[0001] La présente invention concerne la décontamination radioactive des surfaces polluées
par dépôt d'agents contaminants, notamment sous forme de poussières.
[0002] Dans l'industrie nucléaire en particulier, et plus spécialement dans le secteur du
retraitement des combustibles irradiés, les diverses manipulations que l'on effectue
sur ces derniers, (transferts, opérations d'usinage, de tronçonnage ou de séparation
des combustibles de leur gaine de conditionnement, etc...) provoquent la formation
de poussières ou d'aérosols présentant une certaine radioactivité.
[0003] Ces particules radioactives extrêmement ténues, de diamètre souvent inférieur au
micron, se mettent en suspension dans l'atmosphère des locaux spéciaux -"dites cellules
chaudes"- où s'effectuent les opérations précitées et se déposent naturellement sur
les surfaces offertes, et notamment, sur les surfaces des matériels, machines et outillages
présents dans ces cellules.
[0004] Pour des raisons de maintenance ou de réparation, il est nécessaire de temps à autre
de sortir le matériel des cellules chaudes afin de pouvoir intervenir dessus en atelier
normal et "à mains nues".
[0005] Il est toutefois impératif de désactiver préalablement les surfaces polluées de ce
matériel.
[0006] Cette opération, appelée décontamination radioactive, (ou D.R.A.) çonsiste à débarrasser
les surfaces des poussières radioactives déposées, ou du moins à les en débarrasser
suffisamment pour ne plus représenter un danger pour l'opérateur.
[0007] A cette fin, on procède le plus souvent à l'heure actuelle à un lavage des surfaces
contaminées avec une solution détergente appropriée, projetée à chaud en jets à haute
pression. On vérifie ensuite, avec un compteur à scintillations, la valeur de la radioactivité
résiduelle et on répète l'opération autant de fois qu'il est nécessaire pour amener
cette valeur en-dessous d'un seuil acceptable.
[0008] Le résultat de cette méthode de décontamination est souvent aléatoire:on ne peut
préjuger de son efficacité, ni de sa durée, d'autant que les poussières de certains
métaux, comme le caesium, le ruthénium, ou le strontium, émettent des radiations particulièrement
dangereuses. Leur élimination est de surcroît très difficile par cette technique,
car il s'agit de métaux relativement mous, qui collent aux parois et qui ont même
tendance à y adhérer fortement par écrasement sous l'action mécanique des jets de
lavage.
[0009] On comprend, dans ces conditions, que la méthode de décontamination, telle que pratiquée
jusqu'ici, peut-être difficilement compatible avec les contraintes économiques propres
aux installations à caractère industriel, où l'indisponibilité d'un appareillage sur
une durée indéterminée peut bloquer un processus ou une chaîne de retraitement.
[0010] Pour remédier à ces difficultés, on a déjà songé à recouvrir dans un premier temps
les surfaces polluées par un gel décontaminant susceptible de réagir avec les éléments
radioactifs présents sur les surfaces. Après une durée suffisante pour permettre la
réaction, on élimine le gel, soit par lavage à l'eau, dans le cas de gels peu séchants
(composés glycérophtaliques ou glycérophosphoriques), soit par voie mécanique dans
le cas de gels pelables (composés cellulosiques).
[0011] Ces techniques, décritent notamment dans la demande de brevet français 2380624 -CEA
et dans le brevet français 1303673 -UKAEA, présentent entre autres l'avantage de limiter
les quantités de réactifs nécessaires pour assurer la décontamination.
[0012] Elles imposent toutefois un temps d'attente parfois important avant de pouvoir éliminer
le gel. De plus, il faut veuiller à ce que le igel réagisse uniquement avec les particules
radioactives pour,, ne pas provoquer une corrosion des surfaces.
[0013] Il a également été proposé de protéger les surfaces en les recouvrant préalablement
à leur contamination par une matière filmogène bien soluble dans l'eau. Après contamination,
on élimine le film pollué par dissolution par simple lavage à l'eau.
[0014] Cette technique de type préventif, décrite par exemple dans le brevet US 2877131
-OVERHOLT, semble à priori très attrayante puisqu'elle permet en principe d'éviter
les handicaps prémentionnés des post-traitements par gels (temps d'attente, réactifs
sélectifs).
[0015] Toutefois, on est en droit de craindre des inconvénients liés à une dégradation plus
ou moins rapide du revêtement au contact de l'atmosphère toujours humide des cellules
chaudes.
[0016] Le but de la présente invention est de permettre la décontamination radioactive des
surfaces en évitant les inconvénients et handicaps de la pratique habituelle ou des
techniques connues.
[0017] A cet effet, l'invention a pour objet un procédé pour la décontamination radioactive
des surfaces polluées par dépôt d'agents contaminants, notamment sous forme de poussières
en suspension dans l'atmosphère à laquelle ont été exposées ces surfaces, procédé
caractérisé en ce que:
- avant d'exposer lesdites surfaces à l'atmosphère contenant les agents contaminants,
on leur applique une matière filmogène qui après séchage forme un revêtement adhérent
présentant, d'une part, une bonne stabilité et aucune altérabilité marquée dans l'atmosphère
contenant les agents contaminants et d'autre part, une bonne solubilité dans au moins
un solvant pouvant constituer un liquide de lavage desdites surfaces,
- et, après contamination de ces surfaces par dépôt des agents contaminants, on effectue,
à l'aide dudit liquide de lavave, un lavage des surfaces de manière à éliminer par
dissolution le revêtement filmogène suffisamment pour qu'il entraîne avec lui les
agents contaminants.
[0018] Conformément à une mise en oeuvre de l'invention, le revêtement filmogène adhérent
que l'on forme préalablement sur les surfaces, est, d'une part, insoluble -i.e. sans
solubilité marquée- dans un milieu aqueux ayant un pH à une valeur comprise entre
6 et 8 environ et, d'autre-part, est parfaitement soluble dans une solution aqueuse
présentant un pH à une valeur située en dehors du domaine de valeurs pré- mentionné,
et en ce qu'on utilise ladite solution comme liquide de lavage des surfaces contaminées.
[0019] Dans une variante préférée, le revêtement filmogène que l'on forme est insoluble
dans l'eau, mais par contre, est parfaitement soluble dans de l'eau additionnée d'une
base, de manière à présenter de préférence un pH à une valeur d'environ 9 ou plus,
et on utilise cette solution aqueuse basique comme liquide de lavage des surfaces
contaminées.
[0020] Comme on l'aura sans doute déjà compris, l'invention consiste, dans ses caractéristiques
essentielles:
- d'une part, à conditionner les surfaces préalablement à leur exposition aux agents
contaminants en les revêtant d'un film temporaire sur lequel se fixent les poussières
radioactives et qui est ensuite éliminé par dissolution dans un solvant de lavage,
entraînant ainsi avec lui les poussières radioactives;
- d'autre part, à opter pour un revêtement filmogène qui n'a nul besoin de contenir
des réactifs décontaminants et qui, surtout, n'est pas soluble dans l'eau (donc insensible
à l'atmosphère humide des -cellules chaudes) mais par contre parfaitement soluble
dans une solution acide ou, de préférence alcaline (actipn détergente supplémentaire).
[0021] Bien entendu, l'invention procure l'élimination, non seulement des poussières en
tant que telles, mais également de toute particule, molécule, ou toute substance et
composé condensables. Par "poussière", on entend donc qualifier, non seulement des
fragments solides pulvérulents, mais toute autre substance, sous quelque forme que
ce soit (goutelettes, brouillard, vapeur, etc...) susceptible, de se déposer sur les
surfaces, par exemple par condensation.
[0022] L'invention résulte, entre autres, des considérations suivantes: il est clair que
les poussières qui se déposent sur les surfaces y adhèrent avec une résistance à l'enlèvement
qui dépend de l'état de surface du support.
[0023] Mis à part un poli de qualité "miroir", toutes les surfaces des objets usuels, quelles
soient peintes ou non, sont constituées, à l'échelle du microscope, d'une succession
de cavités et de pics qui, non seulement augmentent la surface de réception, mais
intensifient l'effet de rétention des poussières qui s'y sont déposées.
[0024] En outre, si ces surfaces sont peintes, les phénomènes précédents sont plus accusés
encore, car les peintures généralement utilisées, en raison de leur structure hétérogène,
comportent une micro- porosité qui les rendent aptes à recevoir à l'intérieur même
de la masse des contaminations importantes.
[0025] Il s'ensuit que même un lavage par jets haute pression avec des solutions détergentes
reste insuffisant à lui seul pour éliminer les poussières contaminantes, et ceci principalement,
comme on l'a dit, lorsqu'il s'agit de poussières de métaux mous.
[0026] Sur la base de considérations de ce type, l'inventeur a été amené à observer que
le lavage des surfaces peut devenir pleinement efficace dans la mesure où il est combiné
à un conditionnement de ces surfaces préalablement à toute contamination, par un revêtement
filmogène adhérent, facilement éliminable par un lavage ultérieur adéquat à l'aide
d'un liquide autre que de l'eau.
[0027] Le procédé selon l'invention, tel qu'il vient d'être explicité, est opérationnel
de façon optimale lorsque le revêtement utilisé se présente sous la forme d'un film
en couche mince, continu et homogène. Pour fixer les idées, on admettra qu'une "couche
mince" est une couche dont l'épaisseur est inférieure à 50
Am environ et, de préférence égale ou légèrement inférieure à 20 ¡m.
[0028] A cet égard, une mise en oeuvre avantageuse de l'invention consiste à utiliser un
vernis liquide que l'on étale sur les surfaces à revêtir et qui, après séchage, formera
le film recherché.
[0029] Il doit être souligné que le caractère "homogène" du film n'est vraiment nécessaire
que si ce dernier est appliqué en couche mince, car on sait qu'il est difficile, voire
impossible, de contrôler la porosité d'un film hétérogène (par exemple une peinture)
en couche mince.
[0030] D'un autre côté, il n'est pas impératif non plus que le film de revêtement soit appliqué
en couche mince, auquel cas des revêtements de caractère hétérogène (par exemple les
peintures elles-mêmes) peuvent en toute rigueur être utilisés selon le procédé de
l'invention. Il reste néanmoins, que le choix d'un revêtement filmogène en couche
mince homogène (un vernis notamment) constitue une mise en oeuvre du procédé selon
l'invention qui est à la fois aisée et économique, donc particulièrement avantageuse.
[0031] Ceci,étant, on va maintenant décrire, à titre purement illustratif, un exemple de
mise en oeuvre de l'invention à l'aide d'un vernis en vue de la décontamination radioactive
dans le secteur industriel du retraitement des combustibles irradiés.
[0032] On prépare un vernis composé, en tant que constituants de base, d'une résine (ou
liant) formée par un copolymère vinylique de l'acide crotonique et d'un solvant formé
par de l'alcool éthylique (ou isopropylique)). On ajoute ensuite, en quantité adéquate,
des adjuvants pour parfaire la qualité du vernis, à savoir: un diluant, tel qu'un
acétate d'éthyl-glycol (ou de butyl-glycol) ainsi qu'un plastifiant, par exemple du
phtalate de dioctyle (ou du cébacate d'octyle)
[0033] On réalise ainsi une solution de vernis comprenant, en poids, 25% environ de copolymère
vinylique d'acide crotonique, entre 2.5 et 3% environ de phtalate de dioctyle, le
reste étant constitué par le solvant (l'acool éthylique) et le diluant (l'acétate
d'éthyl-glycol).
[0034] Bien entendu, les constituants indiqués ci-dessus, ne sont pas limitatifs et leur
nature, comme leurs proportions respectives restent de la compétence de l'homme de
métier dans le domaine des peintures et vernis destinés au revêtement des surfaces.
[0035] En particulier, le diluant et le plastitiant sont déterminés de façon qu'après séchage,
la résine (ou "extrait sec") soit capable de former, en une seule couche et sans coulure
ou autre, un film d'épaisseur minimale offrant une bonne protection.
[0036] Il doit être souligné à cet égard que la mise en oeuvre de l'invention ne pose aucun
problème non maîtrisé, car toutes les indications et prescriptions qui précèdent font
partie intégrante des règles de l'art dans le domaine des peintures et vernis.
[0037] Le vernis, une fois prêt, est appliqué sur les surfaces propres et sèches, de préférence
par pulvérisation au pistolet pneumatique.
[0038] Après séchage, le vernis forme un film continu, sans rupture ni craquelure et d'une
épaisseur d'une quinzaine de microns environ en moyenne.
[0039] Il présente une bonne adhérence sur la plupart des surfaces à traiter (métaux nus,
peintures, bétons, matières plastiques, etc...). De plus, il est insoluble dans l'eau
ou dans toute solution aqueuse à pH inférieur à 8.
[0040] On rappelle, qu'en ce qui concerne l'épaisseur du film, la valeur prémentionnée représente
un optimum pratique et économique, mais nullement un minimum technique nécessaire
à l'exécution du procédé selon l'invention.
[0041] En effet, pour assurer une protection suffisante, on pourrait se limiter, en principe,
à une épaisseur de quelques microns seulement (par exemple 5 µm correspondant à un
film formé par quelques nappes monomoléculaires superposées de résine. Ceci est tout
à fait possible avec les moyens technologiques actuellement disponibles et pourrait
fort bien être appliqué dans le cas de surfaces planes.
[0042] Mais si les surfaces présentent des angles vifs, on aboutit à ces endroits à une
maigreur du film (environ 1-2)xm) qui serait alors inapte à assurer la protection
recherchée.
[0043] Par conséquent, si on veut obtenir un minimum d'épaisseur sur les angles vifs, il
faut, ou bien, appliquer un film d'épaisseur supérieure ailleurs, par exemple 15 µm
environ, comme indiqué précédemment, ou procéder à un rechargement de vernis sur les
angles vifs, ce qui, en général, serait sans intérêt sur le plan économique.
[0044] Ceci dit, après séchage convenable du vernis, le matériel, dont les surfaces sont
ainsi revêtues, peut être mis en service, et notamment être exposé à une atmosphère
ayant en suspension les poussières radioactives.
[0045] Le film protecteur de résine va lentement se charger en poussières sans toutefois
s'altérer ou se détériorer, puisque le copolymère vinylique qui le constitue, étant
insoluble dans les solvants usuels ainsi que dans toute solution aqueuse à pH inférieur
à 8 environ, demeure donc parfaitement stable et chimiquement inerte au contact de
l'atmosphère régnant dans les enceintes et cellules où le matériel est utilisé.
[0046] On précise, au besoin, que l'emploi du qualificatif "insoluble" pour caractériser
le comportement d'une substance dans, ou au contact d'un milieu quelconque, signifie
nullement une absence totale de dissolution dans ce milieu, mais plus exactement une
dissolution à un degré non significatif ou non détectable par les moyens d'analyse
habituels.
[0047] Pour procéder ultérieurement à la décontamination des surfaces, on commence par préparer
une solution aqueuse basique ayant un pH de préférence un point au moins au-dessus
du seuil de solubilité de la résine. Par exemple, on prépare une solution aqueuse
contenant 3 g d'hydroxyde de sodium (Na OH) par litre d'eau, correspondant à un pH
proche de 9. Avantageusement, on peut ajouter un agent tensio--actif approprié pour
conférer à la solution de lavage une action détergente supplémentaire.
[0048] On projette alors, selon la pratique connue, cette solution sur les surfaces contaminées
à l'aide de lances d'injection. Au contact de la solution alcaline, le vernis se dissout
facilement, entraînant avec lui les poussières contaminantes qui s'y étaient déposées.
Au bout d'une durée de lavage, pouvant aller d'une demi-heure à une heure et demi
environ selon l'importance de la contamination initiale des surfaces, ces dernières
sont complètement débarrassées poussières radioactives. Après séchage et nettoyage,
on leur applique une nouvelle couche de vernis et le matériel est prêt pour une nouvelle
mise en service.
[0049] Il doit être souligné que la dissolution du vernis dans la solution sodée présente
l'avantage d'être irréversible, c'est-à-dire que le vernis, une fois dissout, ne retrouve
plus sa qualité filmogène initiale, mais se présente, après évaporation de l'eau,
sous forme pulvérulente. Cette absence de gelification dans la solution de lavage
constitue un avantage supplémentaire pour le conditionnement final des effluents contaminés.
Par ailleurs, après séchage des surfaces décontaminées, le résidu solide qui apparaît
en faible quantité sur ces surfaces peut être facilement éliminé par simple nettoyage
à sec, par exemple par brossage léger.
[0050] Le procédé selon l'invention présente bien d'autres intérêts et avantages, dont certains
sont maintenant évoqués.
[0051] A cet égard, il faut rappeler que la pratique habituelle de décontamination évoquée
au début présente un caractère aléatoire assez marqué: il n'est guère possible de
déterminer à priori, avec une précision acceptable, le nombre et la durée des opérations
élémentaires successives de lavage décontaminant, puisque on ne peut savoir si la
poussière adhère plus ou moins à un endroit ou à un autre de la surface.
[0052] A contraire, grâce au procédé selon l'invention, on connaît parfaitement l'état de
la surface à décontaminer, étant donné qu'elle est constituée par le revêtement filmogène
dont on maîtrise totalement tant l'application que la stabilité et que l'on peut,
au moment voulu, aisément dissoudre et éliminer quelque soit la nature, la quantité,
la répartition et surtout l'adhérence des contaminants qui s'y sont déposés.
[0053] On peut donc prévoir à l'avance avec exactitude les conditions d'une décontamination
rationnelle. De ce fait, on ne risque plus en particulier d'immobiliser une chaîne
de traitement au-delà du temps initialement prévu ou accepttable.
[0054] De ce fait, également, on peut se permettre notamment d'utiliser beaucoup moins de
liquide de lavage et il sera ensuite plus facile et moins coûteux de concentrer les
condensats par évaporation de l'eau.
[0055] En outre, la quantité de base à utiliser (par exemple la soude) est moins importante
que celle consommée avec la pratique habituelle en raison, non seulement de la quantité
moindre de lavage nécessaire, mais aussi parce que la concentration de liquide en
soude peut être ajustée à sa valeur minimale, suffisante pour dépasser légèrement
le seuil de pH à partir duquel le revêtement appliqué est parfaitement soluble. Ainsi,
après évaporation de la solution usée, le concentrat résiduel, composé de l'extrait
sec du vernis (la résine), de soude et des contaminants, peut être facilement calciné
et on obtient ainsi des déchets d'un volume minimum.
[0056] De même, si la présence d'un tensio-actif dans le liquide de lavage est souhaitable,
elle n'est pas pour autant indispensable," au contraire de la pratique actuelle, puisque
l'effet recherché par le lavage est essentiellement la dissolution du revêtement filmogène
temporaire.
[0057] De même encore, il n'est nullement indispensable, contrairement à certaines techniques
connues évoquées au début, de prévoir dans la matière filmogène à appliquer des réactifs
chimiques de décontamination puisque les particules se déposent directement sur le
film qu'on élimine par la suite.
[0058] Par ailleurs, conformément à une variante de mise en oeuvre de l'invention consistant
à utiliser une matière filmogène colorée, d'une couleur différente de celle des surfaces
revêtues, l'opérateur peut suivre visuellement et aisément sont travail, à la fois
dans la phase initiale d'application uniforme de la matière et dans la phase ultérieure
d'élimination correcte du film (donc des contaminants) par lavage.
[0059] De même, il est possible, conformément à une autre variante de l'invention, de former
un revêtement filmogène composite à plusieurs couches superposées de couleurs différentes.
Cette manière de procéder présente, comme on l'aura compris, l'avantage de n'avoir
à effectuer qu'un seul conditionnement initial des surfaces pour plusieurs décontaminations
ultérieures successives.
[0060] De même encore, il est tout à fait possible, indépendamment ou conjointement avec
la coloration, d'ajouter au vernis des additifs ayant les propriétés électrostatiques
s'opposant par leurs effets à la tendance au dépôt des poussières et permettant ainsi
de modifier dans le sens souhaité la quantité de poussières déposées, voire leur répartition
géographique sur les surfaces.
[0061] Il va de soi que l'invention ne saurait se limiter aux exemples et indications précédentes,
mais s'étend à de multiples variantes et équivalents dans la mesure où sont respectées
les caractéristiques énoncées dans les revendications jointes.
[0062] En particulier, les éléments constitutifs de la matière filmogène à appliquer, notamment
du vernis lorsque ce type de produit est utilisé, peuvent varier dans une large gamme
de possibilités, parmi lesquelles l'homme de métier saura faire un choix en fonction
de ses souhaits ou nécessités.
[0063] Il demeure toutefois important d'utiliser une matière filmogène dont le liant soit
prépolymerisé ou non polymerisable après évaporation du solvant (formation du film)
et pendant une durée au moins égale à celle d'une mise en service des appareillages
protégés. On évite ainsi, qu'après séchage, il ne se forme un film polymérisé qui
ne soit plus soluble aisément dans les solvants usuels ou sous des conditions de lavage
habituelles.
[0064] Ainsi, le procédé selon l'invention est réalisable avec un lavage des surfaces contaminées
par une solution non seulement basique mais également par une solution acide.
[0065] Dans ce cas, bien entendu, le choix du revêtement filmogène temporaire sera fait
en conséquence de façon à pouvoir l'éliminer par dissolution dans une solution de
lavage acide, de préférence à un pH voisin de 5 au moins.
[0066] De même, en ce qui concerne la dissolution ultérieure du revêtement, l'opération
de lavage effectuée à cet effet peut être réalisée, non seulement par jets à la lance,
comme c'est impérativement-le cas dans la pratique courante actuelle, maiségalement
-(quoique moins aisée de mise en oeuvre et peut être globalement moins efficace)-
de façon statique, au "bain mort", par immersion dans une piscine.
[0067] De même encore, il n'est pas obligatoire en toute rigueur, lors du lavage décontaminant
d'éliminer l'intégralité du film. Il importe seulement, en effet, que la dissolution
du film soit suffisante en épaisseur pour qu'en s'éliminant, il entraîne avec lui
la totalité des agents contaminants. A cet égard, une élimination partielle du film
limitée à sa couche superficielle polluée peut éventuellement suffire.
[0068] Par ailleurs, le domaine d'application du procédé selon l'invention s'étend au-delà
du retraitement des combustibles irradiés et concerne en fait la décontamination radioactive
en général, dans la limite toutefois où la contamination a pour origine le dépôt sur
des surfaces, ou autres supports, de poussières ou de condensables irradiés.
[0069] Ainsi, le procédé selon l'invention peut trouver des applications civiles, par exemple
dans les matériels et installations situées en zone sensible dans les centrales nucléaires,
ou pour les appareils de laboratoire sur lesquels peuvent s'écouler des solutions
chargées de particules radioactives au cours de manipulations.
[0070] De même, le procédé selon l'invention peut également trouver des applications militaires,
notamment du même type que les applications civiles pour les zones sensibles, (par
exemple dans les sous-marins à propulsion nucléaire) ou pour les matériels militaires
divers pouvant être contaminés par des poussières provenant d'une explosion nucléaire,
lors d'essais atmosphériques, etc...
1) Procédé pour la décontamination radioactive des surfaces polluées par dépôt d'agents
contaminants, notamment sous formes de poussières, caractérisé en ce que:
- avant d'exposer les surfaces aux agents contaminants, on leur applique une matière
filmogène qui après séchage forme un revêtement adhérent présentant, d'une part, une
bonne stabilité et aucune altérabilité marquée dans le milieu contenant lesdits agents
contaminants et, d'autre part, une bonne solubilité dans au moins un solvant pouvant
constituer un liquide de lavage desdites surfaces,
- et après contamination des surfaces par dépôt des agents contaminants, on les soumet
à un lavage au moyen dudit liquide de lavage, de manière à dissoudre suffisamment
le revêtement filmogène pour qu'en s'éliminant il entraîne avec lui les agents contaminants.
2) Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le revêtement filmogène
adhérent que l'on forme est, d'une part, insoluble dans l'eau ou dans une solution
aqueuse ayant un pH à une valeur comprise entre 6 et 8 environ et, d'autre part, présente
une bonne solubilité dans une solution aqueuse dont le pH a une valeur située en dehors
du domaine de valeurs prémentionnées, et en ce que l'on utilise ladite solution comme
liquide de lavage des surfaces.
3) Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le revêtement filmogène
adhérent que l'on forme est insoluble dans l'eau, mais par contre, est parfaitement
soluble dans une solution aqueuse basique, et en ce que l'on utilise ladite solution
comme liquide de lavage des surfaces.
4) Procédé selon la revendication 3 caractérisé en ce que le revêtement filmogène
adhérent que l'on forme est parfaitement soluble dans une solution aqueuse basique
dont le pH a une valeur égale à 9 environ ou plus.
5) Procédé selon les revendications 1, 2, 3 ou 4, caractérisé en ce que l'on applique
une matière filmogène présentant en outre des propriétés électrostatiques s'opposant
par leurs effets au dépôt des agents contaminants.
6) Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes caractérisé en ce
que la matière filmogène que l'on applique est un vernis liquide que l'on dépose sur
les surfaces à revêtir de manière à former, après séchage, un film solide en couche
mince continue et homogène.
7) Procédé selon les revendications 4 et 6 caractérisé en ce que la matière filmogène
que l'on applique est un vernis liquide comprenant une résine constituée par un copolymère
vinylique de l'acide crotonique, ou un mélange de plusieurs copolymères de ce type,
et en ce que l'on utilise comme liquide de lavage des surfaces une solution aqueuse
basique présentant un pH à une valeur voisine de 9 ou plus.
8) Procédé selon la revendication 7 caractérisé en ce que le vernis de revêtement
utilisé comprend également un solvant constitué par un alcool, tel que de l'acool
éthylique ou isopropylique.
9) Procédé selon les revendications 7 ou 8 caractérisé en ce que le vernis utilisé
contient en outre un diluant constitué par un acétate d'éthyl glycol et/ou de butyl-glycol.
10) Procédé selon les revendications 7, 8 ou 9 caractérisé en ce que le vernis utilisé
contient en outre un plastifiant constitué par du phtalate de dioctyle ou du sebacate
d'otyle.