[0001] La présente invention concerne un procédé de fixation d'une feuille de bois sur un
objet rigide et, plus précisément, à l'intérieur d'un champ-levé ménagé sur un objet
métallique.
[0002] L'une des principales difficultés rencontrées lorsque l'on désire coller une feuille
de bois sur un support tient aux propriétés hygroscopiques du bois, qui lui imposent
des variations dimensionnelles plus ou moins importantes suivant le degré hygrométrique
de l'atmosphère ambiante, variations qui peuvent même entraîner la rupture du film
de colle assurant l'adhérence de la feuille de bois sur son support.
[0003] Pour éviter ce grave inconvénient, on utilise généralement, pour le collage des feuilles
de bois, des colles à hauts coefficients d'allongement telles que, par exemple, les
colles du type néoprène.
[0004] Les constituants de telles colles ont cependant tendance à migrer de façon différente
dans les pores du bois et il en résulte une décomposition partielle de la colle, de
la même manière que si on l'analysait par chromatographie.
[0005] En outre, il est des cas où, pour des raisons de solidité ou d'ordre purement esthétique,
la feuille de bois est disposée à l'intérieur d'un "champ-levé", c'est-à-dire dans
un évidement ménagé à la surface du support. Dans ces conditions, lorsqu'après son
ajustement dans le champ-levé, le degré hygrométrique auquel est soumise la feuille
augmente, la surface de celle-ci tend également à s'accroître et, en étant empêchée
par les bords dudit champ-levé, elle va alors se bomber ou se gauchir. Outre son effet
inesthétique, ce type de déformations entraîne généralement un décollage partiel de
la feuille.
[0006] De plus, on sait qu'il est extrêmement difficile d'obtenir une feuille de bois, même
de petites dimensions, dont l'épaisseur soit régulière et contrôlable. Il en résulte
que, pour faire affleurer rigoureusement la surface du bois aux bords du champ-levé,
il faut ajuster la profondeur de ce dernier à l'épaisseur de la feuille. Il est naturellement
possible d'amincir la feuille de bois après sa mise en place dans le champ-levé, mais
cette opération est encore plus délicate que la précédente. Ces méthodes se prêtent
donc à une mise en oeuvre artisanale, mais sont difficilement envisageables en série
sur le plan industriel.
[0007] On connaît, bien entendu, depuis longtemps des moyens permettant d'empêcher les modifications
dimensionnelles du bois, que provoquent les variations de degré hygrométrique. Ces
méthodes consistent, pour la plupart, à remplacer l'eau présente dans les fibres du
bois par une matière non susceptible de s'évaporer dans l'air ambiant.
[0008] On a ainsi préparé du bois dit "bakélisé", en imprégnant l'intérieur des fibres,
ainsi que les espaces interfibres, d'une résine phénol-formol en solution alcoolique.
Le bois ainsi traité présente une grande insensibilité aux variations hygroscopiques,
ainsi que des caractéristiques mécaniques améliorées.
[0009] Dans le même but, on a proposé, plus récemment, d'enrober le bois de résines synthétiques,
de préférence durcissables, car plus faciles à mettre en oeuvre.
[0010] Tous ces procédés d'imprégnation, s'ils améliorent sans conteste la stabilité dimensionnelle
du bois par rapport aux variations hygroscopiques, ont l'inconvénient de priver celui-ci
de son aspect naturel, pour lui conférer une apparence de bois synthétique.
[0011] La présente invention vise à remédier à ces différents inconvénients.
[0012] A cet effet, elle a pour objet un procédé de fixation d'une feuille de bois à l'intérieur
d'un champ-levé ménagé dans un support rigide, ce procédé étant caractérisé en ce
qu'il comprend au moins les phases successives suivantes une imprégnation partielle
de la feuille de bois, à partir de l'une de ses faces, par une résine durcissable;
une opération de collage de ladite feuille par sa face précédemment imprégnée de résine
à l'intérieur du champ-levé; et un traitement de surfaçage destiné à faire affleurer
les bords du champ-levé et la surface du bois, par amincissement de la feuille de
bois et usinage simultané des bords du champ-levé.
[0013] Ce procédé permet ainsi, tout en stabilisant par imprégnation, de façon connue, la
feuille de bois vis-à-vis des variations hygrométriques, de conserver à sa surface
son aspect de bois naturel. En effet, au cours du traitement de surfaçage qui suit
la phase de collage et qui n'affecte qu'une faible épaisseur de la feuille de bois,
le bois naturel demeure apparent, si l'on prend soin,pendant cette opération, de ne
pas atteindre la partie imprégnée de résine à partir de l'autre face.
[0014] De plus, le présent procédé permet d'éviter la délicate opération d'ajustement nécessaire
à l'affleurement de la surface du bois avec le bord du champ-levé, puisqu'au cours
de l'opération de surfaçage, bois et bords du champ-levé sont usinés simultanément.
[0015] Par ailleurs, le collage du bois étant effectué après qu'il ait été imprégné de résine
durcissable et par la face par laquelle a été pratiquée cette imprégnation, les pores
du bois sont obturés par ladite résine et les constituants de la colle ne peuvent
pas migrer différentiel- lement dans ces pores en modifiant ainsi la composition de
cette colle.
[0016] Enfin, le découpage préalable de la feuille de bois à la forme et aux dimensions
du champ-levé, lesquelles peuvent être relativement faibles, est facilité par l'imprégnation
de résine durcissable, qui évite le fendillement du bois aussi bien au cours des opérations
de découpe que pendant le stockage du bois prédécoupé ou durant les opérations ultérieures
du procédé.
[0017] Ceci facilite une mise en oeuvre en continu du procédé, en permettant le stockage
de feuilles de'bois préalablement découpées aux dimensions voulues, avec une réduction
appréciable des chutes de bois.
[0018] La Demanderesse a mis en oeuvre le présent procédé pour appliquer, à titre d'élément
décoratif, une feuille de bois sur un briquet.
[0019] Dans ce but, chacune des faces du briquet destinée à recevoir une feuille de bois
a été creusée d'un champ-levé sur une profondeur de 0,5 mm. Les feuilles de bois,
constituées en l'occurence de loupe d'orme, ont ensuite été imprégnées partiellement
par enduction avec une solution à 50 % de résine époxyde dans de la méthyléthylcétone.
Elles ont été ensuite séchées pendant 15 minutes dans une étuve, à une température
de 90°C. Les feuilles séchées, d'une épaisseur de 1 mm, ont alors été découpées par
différents outils de forme, c'est-à-dire des outils ayant la forme et les dimensions
latérales exactes de chacun des bords du champ-levé.
[0020] L'imprégnation contrôlée des feuilles de bois avec une matière durcissable préalablement
à leur découpage permet d'éviter qu'au cours de cette opération, elles ne se fendent
ou ne se déchirent.
[0021] De plus, les feuilles ainsi découpées, du fait de leur insensibilité aux variations
de degré hygrométrique, peuvent être stockées aisément, en attendant leur collage.
[0022] Les feuilles ont ensuite été collées, par leur face précédemment imprégnée de résine,
dans les champs-levés prévus à cet effet. La Demanderesse a constaté que l'adhérence
entre la colle et le bois imprégné était nettement améliorée par l'utilisation en
tant que colle de la résine ayant servi à l'imprégnation. Cependant, pour obtenir
un collage correct, ce produit doit bien entendu posséder également une bonne adhérence
vis-à-vis du support. A cet effet, le produit d'imprégnation doit aussi être choisi
pour ses qualités d'adhérence avec celui-ci. C'est pourquoi, dans cette forme de mise
en oeuvre du procédé conforme à l'invention, le support étant fait de laiton, la Demanderesse
a choisi une résine époxyde connue pour ses bonnes qualités d'adhérence avec ce métal,
pour assurer à la fois l'imprégnation partielle du bois et son collage.
[0023] Comme résines aptes à imprégner la feuille de bois et, éventuellement, à la coller
dans le champ-levé, on peut aussi utiliser, entre autres, une résine de polyuréthane,
diluée par exemple dans du toluène, à raison de deux parties en poids de polyuréthane
pour une partie de toluène, ou encore une résine polyester, diluée par exemple dans
du styrène monomère, à raison de trois parties de polyester pour une partie de styrène.
[0024] Ces exemples de résines utilisables dans la mise en oeuvre du procédé conforme à
l'invention n'ont naturellement aucun caractère limitatif.
[0025] Chacune des faces du briquet recouvertes de bois a ensuite été usinée sur une meule
émeri jusqu'à ce que les bords du champ-levé et les faces de bois, usinées simultanément,
se trouvent rigoureusement dans un même plan.
[0026] Les bords du champ-levé, ainsi que les autres parties métalliques du briquet, ont
enfin été dorés, de façon connue, par immersion dans un bain de galvanoplastie.
[0027] On notera qu'un tel type de dorure n'a été rendu possible que grâce au traitement
d'imprégnation partielle auquel le bois a été soumis, puisque celui-ci limite le contact
des bains d'électrolyse à la partie externe des fibres de bois brut, c'est-à-dire
la partie dont ledit bain peut être facilement éliminé par lavage.
1.- Procédé de fixation d'une feuille de bois à l'intérieur d'un champ-levé ménagé
dans un support rigide, ce procédé étant caractérisé en ce qu'il comprend au moins
les phases successives suivantes une imprégnation partielle de la feuille de bois,
à partir de l'une de ses faces, avec une résine durcissable, une opération de collage
de ladite feuille, par sa face précédemment imprégnée de résine, dans le champ-levé,
et un traitement de surfaçage destiné à faire affleurer les bords du champ-levé et
la surface du bois, par amincissement de la feuille de bois et usinage simultané des
bords du champ-levé.
2.- Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce que la composition utilisée
pour le collage de la feuille de bois comprend la résine durcissable utilisée dans
la phase d'imprégnation.
3.- Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que ladite résine
durcissable est choisie dans le groupe comprenant les époxydes, les polyuréthanes
et les polyesters.
4.- Procédé suivant l'une des revendications précédentes, caractérisé en ce que la
phase d'imprégnation de la feuille de bois est suivie d'une opération de découpe de
cette feuille à la forme et aux dimensions désirées.
5.- Procédé suivant l'une des revendications 1 à 4, appliqué à un support métallique,
caractérisé en ce que le traitement de surfaçage est suivi d'un placage électrolytique
du support.