est
délimitée par le triangle équilatéral Cll, C12 et C13. Dans le cadre du moulage précité,
on pourra limiter le revêtement fixé préalablement sur le moule à ce qui correspond
à cette partie utile du trièdre à obtenir. De même, on pourra aussi, avant ou après
moulage, porter sur le revêtement rétroréflecteur tout dessin ou modification qui
pourrait être utile pour la bonne réalisation d'un leurre, en particulier pour ce
qui est de la. rétroréflexion des ondes polarisées circulairement.
[0034] Comme exemple particulier de structure en matière plastique injectée ou coulée sous
pression, on connus pourra utiliser les matériaux/ sous les marques PLEXIGLAS ou ALTUGLAS,
équipés d'un revêtement réflecteur non mouillant. On peut encore utiliser également
des polycarbonates tels que le MAKROLON.
[0035] Comme exemple de tôle d'alliage léger, on pourra utiliser l'aluminium, éventuellement
munie d'un revêtement rétroréflecteur, si nécessaire.
[0036] Comme exemple de résine époxyde, on pourra utiliser les produits du genre connus
sous le nom de ARALDITE (marque déposée).
[0037] Après avoir décrit le leurre électromagnétique élémentaire, on passera maintenant
à son procédé de mise en oeuvre. Bien que ce procédé puisse, à la limite, utiliser
des panneaux de trièdres rigides, qui peuvent être différents entre eux, on supposera
dans la suite de la présente description que chaque jeu de trièdres comprend au moins
un panneau de lignes adjacentes de trièdres articules à pivotement les unes sur les
autres.
[0038] Par ailleurs, bien que les trièdres soient susceptibles d'autres applications, où
ils pourront éventuellement prendre des formes en réseau autre que les formes d'un
panneau, on supposera maintenant qu'il s'agit d'une défense de navire de surface en
mer.
[0039] Dans sa version élémentaire, le procédé pour leurrer des détecteurs électromagnétiques
actifs consiste à déployer au moins un jeu de trièdres à une altitude comprise entre
3 et 20 mètres environ.
[0040] Si l'on fait référence à la figure 3, un jeu de trièdres peut être déployé à l'aide
d'un ballon captif BC1, relié par filin à une ancre flottante AFS1, et supportant
le jeu de trièdres LT1, lequel est de préférence sollicité vers le bas par un corps
flottant BF1, qui est avantageusement un ballon chargé faiblement gonflé. Le ballon
captif BCl présente de préférence une forme obtenue par intersection de deux disques,
ce qui lui permet de lier la poussée aérostatique à une portance aérodynamique liée
au vent rencontré. De cette manière, il y aura traction du ballon captif sur l'ancre
flottante, ce qui permet l'inclinaison du filin, par conséquent le support du leurre
LT1 sans que celui-ci ne vienne se mêler au filin de l'ancre flottante. En présence
du ballon flottant BF1, le leurre LT1 est tiré vers le bas, et par conséquent il sera
soumis essentiellement à des mouvements de pivotement sur lui-même, mouvement dont
la vitesse angulaire est relativement aléatoire, étant notamment liée au vent. En
présence d'un rayonnement électromagnétique incident, l'intensité du rayonnement rétroréfléchi
va être liée directement à l'angle sous lequel le rayonnement incident est vu par
chacun des trièdres. Il résulte donc du mouvement de pivotement précité une composante
de fluctuation aléatoire d'amplitude en-réponse qui est considérée actuellement comme
particulièrement importante pour obtenir un bon leurre. En effet, l'écho radar par
exemple d'un navire de surface possède lui aussi une assez forte composante aléatoire,
au moins pour certaines des zones du navire .
[0041] Dans le cas notamment d'un ballon captif porteur au vent, et qui tire donc fortement
sur le filin qui le relie à son ancre flottante, on peut envisager la suppression
du ballon BF1, auquel cas le leurre LT1 est soumis non seulement à un pivotement sur
lui-même, mais aussi à des mouvements de pendulation qui contribuent encore à donner
un caractère réaliste au signal rétroréfléchi.
[0042] Dans l'hypothèse où l'on met en oeuvre un seul jeu de trièdres, il est dans la plupart
des cas souhaitable d'utiliser non pas un panneau unique tel que LT1, mais deux panneaux
inclinés l'un sur l'autre, comme cela est illustré en LT2. Très avantageusement, les
deux panneaux sont sensiblement perpendiculaires, bien qu'une inclinaison différente
puisse être utilisable dans certains cas.
[0043] Il a été observé que deux panneaux sensiblement perpendiculaires, et reliés par un
de leur grand côté, possèdent une caractéristique de réflexion sensiblement isotrope,
avec cependant de petites fluctuations, qui semblent être dues notamment au fait que
les arêtes des trièdres élémentaires sont arrondies. Un autre avantage de l'utilisation
de deux panneaux de trièdres à angle droit est que la réponse en rétroréflexion varie
quand même avec l'angle, étant observé que l'un des panneaux de trièdres masquera
plus ou moins la surface active de l'autre pour certaines orientations, lorsque le
rayonnement incident arrive par le côté concave formé par le leurre.
[0044] En réalisation pratique, partant du panneau de la figure 1, il suffit de compléter
sur l'un des côtés au moins du panneau les vides laissés entre les différentes rangées
de trièdres de manière à faire une ligne continue, qui est pratiquement l'équivalent
des lignes formant axe de pivotement du genre PA1. Et deux panneaux de trièdres sont
alors reliés l'un à l'autre, les panneaux pouvant d'ailleurs être fabriqués en même
temps par le procédé de moulage déjà cité, auquel cas la forme des moules tiendra
compte non seulement des axes de pivotement tels que PA1, PA2, ..., mais aussi d'un
axe de pivotement perpendiculaire dans le sens vertical. Les deux panneaux ainsi interconnectés
seront normalement stockés à plat, repliés comme.le montrent les figures 2A et 2B.
Lors du déploiement, un dispositif à développement.automatique va séparer les deux
panneaux, pour les amener à l'angle voulu, tout en définissant en même temps un moyen
de suspension au droit du centre de gravité du leurre, compte tenu de l'angle entre
ces deux panneaux. Cela peut être obtenu notamment par un moyen du genre compas actionné
par ressort, ou analogue.
[0045] Si on la considère maintenant dans son ensemble, la figure 3 développe un alignement
sensiblement horizontal de jeu interconnecté de trièdres. On reconnaît en effet les
ballons captifs BC1, BC2, BC3, BC4, dont les filins de suspension sont interconnectés
par un filin principal F sensiblement horizontal, relié d'un côté à un organe de traction
OT qui peut être une voile, ou un dispositif à décharge de gaz, ou encore plus simplement
le parachute qui servira à la descente du leurre après son largage. A son autre extrémité,
le filin principal F est relié à une ancre flottante principale AFP: Chacun, des ballons
BC1 à BC4 est relié à son ancre flottante secondaire AFS1 à AFS4. Chacun des ballons
reçoit également un leurre LT1 à LT4, leurre qui est de préférence sollicité vers
le bas soit par une masse qui lui est incorporée, soit encore par un ballon flottant
tel que BF1 à BF4 du type déjà cité.
[0046] De préférence, on prévoit aux extrémités des leurres avec un seul panneau, comme
montré ici en LT1 et LT4, tandis qu'à tous les niveaux intermédiaires, on prévoit
des leurres à deux panneaux perpendiculaires tels que LT2 et LT3.
[0047] Il a été observé que cette disposition reproduit de façon très "crédible" la "signature"
d'un navire de surface important en rayonnement électromagnétique. On peut naturellement
moduler cette apparence en agissant sur les formats, distances et altitudes des jeux
de leurres.
[0048] Le fait que les leurres utilisés selon la présente invention soient doués d'une excellente
rétroréflexion leur donne une "surface équivalente radar" importante, qui permet de
simuler avec des dispositifs de faible surface réelle, convenablement disposés les
uns par rapport aux autres, un navire dont les dimensions physiques sont beaucoup
plus importantes. Comme précédemment indiqué, le fait d'utiliser des leurres à deux
panneaux tels que LT2 et LT3 aux niveaux intermédiaires permet d'augmenter le niveau
moyen et de simuler les pics de la signature d'un bâtiment, ces "pics" étant en eux-mêmes
connus à l'avance, tout en obtenant comme cela a déjà été indiqué, une composante
de fluctuation aléatoire autour de ces pics.
[0049] Au contraire, on a observé que les extrémités d'un navire possèdent un écho radar
beaucoup plus fluctuant, qui est avantageusement défini ici par un panneau unique,
dont le pivotement sur lui-même produira une fluctuation identifiable à celle du navire.
[0050] La présence du filin F entre les différents leurres suspendus assure à ceux-ci d'une
part un écartement qui peut être choisi de manière optimale compte tenu des "pics"
à réaliser et de la taille des cellules de résolution et des détecteurs électromagnétiques
actifs. De surcroît, ce filin assure aussi une certaine corrélation au niveau du positionnement
vertical des différents leurres suspendus. Enfin, le filin assure encore un certain
couplage entre le mouvement du leurre et le mouvement de la surface de la mer, par
l'existence des ancres flottantes AFS1 à AFS4.
[0051] Selon un autre aspect de l'invention, cette composante sensible au mouvement de la
mer est fortement augmentée par l'utilisation des corps flottants tels que les ballons
faiblement gonflés BF1 à BF4, qui assurent un couplage beaucoup plus direct entre
le niveau de la surface marine et les leurres LT1 à LT4. Cela peut être souhaitable,
au moins pour certaines tailles de navire.
[0052] En dehors du cas d'un leurre unique, la combinaison minimale pour définir un navire
comportera de préférence deux leurres d'extrémité tels que LT1 à LT4 encadrant au
moins un leurre à deux panneaux tel" que LT2.
[0053] Pour la simulation d'un gros navire, on pourra aller jusqu'à 7 à 10 leurres suspendus,
les leurres d'extrémité étant là encore des leurres simples, tandis que les leurres
intermédiaires, ou du moins la plus grande partie d'entre eux, sont des leurres à
deux panneaux.
[0054] Dans ce qui précède, on a indiqué que les leurres à deux panneaux perpendiculaires
étaient souhaitables à cause de leur aptitude à répondre dans toutes les directions,
mais avec une intensité variable en fonction de l'angle. Dans les cas où une omnidirection-
nalité.plus régulière est souhaitée, on pourra utiliser des leurres à trois panneaux
régulièrement distribués en étoile, ou à quatre panneaux perpendiculaires, et ainsi
de suite.
[0055] On décrira maintenant en référence aux figures 4A à 4D un mode.de mise en oeuvre
du leurre selon l'invention.
[0056] Comme le montre la figure 4A, le leurre peut être porté à l'emplacement souhaité
par une roquette, qui peut être la roquette SAGAIE fabriquée par la demanderesse,
ou par tout autre véhicule lanceur, tel que ceux qui sont incorporés aux valises DAGAIE
également fabriquées par la demanderesse.
[0057] En fin de trajectoire, le véhicule lanceur libère un ensemble constitué en tête de
l'ancre flottante principale AFP, convenablement lestée pour partir la première et
tirer l'ensemble des modules M4 à Ml, suivie enfin de l'organe de traction vers l'arrière
OT, qui est constitùé par exemple d'un parachute capable de former voile (figure 4B).
La figure 4C montre l'ensemble en position amerrie.
[0058] Chaque module tel que Ml comporte un ballon captif tel que BC1, une ancre flottante
AFS1, et le leurre replié tel que LT1, avec éventuellement le ballon flottant BF1.
Le module se complète aussi d'un manchon de connexion entre l'ancre flottante AFS1
et le ballon BC1, manchon qui peut également assurer la liaison mécanique entre ces
deux éléments. Les ancres flottantes peuvent être constituées de sacs capables de
se remplir d'eau, et les ancres secondaires telles que AFS1 comportent en outre une
composition chimique telle que de l'hydrure de calcium, capable de se décomposer au
contact de l'eau pour produire de l'hydrogène, hydrogène qui est transféré par -ledit
manchon au ballon captif, lequel se gonfle alors. On comprend immédiatement que tous
les ballons captifs vont se trouver ainsi gonflés, et montés ensemble, soulevant ainsi
le filin, et par là même les leurres. De son côté, le parachute OT reprend de la hauteur,
et assure la traction terminale du filin, si nécessaire. Initialement repliés, les
leurres se déplient soit par le fait qu'on leur a ajouté une masse en partie inférieure,
soit sous l'action de la traction exercée par le câble qui les relie au corps flottant
tel que BF1. On obtient alors la disposition représentée sur la figure 4D, et qui
est semblable à celle de la figure 3, sauf l'absence des corps flottants tels que
BF1, ainsi que la simplification des leurres intermédiaires. Avantageusement, on prévoit
un laminage des gaz qui vont être produits dans chacune des ancres flottantes secondaires,
avant d'envoyer ces gaz au ballon, de façon à assurer un refroidissement suffisant
de ceux-ci. La vitesse de réaction de l'hy- drùre de calcium avec l'eau de mer peut
également être ajustée de la manière désirée pour obtenir des caractéristiques de
montées franches et progressives des ballons captifs en l'air.
[0059] Dans certains cas, on pourra se dispenser de l'ancre flottante principale AFP, auquel
cas celle-ci est remplacée par une simple masse d'entraînement pour assurer la descente
comme le montre la figure 4B.
[0060] Enfin, le leurre peut être aisément rendu autodestructible, en incorporant à chacun
des ballons captifs une charge à retard convenable, qui assurera l'initiation d'une
réaction entre l'hydrogène des ballons et l'air,et par conséquent l'explosion de ceux-ci,
le leurre retombant alors à l'eau dans son ensemble, et devenant très difficilement
détectable.
[0061] On observera également que le côté non mouillant des surfaces des trièdres réflecteurs
rend ceux-ci pratiquement insensibles à la présence de l'eau de mer, en ce qui concerne
leurs caractéristiques de rétroféflexion, du moins pendant un temps suffisamment bref
par rapport à leur instant de mise en oeuvre.
[0062] Les modules Ml à M4 peuvent être contenus dans des enveloppes convenables, suffisamment
lâches pour pouvoir être rompues lors du lâcher des ballons captifs.
[0063] La figure 5 montre comment on peut ranger les différents modules côte à côte, en
les reliant en alternance le bas de l'un avec le haut de l'autre, une extrémité étant
reliée au parachute, et l'autre à l'ancre flottante.
[0064] Enfin, la figure 6 fait apparaître comment les modules ainsi couplés peuvent être
introduits à l'intérieur du corps d'une roquette, les différents modules Ml à M4 occupant
les secteurs respectifs de la section droite de la roquette, tandis que le parachute
OT et l'ancre flottante AFP occupent les deux extrémités de la roquette, en passant
éventuellement en partie dans la zone centrale de celle-ci.
[0065] Il convient de remarquer que le côté pliable des leurres électromagnétiques proposés
est important pour leur mise en place dans le volume relativement étroit qui est disponible
à l'intérieur d'un véhicule lanceur tel qu'une roquette.
[0066] Dans ce qui précède, on a considéré que les leurres étaient rétroréflecteurs pour
des rayonnements électromagnétiques émis par des détecteurs actifs. Ces détecteurs
peuvent être de différents types, radar, laser.
[0067] Bien entendu, on pourra adapter les caractéristiques des revêtements réflecteurs
ainsi que de la géométrie des différents trièdres en fonction des besoins, et des
bandes de fréquences concernées.
[0068] Bien entendu, la présente invention n'est pas limitée au mode de réalisation décrit,
mais s'étend à toute variante conforme à son esprit.
[0069] Dans certains cas, on pourra notamment envisager de déployer des leurres non seulement
dans une direction principale horizontale définie par le filin F, mais aussi cens
la direction transversale. On pourra également prévoir des sources formant leurres
infrarouges complémentaires du leurre électromagnétique obtenu, de manière à parfaire
la simulation. Ces sources peuvent notamment être incorporées aux ancres flottantes
secondaires AFS1 à AFS4, ou encore aux corps flottants tels que BF1 à BF4.
1. Procédé pour leurrer des détecteurs électromagnétiques actifs, caractérisé par
le fait qu'il comprend la mise en oeuvre d'au moins un jeu de trièdres rétroréflecteurs.
2. Procédé selon la revendication 1, caracté- par le fait que le jeu de trièdres comprend
un réseau de trièdres contigus montés tête-bêche.
3. Procédé selon la revendication 2, caractérisé par le fait que le réseau de trièdres
comprend un panneau de lignes adjacentes de trièdres identiques, articulées à pivotement
les unes sur les autres.
4. Procédé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé par le fait que les arêtes
des trièdres sont arrondies.
5. Procédé selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé par le fait que l'arête
d'un trièdre élémentaire mesure entre 2 et 20 cm.
6. Procédé selon l'une des revendications 1 à 5, applicable en mer, caractérisé par
le fait qu'il consiste à déployer au moins un jeu de trièdres à une altitude comprise
entre 3 et 20 mètres, environ.
7. Procédé selon la revendication 6, caractérisé par le fait que l'on développe un
alignement sensiblement horizontal de jeux interconnectés de trièdres.
8. Procédé selon l'une des revendications 6 et 7, caractérisé par le fait qu'au moins
un jeu de trièdres comprend deux panneaux sensiblement perpendiculaires.
9. Procédé selon la revendication 8, caractérisé par le fait que les deux panneaux
sont maintenus écartés par un dispositif à développement automatique formant suspension
au droit du centre de gravité.
10. Procédé selon l'une des revendications 6 à 9, caractérisé par le fait que le ou
les jeux de trièdres sont suspendus à des ballons captifs respectifs.
11. Procédé selon la revendication 10, caractérisé par le fait que chaque jeu de trièdres
est suspendu à pendulation et que le ballon captif est relié à une ancre flottante.
12. Procédé selon l'une des revendications 10 et 11, caractérisé par le fait que le
ballon est auto- gonflable, de préférence par réaction d'hydrure de calcium sur l'eau
de mer et laminage des gaz produits vers l'intérieur du ballon.
13. Procédé selon l'une des revendications 10 à 12, caractérisé par le fait que les
ballons sont choisis conformés pour lier leur poussée aérostatique à une portance
aérodynamique liée au vent rencontré.
14. Procédé selon l'une des revendications 6 à 13, caractérisé par le fait que les
suspensions des jeux de trièdres sont interconnectées entre elles, ainsi qu'entre
un organe tracteur et une ancre flottante principale, de retenue.
15. Procédé selon la revendication 14, caractérisé par le fait que l'organe tracteur
comporte un dispositif du type voile ou générateur de gaz.
16. Procédé selon l'une des revendications 10 à 15, caractérisé par le fait que sont
prévus des moyens pour solliciter les jeux de leurres vers le bas.
17. Procédé selon l'une des revendications 6 à 16, caractérisé par le fait que chaque
jeu de trièdres est relié en partie basse à un organe apte à traîner sur l'eau, du
genre ballon chargé faiblement gonflé.
18. Procédé selon l'une des revendications 6 à 17, caractérisé par le fait que sont
prévus de 3 à 10 jeux de trièdres alignés, les extrémités ne comportant qu'un panneau
de trièdres.
19. Procédé selon l'une des revendications 6 à 18, caractérisé par le fait que les
formats, distances et altitudes des jeux de leurres sont choisis pour imiter la signature
d'un navire.
20 Procédé selon l'une des revendications 10 à 19, caractérisé par le fait que l'opération
de mise en oeuvre comprend le tir d'une munition logeant plusieurs groupes ballon-trièdres
repliés, ainsi qu'un organe de retenue au vent après dépotement tel qu'un parachute,
et une masse d'entraînement, comportant l'ancre flottante principale éventuelle.
21. Leurre électromagnétique, caractérisé par le fait qu'il comprend une structure
alvéolaire réversible dont une partie au moins des alvéoles en creux est munie d'un
revêtement réflecteur en forme de trièdre.
22. Leurre électromagnétique selon la revendication 21, caractérisé par le fait que
la structure est en matière plastique injectée ou coulée sous pression.
23. Leurre électromagnétique selon la revendication 21, caractérisé par le fait que
la structure est en tôle d'alliage emboutie.
24. Leurre électromagnétique selon l'une des revendications 21 à 23, caractérisé par
le fait que l'apposition du revêtement réflecteur comprend une métallisation par une
opération au moins du groupe d'opérations suivant : galvanoplastie, vernis et dépôt
électrostatique d'aluminium, métallisation sous-vide.
25. Leurre électromagnétique selon l'une des revendications 21 à 24, caractérisé par
le fait que la structure est constituée de rangées d'alvéoles alternés, articulées
à pivotement les unes sur les autres, ce qui permet son repliement sous faible volume.
26. Leurre électromagnétique selon l'une des revendications 21 à 25, caractérisé par
le fait que la structure est en résine époxyde coulée sous-vide sur un tissu de fibre
de verre entre deux moules à surfaçage optique, et revêtement réflecteur transféré
sur la résine au cours du moulage.
27. Leurre électromagnétique selon l'une des revendications 21 à 26, caractérisé par
le fait qu'il est incorporé, avec des moyens de sustentation comprenant un ballon
captif, à une munition-véhicule de lancement.