[0001] Comme on le sait, les traitements de nitruration ou de nitrocarburation en phase
gazeuse sont destinés à améliorer la tenue à la fatigue et au grippage et à augmenter
la résistance à l'usure et à la corrosion des aciers.
[0002] Ces traitements consistent à maintenir les pièces en acier dans une atmosphère contenant
50 % à 100 % d'ammniac gazeux à une température de 490°C à 750°C. Les pièces ainsi
traitées sont ensuite refroidies par trempe en phase gazeuse ou liquide. Aux températures
de traitement utilisées, l'ammoniac gazeux se décompose partiellement au contact des
pièces en acier et l'azote naissant ainsi créé entre en solution solide et diffuse
sur une certaine profondeur dans l'acier. Il se forme ainsi, à la surface de la pièce,
une couche nitrurée qui est constituée d'une couche dite "couche de combinaison" ou
"couche blanche" supportée par une couche dite "couche de diffusion". La structure
et la composition de ces couches est la suivante :
- la couche blanche, située à l'extrême surface de la pièce, est constituée d'un mélange
de nitrures ε (Fe2N - Fe3N) et de nitrures α ' (Fe4N).
- la couche de diffusion, sous-jacente à la couche blanche, est moins dure et plus
épaisse que cette dernière ; dans cette couche de diffusion, l'azote est en solution
solide d'insertion et forme des nitrures par combinaison avec certains des éléments
constituant l'acier.
[0003] Les atmosphères de nitruration utilisées à l'heure actuelle sont constituées, soit
d'ammoniac gazeux, soit d'ammoniac gazeux dilué dans de l'azote, soit d'ammoniac gazeux,
le cas échéant dilué dans de l'azote, en mélange avec un composé susceptible d'augmenter
le degré de dissociation de l'amnoniac au contact de la pièce et donc la cinétique
de nitruration ; ce composé est, par exemple, un composé oxydant tel que l'oxygène,
le gaz carbonique, la vapeur d'eau, ou bien un hydrocarbure. Selon certains procédés,
on utilise un mélange d'amro- niac gazeux et d'un gaz porteur de carbone, par exemple
un gaz endo- thezmique (CO-H
2-CO
2 - H
2O-CH
4-N
2) ou un hydrocarbure ; il y a alors nitrocarburation avec formation de carbonitrures
ε. Dans tous les cas, selon les procédés utilisés jusqu'à présent, il est préférable
d'avoir une concentration initiale d'ammoniac dans l'atmosphère utilisée d'au moins
50 %.
[0004] Parmi les procédés de nitruration utilisant de l'ammoniac en mélange avec un composé
oxydant, mis en oeuvre jusqu'à présent, on peut citer plus particulièrement le procédé
décrit dans le brevet anglais n° 2.049.740. Ce procédé consiste à maintenir des pièces
en acier, à une température de 550°C à 600°C, dans une atmosphère gazeuse constituée
d'au moins 50 % en volume d'ammoniac, de gaz carbonique et d'azote (par exemple 70
% de NH
3, 7 % de CO
2 et 23 % de N
2; pendant une durée de 12 à 20 heures.
[0005] Tous ces procédés permettent d'obtenir un durcissaient superficiel des pièces traitées
mais présentent toutefois certains inconvénients relatifs à la couche blanche. En
effet :
- la couche blanche se développe de façon hétérogène et présente don une épaisseur
inégale sur toute la surface de la pièce. la couche blanche est fragile et peu adhérente
du fait qu'elle es constituée d'un mélange intime des deux pièces ε (Fe2N - Fe3N) et α' (Fe4N).
- la couche blanche se présente sous la forme d'une zone compacte recouverte d'une
zone poreuse, ce qui dans certains cas peut présenter quelques inconvénients. Or,
à partir d'une certaine durée traitement, la zone compacte atteint une épaisseur maximale
limi (20µm) et, seule, la zone poreuse se développe.
- le temps d'incubation nécessaire à la nucléation des nitrures est assez long et
la formation de la couche blanche exige donc un cer tain temps.
[0006] L'invention a pour objet un procédé de durcissement super ficiel de pièces métalliques,
notanment de pièces en acier, par nitruration ou nitrocarburation qui permet de remédier
aux inconvénie rappelés ci-dessus.
[0007] Le procédé conforme à l'invention consiste à placer lesdj pièces dans un four et
à les maintenir, à une température comprise entre 490°C et 750°C, dans une atmosphère
formée par introduction dans ledit four d'un mélange gazeux comprenant notamment de
l'aimmor et un composé accélérateur de la dissociation catalytique de l'armo- niac
au contact desdites pièces constitué par un gaz oxydant. Ce procédé se caractérise
en ce que ledit gaz oxydant est du protoxyde d'azote, ledit mélange gazeux contenant
environ 0,1 % à 10 % en volume dudit protoxyde d'azote.
[0008] Selon une caractéristique de l'invention, ledit mélange gazeux peut contenir environ
10 % à 99 % en volume d' ammoniac et au plus 90 % en volume d'azote.
[0009] Selon une variante de l'invention, ledit mélange gazeux contient en outre de l'hydrogène
dans une concentration d'au plus 25 % en volume.
[0010] Selon une autre caractéristique de l'invention, dans le cas d'une nitrocarburation,
ledit mélange gazeux contient en outre un gaz porteur de carbone. Ce gaz porteur de
carbone est constitué par exemple, soit par un hydrocarbure, tel que du méthane ou
du propane, dans une concentration d'au plus 25 % en volume, soit par du méthanol
dans une concentration d'au plus 54 % en volume, soit par un mélange de ces deux composés.
[0011] A partir de 400°C, le protoxyde d'azote N
20 se décompose catalytiquement facilement, libérant ainsi de l'oxygène sous forme
atomique. Cet oxygène actif favorise la dissociation de l'ammoniac au contact de la
pièce à traiter et permet donc une nitruration rapide et efficace de ladite pièce.
Ainsi, l'utilisation d'un mélange gazeux contenant du protoxyde d'azote conforme à
..l'invention permet d'obtenir, du point de vue de la nitruration, des résultats nettement
améliorés par rapport à l'utilisation de composés oxydants classiques tel que O
2, C0
2 ou H
20. En effet :
- la couche blanche formée présente une épaisseur constante sur toute la surface de
la pièce à traiter.
- la couche blanche n'est en générale constituée que de la phase ε (Fe2N - Fe3N), et est donc plus résistante. Si, parfois, pour certaines durées de traitement
et teneurs en ammoniac de l'atmosphère utilisée, la phase Y' (Fe4N) apparaît, cette dernière ne se mélange pas à la phase ε mais se présente conme
une zone mince prise en sandwich entre la zone ε et la couche de diffusion ; dans
ces conditions, la présence de la phase α' n'affecte pas la résistance de la couche
nitrurée.
- la zone poreuse de la couche blanche est extrêmement mince, et peut même être inexistante
dans le cas de traitements de faible durée.
- du fait que les cinétiques de réaction sont augmentées par rapport à celles des
traitements classiques, le temps d'incubation nécessaire pour la nucléation des nitrures
est plus court ; ceci permet, si on le désire, d'une part de pouvoir diminuer la concentration
initiale du mélange gazeux en ammoniac jusqu'à 10 %, d'autre part de raccourcir la
durée du traitement, et également de diminuer le débit et le taux de renouvellement
de l'atmosphère dans le four de traitement.
[0012] Les caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront dans la description
qui suit d'exemples de réalisation, donnés à titre non limitatif, du procédé de l'invention.
[0013] Dans tous les exemples décrits ci-après, le traitement est effectué dans un four
du type "puits" représenté schématiquement sur la figure jointe. Ce four (1) est en
matériau réfractaire (2) revêtu intérieurement d'un chemisage en acier (3) ; il est
muni de résistances chauffantes (4) et d'un couvercle (5). La pièce en acier à traiter,
représentée sous la forme d'un bloc (6), est placée à l'intérieur du four dans un
panier (7) qui repose sur une grille (8) supportée par un socle (9) placé sur le fond
du four (1). Une turbine (10), dont la fonction est de brasser en permanence l'atmosphère
du four, est placée à distance au-dessus du panier (7). Les constituants du mélange
gazeux de traitement sont amenés en continu dans le four (1), soit d'un mélangeur
(11), soit séparément, par un ou des conduits (12) , munis d'une ou de vannes (13),
traversant le couvercle (5). Ce mélange gazeux est évacué du four, également en continu,
par le conduit (14). Les pièces traitées sont ensuite refroidies par trempe dans un
bain d'huile (non représenté sur la figure).
[0014] Le même traitement a également été effectué dans un four du type "batch" avec un
bain d'huile incorporé, comportant un sas entrée- sortie d'amenée des pièces dans
l'enceinte de traitement, sas muni d'un bac de trempe à l'huile.
[0015] Bien entendu, on effectue une purge préalable du four par de l'azote gazeux avant
chaque changement d'atmosphère.
Exemple 1.
[0016] On traite, d'une part des pièces en acier de nuance 35CD4, et d'autre part, des pièces
en acier de nitruration de nuance 40CAD612, avec un mélange gazeux constitué de 40
% NH
3, 3 % N
20 et 57 % N
2 à une température de 570°C.
[0017] De façon plus précise, on chauffe préalablement le four (1) à une température de
570°C. On amène alors le mélange gazeux (40 % NH
3 - 3 % N
20 - 57 % N
2)
' provenant du mélangeur (11) dans le four (1) et on l'y fait circuler un certain temps.
On place ensuite la pièce à traiter dans le panier (7) que l'on met dans le four (1).
On fait alors circuler en continu le mélange gazeux NH
3 - N
20 - N
2 dans le four à un débit de 0,25 m
3/heure. Le taux de renouvellement de l'atmosphère du four est de 5 fois par heure.
[0018] On effectue ce traitement :
- d'une part, sur des pièces d'acier 35CD4, respectivement pendant deux heures, trois
heures et quatre heures,
- d'autre part, sur des pièces d'acier 40CAD612, respectivement pendant deux heures,
trois heures et quatre heures.
[0019] Après trempe des pièces ainsi traitées dans un bain d'huile, on effectue les mesures
d'épaisseur et de dureté des couches nitrurées. Les résultats obtenus sont donnés
dans le tableau ci-après :

Exemple 2.
[0020] On traite des pièces en acier de nuance 35CD4 avec un mélange gazeux constitué de
40 % NH
3, 3 % N
20, 10 % H
2 et 37 % N
2, respectivement pendant trois heures et quatre heures, dans des conditions identiques
à celles de l'exemple 1 (même température, même débit du mélange gazeux, même taux
de renouvellement de l'atmosphère du four).
[0021] Après trempe des pièces ainsi traitées dans un bain d'huile, on effectue les mesures
d'épaisseur et de dureté des couches nitrurées. Les résultats obtenus sont donnés
dans le tableau ci-après :

Exemple 3.
[0022] On traite des pièces en acier de nuance 35CD4 avec un mélange gazeux constitué de
40 % NH
3, 3 % N
20, 5 % C
3H
8 et 5
2 % N
2,
pen- dant quatre heures, dans des conditions identiques à celles de l'exemple 1 (tenpérature,
débit, taux de renouvellement).
[0023] Après trempe des pièces ainsi traitées dans un bain d'huile, on effectue les mesures
d'épaisseur et de dureté des couches nitro- carburées. Les résultats obtenus sont
donnés dans le tableau ci-après :

Exemple 4.
[0024] On traite, d'une part des pièces en acier de nuance 35CD4, d'autre part, des pièces
en acier de nuance 40CAD612, avec un mélange gazeux constitué de 40 % NH
3, 3 % N
20, 11 % CH
3OH et 46 % N
2, pendant deux heures et demie, dans des conditions indentiques à celles de l'exemple
1 (température, débit, taux de renouvellement).
[0025] Après trempe des pièces ainsi traitées dans un bain d'huile, on effectue les mesures
d'épaisseur et de dureté des couches nitro- carburées. Les résultats obtenus sont
donnés dans le tableau ci-après :

[0026] A titre de comparaison, on a effectué trois traitements de nitruration et de nitrocarburation,
à l'aide d'atmosphères gazeuses classiques dans lesquelles le composé oxydant est
du gaz carbonique, sur des pièces en acier identiques et dans les mêmes conditions
que celles des exemples de l'invention décrits ci-dessus ( température 570°C ; débit
: 0,25 m
3/heure ; taux de renouvellement de l'atmosphère du four : 5 fois par heure).
Traitement I. (comparaison nitruration)
[0027] Un premier traitement a été effectué pendant trois heures avec un mélange gazeux
constitué de 40 % NH
3, 10 % CO
2 et 50 % N
2, d'une part sur des pièces d'acier 35CD4, d'autre part sur des pièces d'acier 40CAD612.
Les mesures d'épaisseur et de dureté des couches nitrurées des pièces ainsi traitées
ont donné les résultats suivants :

Traitement II. (comparaison nitrocarburation)
[0028] Un deuxième traitement a été effectué pendant quatre heures avec un mélange gazeux
constitué de 50 % NH
3, 5 % CO
2, 15 % CH
4 et 30 % N
2 sur des pièces d'acier 35CD4. Les mesures d'épaisseur et de lureté des couches nitrurées
des pièces ainsi traitées ont donné les résultats suivants :

Traitement III. (comparaison nitrocarburation)
[0029] Un troisième traitement a été effectué pendant trois heures avec un mélange gazeux
constitué de 40 % NH
3, 24 % H
2, 12 % CO, 24 % N
2, 1,7 % CO
2 et 2 % H
20, d'une part sur des pièces d'acier 35CD4, d'autre part sur des pièces d'acier 40CAD612.
Les mesures d'épaisseur et de dureté des couches nitrurées des pièces ainsi traitées
ont donné les résultats suivants :

[0030] Comme on le voit, grâce au procédé de l'invention, on obtient des couches nitrurées
plus épaisses et une couche blanche beaucoup plus dure que par les traitements classiques.
1. - Procédé de durcissement superficiel de pièces métalliques, notanment de pièces
en acier, par nitruration selon lequel on place lesdites pièces dans un four et on
les maintient, à une température comprise entre 490°C et 750°C, dans une atmosphère
formée par introduction dans ledit four d'un mélange gazeux comprenant notamment de
l'amroniac et un composé accélérateur de la dissociation catalytique de l'ammoniac
au contact desdites pièces constitué par un gaz oxydant, caractérisé en ce que ledit
gaz oxydant est du protoxyde d'azote, ledit mélange gazeux contenant environ 0,1 %
à 10 % en volume dudit protoxyde d'azote.
2. - Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que ledit mélange gazeux
oontient environ 10 % à 99 % en volume d'ammoniac.
3. - Procédé selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que ledit mélange
gazeux contient au plus 90 % en volume d'azote.
4. - Procédé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que ledit mélange
gazeux contient au plus 25 % en volume d'hydrogène.
5. - Procédé selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que, dans le
cas d'une nitrocarburation, ledit mélange gazeux contient en outre un gaz porteur
de carbone.
6. - Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que ledit mélange gazeux
contient au plus 25 % en volume d'un hydrocarbure tel que du méthane ou du propane.
7. - Procédé selon l'une des revendications 5 ou 6, caractérisé en ce que ledit mélange
gazeux contient au plus 54 % en volume de méthanol.
8. - Procédé selon l'une des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que l'on renouvelle
l'atmosphère du four au moins 2 à 10 fois par heure.
9. - Procédé selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que l'on maintient
lesdites pièces dans ladite atmosphère pendant au moins une heure.