[0001] La présente invention est relative à des éléments filiformes, appelés fibres, pouvant
servir pour le renforcement de matériaux moulables à liant du type hydraulique ou
non.
[0002] En ce qui concerne le renforcement des matériaux moulables à liant hydraulique, la
technique du renforcement du béton par fibres métalliques, éléments filiformes de
courte longueur en acier par exemple, est actuellement d'utilisation courante; les
propriétés du béton renforcé par ces fibres sont désormais bien connues et plusieurs
types de fibres de provenances différentes destinées à des applications bien spécifiques
sont actuellement disponibles.
[0003] Ces différents types de fibres sont caractéri- sables par leur effet de renforcement
sur le matériau composite , effet provoqué par leurs caractéristiques géométriques
et mécaniques.
[0004] De manière à pouvoir objectivement comparer plusieurs types différents de fibres,
il est utile de rappeler le comportement et le processus de renforcement d'un matériau
composite à matrice fragile, renforcé par des fibres en matériau ductile.
[0005] Ce comportement dépend de L'effet du renfort fibreux dans la matrice au voisinage
d'une fissure apparue suite à la fragilité de la matrice , la fissure ayant été provoquée
par un dépassement de la contrainte de traction de rupture dû à des variations dimensionnelles
(thermiques, hygrométriques) ou à des sollicitations de flexion ou traction.
[0006] Idéalement, le renforcement par fibres apporte un accroissement d'énergie de rupture
du matériau composite par rapport au matériau- matrice fragile.
[0007] L'accroisement d'énergie nécessaire à la rupture correspond à l'énergie nécessaire
à l'allongement et à la rupture du renfort fibreux.
[0008] Cette explication de l'intervention du renfort fibreux fait bien comprendre la nécessité
de réaliser une solidarisation parfaite entre les fibres ductiles et la matrice fragile.
[0009] Par application de ces principes, il est facile de caractériser les différents types
de fibres disponibles actuellement :
- Les fibres longues et droites représentées en figure 1.
[0010] Seules les tensions d'adhérence régnant le long de l'interface fibre - matrice peuvent
provoquer un ancrage de la fibre dans la matrice.
[0011] On montre que pour pouvoir solliciter la fibre en traction jusqu'à atteindre une
tension de traction voisine de la rupture de celle-ci, il faudrait que son diamètre
soit au moins 200 fois plus petit que sa longueur; pour des raisons pratiques de mise
en oeuvre, il est exclu d'utiliser des fibres qui auraient une telle caractéristique
géométrique.
[0012] Les fibres longues munies de crochets en leurs extrémités.
[0013] Trois types différents sont représentés en figure 2. La présence de crochets aux
extrémités permet de réaliser un accrochage de la fibre à la matrice.
[0014] Le comportement de la fibre dépend de la tenue des crochets dans la matrice.
[0015] On constate expérimentalement que quelle que soit la géométrie des crochets (nombre
de courbures opposées , rayon de courbure), l'énergie nécessaire à les déplier est
toujours plus faible que l'énergie de rupture par traction de la fibre; il s'en suit
que souvent les fibres munies de crochets ne sont pas amenées dans un état voisin
de la rupture dans une fissure de la matrice mais sont déchaussées par dépliage des
crochets.
[0016] Comme conclusion, on admet que les crochets aux extrémités, s'ils améliorent considérablement
la tenue du matériau composite , ne sont pas suffisants pour obtenir le comportement
idéal.
[0017] Les fibres munies d'ondulations sinusoïdales réparties sur toutes leur longueur.
[0018] Dans ce cas, l'énergie de dépliage est à nouveau bien inférieure à l'énergie de rupture
par traction de la fibre ; le nombre d'ondulations le long d'une fibre ne compense
pas le trop grand rayon de courbure de chaque ondulation.
[0019] Ces fibres sont représentées en figure 3.
[0020] Les fibres lisses droites comprenant dans leur longueur des parties aplaties pouvant
également être localisées en leurs extrémités.
[0021] Ces fibres sont représentées sur la figure 4.
[0022] Dans ce cas, l'accrochage réalisé sans les pliages induisant des pertes de raideur,
est limité dans ses performances parce qu'il est trop agressif pour la matrice.
[0023] En effet, comme il est constaté expérimentalement lorsque la fibre est soumise à
un effort de traction, la matrice peut être cisaillée par les parties aplaties il
en résulte le déchaussement néfaste.
[0024] Les fibres rugueuses droites ou non.
[0025] Ces fibres sont représentées sur la figure 5.
[0026] Dans ce cas, la rugosité et/ou les courbures sont insuffisantes pour réaliser un
accrochage.
[0027] La comparaison raisonnée des différentes fibres disponibles actuellement aide à bien
comprendre le problème posé :
- Concevoir une fibre s'accrochant parfaitement à la matrice c'est-à-dire ne se déchaussant
jamais ni du fait de la fibre elle-même, ni du fait d'une rupture de la matrice au
voisinage du moyen d'ancrage.
[0028] Avec un tel type de fibre, l'énergie de rupture du matériau composite serait celle
de la matrice fragile, augmentéede celle du renfort fibreux.
[0029] La présente invention est relative à une fibre en acier par exemple, destinée à renforcer
un matériau- matrice, le béton par exemple en ne se déchaussant jamais hors de celui-ci,
ni du fait de la fibre elle-même, ni du fait de la matrice par rupture de celle-ci
au voisinage de 1
'lancrage.
[0030] A cet effet, la fibre de renforcement comporte à chaque extrémité selon l'invention
un dispositif d'ancrage constitué d'un ou plusieurs volumes de formes quelconques
dont toutes les dimensions transversales sont supérieures au diamètre du corps filiforme.
[0031] Le dispositif d'ancrage peut être constitué à chaque extrémité d'un seul volume appelé
tête, pouvant présenter une forme de plus en plus enflée vers les extrémités de la
fibre et même présenter une partie à symétrie de révolution.
[0032] La courbe génératrice de ce solide de révolution peut être telle que l'intersection
de la tangente en tout point de cette courbe avec la surface latérale extérieure du
corps filiforme de la fibre se trouve toujours dans le volume même de la tête ; les
têtes peuvent toutefois être aussi en partie ou en totalité de forme cylindrique.
[0033] Il a été trouvé que la fibre désirée doit avoir un corps filiforme muni à chacune
de ses extrémités d'une tête dont la partie intérieure, c'est-à-dire la partie en
contact avec le corps filiforme, soit de forme solide de révolution tel que l'angle
entre la tangente en tout point de la courbe génératrice et l'axe du corps filiforme
ait une valeur maximale comprise - entre 20 et 60°. La valeur de cet angle dépendra,
pour obtenir le comportement idéal, de la nature du matériau constituant la fibre.
[0034] Comme exemple, l'acier, pour des qualités mécaniques de plus en plus faibles exige
des angles de tête de plus en plus élevés et pour des qualités mécaniques de plus
en plus élevées exige des angles de tête de plus en plus faibles.
[0035] Les éléments filiformes appelés "fibres" décrits ci-avant peuvent se fabriquer par
l'utilisation de plusieurs procédés.
[0036] En effet, suivant un procédé, un élément filiforme de longueur indéfinie de diamètre
égal à la plus grande dimension transversale de tête subit, par passage entre un couple
de cylindres de laminage rainurés, dont les rainures sont pourvues d'encoches espacées
les unes des autres, une réduction de diamètre sur toute sa longueur sauf que des
têtes se forment aux emplacements des encoches taillées le long des rainures des cylindres
de laminage.
[0037] L'étape suivante de ce procédé consiste à couper régulièrement l'élément filiforme
continu laminé de manière à produire des fibres de longueur précise munies à chaque
extrémité d'une tête.
[0038] Un autre procédé se réalise par frappe d'un marteau sur chaque extrémité d'un élément
filiforme, sans tête, ayant un diamètre égal à celui du corps de la fibre, chaque
extrémité étant maintenue lors de la frappe par une matrice de manière à obtenir une
tête de forme souhaitée.
[0039] Un troisième procédé se réalise par formation d'une goutte aux extrémités du corps
filiforme à une température voisine du point de fusion de la matière constituante.
Après ce formage, il peut succéder une trempe pour améliorer les qualités mécaniques
de la fibre.
[0040] Les procédés inventés sont maintenant décrits de manière plus détaillée en faisant
référence aux dessins ci-annexés dans lesquels :
- les figures 6A et 6B représentent schématiquement un appareil suivant l'invention
;
- la figure 7 représente le détail X de la figure 6A ;
- la figure 8 représente en vue frontale le couple de cylindres de la figure 6A ;
- la figure 9 représente en coupe le détail Y de la figure 6B ;
- la figure 10 représente en perspective quelques exemples d'éléments obtenus à l'issue
des procédés utilisés.
[0041] Dans ces différentes figures, les mêmes notations de référence désignent les mêmes
éléments.
[0042] Comme illustré en figure 6A, le fil bobiné désigné généralement par la notation de
référence 1 est tiré vers un appareil de laminage 2 constitué d'un couple de cylindres
de laminage à canelures pourvues régulièrement sur leur longueur d'encoches matrices
des têtes de fibre dont les figures 7 et 8 donnent un exemple de manière à réduire
le diamètre du fil comme matériau de base jusqu'au diamètre du corps filiforme de
la fibre excepté à l'endroit des têtes de ces fibres.
[0043] Cet appareil de laminage 2 fournit un fil de diamètre inférieur au diamètre initial
et muni à espacement régulier d'enflures. Le dispositif 4 de cisaillage sectionne
le fil ainsi obtenu à mi-volume de chaque enflure pour créer les fibres munies de
leurs têtes.
[0044] Comme illustré en figure 6B, le fil bobiné désigné généralement par la notation de
référence 1 est tiré vers un appareil de cisaillage produisant des éléments filiformes
6 droits de courte longueur constante devant être saisis individuellement, pincés
à leurs extrémités entre deux matrices, comme en figure 9, engendrant avec l'aide
des marteaux de frappe les têtes désirées dans leur forme exacte.
[0045] Il est bien entendu que l'invention n'est pas limitée aux détails décrits plus haut.
Elle peut subir de nombreuses modifications qui n'en changent pas la portée.
1. Renforcement d'un matériau moulable appelé "matrice" par des éléments de forme
élancée comportant un corps filiforme muni à chacune de ses extrémités d'un dispositif
d'ancrage du renfort à la matrice, caractérisé en ce que le dispositif d'ancrage est
constitué d'un ou plusieurs volumes de formes quelconques dont toutes les dimensions
transversales sont supérieures au diamètre du corps filiforme.
2. Renforcement suivant 1 avec la caractéristique que le dispositif d'ancrage à chaque
extrémité est constitué d'un seul volume, appelé "tête" de forme quelconque dont une
partie au moins est de dimensions transversales supérieures au diamètre du corps filiforme.
3. 'Eléments de renforcement suivant 1 ou 2 avec la caractéristique que les têtes
présentent une partie de forme de plus en plus enflée vers les extrémités.
4. Eléments suivant l'une quelconque des revendications 1 à 3 avec la caractéristique
que en parcourant la fibre suivant son axe longitudinal, de son centre vers l'extrémité,
à la partie enflée succède une partie tout à fait extrême de forme quelconque.
5. Eléments de renforcement suivant l'une ou plusieurs des revendications 1 à 4 avec
la caractéristique que les têtes comportent une partie à symétrie de révolution.
6. Eléments de renforcement suivant la revendication 5 avec la caractéristique que
la tangente en tout point à la courbe génératrice de la partie de révolution coupe
le prolongement de la surface externe du corps filiforme en un point appartenant à
la tête même.
7. Eléments de renforcement suivant la revendication 6 avec la caractéristique que
la tangente en tout point de la courbe génératrice forme avec l'axe principal du corps
filiforme un angle de valeur maximale comprise entre 20 et 60°.
8. Eléments de renforcement suivant une ou plusieurs des revendications 1 à 7 avec
la caractéristique que le matériau le constituant est en acier.
9. Procédé d'obtension des éléments filiformes de renforcement décrits suivant une
ou plusieurs des revendications 1 à 8 avec la caractéristique que le matériau de base
est un fil bobiné de diamètre égal à la plus grande dimension transversale de la tête
du renfort.
10. Procédé suivant, la revendication 9 avec la caractéristique que la réduction de
diamètre du fil est obtenue par laminage au moyen d'un couple de cylindres superposés
de laminage pourvus de canelures dont la profondeur est égale au rayon de l'élément
filiforme obtenu.
11. Procédé suivant la revendication 10 avec la caractéristique que des enflures sont
obtenues par la présence d'encoches matrices de celles-ci, régulièrement réparties
au long des canelures.
12. Procédé suivant la revendication 11 avec la caractéristique que l'élément filiforme
obtenu est coupé régulièrement à mi-volume des enflures.
13. Procédé d'obtention des éléments filiformes de renforcement décrits suivant l'une
ou plusieurs quelconques des revendications 1 à 8 avec la caractéristique que le matériau
de base est un fil bobiné de diamètre égal à celui du corps filiforme du renfort.
14. Procédé suivant 13 avec la caractéristique que le fil bobiné est coupé régulièrement
à longueur voulue.
15. Procédé suivant 13 et 14 avec la caractéristique que les éléments ainsi obtenus
sont pincés à leurs extrémités entre deux matrices engendrant avec l'aide de marteaux
de frappe les têtes désirées.
16. Procédé suivant la revendication 14 avec la caractéristique que les têtes désirées
sont formées à chaud.
17. Procédé suivant la revendication 16 avec la caractéristique que les fibres ainsi
obtenues subissent un traitement de trempe.
18. Procédé suivant la revendication 16 avec la caractéristique que les têtes désirées
sont formées à partir d'une goutte figée par refroidissement.
19. Installation pour la réalisation des procédés suivant une ou plusieurs des revendications
9 à 15.