[0001] L'invention concerne un procédé de fabrication de coke moulé dans un four à cuve
et le four à cuve correspondant.
[0002] On connaît un procédé de fabrication de coke moulé dans un four à cuve où des boulets
de charbon sont introduits dans le four à cuve, à sa partie supérieure, pour constituer
un lit circulant de haut en bas à travers le four sur toute sa hauteur.
[0003] Pendant leur circulation à l'intérieur du four, ces boulets de charbon sont en contact
avec des gaz chauds traversant le four de bas en haut.
[0004] La partie supérieure du four constitue un échangeur équilibré dans lequel le lit
de matières solides est séché et chauffé jusqu'à une certaine température et les gaz
en circulation refroidis avant leur sortie à la partie supérieure du four.
[0005] La partie médiane du four constitue la zone de cokéfaction dans laquelle on apporte
de la chaleur au lit de matières solides en circulation, par exemple grâce à des brûleurs.
[0006] Cet apport de chaleur peut être effectué par combustion d'une partie des gaz en circulation
dans le four à cuve, grâce à de l'air comburant introduit au niveau de la zone médiane.
[0007] Dans ce cas, on recycle après dégoudronnage et dépoussiérage une partie au moins
des gaz s'échappant au gueulard du four à cuve,en réinjec- tant ces gaz à l'extrémité
inférieure de sortie des produits solides, à la base du four à cuve.
[0008] La partie inférieure du four à cuve, en dessous de la zone médiane, constitue un
second échangeur thermique équilibré où les matières solides cokéfiées dans la zone
médiane sont refroidies par les gaz injectés à la partie inférieure du four à cuve.
Les gaz sont donc à haute température lorsqu'ils parviennent dans la zone médiane
de chauffage et de cokéfaction.
[0009] Les boulets de charbon libèrent en particulier au moment de leur cokéfaction des
gaz combustibles provenant des matières volatiles du charbon.
[0010] Ces gaz ont une grande valeur industrielle, puisqu'ils peuvent être récupérés, traités
et réutilisés soit dans le four à cuve lui-même, soit pour d'autres usages.
[0011] Cependant, l'injection d'air comburant pour provoquer la combustion d'une partie
des gaz en circulation dans le four à cuve est la cause de la présence dans les gaz
récupérés au gueulard du four d'une proportion importante d'azote qui diminue le pouvoir
calorifique du gaz. Il faut également traiter de plus grandes quantités de gaz, ce
qui entraine un coût plus important de ce gaz récupéré. C'est ainsi que, pour chaque
tonne de coke produite, on se trouve en présence d'un excédent de gaz dû aux matières
volatiles du charbon et à l'air injecté, d'environ 680 m
3 à 800 m
3 suivant la nature des charbons traités.
[0012] D'autre part, la maîtrise du procédé, en ce qui concerne le réglage thermique, est
relativement difficile à obtenir.
[0013] Il faut en effet régler la température dans la zone de cokéfaction de façon relativement
précise et éviter que l'air introduit pour la combustion du gaz et l'apport thermique
dans la zone médiane du four n'oxyde une partie du carbone des boulets, ce qui se
ferait au détriment du rendement et de l'efficacité de l'opération de cokéfaction.
[0014] On a donc proposé pour la production simultanée de coke et de gaz combustible d'effectuer
l'apport de chaleur dans le four à cuve grâce à des électrodes traversant les parois
du four et venant en contact avec le lit de matières solides en circulation. Un courant
électrique de forte intensité peut ainsi traverser le lit de matières solides et produire
un dégagement de chaleur par effet Joule.
[0015] Un tel procédé est décrit par exemple dans le brevet français 917.058 où une zone
de chauffage électrique est ménagée dans le four, en dessous de la zone de cokéfaction.
Le coke produit est ainsi porté à très haute température par chauffage électrique
et les gaz venant de la base du four qui traversent cette zone s'échauffent fortement
au contact du coke à très haute température et sont capables de provoquer la cokéfaction
du charbon dans la zone du four située au-dessus de la zone de chauffage électrique.
[0016] Ce procédé a l'inconvénient de nécessiter une surchauffe du coke jusqu'à une température
voisine de 1.400°.
[0017] A titre de comparaison, la température du coke dans les fours à coke classiques ne
dépasse pas 1.200°.
[0018] On a également proposé d'utiliser des fours à chauffage électrique, avec circulation
de gaz à contre-courant des matières solides, pour la calcination du charbon ou d'autres
matières carbonées et en particulier pour la fabrication d'électrodes ou d'autres
pièces en graphite.
[0019] De tels procédés demandent cependant des températures très supérieures aux températures
nécessaires pour la cokéfaction.
[0020] On connaît également des procédés de traitement du coke, par exemple pour sa désulfuration,
qui utilisent à la fois un chauffage électrique et le passage de gaz dans la masse
de coke portée à haute température.
[0021] Cependant, de tels procédés sont conduits de façon très différente d'un procédé de
cokéfaction et ne visent qu'au traitement du coke lui-même, or, il n'y a pas intérêt
à porter le coke à des températures pouvant dépasser 1.400° car la qualité métallurgique
du coke s'en ressent et sa réactivité entre autre diminue.
[0022] Le but de l'invention est de proposer un procédé de fabrication de coke moulé dans
lequel l'échauffement de la charge est réalisé en observant une loi de chauffe déterminée
en fonction de la nature du charbon de façon à éviter la formation de grappes et à
conserver la forme des boulets jusqu'à la fin du traitement, notamment en évitant
leur éclatement et leur surchauffe.
[0023] A cet effet, on utilise, de façon connue, un four à cuve à la partie supérieure duquel
on introduit des boulets de charbon à cokéfier qui constituent un lit mobile descendant
dans le four à contre-courant de gaz traversant le four de bas en haut, dont une partie
est constituée par des gaz récupérés à la partie supérieure du four et recyclés à
sa partie inférieure et dont une autre partie est constituée par les gaz libérés par
le charbon au cours de son chauffage et de sa cokéfaction, un apport de chaleur étant
effectué par passage de courants électriques dans le lit de matières solictes.
[0024] Conformément à l'invention, on réalise le chauffage électrique de façon contrôlée,
dans la zone médiane du four sur une hauteur déterminée, en faisant passer dans plusieurs
plans horizontaux échelonnés de la charge, des courants électriques dont on peut régler
individuellement les intensités et, par réglage des échanges thermiques entre la charge
solide et les gaz et de l'apport de chaleur dans la zone de chauffage électrique,
on contrôle l'échauffement de la charge suivant une loi de chauffe choisie en fonction
de la nature du charbon, de telle sorte que la température du lit de matière solide
soit comprise entre 600° et 850° à l'entrée de la zone de chauffage électrique et
atteigne dans cette zone une valeur restant comprise entre 950° et 1.150°, la réaction
de cokéfaction étant réalisée complètement dans la zone médiane de chauffage électrique
et le coke formé étant ensuite refroidi dans la partie inférieure du four.
[0025] Selon une autre caractéristique importante, dans la zone supérieure de préchauffage
du four, on dérive un débit réglable du courant ascendant de gaz chauds, de manière
à contrôler une élévation de température progressive des matières à une vitesse choisie
en fonction de la nature du charbon pour éviter la fusion ou le collage des boulets.
[0026] De préférence, on augmente la résistance électrique de la charge après la sortie
de la zone médiane de cokéfaction en réalisant une décompression de la charge dans
la zone de refroidissement, susceptible d'augmenter les résistances de contact entre
les boulets.
[0027] Pour favoriser le passage du courant électrique dans la zone médiane de cokéfaction,
rendre homogène le chauffage électrique et faciliter le réglage électrique de la puissance
consommée, les boulets de charbon introduits à la partie supérieure du four sont mélangés
avec des particules de petit coke ou de tout autre produit conducteur de l'électricité,
inaltérable aux températures atteintes dans le four et se trouvant sous forme de grains
de dimensions inférieures à celles des boulets de charbon, lesdits grains étant répartis
de façon homogène dans les interstices entre les boulets.
[0028] Le four à cuve pour la mise en oeuvre du procédé selon l'invention comprend au moins
deux paires d'électrodes superposées, placées dans des plans horizontaux écartés l'un
de l'autre et dont les tensions d'alimentation électrique sont réglables individuellement
par paire.
[0029] Dans un mode de réalisation préférentiel, les électrodes placées dans au moins l'un
des plans horizontaux sont montées mobiles horizontalement et reliées chacune à des
moyens d'avancement et de recul alternés, chaque électrode exerçant une pression constante
sur la charge par avancement progressif vers l'intérieur du four jusqu'à une position
déterminée à partir de laquelle est commandé un recul rapide accompagné d'une descente
de la charge et suivi d'un nouvel avancement.
[0030] Afin de bien faire comprendre l'invention, on va maintenant décrire, à titre d'exemple
non limitatif, en se référant aux figures jointes en annexe, un exemple de mise en
oeuvre du procédé suivant l'invention dans le cas d'un four à cuve muni d'un double
jeu d'électrodes.
[0031]
La figure 1 représente schématiquement un four à cuve suivant l'invention dans une
vue en coupe par un plan vertical.
La figure 2 représente une section du four suivant II II de la figure 1.
La figure 3 représente la partie inférieure des électrodes du premier ensemble représenté
à la figure 1, dans une vue à plus grande échelle.
La figure 4 représente un mode de réalisation plus perfectionné d'un four à cuve selon
l'invention.
La figure 5 est un diagramme représentant la loi de chauffe de la charge.
[0032] Sur la figure 1, on voit le four à cuve 1 comportant une double paroi isolante 2
et dont la partie supérieure constitue un gueulard 3 d'enfournement des boulets de
charbon à cokéfier.
[0033] Ce gueulard est d'un typé voisin de celui des gueulardsde haut fourneau et permet
grâce à un dispositif 4 la récupération des gaz à la partie supérieure du four à cuve.
Le gueulard est totalement étanche et permet d'éviter les rentrées d'air atmosphérique.
[0034] A la partie inférieure du four à cuve des dispositifs à trémies et évacuateurs rotatifs
5 permettent une sortie régulière du coke parvenant en bas du four.
[0035] Un lit mobile 6 de matières solides se déplace en continu dans le four. La surface
supérieure 60 de ce lit de matières solides se maintient à un niveau sensiblement
constant par introduction de boulets de charbon grâce au gueulard 3 à un débit identique
au débit de sortie du coke.
[0036] Dans l'exemple représenté sur la figure 1, un premier jeu d'électrodes 7 est introduit
dans le four par sa partie supérieure. Ces électrodes peuvent être réglées en hauteur,
si bien que le niveau du plan AA dans lequel circulent des courants électriques de
direction horizontale entre les électrodes peut être réglé par déplacement vertical
de l'ensemble des électrodes supérieures.
[0037] Ainsi qu'il est visible sur les figures 2 et 3, ces électrodes comportent une partie
conductrice 10 constituée par une plaque de graphite sertie dans une pièce en acier
réfractaire 11. Les pièces 11 en acier réfractaire sont reliées à des tubes supports
12 également en acier réfractaire constituant des conducteurs servant à l'amenée du
courant à l'extrémité des électrodes 7. De l'air de refroidissement circule éventuellement
à l'intérieur de ces tubes et vient refroidir, à leur partie inférieure, la pièce
11 de fixation de la partie conductrice 10.
[0038] Des blocs de matière réfractaire 14 permettent d'isoler les tubes de suspension et
d'amenée du courant 12 du lit de matières solides et des gaz à haute température circulant
dans le four.
[0039] Les électrodes 7 plongent dans le lit de matières solides à une profondeur d'à peu
près 1 mètre 50 sous la surface du niveau 6. Cette profondeur d'introduction des électrodes
peut être réglable.
[0040] Sur la figure 2, on voit la section rectangulaire du four dans laquelle sont disposées
six électrodes 7 permettant une circulation du courant entre les électrodes dans des
directions horizontales. Le courant électrique passe d'une électrode à une autre suivant
un trajet horizontal en traversant le lit de matières solides présentant au niveau
de la zone de chauffage électrique une certaine conductibilité.
[0041] Un second jeu d'électrodes 8 disposés à un niveau B inférieur au niveau du plan A,
traversent horizontalement la double paroi 1, 2 du four. Ces électrodes sont constituées
par des blocs de graphite logés dans le réfractaire situé entre les deux parois 1
et 2 du four et légèrement saillants dans l'espace intérieur du four.
[0042] De préférence, ces électrodes sont mobiles horizontalement de façon à exercer une
poussée constante sur la charge.
[0043] A cet effet, comme on l'a représenté schématiquement sur la figure 1, chaque électrode
8 peut être montée'sur un chariot 81 déplaçable horizontalement par exemple au moyen
d'un vérin 82 à pression constante. Le mouvement d'avancée vers l'intérieur du four
est limité dans sa course de telle sorte que les électrodes 8 dépassent de quelques
centimètres la face interne de la paroi 2 du four. Le vérin 82 commande alors un recul
rapide de l'électrode qui s'accompagne d'une descente des matières se trouvant au-dessus
et le mouvement d'avancée peut reprendre. Un système facile à concevoir permet de
compenser l'usure de l'électrode 8.
[0044] A l'extérieur du four un circuit 15 de récupération et de traitement du gaz est raccordé
d'une part au récupérateur de gaz 4 à la partie supérieure du four et d'autre part
à la partie inférieure du four par une conduite d'injection 18.
[0045] Sur ce circuit de gaz sont disposées une unité de lavage du gaz 16 où le gaz est
dépoussiéré et dégoudronné ainsi qu'une pompe de circulation et d'injection 17. En
outre, le circuit peut comprendre avantageusement un équipement 19 limitant la teneur
en vapeur d'eau du gaz recyclé et constitué par exemple par un échangeur abaissant
le point de rosée du gaz par refroidissement.
[0046] Une vanne 20 permet de régler l'injection de gaz à la base du four et de diriger
une partie de ce gaz vers un réservoir de stockage ou un circuit d'utilisation.
[0047] Dans un mode de réalisation plus perfectionné représenté sur la figure 4, le four
comprend plusieurs niveaux d'électrodes 8 placées dans des plans horizontaux échelonnés
le long de la zone médiane C et dont l'alimentation électrique, non représentée sur
la figure, peut être réglée individuellement dans chaque plan, en fonction de la puissance
électrique souhaitable pour la réalisation de la loi de chauffe.
[0048] La surface nécessaire d'électrodes est déterminée par l'intensité du courant électrique
à faire circuler dans la masse de manière à éviter une surchauffe.
[0049] La surface totale d'électrodes est donc importante. Mais il est nécessaire qu'un
boulet ne reste pas trop longtemps sous une intensité forte. On aura donc un nombre
d'électrodes constituant des plans horizontaux et de faible épaisseur. La tension
du courant peut être réglée par groupe d'électrodes en fonction de la loi de chauffe.
[0050] Par ailleurs, le four 1 a une section rectangulaire permettant la réalisation modulaire
d'une installation constituée de cellules accolées.
[0051] Dans la zone supérieure de préchauffage P le four est muni de moyens permettant de
dériver une partie du courant ascendant de gaz chauds et qui peuvent par exemple être
constitués par une double paroi latérale 21 ménageant un espace pour la circulation
des gaz qui s'effectue par la différence de perte de charge entre les deux circuits
respectivement interne et périphérique ainsi constitués.
[0052] Un système de volet permet de régler la perte de charge et par conséquent le débit
du gaz dans le circuit principal.
[0053] Dans la partie inférieure R de refroidissement, le four a une largeur plus grande
et est en outre traversé par des barres horizontales 22 garnies de réfractaire et
éventuellement refroidis intérieurement et qui s'étendent d'une paroi à l'autre. L'extraction
des produits à la base 5 du four assure donc une décompression de la charge à la sortie
de la zone de cokéfaction C. Il en résulte une augmentation des résistances de contact
qui diminue le passage de courant électrique dès le début de la zone de refroidissement.
On limite ainsi vers le bas la zone C de chauffage électrique.
[0054] Nous allons maintenant décrire le fonctionnement du four pour la production de coke
moulé et de gaz à pouvoir calorifique élevé.
[0055] La figure 5 donne un exemple d'une loi de chauffe et des températures respectives
des matières (indiquées en abscisse) suivant la hauteur du four (indiquée en ordonnées).
La courbe en trait plein donne la température des matières solides et la courbe en
pointillé, la température des gaz.
[0056] On introduit dans le four, par l'intermédiaire du gueulard 3 une charge de charbon
constituée par des briquettes ou boulets de dimensions habituelles (par exemple :
40 x 25 x 20 mm) mélangés à du petit coke de granulométrie allant de 5 à 15 mm. Ce
petit coke est préalablement réparti de façon homogène dans les boulets, dans une
proportion convenable, par exemple : 10 % en poids ou 19 % en volume. (Le petit coke
pourrait être remplacé par tout produit équivalent, de même dimension, c'est à dire
conducteur de l'électricité et inaltérable aux températures pratiquées dans le milieu
gazeux considéré).
[0057] Ce petit coke se loge partiellement entre les boulets de charbon en occupant les
interstices de la charge.
[0058] Les boulets de charbon sont constitués par un mélange de charbon maigre ou flambant
sec associé à des charbons gras ou flambant gras mélangé à un liant constitué par
du brai (mélangé éventuellement à du goudron).
[0059] Le mélange homogénéisé descend dans le four à contre-courant de la circulation des
gaz et parvient à la partie inférieure de l'échangeur supérieur du four à une température
voisine de 850°. Les boulets de charbon sont donc séchés puis chauffés de façon que
leur température soit voisine de 800° à la sortie de l'échangeur supérieur du four
à cuve.
[0060] Le débit de gaz et le chauffage du four sont réglés en fonction du débit de matières
solides pour obtenir les échanges de chaleur adéquats.
[0061] Comme on le voit sur la figure 5, en dérivant une partie réglable des gaz chauds
entre les niveaux E et F de la zone supérieure de préchauffage, on peut contrôler
la loi de chauffe de la charge notamment entre 400 et 700° de façon à éviter la fusion
des boulets.
[0062] Dans les conditions d'exploitation, la température des boulets à la sortie de l'échangeur
supérieur P doit, en pratique, être supérieure à 700°C pour que le passage du courant
se produise de façon convenable et ne pas dépasser 850°C pour que le rendement thermique
de l'opération soit bon.
[0063] Lorsque le lit de matières solides comportant les boulets de charbon agglomérés et
le coke parvient dans le plan A du premier ensemble d'électrodes, un courant traverse
ce lit de matières et produit une élévation de température à l'intérieur des boulets
par effet Joule.
[0064] Les particules de petit coke insérées entre les boulets de charbon favorisent le
passage du courant dans le lit de matières solides circulant dans le four en multipliant
les points de contact.
[0065] Les boulets crus tels qu'introduits dans le four à cuve sont peu conducteurs de l'électricité.
Cependant, à partir d'un certain degré de dé- volatilisation, la résistivité interne
de ces boulets diminue rapidement. Par exemple à 800°, les mesures ont montré que
ces boulets ont une résistivité interne qui ne dépasse pas 1 500 ùJ /cm. Ainsi, en
contrôlant l'élévation de température des boulets dans la zone de préchauffage P,
on limite vers le haut la zone C de chauffage électrique.
[0066] Il faut éviter également des élévations de température locale trop importantes qui
provoqueraient un cracking exagéré des hydrocarbures gazeux circulant dans le four
et un dépôt de carbone-black entre les électrodes, ce qui créerait des courts-circuits,
ce carbone-black étant conducteur.
[0067] Mais le procédé selon l'invention permet de diminuer le risque de surchauffe car
il est plus facile de régler la température du chauffage électrique en répartissant
celui-ci dans plusieurs sections horizontales successives du four.
[0068] Le petit coke mélangé aux boulets de charbon cru avant son introduction dans le four
est récupéré à la base du four par criblage des boulets de coke produits. Ce petit
coke n'a subi aucune transformation dans toute sa traversée du four. Son rôle se limite
à diminuer les résistances de contact entre les boulets de charbon et à obtenir un
chauffage plus homogène de la charge.
[0069] A l'entrée dans la zone médiane de chauffage électrique du four comprise essentiellement
entre les deux plans A et B des électrodes, le lit de matières solides a une température
très homogène, d'une part à cause du mouvement de la charge de matières solides traversant
la zone des électrodes et soumise au chauffage par effet Joule des courants qui la
traversent, résultant des multiples contacts établis par les grains de petit coke
répartis dans les boulets et qui changent constamment de position, et d'autre part
à cause de la circulation des gaz dans cette zone.
[0070] Dans le cas d'un four à cuve ayant une section carrée dont le côté mesure 3 mètres
50, et dont la production de coke est d'environ 350 tonnes par jour, on utilise des
électrodes disposées comme représenté sur la figure 4 c'est à dire distantes d'à peu
près 3,5 m.
[0071] Ces électrodes sont alimentées sous une tension de préférence continue et régulée
pour une puissance maintenue constante et dégagent une puissance totale de 1 500 kw
par exemple. Cette puissance est répartie entre les divers niveaux d'électrodes de
manière à obtenir la loi de chauffe désirée.
[0072] Cette puissance thermique d'origine électrique permet de faire asser la température
des matières solides de 800 à 1 050° environ dans la zone C de chauffage électrique.
[0073] La cokéfaction complète du charbon se produit dans cette zone, le :oke à 1 000° pénétrant
dans l'échangeur inférieur par la partie supérieure le celui-ci. Les gaz en circulation
dans le four s'échauffent au contact du :oke et du charbon en cours de cokéfaction
dans la zone de chauffage élec- :rique et leur débit s'accroît par volatilisation
d'une partie des produits contenus dans les boulets de charbon.
[0074] Les gaz injectés à la base du four par la conduite 18 permettent Le refroidir le
coke produit depuis la température de sortie de la zone mé- liane, c'est à dire une
température voisine de 1 000° jusqu'à une température voisine de 150°.
[0075] Pour le four mentionné ci-desssus, on injecte à la base du four environ 1 000 m
3 de gaz par tonne de matières solides circulant dans le Eour, ce qui assure des échanges
équilibrés à la partie inférieure et à la partie supérieure du four.
[0076] Le gaz produit dans le four est récupéré à la partie supérieure, lépoussiéré et dégoudronné
avant d'être introduit dans le four par la con- luite 18.
[0077] On produit de plus une quantité excédentaire de gaz combustible lépendant de la nature
des charbones utilisés par exemple 500 m
3 par tonne ie coke produite. Le pouvoir calorifique de ce gaz est d'environ 4 500
calories par
m3
.
[0078] La consommation d'énergie électrique est voisine de 150 kWh par tonne de coke produite.
[0079] La cokéfaction se produit donc à une température relativement modérée et généralement
un peu inférieure à la température de cokéfaction dans les fours à coke classiques.
[0080] Le réglage du chauffage électrique en fonction des débits de matières solides et
des gaz pourra varier quelque peu mais pour obtenir un bon rendement thermique et
des conditions de cokéfaction optimales, la température maximum du lit de matières
solides dans la zone de chauffage électrique ne devra pas dépasser une valeur comprise
entre 950 et 1 150°C.
[0081] En répartissant la puissance électrique sur plusieurs niveaux, on obtient un chauffage
progressif et adapté à toutes les natures de charbon, ce qui ne serait pas le cas
si l'on utilisait un seul ensemble d'électrodes permettant un passage du courant dans
un seul plan horizontal.
[0082] Le bilan concernant la consommation d'énergie dans le procédé suivant l'invention
est tout à fait favorable si on le compare à ce qu'il en est pour les fours à coke
classiques.
[0083] En effet, de tels fours à coke consomment approximativement 800 thermies par tonne
de coke produite alors que la consommation d'énergie électrique dans le four à cuve
suivant l'invention correspondrait approximativement à une consommation de 150 kWh
par tonne de coke produite.
[0084] On voit donc que les principaux avantages du procédé suivant l'invention sont de
permettre une diminution de la consommation d'énergie pour la production de coke et
une récupération d'un gaz à haut pouvoir calorifique qui peut être produit en continu.
[0085] De plus, le réglage thermique du procédé peut être effectué de façon simple, de façon
que les échanges entre les gaz et les matières solides soient équilibrées et que l'apport
calorifique par énergie électrique soit utilisé pratiquement uniquement pour compenser
les déperditions thermiques du four et la chaleur des réactions endothermiques pouvant
se produire dans le four. La souplesse de ce type de four permet de moduler la consommation
de courant électrique avec un délestage aux heures de pointe.
[0086] Enfin, l'étanchéité complète du four permet d'éviter toutes fuites de gaz, ce qui
évite toute pollution de l'environnement.
[0087] Il est bien évident que l'invention ne se limite pas au procédé et au dispositif
décrits de façon non limitative mais qu'ils en comportent toutes les variantes.
[0088] C'est ainsi que suivant les conditions d'exploitation et la qualité des charbons
utilisés, les conditions de réglage thermique pourront varier à l'intérieur des intervalles
mentionnés.
[0089] La forme de la section droite du four n'est pas obligatoirement carrée ou rectangulaire
mais peut aussi être circulaire.
[0090] La forme des électrodes, leur disposition et leur écartement peuvent être variable
en fonction de la forme du four et des conditions de chauffage recherchées.
[0091] Les gaz récupérés à la partie supérieure du four subissent des traitements qui sont
fonctions de leur utilisation finale.
1. Procédé de fabrication de coke moulé dans un four à cuve à axe vertical (1) alimenté
à sa partie supérieure (3) par une charge de charbon à cokéfier sous forme de boulets,
formant un lit mobile descendant dans la cuve (1), à contre-courant de gaz circulant
de bas en haut, en passant successivement de haut en bas, par une zone de préchauffage,
une zone de cokéfaction et une zone de refroidissement, le courant ascendant de gaz
étant constitué par les gaz libérés par le charbon au cours de son chauffage et de
sa cokéfaction et par une partie des gaz récupérés à la partie supérieure du four
et recyclés à la partie 'inférieure après lavage et dépoussiérage, un apport de chaleur
étant effectué par passage de courant électrique dans le lit de matières solides entre
au moins une paire d'électrodes (8) placées sur deux côtés opposés de la paroi (2)
du four (1), caractérisé par le fait que l'on réalise le chauffage électrique de façon
contrôlée sur une hauteur déterminée dans la partie médiane du four (1) en faisant
passer dans plusieurs plans horizontaux échelonnés de la charge des courants électriques
dont on peut régler individuellement les intensités et que, par réglage des échanges
thermiques entre la charge solide et les gaz et de l'apport de chaleur dans la zone
(C) de chauffage électrique, on contrôle l'échauffement de la charge suivant une loi
de chauffe choisie en fonction de la nature du charbon, de telle sorte que la température
du lit de matière solide soit comprise entre 600° et 850° à l'entrée de la zone (C)
de chauffage électrique et atteigne dans cette zone (C) une valeur restant comprise
entre 950° et 1.150°C, la réaction de cokéfaction étant achevée à la sortie de la
zone (C) de chauffage électrique et le coke formé étant ensuite refroidi dans la partie
inférieure (R) du four.
2. Procédé de fabrication de coke moulé selon revendication 1, caractérisé par le
fait que, dans la zone de préchauffage (P), on dérive un débit réglable du courant
ascendant de gaz chauds de manière à contrôler une élévation de température progressive
des matières à une vitesse choisie en fonction de la nature du charbon pour éviter
la fusion ou le collage des boulets.
3. Procédé de fabrication de coke moulé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé
par le fait que l'on augmente la résistance électrique de la charge après la sortie
de la zone (C) de cokéfaction en réalisant une décompression de la charge dans la
zone de refroidissement (R) susceptible d'augmenter les résistances de contact entre
les boulets.
4. Procédé de fabrication de coke moulé selon revendication 1, caractérisé par le
fait que les boulets de charbon introduits à la partie supérieure (3) du four (1)
sont mélangés avec des particules de petit coke ou de tout autre produit en forme
de grains conducteurs de l'électricité, inaltérables aux températures atteintes dans
le four et de dimensions inférieures à celles des boulets, lesdits grains étant répartis
de façon homogène dans les interstices entre les boulets de charbon et favorisant
le passage du courant électrique dans la zone médiane (2) de cokéfaction, rendant
homogène le chauffage et facilitant le réglage électrique de la puissance consommée.
1
5. Procédé de fabrication de coke moulé selon revendication 4, caractérisé par le
fait que la dimension des particules de petit coke est comprise entre 5 et 15 mm.
6. Four à coke pour la mise en oeuvre du procédé selon l'une des revendications 1
à 5, constitué par une cuve (1) à axe vertical comprenant, à sa partie supérieure,
un gueulard (3) d'introduction d'une charge de charbon sous forme de boulets et des
moyens de récupération des gaz et, à sa partie inférieure un organe d'évacuation des
matières solides et des moyens d'injection de gaz et muni, dans sa partie médiane,
d'au moins une paire d'électrodes (8) pour le passage dans la charge d'un courant
électrique, caractérisé par le fait qu'il comprend au moins deux paires d'électrodes
(8) placées l'une au-dessous de l'autre dans deux plans horizontaux (A,B) écartés
l'un de l'autre et dont les tensions d'alimentation électriques sont réglables individuellement
par paire.
7. Four à coke selon la revendication 6, caractérisé par le fait que la charge alimentée
par le gueulard (3) est additionnée d'un produit conducteur tel que du petit coke
constitué de grains de dimensions inférieures à celles des boulets et répartis de
façon homogène entre ces derniers.
8. Four à coke selon la revendication 6, caractérisé par le fait qu'il comprend au
moins une paire d'électrodes (8) montées mobiles horizontalement et reliées chacune
à des moyens (81,82) d'avancement et de recul alternés, chaque électrode (8) exerçant
une pression constante sur la charge par avancement progressif vers l'intérieur du
four (1) jusqu'à une position déterminée à partir de laquelle est commandé un recul
rapide accompagné d'une descente de la charge et ainsi de suite.
9. Four à coke selon la revendication 6, caractérisé par le fait qu'il comprend un
premier ensemble d'électrodes (10) placées au niveau supérieur (A) et suspendues à
des conducteurs verticaux (12) dont la position suivant la hauteur du four est réglable,
et au moins un second ensemble d'électrodes (8) écartées vers le bas et s'étendant
horizontalement à un niveau (B) à travers la paroi latérale du four (1).
10. Four à coke suivant la revendication 9, caractérisé par le fait que les conducteurs
verticaux permettant la suspension et le déplacement des électrodes mobiles (10) sont
constitués de tubes (12) entourés de matière réfractaire et reliés à leur partie supérieure
à un dispositif d'insufflation d'air de refroidissement des électrodes.
11. Four à coke selon l'une des revendications 6 à 10, caractérisé par le fait que
la paroi (2) du four (1) s'élargit en section transversale dans la zone de refroidissement
(R), au-dessous de la zone médiane (C) de cokéfaction.
12. Four à coke selon la revendication 11, caractérisé par le fait qu'il comprend
des moyens de ralentissement de la charge tels que des traverses s'étendant horizontalement
dans la charge et placées au début de la zone de refroidissement (R).