[0001] La présente invention concerne la technique de trempe rapide ou hypertrempe, sur
bande, selon laquelle un jet liquide du produit à hypertremper -métal ou alliage-
est projeté sur une bande mobile, généralement métallique, défilant à grande vitesse,
au contact de laquelle ce jet est soumis à un refroidissement très brutal (106°C/s),
et amené à l'état de ruban mince.
[0002] Pour que l'opération puisse se dérouler en continu, il convient d'assurer constamment
l'élimination de la chaleur cédée à la bande mobile par le produit à traiter. Sans
précaution spéciale, en effet, cet apport de chaleur provoque un rapide échauffement
de la bande, au détriment de la qualité du produit obtenu, et entraîne très rapidement
l'arrêt de la production, par collage du ruban sur la bande.
[0003] Divers procédés ont déjà été proposés pour effectuer le refroidissement de la bande,
et notamment des procédés utilisant des fluides froids injectés sur la bande, en particulier
au moyen de caissons à coussins gazeux à effet Coanda, tels que décrit par la demande
de brevet français déposée le 18 Juillet 1980, sous le n° 80 15918. Ces procédés nécessitent
cependant des dispositifs de grand encombrement, dès que les débits de produits à
hypertremper deviennent importants.
[0004] Pour éviter cet inconvénient, la présente invention fait appel à la projection de
liquide pulvérisé en fines gouttelettes sur la bande mobile, ce liquide étant avantageusement
de l'eau.
[0005] L'invention a par conséquent pour premier objet, dans un procédé d'hypertrempe d'un
métal ou d'un alliage métallique par projection sur une bande mobile défilant à grande
vitesse d'un jet du produit à hypertremper à l'état liquide, le perfectionnement consistant
en ce que ladite bande est refroidie par projection sur celle-ci d'un liquide pulvérisé
et, notamment,d'eau.
[0006] Cette technique, bien connue dans d'autres domaines, exige, dans le cas considéré,
l'observation d'un certain nombre de précautions.
[0007] En effet, les essais effectués par les inventeurs on montré que, si la surface de
la bande mobile qui se présente sous le jet liquide chaud porte des traces d'eau,
celle-ci se vaporise au contact du jet, donnant lieu.à un phénomène de caléfaction,
qui perturbe le contact entre produit et bande et, par conséquent, la formation du
ruban hypertrempé. Or on a constaté aussi que, si la surface de la bande a été mouillée,
lors de la pulvérisation visant à son refroidissement, il est très difficile de la
sécher avant qu'elle ne se présente à nouveau sous le jet liquide chaud, c'est-à-dire
en un temps très court (par exemple de l'ordre du dixième de seconde pour une bande
de 4 m de longueur entraînée à une vitesse d'environ 30 m/s). De plus, cette même
surface doit évidemment être maintenue protégée au maximum contre l'oxydation pour
conserver ses qualités dans le processus d'hypertrempe.
[0008] Selon l'invention, on effectue donc la pulvérisation d'eau sur la face de la bande
opposée à celle sur laquelle on réalise le contact avec le produit à traiter.
[0009] En outre, de préférence, afin d'éviter de mouiller la face de la bande sur laquelle
s'effectue l'hypertrempe, on dispose, en regard de celle-ci et au moins au niveau
de la zone où est réalisée la pulvérisation, un caisson pour coussin gazeux à effet
Coanda.
[0010] De préférence, encore, on dispose en aval des moyens de pulvérisation, dans le sens
du défilement de la bande, des moyens d'évacuation de l'eau exédentaire tels que raclettes,
brosses et ouïes d'aspiration, le caisson pour coussin à effet Coanda se prolongeant
avantageusement au moins jusqu'à la zone où sont disposés ces moyens.
[0011] Il est d'ailleurs possible de régler le débit du ou des pulvérisateurs de telle manière
que la température de la bande ne soit pas abaissée au-dessous de la température d'ébullition
du liquide pulvérisé (100°C dans le cas de l'eau), et donc que la bande ne soit pas
"mouillée", les raclettes et brosses servant alors essentiellement pendant la phase
de réglage, puis jouant seulement un rôle de sécurité.
[0012] Enfin, pour l'élimination des dernières traces du liquide de refroidissement, on
a également utilisé avec succès une boite à vide, disposée en aval des autres moyens
d'évacuation (racletteset brosses) et du coussin à effet Coanda sur lequel ceux-ci
prennent appui. Cette boîte à vide comporte deux fentes de section très voisine de
celle de la bande permettant le passage de celle-ci avec une rentrée d'air très faible.
[0013] En outre, avantageusement, l'ensemble de l'installation de refroidissement est disposé
à l'intérieur d'une enceinte sous légère dépression, évitant les projections de liquide
de refroidissement et les émissions de vapeur vers la zone de coulée .
[0014] L'invention fournit ainsi un dispositif permettant un réglage très fin de la température
de la bande, qui s'avère être un paramètre particulièrement critique de l'hypertrempe,
une température optimale de bande apparaissant pour chaque produit à fabriquer, tous
autres paramètres étant maintenus inchangés.
[0015] Le dessin schématique annexé illustre une forme de réalisation d'un dispositif d'hypertrempe
conforme à l'invention.
[0016] Ce dispositif comprend une bande 1 en acier entraînée à grande vitesse (environ 40
m/s) sur deux poulies 2, 2', dont l'une est motrice, de préférence la poulie aval
2', dans le sens d'avancement du brin supérieur la de la bande, afin de maintenir
celui-ci parfaitement tendu. Le ruban hypertrempé 3 est formé sur la face supérieure
du brin supérieur la de la bande 1, par projection d'un produit à hypertremper, à
partir d'un creuset 4 en un produit réfractaire tel que de la silice comportant un
orifice d'éjection 5.
[0017] Au voisinage de la zone d'impact dudit produit et, dans le cas du dessin, en regard
de la face de la bande opposée audit impact, est disposé un premier caisson à effet
Coanda 6 assurant notamment le maintien en position de la bande. Ce caisson présente,
contre la bande, une surface plane percée de trous alignés selon l'axe de la bande
et régulièrement espacés.
[0018] Le dispositif de refroidissement par pulvérisation d'eau proposé par l'invention
est disposé, dans la version représentée par le dessin, au niveau du brin inférieur
lb de la bande.
[0019] Ce dispositif comporte, placé en regard de la face inférieure de ce brin, un second
caisson 11 à effet Coanda, de géométrie analogue à celle du caisson 6. Les orifices
des deux caissons sont alimentés en air comprimé.
[0020] Un pulvérisateur 12 d'eau est disposé en regard de la face supérieure du brin inférieur
lb de la bande, au-dessus du caisson 11 et au voisinage de son extrémité "amont" (par
rapport au mouvement de la bande).
[0021] Il comporte deux buses concentriques, l'une, centrale, pour l'amenée du liquide à
pulvériser, et l'autre, annulaire, pour l'air comprimé.
[0022] En aval du pulvérisateur 12 sont disposées deux raclettes 13 en caoutchouc dur, présentant
une surface plane contre la bande.
[0023] A la place de ces raclettes 13 ou en plus, de préférence en aval, une brosse cylindrique
rotative 14, tournant dans le sens de la flèche f, complète l'essorage de la bande.
[0024] L'ensemble de ces organes est avantageusement disposé sous une hotte 15 avec aspiration,
dont la jupe vient se raccorder sur le plateau du caisson.
[0025] Il est avantageux, en outre, de disposer en aval des raclettes 13, de part et d'autre
de la bande, des caissons 16 sous dépression, comportant des fentes ou ouïes disposées
à proximité immédiate des rives de la bande, de manière à aspirer l'eau évacuée vers
les bords de la bande par les raclettes 13.
[0026] A titre d'exemple, on décrit ci-après un dispositif de ce type dans lequel la bande
1 a une longueur de 4 mètres et une section de 13 x 0,8 mm. Cette bande est entraînée
par la poulie 2' à une vitesse d'environ 40 m/s.
[0027] La surface plane du caisson 6 tournée vers la bande L a une longueur de 50 cm et
une largeur de 10 cm. Elle est percée de trous d'un diamètre de 1,5 mm, alignés selon
l'axe de la bande, avec un espacement de 25 mm. Ces trous sont alimentés en air sous
pression avec un débit d'environ 10m
3/h normaux.
[0028] Le caisson 11 a une géométrie identique à celle du caisson 6 et est alimenté en air
dans les mêmes conditions.
[0029] La brosse rotative 14 a un diamètre égal à 100 mm.
[0030] Ce dispositif a notamment été utilisé pour fabriquer un ruban d'un alliage vitreux
de formule : Fe
75,6C
11 p
8 Cr5 Si
0,4, dans les conditions suivantes
- débit de l'alliage : 40 kg/h,
- température de l'alliage : environ 1 200°C,
- distance du nez du pulvérisateur 12 à la bande 1 : 2 cm,
- débits d'alimentation du pulvérisateur 12 :
eau : environ 30 1/h,
. air comprimé environ 10 m3/h normaux,
- raclettes 13 première raclette à environ 20 cm du pulvérisateur 12,
- alimentation des caissons 6 et 11 10 m3/h normaux d'air comprimé pour chaque caisson,
- température de la bande (mesurée par pyrométrie infrarouge) : de préférence comprise
entre 60 et 80°C.
[0031] Dans de telles conditions, avec une mise en régime très rapide et très stable, il
a été possible d'obtenir un ruban d'alliage Fe
75,6 C
11 p
8 Cr
5 SI
0,4 amorphe ou à très faible taux de cristallisation, c'est-à-dire très correctement
hypertrempé.
1.- Procédé d'hypertrempe d'un métal ou d'un alliage métallique par projection de
ce métal ou de cet alliage à l'état liquide sur une bande mobile (1) défilant à grande
vitesse, ce procédé étant caractérisé en ce que l'on refroidit ladite bande (1) par
projection sur celle-ci d'un liquide pulvérisé, notamment de l'eau, et que l'on utilise
le débit de liquide pulvérisé comme moyen de réglage de la température de la bande
(1).
2.- Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que ledit liquide pulvérisé
est projeté sur la face de la bande (1) opposée à celle sur laquelle est projeté le
métal ou l'alliage métallique à l'état liquide.
3.- Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que, au niveau
de la zone où est effectuée la projection de liquide pulvérisé et en regard de la
face de la bande (1) sur laquelle est effectuée l'hypertrempe du métal ou de l'alliage
métallique à l'état liquide, est disposé un caisson (11) apte à produire un coussin
gazeux à effet Coanda.
4.- Procédé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que le débit des
moyens de pulvérisation (12) du liquide est réglé de façon telle que la température
de la bande (1) ne soit pas abaissée au-dessous de la température d'ébullition de
ce liquide.
5.- Procédé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que, en vue d'obtenir
un ruban hypertrempé à partir d'un alliage de formule approchée Fe75,6 C11 P Cr5 Si0,4, la température de la bande sur laquelle est projeté ledit alliage est maintenue
entre 60 et 80°C.
6.- Dispositif d'hypertrempe d'un métal ou d'un alliage métallique comprenant une
bande (1), entraînée à grande vitesse, et des moyens (4, 5) de projection en direction
de cette bande (1) dudit métal ou dudit alliage à l'état liquide, ce dispositif étant
caractérisé en ce qu'il comporte des moyens (12) de projection d'un liquide pulvérisé,
notamment d'eau, en direction de la bande (1).
7.- Dispositif selon la revendication 6, caractérisé en ce que lesdits moyens (12)
de projection d'un liquide pulvérisé sont dirigés vers la face de la bande (1) opposée
à celle sur laquelle est projeté le métal ou l'alliage à l'état liquide.
8.- Dispositif selon la revendication 7, caractérisé en ce qu'il comprend, au niveau
de la zone où est effectuée la pulvérisation de liquide et en regard de la face de
la bande (1) sur laquelle est effectuée l'hypertrempe du métal ou de l'alliage métallique
à l'état liquide, un caisson (11) apte à produire un coussin gazeux à effet Coanda.
9.- Dispositif selon l'une des revendications 6 à 8, caractérisé en ce qu'il comprend,
en aval desdits moyens (12) de pulvérisation de liquide, des moyens (13, 14, 16) d'évacuation
du liquide pulvérisé excédentaire.
10.- Dispositif selon les revendications 8 et 9 en combinaison, caractérisé en ce
que ledit caisson (11) apte à produire un coussin gazeux à effet Coanda, s'étend au
moins jusqu'à la zone desdits moyens (13, 14, 16) d'évacuation du liquide excédentaire.
11.- Dispositif selon la revendication 10:, caractérisé en ce que lesdits moyens (13,
14, 16) d'évacuation du liquide excédentaire sont disposés sous une hotte d'aspiration
(15), dont la jupe est raccordée au plateau dudit caisson (11) apte à produire un
coussin gazeux à effet Coanda.
12.- Dispositif selon l'une des revendications 9 à 11, caractérisé en ce qu'il comprend,
en aval desdits moyens (13, 14, 16) d'évacuation du liquide excédentaire, une boite
à vide comprenant deux fentes de section très voisine de la bande (1) pour le passage
de celle-ci.