[0001] La présente invention a pour objet un procédé pour sectionner, par laser, un filament
ou une fibre textile en matériau thermoplastique.
[0002] Il a déjà été proposé, dans les brevets CH 586 769 et CH 609 736 de fabriquer du
velours par un procédé selon lequel on sectionne des brins de fil, répartis à la surface
d'un tissu, à l'aide d'un faisceau laser focalisé, dont le foyer est mis successivement
en présence d'une portion de chacun des brins, durant une période de temps suffisante
pour provoquer la combustion d'au moins une partie des fibres formant ces brins.
[0003] Par ailleurs, on connaît du brevet CH 560 772 un procédé de convertissage de filaments
textiles selon lequel on met sous tension un ruban de filaments textiles à convertir
tout en le soumettant à à l'action d'une source d'énergie rayonnante.
[0004] Selon les procédés décrits, les fibres textiles sont coupées soit par la combustion
d'une fibre naturelle, soit par la fusion d'un matériau thermoplastique. Dans ce dernier
cas, il se forme aux extrémités ainsi coupées une surface pseudosphérique dont le
diamètre est supérieur à celui des fibres. Cette surface résulte de la tension de
surface de la matière thermoplastique consécutivement à sa fusion au manant de la
coupe des fibres.
[0005] La forme des extrémités de ces fibres constitue, à l'évidence, un désavantage de
ce procédé de coupe thermique vis-à-vis de la coupe mécanique classique. En effet,
dans le cas de la coupe de velours synthétique en une matière thermoplastique telle
que l'acrylique, la formation de telles gouttelettes donne un velours moins velouté
et donc une sensation moins agréable au toucher.
[0006] L'utilisation d'un rayonnement laser pour le perfectionnement de fils thermoplastiques,
en particulier pour créer des ondulations, est, par ailleurs, connue par le brevet
CH 471.915.
[0007] Le but de la présente invention consiste non seulement à remédier aux défauts des
procédés de coupe thermique connus, mais il permet, de plus, de former des extrémités
effilées sur les éléments coupés et, partant, de rendre ces extrémités plus agréables
au toucher.
[0008] A cet effet, la présente invention a pour objet un procédé pour sectionner, par laser,
un filament ou une fibre textile en matériau thermoplastique, dans lequel on soumet
ce filament ou fibre au rayonnement d'un laser focalisé sur la zone du filament ou
fibre désirée pour le sectionnement, caractérisé par le fait que l'on applique une
sollicitation de traction à ce filament ou fibre et que, par le laser, on apporte,
à ladite zone du filament ou fibre, de l'énergie thermique en quantité suffisante
pour l'amener seulement dans un état viscoélastique, le tout de manière que, grâce
à l'action conjuguée de la sollicitation de traction et de l'énergie thermique apportée
à ladite zone du filament ou fibre, on produit un étirage de cette zone, subdivisant
le filament ou fibre en deux sections dont les extrémités en regard reçoivent une
forme s'effilant graduellement, par étirage du matériau thermoplastique, pour devenir
pointues au terme de cet effilement et se séparer par le sommet de leur pointe respective.
[0009] Le remplacement d'au moins une partie des extrémités de fibres comportant des gouttelettes
par des pointes effilées permet d'augmenter la valeur du produit obtenu: en effet,
l'obtention de pointes effilées, par ailleurs impossible en utilisant un moyen de
coupe mécanique, permet de se rapprocher mieux de l'aspect d'un poil animal apparaissant
notamment à la surface d'une fourrure naturelle, ce qui se traduit par une sensation
veloutée agréable au toucher. La présente invention pourra donc être non seulement
avantageusement appliquée à la fabrication du velours mais, en plus, à la production
de fourrures en matière synthétique.
[0010] Le dessin annexé illustre, schématiquement et à titre d'exemple, comment le procédé
selon l'invention peut être mis en oeuvre:
La figure 1 est une vue en élévation d'un dispositif expér imen- tal de mise en oeuvre;
Les figures 2 à 4 sont des diagrammes explicatifs;
Les figures 5 et 6 illustrent l'application du procédé selon l'invention dans la fabrication
de velours.
[0011] La figure 1 montre un moteur à vitesse variable 1 dont l'arbre d'entraînanent 2 est
monté rotativement entre deux paliers 3, 4 et porte un disque 5. Ce disque est équipé
de paires de goupilles 6, 7, dont seule l'une est visible au dessin, disposées radialement
autour de l'axe 2. L'une des goupilles de chaque paire reçoit l'extrémité d'un ressort
8 alors que l'autre sert à fixer une extrémité d'un fil 9, de matière thermoplastique
dont la seconde extrémité est rattachée à l'extrémité libre du ressort 8 celui-ci
tendant ainsi le fil entre les deux goupilles. Le dispositif oonporte, de plus, une
source laser 10, susceptible de générer un faisceau de lumière 12 focalisé au moyen
d'un système optique, représenté schématiquement par une simple lentille 11, et dirigeant
ce faisceau perpendiculairement à la face supérieure du disque 5.
[0012] Pour sectionner le fil 9 tout en formant des extrémités de fibres effilées, on exerce
sur ce fil une traction déterminée à l'aide du ressort 8 et on entraîne le disque
5 en rotation par le moteur 1 de manière que, en tournant, chaque fil 9, réparti sur
le disque, coupe successivement le faisceau 12 focalisé par la lentille 11. La vitesse
de rotation V
. du disque 5 est choisie telle que le fil 9 coupe le faisceau laser pendant une durée
suffisante pour que la matière thermoplastique du fil soit chauffée de manière à prendre
une consistance viscoélastique. De ce fait, et sous l'effet de la traction qui est
appliquée au fil par le ressort 8, ce fil s'étire dans la zone d'impact du laser.
C'est le diamètre f de la section droite du faisceau laser à travers laquelle passe
le fil qui détermine la longueur de cette zone. L'aspect des portions effilées des
fibres dépend essentiellement, d'une part, du diamètre du faisceau laser et, d'autre
part, de l'effort de traction appliqué au fil 9 par le ressort 8. Par ailleurs, dans
une moindre mesure, cet aspect dépend également dé la température atteinte par les
fibres, donc de l'énergie thermique transmise à ces fibres.
[0013] Dans le diagramme de la figure 2, l'ordonnée N représente la proportion de fibres
effilées par rapport au nombre total de fibres coupées en fonction de la contrainte
résultant de la force de traction appliquée au fil 9 par le ressort 8, pour une puissance
constante P du faisceau laser et une vitesse constante V
o de déplacement du fil par rapport au faisceau laser 12. Le diagramme 2 montre qu'il
existe une relation entre la contrainte résultant de la force de traction appliquée
au fil 9 par le ressort 8 et la proportion de pointes effilées. La contrainte σ min
est la contrainte maximale pour laquelle on obtient 100% d'extrémités en forme de
gouttel- lettes (N = o). En augmentant la valeur de la contrainte appliquée aux fibres,
les gouttelettes sont peu à peu remplacées par des pointes effilées jusqu'à l'obtention
de 100% de fibres à pointes effilées (N = 1), lorsque la contrainte atteint la valeur
cpt. Si l'on dépasse la contrainte opt, les extrémités effilées sont peu à peu remplacées
par des extrémités arrachées, jusqu'à l'obtention de 100% d'extrémités arrachées (N
= o), quand la contrainte atteint la valeur σ max. Ainsi, la courbe V délimite les
zones A (100% de pointes en forme de gouttelettes), B (100% de pointes effilées),
et C (100% de pointes arrachées). Il est possible de fixer une proportion minimale
N
o de pointes effilées en choisissant la largeur de l'intervalle D
o délimité par les contraintes σ o
1 et σ o
2. En d'autres termes, pour toute contrainte appliquée aux fibres, et comprise entre
σo
1 et σo
2, il est possible d'obtenir au moins une proportion N
o de fibres dont les extrémités sont effilées. La valeur des contraintes σ min et σ
max dépend de la nature du fil et de l'énergie thermique transmise, comme nous le
verrons par la suite.
[0014] Le diagramme de la figure 3 montre la variation de la valeur des contraintes constituant
les limites supérieure et inférieure d'un intervalle D
i, correspondant à l'intervalle D
i du diagramme de la figure 2, en fonction des variations de la puissance spécifique
q
i transmise au fil par le faisceau laser 12 de puissance P
i et définie par la relation q̇
i =

.n où S représente la section normale du fil (S =

φ
2 avec φ diamètre du fil) et n représente l'efficacité du système optique. Les droites
d
1 et d
2 ont été obtenues par une "régression linéaire" faisant intervenir la valeur des contraintes
σ
i1 et σ
i2 constituant les limites des intervalles D
i correspondant à des proportions Ni données de pointes effilées. La position des intervalles
D
i dépend de la valeur de la puissance spécifique q
i si la vitesse de déplacement V
I est fixée. Ces droites sont sensiblement parallèles entre elles. Une variation de
la vitesse V
1 de déplacement du fil 9 par rapport au faisceau laser 12 implique une variation inver-
sément proportionnelle de l'énergie reçue du faisceau 12 par ce fil. Une diminution
de la vitesse de V
1 à V
2 a, pour conséquence, une augmentation de l'énergie transmise au fil, donc une diminution
des contraintes σ
i1 et σ
i2, ce qui se traduit, dans le diagramme de la figure 3, par un rapprochement des droites
d
1 et d
2 de l'origine du système d'axes σ-q (droites d'
1 et d'
2) .
[0015] En mettant en oeuvre l'invention, il a été procédé à la coupe de fils d'acrylique
de 30 et 107 Tex, soumis à un effort de traction produisant une contrainte comprise
entre 2 et 5 N/Tex, au moyen d'un laser de puissance variant entre 140 et 450 W. L'efficacité
du système optique était de 0,88. Les valeurs numériques correspondant à l'obtention
d'une majorité de pointes effilées ont été résumées dans le tableau ci-dessous:

[0016] Ces valeurs numériques ont permis de définir la surface délimitée par les droites
L
1 à L
4 au diagramme de la figure 4 lequel représente la relation liant l'énergie spécifique
à fournir à des fils d'acrylique et l'effort de traction auquel ces fils doivent être
soumis pour qu'une majorité des fibres coupées ait des pointes effilées. L'énergie
spécifique est définie par le rapport entre l'énergie totale fournie à un fil textile
et la surface S du fil ayant été en contact avec le faisceau laser (S = φ·ϕ où φ représente
le diamètre du fil et ϕ le diamètre du faisceau laser). L'énergie spécifique s'exprime,
à partir de la puissance spécifique définie précédemment, par la relation
q =

. q̇ ϕ V , où q̇ est la puissance spécifique,
V la vites- se de déplacement du fil par rapport au faisceau laser et ϕ le diamètre
du faisceau laser. L'énergie spécifique q permet d'exprimer les droites dans un diagramne
énergie spécifique/contrainte, avec l'avantage de ne pas faire intervenir explicitement
le paramètre vitesse. L'ensemble des paires de droites d'
1, d'
2 correspondant chacune à une vitesse V
o (fig. 3) peut ainsi être remplacé (fig. 4) par une seule paire de droites L
3, L
4 parallèles entre elles, d'équation
q3 = - 2,2.10
6.σ+ 1,85.10
5, respectivement q
4 = - 2,2.10
6.σ+ 2,3.10
5, correspondant aux valeurs minimale et maximale de l'énergie spécifique à fournir
à des fils d'acrylique en fonction de la contrainte qui leur est appliquée, pour obtenir
une majorité de fibres à pointes effilées. Les droites L
I et L
2 correspondent aux contraintes fmin. respectivement σ max. définies précédemment en
relation avec le diagramme de la figure 2.
[0017] A titre d'exemple d'utilisation industrielle du prooédé décrit ci-dessus, les figures
5 et 6 montrent des vues partielles, l'une en perspective, l'autre en coupe, d'un
métier à tricoter circulaire où sont représentés schénatiquenent un guide fil 30,
des plati- nettes d'abattage 21 en prise avec une came 24, une fonture 20 sur laquelle
sont montées coulissantes des aiguilles 25, un segment d'un fil de fond 28 d'un tricot
de fond, non représenté, et un fil de bouclette 29. L'organe de mise sous tension
des bouclettes du fil 29 est constitué par une saillie 23 située à l'extrémité supérieure
du bec de platinette 22 (fig. 6). Cet organe permet d'entraîner la portion du fil
29, constituant une bouclette 31, dans le mouvement de recul de la platinette 21 consécutif
à la formation de cette bouclette et, par ce mouvement de recul, de soumettre ce fil
à un effort de traction. Le faisceau laser, issu de la source 27, est dirigé par le
système optique 26 sur la portion de bouclette en contact avec l'organe de mise sous
tension 23 dès que, par son nouvement de recul, la platinette a atteint la position
dans laquelle la tension dans le fil devient suffisante pour obtenir des fibres à
pointes effilées.
[0018] Sur la figure 6, les divers organes du métier à tisser ont été représentés en cours
d'effilenent. Cette opération ne peut avoir lieu que lorsque les deux extrémités de
la bouclette destinée à être effilée sont rendues solidaires du tricot de fond. On
considère cette condition comme satisfaite dès que l'aiguille 25 atteint le point
mort bas. Il faut donc que, à cet instant, le fil de la bouclette en appui sur l'organe
23 ait été mis sous tension par le mouvement de recul de la platinette 21 destiné
habituellement à libérer la bouclette une fois celle-ci formée. Un dispositif de commande
de la source laser, non représenté, permet la synchronisation de l'apport d'énergie
avec les mouvements de l'aiguille 25 et de la platinette 21.
[0019] Le mode de fabrication décrit ci-dessus est susceptible de remplacer l'opération
de rasage, intervenant dans la fabrication du velours tricoté, grâce à une opération
de coupe de bouclettes qui est intégrée au processus de tricotage. Il permet de remédier
à la perte de matière intervenant lors du rasage, tout en améliorant la qualité du
produit obtenu par la création de pointes effilées.
1. Procédé pour sectionner, par laser, un filament ou une fibre textile en matériau
thermoplastique, dans lequel on soumet ce filament ou fibre au rayonnement d'un laser
focalisé sur la zone du filament ou fibre désirée pour le sectionnement, caractérisé
par le fait que l'on applique une sollicitation de traction à ce filament ou fibre
et que, par le laser, on apporte à ladite zone du filament ou fibre, de l'énergie
thermique en quantité suffisante pour l'amener seulement dans un état viscoélastique,
le tout de manière que, grâce à l'action conjuguée de la sollicitation de traction
et de l'énergie thermique apportée à ladite zone du filament ou fibre, on produit
un étirage de cette zone, subdivisant le filament ou fibre en deux sections dont les
extrémités en regard reçoivent une forme s'effilant graduellement, par étirage du
matériau thermoplastique, pour devenir pointues au terme de cet effilement et se séparer
par le sommet de leur pointe respective.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé par le fait que ladite sollicitation
de traction est de valeur conprise entre 2.10-2 N/Tex et 5.10-2 N/Tex, la puissance et la section du rayon laser étant telles que l'énergie thermique
apportée soit conprise entre 1,41.105 J/m2 et 1,86.105 J/m2 pour une valeur de la sollicitation de traction de 2.10-2 N/Tex, respectivement 0,75.105 J/m2 et 1,2.105 J/m2, pour une sollicitation de traction de valeur 5.10-2 N/Tèx.