[0001] L'invention a trait à un procédé de régénération du contenu de cuves de fluxage,
constitué de chlorures de zinc et d'ammonium en solution aqueuse, où sont plongées
des pièces en acier avant galvanisation au trempé.
[0002] Au cours du processus de galvanisation au trempé, c'est-à-dire par immersion des
pièces dans un bain de zinc en fusion, les pièces subissent des traitements de surface
préparatoires comprenant un dégraissage en bain alcalin, un décapage en bain acide,
et une opération dite fluxage qui consiste à recouvrir les pièces d'une mince couche
de chlorures de zinc et d'ammonium (flux), en les plongeant dans une cuve contenant
une solution aqueuse de ces sels, puis éventuellement en évaporant en étuve l'eau
de la solution.
[0003] Pour réduire les transports de bain de dégraissage dans le bain de décapage, et de
ce bain de décapage dans le bain de fluxage, on effectue des rinçages intermédiaires.
Néanmoins le bain contenu dans la cuve de fluxage s'enrichit progressivement en fer,
essentiellement à l'état divalent, qui provient du transport de bain de décapage,
dilué par le rinçage, et de l'attaque du fer par la solution de fluxage.
[0004] L'entraînement de sels de fer dans la cuve de galvanisation provoque une réaction
du zinc en fusion avec ces sels de fer, avec formation de mattes, composés zinc/fer,
qui précipitent dans le zinc fondu et ont tendance à se rassembler en fond de cuve.
Ces mattes peuvent provoquer des défauts dans le recouvrement de zinc, et provoquent
des pertes de zinc.
[0005] Lorsque le bain de fluxage contient plus que des traces de fer dissous, une partie
de ce fer à l'état divalent accompagne les chlorures de zinc et d'ammonium dans le
flux, tandis qu'une autre partie s'oxyde à l'état trivalent sous l'action de l'oxygène
atmosphérique, et précipite à l'état d'hydroxyde ferrique ; l'hydroxyde ferrique est
partiellement entraîné par la solution de fluxage. Aux mattes qui se forment par attaque
directe du fer par le zinc en présence de flux lors de la galvanisation viennent s'ajouter,
de façon indésirable, les mattes provenant de la présence de fer dissous dans le bain
de fluxage.
[0006] Pour remédier à cette difficulté, il est classique d'effectuer périodiquement une
régénération des bains de fluxage. Pour ce faire on ajoute au contenu de la cuve de
l'eau oxygénée, jusqu'à ce que pratiquement tout le fer contenu passe à l'état trivalent,
et précipite sous forme d'hydroxyde ferrique, qui se présente sous forme de flocons.
On laisse se former en fond de cuve des boues d'hydroxyde, que l'on évacue ensuite
par pompage. Le bain clair qui subsiste est complété en niveau et en teneur.
[0007] On comprend aisément que cette opération de régénération qui bloque l'exploitation
de la ligne de galvanisation pendant une durée importante, n'est exécutée que lorsque
la teneur du bain de fluxage en fer dissous atteint des valeurs prohibitives entraînant
une baisse sensible de la qualité de la galvanisation. Par ailleurs le prélèvement
des boues en fond de cuve provoque un entraînement de bain de fluxage important ;
les boues sont volumineuses, et relativement riches en zinc et chlorure. Il est onéreux
de traiter ces boues pour éviter des pollutions. La pratique courante présente encore
un inconvénient : l'oxydation du fer à l'état trivalent par l'eau oxygénée ne doit
pas être conduite sous agitation, sous peine de voir l'hydroxyde ferrique se former
en flocons de taille réduite qui ne sont pas susceptibles de décanter en un temps
raisonnable. Il s'ensuit que l'eau oxygénée ne peut être répartie rapidement dans
la masse du bain pour oxyder le fer. Au cours de la diffusion lente, une quantité
importante d'eau oxygénée. se décompose spontanément, et la consommation de ce réactif
est excessive.
[0008] L'invention a pour objet un procédé exempt des inconvénients précités, et propose
à cet effet un procédé de régénération du contenu de cuves de fluxage, constitué de
chlorures de zinc et d'ammonium en solution aqueuse, où sont plongées des pièces en
acier avant galvanisation au trempé, procédé d'élimination du fer dissous nuisible
suivant lequel on ajoute au contenu de la cuve de l'eau oxygénée de façon à faire
passer pratiquement tout le fer dissous à l'état trivalent et former des boues insolubles
d'hydroxyde ferrique, et on élimine ces boues insolubles, caractérisé en ce que l'on
prélève de la cuve un courant à débit pratiquement constant de son contenu, on ajoute
à ce courant des débits d'eau oxygénée et d'ammoniaque réglés respectivement en sorte
que l'eau oxygénée soit sensiblement en équilibre stoechiométrique avec le fer à oxyder
et que le pH soit maintenu sensiblement à 4, on laisse s'achever. la formation d'hydroxyde
ferrique en milieu calme, et on évacue par décantation les boues d'hydroxyde en renvoyant
à la cuve la solution de chlorures de zinc et d'ammonium débarrassée de fer.
[0009] Le procédé, mis en oeuvre sur un bain où la concentration en fer dissous reste faible,
puisque l'élimination est permanente, permet d'ajouter les réactifs, eau oxygénée
d'oxydation et ammoniaque de réglage de pH, au courant de bain de telle sorte que
le pouvoir oxydoréducteur et le pH soient ajustés de façon optimale dans le bain en
réaction ; l'oxydation du fer (II) en fer (III) se fait avec une consommation d'eau
oxygénée pratiquement réduite au minimum. En outre on profite de ce que la vitesse
d'oxydation du fer est notablement supérieure à celle de la précipitation d'hydroxyde
ferrique ; ainsi le courant, relativement plus rapide dans la phase d'injection de
réactifs, correspondant à l'étape d'oxydation, est ralenti pour laisser venir à maturation,
au pH favorable, les flocons d'hydroxyde ferrique. La grosseur des flocons favorise
la rapidité et l'efficacité de la décantation.
[0010] Diverses dispositions viennent améliorer le processus ; ainsi après introduction
des réactifs, le courant de bain est conduit au fond d'un réacteur par une canalisation,
en sorte que la durée d'oxydation soit voisine du temps de parcours du bain dans la
canalisation, tandis que dans le réacteur où le courant est presque imperceptible,
l'hydroxyde peut venir à maturation. Après cela le bain, où l'hydroxyde s'est développé
pour sa majeure partie, est envoyé dans un décanteur où l'hydroxyde se rassemblera
en partie inférieure. Il sera judicieux de chauffer en surface le décanteur, pour
éviter des turbulences de convection qui pourraient ramener en surface de l'hydroxyde
si les couches superficielles dans le décanteur, se refroidissant, devenaient plus
denses que les couches profondes.
[0011] Enfin les boues d'hydroxyde ferrique évacuées par des purges périodiques du décanteur,
par volumes réduits, peuventaisé- ment être soumises à filtration, pour récupérer
la solution de flux entraînée par les purges.
[0012] Les caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront d'ailleurs dela description
qui va suivre à titre d'exemple, en référence au dessin annexé qui représente schématiquement
la disposition du matériel utilisé pour la mise en oeuvre du procédé.
[0013] Selon le mode de réalisation choisi et représenté, le bain de fluxage 10, solution
aqueuse de chlorures de zinc et d'ammonium est contenu dans une cuve 1, d'une contenance
de 40 mètres cubes environ, qui fait partie classiquement d'une ligne de galvanisation
au trempé. Cette ligne comprend des cuves de dégraissage, de premier rinçage, de décapage
acide, de second rinçage, la cuve de fluxage 1, suivie d'une étuve de séchage et de
la cuve de galvanisation, qui contient un bain de zinc fondu.
[0014] Pour éliminer le fer dissous dans le bain de fluxage 10, fer qui provient des entraînements
de la cuve de décapage acide, et de l'attaque superficielle des pièces par le bain
de fluxage, le contenu de la cuve 1 est prélevé en courant régulier par une pompe
volumétrique 12, à travers une canalisation d'aspiration 11 qui débouche vers le fond
de la cuve 10. Le débit de la pompe 12 est d'environ 100 litres à l'heure, soit à
peu près 0,03 litre seconde.
[0015] La pompe 12 refoule la solution prélevée dans un réacteur 2, de 80 litres de contenance
à travers un tube de réaction 21 qui pénètre dans le réacteur jusqu'au voisinage du
fond. A la partie supérieure du tube de réaction 21 débouchent deux ajutages 22b et
23b, reliés à deux réservoirs 22 et 23 à réactifs de 100 litres de contenance, le
réservoir 22 contenant de l'eau oxygénée et le réservoir 23 de l'ammoniaque, à des
concentrations usuelles. Deux pompes doseuses 22a et 23a prélèvent les réactifs dans
les réservoirs 22 et 23 pour les envoyer aux ajutages 22b et 23b. Ces pompes doseuses
sont à débits asservis par des capteurs 22c et 23c, respectivement pour le potentiel
d'oxydoréduction et le pH, en sorte que, dans le réacteur 2, le pH soit maintenu à
4 (+ 0,1) et que, vers la surface du réacteur, le potentiel d'oxydoréduction corresponde
à une concentration en fer (II) inférieure à une valeur donnée (0,5 g/1), en présence
de fer (III).
[0016] Une canalisation de trop plein 24 piquée sur le réacteur 2, et qui définit le niveau
de surface, débouche au centre et vers le fond d'un décanteur cylindrique-23, d'un
diamètre de 1 mètre et une hauteur de 1,300 mètre (volume 1 mètre cube environ). Le
réacteur est muni d'une gouttière périphérique 31 dans laquelle vient déborder le
liquide décanté, qui retourne à la cuve de fluxage 1 par la canalisation 32, débouchant
au voisinage de la surface du bain 10. Du fond du décanteur 3 part une canalisation
de purge 33, pour évacuer les particules solides qui se sont rassemblées au fond du
décanteur 3. Une batterie de 4 thermoplongeurs 34 de puissance unitaire 500 watts
permet le chauffage superficiel du contenu du décanteur 3.
[0017] Les boues de purge extraites du décanteur 3 peuvent être, par l'intermédiaire d'une
vanne à trois directions 41, soit envoyées directement à l'évacuation de l'atelier
vers une installation de traitement des rejets, soit dirigées par une pompe 42 sur
un filtre 4, pour récupérer les chlorures de zinc et d'ammonium du filtrat.
[0018] Si l'on porte son attention sur le cycle d'épuration de solution de fluxage, on remarque
que, avec un débit d'extraction de 100 litres à l'heure, la période d'épuration du
contenu 10 de la cuve 1, est de 400 heures pour un volume de 40 mètres cubes. Par
ailleurs la durée de mélange des réactifs au courant de solution dans le tube 21 est
de l'ordre de la dizaine de seconde, et le temps de séjour dans le réacteur 2 est
d'environ 50 minutes. Avec une hauteur de réacteur 2 d'environ 0,80 mètre, la vitesse
ascensionnelle de la solution dans ce réacteur est d'environ 0,3 mm à la seconde,
ce qui correspond à un écoulement pratiquement sans turbulences, où les réactions
d'oxydoréduction entre fer (II) et eau oxygénée se produisent avec le minimum de réactions
secondaires et de décomposition spontanée de l'eau oxygénée, tandis que la nucléation
de l'hydroxyde ferrique se produit dans la masse de solution. On remarquera en outre
que, en raison du peu d'importance relative du prélèvement de solution de fluxage
dans la cuve 1 vis-à-vis du volume total de solution, la composition du courant prélevé
correspond à la composition du contenu de la cuve, qui varie lentement, tandis que
les retours par la canalisation 32 ne sont pas susceptibles d'altérer sensiblement
la composition du bain de fluxage sur une courte durée. Aussi les apports de réactifs,
eau oxygénée et ammoniaque, par les pompes doseuses 22a et 23a, varient également
très lentement, de sorte que les mesures des capteurs 22c et 23c s'effectuent sur
des grandeurs, potentiel d'oxydoréduction et pH, en régime sensiblement permanent.
[0019] A l'étape suivante, dans le décanteur 3, le temps de séjour de la solution est de
10 heures, ce qui correspond à une vitesse ascensionnelle de 0,04 mm/sec. environ,
pour les dimensions de réacteur précisées plus haut. Non seulement la maturation des
flocons d'hydroxyde ferrique a le temps d'être complète, mais encore ces flocons ont
une densité apparente telle que leur vitesse de chute peut excéder largement la vitesse
ascensionnelle du liquide. On notera que, dans le réacteur 2, où les flocons ont peu
dépassé encore le stade de nucléation, tandis que la vitesse ascensionnelle du liquide
est près de huit fois plus grande, l'entraînement de l'hydroxyde ferrique est sensiblement
complet.
[0020] Par ailleurs, il est de pratique courante d'effectuer le fluxage à une température
supérieure à l'ambiante, afin d'opérer avec des bains plus concentrés en chlorures,
amenés à une viscosité acceptable. La solution qui séjourne 10 heures dans le décanteur
3 se refroidirait, tant par les parois du décanteur qu'en surface. Les inégalités
de température dans le décanteur 3 engendreraient des mouvements de convection dans
le liquide, du fond en partie centrale vers la surface en partie périphérique, entraînant
en conséquence l'hydroxyde ferrique vers la cuve 1. C'est la raison pour laquelle
on prévoit le chauffage des couches superficielles du décanteur 3, en sorte de former
une couche chaude en surface, stable et capable de protéger contre le refroidissement
les couches sous-jacentes.
[0021] Bien entendu l'invention n'est pas limitée à l'exemple décrit, mais en embrasse toutes
les variantes d'exécution, notamment en s'adaptant au volume de bains de fluxage à
épurer.
[0022] De plus, lorsque les cadences de travail sont régulières, on peut faire l'économie
de réglage asservi des débits de réactifs, en vérifiant périodiquement les conditions
de pH et d'oxydoréduction.
1. Procédé de régénération du contenu de cuves de fluxage, constitué de chlorures
de zinc et d'ammonium en solution aqueuse, où sont pbngées des pièces en acier avant
galvanisation au trempé, procédé d'élimination du fer dissous nuisible suivant lequel
on ajoute au contenu de la cuve de l'eau oxygénée de façon à faire passer pratiquement
tout le fer dissous à l'état trivalent et former des boues insolubles d'hydroxyde
ferrique, et on élimine ces boues insolubles, caractérisé en ce que l'on prélève de
la cuve un courant à débit pratiquement constant de son contenu, on ajoute à ce courant
des débits d'eau oxygénée et d'ammoniaque, réglés respectivement en sorte que l'eau
oxygénée soit sensiblement en équilibre stoechiométrique avec le fer à oxyder et que
le pH soit maintenu sensiblement à 4, on laisse s'achever la formation d'hydroxyde
ferrique en milieu calme, et on évacue par décantation les boues d'hydroxyde en renvoyant
à la cuve la solution de chlorures de zinc et d'ammonium débarrassée de fer.
2. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce qu'on maintient en circulation
le courant de solution de chlorures après ajout d'eau oxygénée et d'ammoniaque sur
un parcours suffisamment long pour que l'oxydation du fer soit sensiblement complète,
avant de laisser s'achever en milieu calme la formation d'hydroxyde.
3. Procédé suivant la revendication 1 ou la revendication 2, caractérisé en ce qu'on
transfère la solution de chlorures, après formation de la majeure partie de l'hydroxyde
ferrique, dans une zone de décantation.
4. Procédé suivant la revendication 3, caractérisé en ce que l'on chauffe la solution
de chlorures en surface dans la zone de décantation.
5. Procédé suivant une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que
les boues évacuées par décantation sont soumises ultérieurement à une opération de
filtrage en sorte de récupérer de la solution de chlorures de zinc et d'ammonium entraînée
par ces boues.