[0001] La présente invention est relative à un procédé d'obtention d'aluminium de très haute
pureté en éléments eutectiques par ségrégation.
[0002] L'homme de l'art sait qu'il est possible de diminuer dans l'aluminium de pureté courante
la teneur en éléments dits eutectiques tels que le cuivre, le fer, le magnésium, le
silicium, le zinc, lorsque ces derniers sont en concentration hypoeutectique. Il faut,
par exemple, pour celà soumettre le métal en fusion contenu dans un récipient à une
opération de séarégation au cours de laquelle on fait apparaître par refroidissement
des cristaux plus purs en éléments eutectiques que le liquide au sein duquel ils se
sont formés. Ces cristaux se rassemblent par gravité au fond du récipient au fur et
à mesure de leur formation et, en les tassant, on obtient un solide purifié plus ou
moins compact dont la pureté a tendance à décroître en fonction de la masse cristallisée.
On poursuit généralement l'opération jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une faible
fraction de la liqueur-mère. Puis, par différents moyens, par exemple par des opérations
de sciage effectuées après refroidissement, on peut séparer la masse purifiée de la
liqueur-mère restante ou même séparer la nasse purifiée en. plusieurs fractions de
pureté différente.
[0003] L'efficacité de la purification se traduit généralement par la valeur du coefficient
de purification C /C, où C est la concentration d'une impureté donnée dans le produit
pur obtenu, et C
O est la concentration de la mêreimpureté dans le métal mis en oeuvre. Plus ce coefficient
est élevé, meilleure est l'efficacité du traitement.
[0004] Des procédés basés sur ce principe ont été décrits dans les brevets des Etats-Unis
3 303 019 et 4 221 590 et français 1 594 154, et conduisent à des coefficients de
purification et à des rendements plus ou mins grands suivant les moyens particuliers
mis en oeuvre.
[0005] C'est ainsi que, dans le brevet US. 3 303 019, on part d'un métal contenant 280 ppm
de fer et 420 ppm de silicium et on en récupère 32 % qui ne renferme plus que
30 ppm de silicium et 10 ppm de fer, ce qui correspond à des coefficients de purification
de 14 pour le silicium et 28 pour le fer pour un rendement de 32 %.
[0006] Dans l'autre brevet US. 4 221 590, qui constitue un perfectionnement du précédent,
si l'on améliore le rendement en métal purifié ayant une teneur en silicium voisine
de 100 ppm, par contre, on ne descend guère en-dessous de 20 ppm du même élément pour
la fraction d'aluminium la plus pure et qui ne représente que 30 % environ de la masse
mise en oeuvre.
[0007] En ce qui concerne le brevet français 1 594 154, on obtient, soit à partir d'un métal
contenant 320 ppm de silicium et 270 ppm de fer, des teneurs respectives de 20 et
15 ppm, ce qui correspond à des coefficients de purification de 16 et 18, valeurs
déjà très élevées si l'on tient compte du rendement important obtenu puisqu'il est
de l'ordre de 70 %, soit à partir d'un métal renfermant 620 ppm de silicium et 550
ppm de fer et avec un rendement de 50 %, un métal ne contenant plus que 40 et 10 ppm
des mêmes éléments, ce qui équivaut à des coefficients de purification de 15,5 et
55, cette dernière valeur étant nettement plus élevée que celle exprimée dans le brevet
US. 3 303 019 surtout si on remarque que le rendement est de 50 % au lieu de 30 %.
[0008] Toutefois, il s'est avéré nécessaire, pour certaines applications particulières,
de disposer d'aluminium de pureté encore plus grande que celle obtenue avec les procédés
précédents. C'est ainsi par exemple que, pour la confection des condensateurs électrolytiaues
de moyenne et haute tension, on a de plus en plus recours à des feuilles d'aluminium
dont la teneur en Si et Fe doit être seulement de quelques ppm, bien que la présence
de certains éléments tels que le cuivre puisse atteindre des concentrations nettement
plus élevées sans pour autant être gênante.
[0009] Pour atteindre de tels niveaux de pureté, on peut, dans le cas du brevet français,
sélectionner les fractions les plus pures, c'est-à-dire celles qui se forment en début
d'opération, mais on s'aperçoit que le rendement de récupération est alors très faible
et de l'ordre par exemple de 10 % environ de la quantité de métal mis en oeuvre.
[0010] On a alors cherché à appliquer la ségrégation à un métal ayant déjà subi une première
purification soit par ségrégation soit par un autre procédé tel que le raffinage par
électrolyse en trois couches.
[0011] Mais, on s'est heurté à d'importantes difficultés pour conduire l'oné- ration. On
observe en effet que, pour des métaux déjà très purs, le liquide a tendance à se solidifier
en masses de gros volume sur les parois du dispositif de tassage et même du creuset.
Ceci va à l'encontre du but recherché puisqu'il est dit dans le brevet français 1
594 154 que, pour obtenir une purification efficace, il faut chercher à avoir une
solidification en petits cristaux pour limiter la quantité de liqueur-mère qu'ils
retiennent entre eux. Il est très vraisemblable que cette difficulté vient de ce que
plus un métal est pur, plus l'intervalle de solidification, c'est-à-dire la différence
de température entre le liquidus et le solidus du diagramme d'équilibre est faible.
[0012] C'est pourquoi, la demanderesse a cherché et mis au point les moyens permettant de
pallier les difficultés résultant de la mise en oeuvre dans un procédé de ségrégation
de métal ayant une pureté relativement élevée et d'améliorer ainsi le taux de purification
tout en maintenant un rendement élevé.
[0013] Ce procédé d'obtention d'aluminium de très haute pureté en éléments eutectiques consiste
à soumettre un aluminium déjà très pur à une opération de ségrégation, mais caractérisé
en ce que l'on ajoute au métal fondu, avant l'opération de ségrégation, et dans le
but de rendre celle-ci plus efficace, au moins un élément eutectique en quantité hypoeutectique
qui, soit s'élimine très complètement au cours de cette opération, soit reste dans
le produit purifié à une teneur non gènante pour l'utilisation envisagée.
[0014] Ainsi, le procédé de l'invention met en oeuvre un aluminium déjà très pur, par exemple
qui a déjà subi une première purification qui a permis d'amener sa teneur en impuretés
totales à 200, et même jusqu'à 100 ppm ou moins. Cet aluminium peut avoir par exemple
une teneur en chacun des éléments fer et silicium voisine de 50 ppm, mais des teneurs
supérieures ou inférieures à cette valeur en l'une quelconque des impuretés sont également
possibles.
[0015] Cette première purification peut être obtenue par exemple par une opération de ségrégation
identique à celle décrite dans le brevet français cité plus haut. Le métal de départ
peut aussi avoir subi un traitement pour enlever les impuretés peritectiaues telles
que le titane et le vanadium par exemple.
[0016] Un tel métal est alors fondu et on ajoute au liquide, en l'absence de toute cristallisation,
au moins un élément eutectique. Cet élément est préférentiellement choisi dans le
groupe constitué par le fer et le cuivre, nais l'addition simultanée de ces deux éléments
peut aussi être envisagée. Ce qui importe, c'est que cet élément ne doit pas avoir
une concentration gênante après l'opération finale de ségrégation. C'est ainsi qu'on
peut ajouter un élément ayant un très grand coefficient de purification et qu'il peut
dont être facilement éliminé lors de l'application du procédé ; on peut ajouter aussi
un élément ayant un coefficient de purification plus faible pour autant qu'il n'ait
aucune influence nuisible, même si sa concentration reste élevée. Dans le premier
cas, on peut ajouter du fer dont le coefficient est voisin de 30. Dans le deuxième
cas, on peut utiliser du cuivre dont le coefficient est voisin de 7 mais qui, jusqu'à
des teneurs de 50 ppm, n'est pas gênant dans certaines applications et peut être même
bénéfique dans le cas où l'aluminium est destiné à la fabrication de condensateurs
électrolytiques de moyenne et haute tension. On peut évidemment ajouter ces deux éléments
simultanément.
[0017] La quantité ajoutée doit évidemment être telle que la concentration du liquide en
cet élément avant cristallisation, soit inférieure à celle de l'eutectique, sinon,
comme l'indiquent les diagrammes d'équilibre liquide-solide, les cristaux obtenus
seront d'abord plus impurs que le liquide-mère initial, puis il s'en suivra un dépôt
de cristaux de composition eutectique et il n'y aura donc aucune purification possible.
[0018] Mais cette quantité ne doit pas non plus être trop faible sinon l'effet de l'ajout
ne répondra pas à l'objectif recherchée à savoir d'éviter une cristallisation en masse
qui ne permet pas une conduite convenable de l'opération. Ces ajouts dépendront de
l'élément ajouté et de l'application visée pour le métal purifié. Par exemple, dans
le cas du fer, des ajouts d'environ 100 à 200 ppm, voire même 500 ppm, conviennent.
Mais, dans le cas du cuivre, ils peuvent aller au-delà de 100 ppm et atteindre 2000
ppm si l'aluminium est destiné, par exemple, à la fabrication de condensateurs.
[0019] Les teneurs indiquées ne le sont qu'à titre d'exemple, car elles dépendent de la
manière dont est conduite l'opération de ségrégation, en particulier de sa durée.
[0020] L'ajout de l'élément eutectique peut être fait soit à l'état solide, soit à l'état
liquide et sous toute forme convenable telle que élément pur, alliage des éléments
ou alliage-mère à base d'aluminium.
[0021] L'homogénéité du liquide après ajout est réalisée par tout moyen de brassage ou d'agitation
convenable.
[0022] Puis, on procède alors à l'opération de ségrégation proprement dite telle qu'elle
est décrite dans le brevet français 1 594 154, à savoir:
- on provoque une solidification progressive au sein du volume de métal liquide maintenu
au voisinage de son point de fusion dans un récipient chauffé extérieurement en y
plongeant un corps refroidi,
- on rassemble au fond du récipient contenant le métal liquide l'ensemble des petits
cristaux qui se forment,
- on tasse les petits cristaux ainsi rassemblés, ce qui chasse le liquide intersticiel
impur et on provoque le "frittage" de ces petits cristaux, ce qui donne des gros cristaux,
- on sépare la fraction purifiée à gros cristaux de la fraction qui s'est enrichie
en impuretés.
[0023] On aboutit ainsi à un métal soit extrémement
pur, soit dont la concentration en impuretés eutectiques gênantes est beaucoup plus
faible que dans le métal de départ.
[0024] Il est évident que ce procédé peut être mis en oeuvre sans que l'on sorte du cadre
de l'invention dans le cas où on utilise des procédés de ségrégation différents de
celui décrit ci-dessus.
[0025] De plus, son application peut être faite à des métaux autres que l'aluminium comme
le plomb et le zinc par exemple.
[0026] A titre d'exemple de réalisation, on met en oeuvre un aluminium contenant environ
20 ppm de silicium et 15 ppm de fer obtenu par une première opération de purification
par ségrégation. Si on lui ajoute 200 ppm de fer et le soumet à une nouvelle opération
de ségrégation, on constate qu'on peut amener le silicium aux environs de 5 ppm. Comme,
par ailleurs, le coefficient de purification du fer est nettement plus élevé que celui
du siliciumm, le fait que l'on ait rajouté du fer ne dégrade pas la qualité du produit
final mais, au contraire, conduit à une teneur voisine de celle du silicium et ce,
avec un rendement de l'ordre de 70 %.
[0027] Dans un autre exemple d'application, on met en oeuvre 1000 kg d'aluminium contenant
50 ppm de fer et on lui ajoute 500 ppm de cuivre. On le soumet à une opération de
ségrégation pendant 14 heures au bout desquelles on recueille 70 % de la masse mise
en oeuvre sous forme d'un solide contenant près de 60 p
pm de cuivre, mais moins de 2 ppm de fer. Un tel métal est très intéressant pour la
confection de feuilles destinées à la fabrication de condensateurs électrolytiques
de haute et moyenne tension, car le cuivre est un élément qui favorise généralement
l'obtention de capacités spécifiques élevées.
[0028] La présente invention trouve son application notamment dans l'obtention d'aluminium
de très haute pureté en éléments eutectiques et contenant notamment moins de 10 ppm
de fer et de silicium et destiné en particulier à la fabrication de condensateurs
de haute et moyenne tension.
1°) Procédé de fabrication d'aluminium de très haute pureté en éléments eutectiques
supérieure à 99,8 % obtenue par ségrégation d'un métal déjà très pur, caractérisé
en ce que l'on ajoute audit métal fondu avant l'opération de ségrégation, et dans
le but de rendre cette opération plus efficace, au moins un élément eutectique en
quantité hypoeutectique qui, soit s'élimine très complètement au cours de cette opération,
soit reste dans le produit purifié constitué par la phase solide à une teneur non
gênante pour l'utilisation envisagée.
2°) Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le ou les élément(s) eutectique(s)
appartien(nent) au groupe constitué par le cuivre et le fer.
3°) Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on ajoute du cuivre
de manière à avoir une teneur en métal à traiter comprise entre 100 et 500 ppm.
4°) Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on utilise comme procédé
de ségrégation celui qui est décrit dans le brevet français 1 594 154.
5°) Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'aluminium mis en oeuvre
a été soumis au préalable à un traitement pour enlever les impuretés péritectiques.