[0001] La présente invention est relative à un procédé de fabrication de produits en alliage
d'aluminium aptes à l'étirage et qui s'applique plus particulièrement aux bandes obtenues
par coulée entre cylindres.
[0002] Il est connu de fabriquer en continu des bandes en aluminium ou en alliage d'aluminium,
en introduisant ce métal à l'état fondu entre les deux cylindres tournant et refroidis
d'une machine de coulée, de manière à provoquer la solidification du liquide sous
forme d'une bande de largeur pouvant atteindre 2 mètres environ et d'épaisseur comprise
entre 5 et 10 mm.
[0003] Une telle technique a été décrite dans le brevet français 1 198 006.
[0004] Cette bande s'avère particulièrement intéressante pour la réalisation par emboutissage
profond et étirage, de boîtes destinées notamment au conditionnement des boissons.
Pour cela, on l'amène à une épaisseur voisine de 300 µm par laminage à froid ou à
chaud, en plusieurs passes qui peuvent être séparées par des opérations de recuit
intermédiaire, puis on découpe des disques circulaires dans la feuille ainsi obtenue
et on les soumet à l'action combinée d'un poinçon et d'une matrice, qui provoque par
emboutissage la formation d'un godet dont les parois enveloppent le piston. Ce godet
subit ensuite une transformation dimensionnelle dans une opération dite d'étirage
au cours de laquelle ses parois sont amincies.
[0005] Cette mise en forme nécessite l'application d'efforts importants à la surface du
métal et il en résulte assez souvent l'apparition d'un phénomène dit de « galling
», c'est-à-dire de grippage entre le matériau embouti et l'outillage. Ce galling se
traduit pour les alliages d'aluminium par un encrassement des outils, conduisant progressivement
à l'apparition de rayures qui peuvent, dans certains cas, diminuer la résistance mécanique
des boîtes, même parfois provoquer la rupture lors de l'opération d'étirage et, en
tout cas, nuire à leur qualité esthétique.
[0006] On a aussi constaté que la paroi d'une boîte pouvait présenter des irrégularités
quant à la coloration ou à la brillance de sa surface.
[0007] De nombreuses études ont été faites pour éviter ces défauts de surface et conférer
aux boîtes un aspect satisfaisant à l'utilisateur. C'est ainsi, par exemple, qu'on
a examiné de plus près, d'une part, le matériel utilisé et, plus précisément, l'influence
de la nature des matériaux avec les- queles était confectionné l'outillage, de la
forme du poinçon et de la matrice, de leurs dimensions et tolérances admissibles,
de la vitesse d'emboutissage, des conditions de lubrification, d'autre part, le métal
traité et, en particulier, sa composition, sa structure, ses caractéristiques mécaniques
et son état de surface.
[0008] C'est à la suite de ces études qu'ont été faites des inventions ayant donné lieu
à la délivrance de brevets et qui ont chacune proposé une solution pour résoudre ce
problème d'aspect de surface.
[0009] On connaît notamment dans le domaine des feuilles d'aluminium résultant de la coulée
entre cylindres et destinées à la fabrication de boîtes, les brevets suivants :
l'USP 3930895 qui relate les problèmes de galling, lorsqu'on met en oeuvre un alliage
du type 3004 suivant la norme de l'American Aluminium Association, c'est-à-dire ayant
pour composition Si 0,3 %, Fe0,5 %, Cu 0,25 %, Mn 1 1.5%, Mg 0,8 à 1,3 %, Zn 0,25
%, solde AI. Ce brevet attribue les dificultés rencontrées au fait que la coulée continue
entre cylindres conduit à la formation de particules d'AI-Mn de dimensions inférieures
à 2 µm, qui sont trop petites pour avoir un effet de nettoyage sur l'outillage et
contribue donc à son encrassement, et il cite le fait que, lorsqu'on traite un tel
alliage obtenu par coulée classique, ces particules ont une dimension de 15 à 20 µm
et il n'y a pas alors encrassement. Voulant néanmoins profiter des avantages de la
coulée continue entre cylindres, notamment en ce qui concerne l'uniformité de la microstructure,
l'inventeur préconise, pour augmenter la taille des ces particules, de modifier la
composition de l'alliage 3004 en faisant passer la teneur en manganèse dans une fourchette
comprise entre 2 et 3 %. Ainsi dans ce brevet, le phénomène du galling est-il lié
à la microstructure du métal embouti.
[0010] L'USP 4111 721 constate aussi ce phénomène de galling sur des feuilles de 3004 et
de 3003 et admet également qu'il faut accroître la dimension des particules d'AI-Mn
et d'AI-Mn-Fe pour le supprimer. Toutefois pour y parvenir, il intervient non pas
au niveau de la composition mais enseigne un traitement thermique effectué de préférence
à une température de 620 °C, pendant un intervalle de temps compris entre 16 et 24
heures, traitement qui peut être effectué soit sur la bande brute de coulée, soit
sur la bande ayant déjà subi une première série de passes de laminage.
[0011] Si de tels procédés ont conduit à une réduction du phénomène de galling, ils n'ont
pas apporté la disparition complète du phénomène et des irrégularités quant à la coloration
et à la brillance de la surface des boîtes.
[0012] Après maints essais, la demanderesse est arrivée à la conclusion que ces défauts
étaient en relation avec l'état de surface de la bande brute de coulée. En effet,
ayant procédé à un nettoyage mécanique de cette bande, elle a constaté que toutes
les irrégularités de coloration et de brillance qui se manifestaient couramment avaient
disparu. Malheureusement, le phénomène du galling s'était corrélativement amplifié
de sorte que, si la boîte n'offrait certes plus de différences de coloration ou de
brillance, par contre, sa qualité esthétique était maintenant perturbée par la présence
de rayures.
[0013] Cherchant à approfondir le mécanisme de ce processus, elle a compris finalement que
le phénomène de galling était ainsi lié à l'état de surface de la bande et qu'il était
nécessaire d'avoir un dépôt sur l'aluminium pour éviter l'encrassement de l'outillage
d'emboutissage, c'est-à-dire qu'en somme, il fallait reconstituer une partie de la
couche de produit qui avait été enlevée lors du nettoyage mécanique mais, en guidant
sa formation, de façon à éviter les irrégularités de coloration et de brillance. Après
de nouveaux essais, elle a constaté que cette couche pouvait être formée en soumettant
la bande à des conditions de milieu et de température bien précises.
[0014] C'est ainsi qu'elle a trouvé que la bande brute de coulée devait être chauffée dans
l'air à une température comprise entre 520 et 550 °C pendant quelques heures pour
trouver des propriétés anti-galling.
[0015] Ainsi, sans recourir soit à des traitements thermiques de longue durée à température
élevée, soit à des alliages chargés en manganèse, la demanderesse est-elle parvenue
à résoudre les problèmes de galling et d'irrégularité de coloration et de brillance
en opérant à partir d'un 3004 classique et dans les conditions habituelles de traitement
thermique.
[0016] L'invention consiste donc en un procédé de fabrication de feuilles en alliage d'aluminium
aptes à l'étirage, dans lequel l'alliage est coulé entre cylindres de façon à former
une bande qui est traitée thermiquement, laminée jusqu'à une épaisseur voisine de
300 ktm au cours d'une série de passes pouvant être séparées par des opérations de
recuit, de manière à conduire à une feuille dans laquellé on découpe des disques qui
sont soumis à un emboutissage et à un étirage, caractérisé en ce que la surface de
la bande est nettoyée mécaniquement puis modifiée par traitement thermique à l'air,
soit entre 520 et 550 °C pendant 4 à 8 heures sur la bande enroulée, soit entre 600
et 620 °C pendant 1 à 10 minutes à la sortie de la machine de coulée.
[0017] Ainsi, les moyens nouveaux mis en oeuvre comprennent d'abord un nettoyage mécanique
de la bande et, de préférence, en continu. Il peut être réalisé au moyen de tout dispositif
connu permettant d'éliminer essentiellement les particules déposées à la surface de
la bande et la couche d'oxyde épaisse formée à la coulée, tout en limitant au minimum
l'épaisseur de métal enlevé. Ce nettoyage peut être réalisé au défilé, de préférence
par brossage au moyen d'une brosse à poils métalliques ou composites (par exemple
nylon plus carbure de tungstène) animée d'un mouvement de rotation. Le brossage peut
être fait dans la direction de défilement de la bande, au moyen d'une brosse cylindrique
fixe, dont la longueur est un peu plus grande que la largeur de la bande et dont l'axe
est perpendiculaire à cette direction. Mais, on peut aussi utiliser une brosse cylindrique
de faible longueur avec un axe parallèle à la direction de défilement de la bande,
soumise à un mouvement alternatif transversal de translation, de sorte qu'elle nettoie
régulièrement toute la largeur de la bande avec un cetain recouvrement à chaque aller
et retour. Les vitesses de rotation des brosses sont ajustées de façon à mettre à
nu la surface de l'aluminium. Un tel brossage peut être effectué directement à la
sortie de la machine de coulée, car la température du métal est déjà suffisamment
basse (T... 400 °C) pour permettre le brossage sans collage du métal sur les poils
de la brosse.
[0018] A la place du brossage, on peut aussi utiliser un jet de gaz sous pression émis par
une source mobile, pour nettoyer la surface.
[0019] Le nettoyage peut être effectué aussi sur la bande ayant déjà subi une passe de laminage
alors que son épaisseur est voisine de 2,7 mm.
[0020] Le nettoyage peut être réalisé sur une seule ou sur les deux faces suivant la destination
du produit. Dans le cas des produits pour boîtage, seul le nettoyage de la face qui
formera l'extérieur de la boîte est nécessaire.
[0021] Après ce traitement, on reforme à la surface de la bande une couche « anti-galling
par un traitement thermique à haute température dans l'air. Cette opération est effectuée
en chauffant la bobine formée par la bande nettoyée et enroulée à la sortie de la
machine de coulée, à l'air, à une température comprise entre 520 et 550 °C pendant
4 à 8 heures. Une bande, chauffée à une température inférieure ou pendant une durée
plus courte, est tout aussi sensible au galling lors de l'étirage qu'une bande brute
de nettoyage. Par contre, si le chauffage est effectué à une température supérieure
à 560 °C, les résultats sont excellents du point de vue galling, mais il se forme
alors sur la bande une couche brune qui se traduit, au niveau des produits emboutis
et étirés, par des irrégularités de surface tel qu'un aspect plus ou moins brillant
et plus ou moins brunâtre, dont l'effet inesthétique entraîne la mise au rebut de
la boîte ainsi obtenue.
[0022] La modification de la surface de la bande par traitement thermique peut également
être réalisée en continu au défilé, à la sortie de la machine de coulée après brossage.
Dans ces conditions, la durée de chauffage étant nécessairement courte et de l'ordre
de 1 à 10 minutes, à moins d'avoir des fours à passage très longs, la température
de traitement doit être plus élevée et comprise entre 600 et 620 °C pour réaliser
une modification convenable de la surface. Ce traitement est réalisé, de préférence,
dans un four électrique, mais on peut également utiliser un four à flamme ou un four
à atmosphère contrôlée.
[0023] Le traitement est optimisé en fonction du type de four, de son atmosphère plus ou
moins humide et de la composition de l'alliage traité, notamment en ce qui concerne
sa teneur en magnésium et en manganèse.
[0024] L'expérience montre en effet que, plus la teneur en magnésium est élevée, plus le
temps de traitement peut être court et réalisé à basse température.
[0025] Ce procédé ne s'applique donc pas uniquement à l'alliage 3004 et l'on a vérifié et
confirmé les résultats de cette invention avec des alliages plus riches que ce dernier
en magnésium, qui contenaient, par exemple, 0,8 % Mn et 2 % Mg, ou moins riches en
magnésium, par exemple, avec une teneur en Mn de 1,5 % et en Mg de 0,5 %.
[0026] Evidemment, ce traitement en atmosphère oxydante peut, pour certains alliages, contribuer
à l'effet d'homogénéisation recherché pour améliorer les caractéristiques mécaniques.
[0027] La bande recouverte du dépôt provoqué par le chauffage est alors soumise aux opérations
de laminage pour l'amener à l'état de feuilles d'épaisseur voisine de 300 wm.
[0028] Ces passes de laminage peuvent être accompagnées d'opérations de recuit intermédiaire
et/ou final sans apporter de perturbations sensibles à l'état du dépôt.
[0029] On dispose alors de feuilles présentant une très bonne aptitude à l'étirage se traduisant
par des qualités esthétiques remarquables.