[0001] La présente invention concerne des perfectionnements apportés à la fabrication et
au conditionnement en continu de compositions explosives sirupeuses, ayant la propriété
de se solidifier rapidement, sans coller, de manière à être suffisamment rigides et
cohérentes pour permettre un conditionnement en étui papier sur une machine d'encartouchage
du type à découpe.
[0002] Depuis quelques années sont apparus sur le marché des explosifs sirupeux (appelés
aussi "boullies" ou "slurry") dans lesquels le support de détonation est assuré par
la réaction oxydo-réductrice qui se déroule après la mise à feu, entre une solution
oxydante préparée à chaud, de sels minéraux ou organiques dissous dans l'eau et un
prémélange réducteur constitué de matières combustibles solides, principalement de
l'aluminium de différents types, à l'exclusion detoute matière explosive traditionnelle
proprement dite. De tels explosifs sont notamment décrits dans le brevet des Etats-Unis
d'Amérique 3.121.036 et dans le brevet belge 575.043.
[0003] Dans ce genre de composition, la sensibilité est principalement due à la présence
d'aluminium du type "peinture" tandis qu'une sensibilité complémentaire est assurée
en fonction de la densité des microbulles de gaz issues d'une réaction chimique au
sein de la masse; une texture plastique plus ou moins caoutchouteuse est conférée
à l'explosif par gélification, au moyen d'un agent de réticulation, des gommes de
guar présentes dans la formule.
[0004] L'intérêt de ces compositions réside dans un accroissement de la sécurité au cours
de la fabrication,pendant l'emmagasinage, le transport et l'emploi, tandis que les
méthodes de mise en oeuvre offrent une diversification plus étendue que pour les explosifs
classiques.
[0005] En petits diamètres (c'est-à-dire de 20 à 40 mm), ce type de compositions présente
un double défaut. D'une part, au fur et à mesure que le diamètre est réduit, la capacité
de détonation et l'aptitude à la transmission d'une cartouche à l'autre exigent des
sensibilisants de plus en plus fins, et ceci à des taux de plus en plus élevés; d'autre
part, la consistance plastique des cartouches les rend compressibles, ce qui en trous
de mine, risque de conduire à l'arrêt de la détonation sous l'effet des ondes de compression
qui se propagent en avant du front de détonation.
[0006] Ainsi de nombreuses modifications ont été apportées à ces formules durant ces dernières
années; parmi celles-ci, une modification particulièrement intéressante a consisté
à améliorer la sensibilité de l'amorçage par l'introduction dans la composition d'un
modificateur de cristaux. Lors du refroidissement de la bouillie, ce dernier règle
la cristallisation des sels en empêchant la formation de cristaux trop gros, au profit
de micro-cristaux favorables à la détonation.
[0007] De cette façon, sans devoir passer à des teneurs trop élevées en aluminium sensibilisateur,
la sensibilité a pu être accrue de manière à assurer déjà la détonation pour des diamètres
de cartouches inférieures à 20 mm; un avantage supplémentaire important est dû au
fait que certains explô- sifs de cette espèce peuvent présenter une texture solide,
au lieu d'avoir une consistance plastique, ce qui leur permet de mieux résister aux
effets des ondes de compression décrits plus haut; l'efficacité est d'autant plus
grande que la fabrication se fait à partir d'une solution riche en nitrate d'ammonium,
c'est-à-dire à point de cristallisation plus élevé.
[0008] L'inconvénient que présentent d'une manière générale les bouillies explosives ainsi
améliorées réside dans une grande difficulté de conditionnement : la viscosité de
certaines d'entre elles est telle que les moyens habituels (les machines du type chub-pack
ou les canons d'extrusion) ne conviennent pas. D'autre part, un encartouchage classique
du produit refroidi en cuve tel qu'il est réalisé pour les explosifs traditionnels
(dynamites par exemple) à partir d'une vis d'extrusion ou d'une machine à découpe
du type Rollex, offre le double désavantage d'être un procédé discontinu et.de désensibiliser
complètement l'explosif. A ce moment d'ailleurs, le produit refroidi se présente sous
forme d'une masse solide mais cependant poudreuse et friable, trop peu cohérente pour
être encartouchée facilement. C'est le cas notamment de la composition décrite dans
le brevetlfméricain 4,033,264 qui décrit le produit obtenu comme une composition explosive
gélifiée friable.
[0009] La présente invention vise par conséquent à améliorer des compositions explosives
sirupeuses et à offrir un procédé pour leur préparation qui permette d'obtenir des
explosifs à texture solide finale permettant une solidification qui rend le produit
rigide mais cependant suffisamment cohérent pour qu'un conditionnement en étui papier
sur une machine d'encartouchage du type à découpe soit facilité.
[0010] Selon un aspect complémentaire de l'invention, on vise à obtenir un produit qui se
solidifie rapidement sans cependant coller.
[0011] Par le procédé de l'invention, il devient possible d'obtenir des cartouches du type
de celles utilisées pour la dynamite, au départ d'un explosif sirupeux sans difficulté
de conditionnement due à la friabilité du produit.
[0012] En conséquence, l'invention porte sur un procédé continu de production de compositions
sirupeuses encartouchées caractérisé en ce qu'on mélange une solution oxydante préparée
à chaud, connue en soi, contenant des sels minéraux ou organiques dissous dans l'eau,
et un prémélange réducteur constitué de combustibles solides à base de métaux combustibles
et d'un agent durcissant introduit sous forme solide, préalablement à la solidification
finale de la composition, le mélange étant ensuite encartouché à l'aide d'une machine
à découpe, de préférence une encartoucheuse de type Rollex.
[0013] Avantageusement, ledit mélange subit un refroidissement rapide et immédiat à la sortie
du dispositif de mélange de la solution oxydante et du prémélange réducteur.
[0014] Il est apparu que cette addition de l'agent durcissant permet d'obtenir par refroidissement,
la composition explosive sous forme durcie et liée, c'est-à-dire cohérente et ne présentant
aucun caractère de friabilité.
[0015] Des cartouches préparées à l'aide de cette composition et selon le procédé ci-avant
se caractérisent de manière surprenante par des caractéristiques d'aptitude de 6 cm
dans l'air dans le cas de l'invention.
[0016] De plus, du fait que la composition de l'invention n'est plus compressible, on n'observe
pas de "channel effect" comme c'est la cas pour la composition décrite dans le brevet
belge 698.434 dans laquelle une prise ou durcissement de la composition est assuré
par des sels métalliques.
[0017] L'agent durcissant nécessaire à la boudinabilité est du type carboxyméthylcellulose;
sa teneur selon l'invention, exprimée en pourcentage en poids par rapport à la formule
finale de la composition explosive est avantageusement comprise entre 1 et 3 %, de
préférence entre 1,5 et 2,5 % et tout particulièrement avantageusement est de l'ordre
de 2 %.
[0018] La carboxyméthylcellulose est un produit bien connu de l'industrie des explosifs
en bouillies; elle est citée souvent comme combustible et épaississant; c'est le cas
dans les brevets DE-A 1.813.173; 2.826.589 et 2.643.499, dans les brevets FR-A 1.550.925
et 1.244.201 ou encore dans le brevets US-E 26.115, US-A 3.235.425 et 3.524.777; certaines
propriétés particulières lui ont été trouvées et revendiquées, comme par exemple pour
obtenir une meilleure réticulation (brevets US-A 3.344.004 et 3.251.781) ou une meilleure
résistance à l'eau ainsi qu'un plus long stockage (brevet GB-A 1.238.818) ou encore
une stabilité améliorée (brevet FR-A 2.006.804); dans tous ces cas, elle fait partie
intégrante de la solution oxydante : elle est associée à la phase aqueuse soit directement,soit
en prémélange avec du glycol (brevet GB-A 2 013 173).
[0019] La présente invention met en évidence un autre aspect particulier du produit : il
a été trouvé que le carboxyméthylcellulose agit comme agent durcissant, indispensable
à laboudinabilité sur une machine à encartoucher du type à découpe, pour autant qu'elle
soit incorporée, obligatoirement, à la partie solide de la composition (c'est-à-dire
au prémélange réducteur); il ne s'agit donc pas comme dans les documents précités
d'un simple épaississement (qui n'aurait d'effets que sur la plus ou moins grande
viscosité du produit), ni d'une action de réticulation (qui rendrait la pâte trop
plastique pour le but recherché), ni d'une action de résistance à l'eau améliorée
ou sur la stabilité.
[0020] A cet égard, il est apparu au contraire que la rigidité et la cohésion au moment
de l'encartouchage étaient maximales lorsque la solution ne contenait pas les gommes
de guat que l'on utilise habituellement, celles-ci de par leur nature assurant en
effet toujours une certaine plasticité au produit final au détriment de sa rigidité.
Les gommes de guar ne sont donc à utiliser dans les compositions de l'invention que
lorsqu'un compromis entre plasticité et rigidité est recherché; dans le cas normal
où l'on veut obtenir une rigidité et une cohésion maximales, la gomme de guar fait
partie intégrante du prémélange solide et doit être du type autoréticulant.
[0021] Afin d'éviter que les compositions explosives obtenues ne présentent une consistance
collante, il est apparu que l'addition d'un agent anti-collant du type du talc permet
de faciliter la mise en oeuvre des compositions de l'invention sur les machines d'encartouchage.
[0022] Il est d'autre part apparu que l'action de l'agent durcissant peut être renforcée
par la présence d'un agent réticulant à base de chrome ou d'antimoine qui agit sur
la gomme de guar lorsque celle-ci est présente.
[0023] Il est apparu que des résultats particulièrement satisfaisants permettant sans difficulté
la transposition à l'encartouchage sur une machine du type Rollex peuvent être obtenus
par ce procédé lorsque la composition subit un refroidissement rapide et immédiat
à la sortie du dispositif de mélange de la solution oxydante et du prémélange réducteur.
[0024] La préparation des compositions explosives sirupeuses est bien connue de l'homme
de l'art et l'invention s'étend aux compositions de l'état de la technique présentant
la caractéristique de l'invention de contenir un agent durcissant dans le prémélange
combustible solide. Il est apparu que la présence dans la solution d'un régulateur
de cristaux de la famille des méthyl-naphtalène-sulfonates sodiques donne des résultats
particulièrement favorables.
[0025] Egalement la présence dans la solution, en plus des sels oxydants, de 5 à 10 % d'urée
confère d'excellentes caractéristiques explosives aux compositions obtenues.
[0026] Dans le cas où l'on souhaite obtenir une texture rigide fibreuse de la composition,
il est apparu intéressant d'ajouter à l'agent durcissant du type carboxyméthylcellulose,
de la polyacrylamide.
[0027] L'invention sera décrite plus en détail à titre d'illustration sans caractère limitatif
à l'aide des exemples qui suivent.
Exemple 1
[0028] D'une part, on prépare une solution à 80°C contenant :

et d'autre part, un prémélange contenant :

Le mélange dans la proportion 87 parties en poids de solution et 13 parties en poids
de prémélange se réalise par simple passage dans un mélangeur à bouillie d'où il est
porté, soit par gravité, soit par pompage, sur la courroie transporteuse de la machine
Rollex, refroidie par eau et par air, et acheminé sous le couteau de la machine, sous
la forme d'un tapis prêt à la découpe, à la température d'environ 40 à 45°C, c'est-à-dire
suffisamment refroidi et cohérent pour être encartouché. Chaque découpe est moulée
individuellement dans un étui en papier qui, une fois fermé, assure et maintient la
forme de la cartouche ainsi obtenue. La densité de l'explosif, conditionnant le poids
des cartouches peut s'il le faut, être réglée en amenant au mélangeur en même temps
que la solution et le prémélange de l'exemple 1, 0 à 0,8 parties en poids de NO
2Na en solution 75/25; l'explosif préférentiellement avec 0,4 partie en poids de N0
2Na, encartouché en 30 mm/200 g donne, sans confinement, une aptitude dans l'air de
6 cm et une vitesse de détonation de 3800 à 4100 m/s par amorçage au détonateur à
440 mg d'hexogène, à la densité de 1,10-1,15. Si l'aluminium atomisé est remplacé
par du silicium on obtient, à la densité 1,10 :

La puissance de l'explosif de l'exemple 1 déterminé au bloc de plomb est de 400 cc,
c'èst-à-dire équivalente à celle d'une dynamite de très bonne qualité. Le procédé
reste compatible avec toutes les formules basées sur la solution de l'exemple 1 dans
laquelle la teneur en métal combustible du prémélange varie de 0 à 8 parties en poids.
Ceci sera illustré dans les deux exemples qui suivent donnant les caractéristiques
des deux formules extrêmes.
Exemple 2
[0029] Composition à 89,5 % solution et 10,5 % de prémélange ne contenant pas de métal combustible
(sauf l'Al sensibilisant) :

Exemple 3
[0030] Composition à 81,5 % solution et 18,5 % de prémélange contenant 8 parties de métal
combustible (Al), en plus de l'Al sensibilisant; à la densité 1,15 :

Exemple 4
[0031] Dans des explosifs analogues à ceux des exemples précédents l'effet de la guar autoréticulante
ajoutée au prémélange peut être renforcé par 0,5 partie en poids d'un agent réticulant
à base de chrome ou d'antimoine.
Exemple 5
[0032] A 86 parties en poids de la solution de l'exemple 1, on ajoute 14 parties en poids
d'un prémélange constitué de :

La suite des opérations se déroule comme pour les exemples 1 à 4. Le produit présente
d'excellentes propriétés anti- collantes et se met en oeuvre facilement sur une machine
d'encartouchage.
Exemple 6
[0033] Dans le cas où une texture rigide fibreuse est souhaitée, l'agent durcissant de type
carboxyméthylcellulose peut être également associé à la polyacrylamide.
[0034] On mélange dans ce cas 87 parties en poids de la solution de l'exemple 1 avec 13
parties en poids du prémélange suivant :

Les caractéristiques des produits sont les mêmes que pour l'exemple 1.
Exemple 7
[0035] On substitue à la solution de l'exemple 1, la solution suivante :

La suite des opérations s'effectue comme dans les exemples précédents et les résultats
obtenus sont analogues.
l.Procédé continu de production de compositions sirupeuses en- cartouchéescaractérisé
en ce qu'on mélange une solution oxydante préparée à chaud connue en soi, contenant
des sels minéraux ou organiques dissous dans l'eau, et un prémélange réducteur constitué
de combustibles solides à base de métaux combustibles et d'un agent durcissant introduit
sous forme solide, préalablement à la solidification finale de la composition, le
mélange étant ensuite encartouché à l'aide d'une machine à découpe.
2.Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que ladite machine à découpe
est une encartoucheuse de type Rollex.
3.Procédé selon la revendication 1 ou 2 caractérisé en ce que ledit mélange subit
un refroidissement rapide et immédiat à la sortie du dispositif de mélange de la solution
oxydante et du prémélange réducteur.
4.Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3 caractérisé en ce que l'agent
durcissant mis en oeuvre sous forme solide dans le prémélange réducteur est du type
carboxyméthylcellulose.
5.Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que la
teneur en agent durcissant, exprimée en pourcentage en poids par rapport à la formule
finale de la composition explosive est comprise entre 1 et 3%, de préférence entre
1,5 et 2,5 % et tout particulièrement est de l'ordre de 2%.
6.Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5 caractérisé en ce qu'on
incorpore au mélange un agent anti-collant.
7.Procédé selon la revendication 6 caractérisé en ce que l'agent anti-collant incorporé
est le talc.
8.Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 7 caractérisé en ce que l'action
de l'agent durcissant est renforcée par l'addition d'un agent réticulant à base de
chrome ou d'antimoine.
9.Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 8 caractérisé en ce que les
métaux combustibles ajoutés sont l'aluminium et/ou le silicium.
10. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 9 caractérisé en ce que
dans la solution oxydante a été ajouté un régulateur de cristaux de la famille des
méthyl-naphtalène-sulfonates sodiques.
11. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 10 caractérisé en ce que
dans la solution oxydante, on a ajouté 5 à 10% d'urée.
12. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 11 caractérisé en ce que
la densité finale de l'explosif est réglée par O à 0,8% en poids de N02Na en solution 75/25.
13. Cartouches de compositions sirupeuses explosives obtenues par le procédé d'une
quelconque des revendications 1 à 12.