[0001] La présente invention se rapporte à un procédé et à une machine de réalisation d'une
pièce tissée formée de fils assemblés par tissage multidirectionnel et susceptible
de servir d'armature dans la fabrication d'un corps en matériau composite.
[0002] De telles armatures sont utilisées après imprégnation au moyen d'un liant approprié,
pour obtenir des pièces susceptibles de supporter des sollicitations mécaniques et
thermiques très élevées, telles que des tuyères, des pièces structurales de satellite,
des corps de rentrée ou des moyeux de rotor de giravion.
[0003] On connaît par le brevet américain n° 4 218 276 (AVCO) un procédé manuel de réalisation
de structures tridimensionnelles, consistant à disposer verticalement ét parallèlement
des aiguilles pointes en haut, maintenues écartées par deux peignes disposés à angle
droit. Sur les pointes des aiguilles est ensuite posée une couche de tissu sur laquelle
vient s'appuyer une plaque percée de trous correspondant aux aiguilles dont les pointes
pénètrent la couche de tissu poussée vers le bas par la plaque. L'opération est renouvelée
avec circulation des peignes, jusqu'à obtention de l'épaisseur requise pour l'empilement
qui est ensuite enlevé de la machine. Puis des renforts filamentai- res sont introduits
dans les perçages de l'empilement pour former une:structure tridimensionnelle. Pour
mettre en oeuvre ce procédé, il est donc nécessaire de disposer de couches de tissu
préalablement fabriquées et découpées aux dimensions voulues pour chaque produit spécifique.
De plus, si ce brevet propose la réalisation de structures dites à trois dimensions
dans lesquelles sont disposés verticalement des éléments rigides telles que des aiguilles
métalliques, on peut constater que ces structures ne sont pas obtenues par tissage
simultané de fils sur ces aiguilles. En effet, on réalise d'abord des couches entoilées,
puis on les empile et on les embroche sur lesdites aiguilles.
[0004] Par le brevet français 77/18831 au nom de la deman
- deresse, on connaît également un procédé et une machine de tissage tridimensionnel
pour la réalisation d'armatures tissées de révolution creuses. Dans un réseau de baguettes,
maintenues parallèles aux génératrices du corps à réaliser au moyen de grilles, sont
introduits et tissés en un plan fixe, d'une part des fils circonférentiels par dévidage
en cercles concentriques d'une nappe de fils parallèles et d'autre part des fils radiaux
par tricotage au moyen d'une aiguille d'un fil sous forme de chaînette. Dans-ce procédé,
les baguettes peuvent être des tiges métalliques qui, en fin de tissage, sont chassées
et remplacées, au moyen d'un agencement de laçage, par des fils qui assurent le remplissage
longitudinal..
[0005] Le procédé connu par le brevet américain n° 3 955 602 permet de réaliser des pièces
de forme géométrique simple tels qu'essentiellement des blocs parallélépipédiques
dans lesquels les.fils disposés dans un même plan débouchent de part et d'autre d'un
réseau de tiges verticales avec dépassement et nécessitent, de ce fait, l'utilisation
d'un moyen de blocage des fils.
[0006] D'une manière générale, les procédés de l'art antérieur exigent des outillages spécifiques
à la pièce à réaliser dans la mesure où le tissage est lié à l'écartement ou au pas
des tiges verticales. Ils ne permettent donc pas des changements rapides et économiques
de la définition des pièces tissées.
[0007] Par ailleurs, la plupart des procédés connus de réalisation de structures tissées
en trois dimensions nécessitent la mise en place d'une quantité importante de bobines
de fils et donc leur manipulation pour passer d'une pièce- à une autre.
[0008] Enfin, le problème essentiel à résoudre dans le tissage de structures du genre considéré
réside dans le fait que les fils à introduire dans un réseau de tiges ou baguettes
doivent être déposés de telle manière qu'il ne subsiste aucune tension résiduelle
dans ceux-ci.
[0009] En effet, les tensions accumulées finiraient par déformer le réseau et empêcheraient
de continuer le tissage, par exemple en bloquant la machine utilisée. Ce problème
est habituellement résolu soit empiriquement, par l'habileté de l'opérateur, soit
par utilisation d'un outillage de maintien des tiges avec introduction des fils sous
tension et enfilage de chaque fil dans une aiguille.
[0010] La présente invention permet de remédier auxincon- vénients des procédés et appareillages,
de l'art antérieur ; elle a pour objet un procédé qui consiste, dans une phase initiale
de tissage, à établir un réseau de baguettes rigides, parallèles et non jointives,
a déposer à une extrémité de ce réseau, stationnaire, un fil unique suivant un chemin
sinueux zigzaguant entre les parties terminales desdites baguettes, ce fil formant
des couches successives se superposant dans des plans transversaux à la direction
des baguettes, à tasser ces couches de fil au fur et à mesure de leur formation, ce
tassement s'accompagnant d'un glissement desdites couches le long des baguettes, puis
en cas de besoin à remplacer les baguettes par des fils dans une phase finale de laçage.
[0011] Le tassement avec glissement des couches de fil le long des baguettes s'effectue
de préférence par application discontinue d'une pression sur chaque nouvelle couche
achevée, l'ensemble des couches superposées étant soutenu à sa base par une surface
d'appui qui s'éloigne d'un mouvement continu de la zone de dépôt du fil de tissage
afin de donner place aux nouvelles couches de fil à déposer.
[0012] Il convient que le fil soit déposé sans tension dans le réseau de baguettes, étant
à cet effet délivré avec poussée mécanique à la demande suivant une direction parallèle
à celle des baguettes.
[0013] Le fil peut être déposé en méandres orientés dans les couches superposées alternativement
suivant une direction, puis suivant une autre direction croisée par rapport à la précédente,
par exemple perpendiculaire (dans ce cas, ces deux directions forment avec celle des
baguettes un trièdre trirectangle).
[0014] Ainsi, le procédé selon l'invention permet d'effectuer le tissage en trois dimensions
de pièces profilées de formes complexes et de dimensions quelconques, par dépôt dans
les espaces libres d'un réseau de baguettes définissant une direction de la pièce
à réaliser, un fil suivant une direction quelconque orthogonale à la précédente. Ce
fil provient d'une bobine unique et est dévidé mécaniquement par le dessus des baguettes
(supposées disposées verticalement), au niveau de leur partie supérieure et parallèlement
à leur direction. Lorsqu'une couche de fil est déposée, elle est tassée en même temps
que se décale l'organe destiné à supporter la pièce en cours de tissage pour permettre
le dépôt de la couche suivante.
[0015] Lorsque les directions perpendiculaires aux baguettes ont été matérialisées par le
fil selon ce mode de tissage, ces baguettes sont chassées et remplacées par un fil,
de préférence suivant le procédé décrit dans la demande de brevet français n° 80/17666
au nom de la demanderesse.
[0016] On peut aussi utiliser des baguettes en un matériau restant dans la pièce après tissage,
telles que par exemple des baguettes pultrudées.
[0017] Grâce à ce procédé, il est possible de modifier à volonté, dans chaque couche, la
direction du fil, déposé par le dessus des baguettes, en fonction des sollicitations
auxquelles est susceptible d'être soumise la pièce tissée. Ce n'est pas le cas dans
les procédés connus, où justement la direction du fil est en général imposée par les
modalités du procédé utilisé.
[0018] En outre, le procédé de l'invention permet de supprimer tout système d'arrêt des
fils introduits perpendiculairement au réseau de baguettes et conduit donc à la réalisation
d'une machine de tissage très simple.
[0019] Enfin, la disposition d'une bobine unique facilite la surveillance du dévidage du.fil.
Dans l'art antérieur, il faut généralement prévoir de nombreuses bobines pour alimenter
les aiguilles permettant de tisser les fils d'une même couche, ces bobines étant équipées
de dispositifs de dévidage des fils-et de mise en tension, voire de freinage, afin
de fàire arriver une même quantité de fil de chacune des bobines pour la réalisation
d'une couche et ce, sans tension, de manière à ne pas déformer le réseau de tiges
ou baguettes rigides. Le procédé selon l'invention permet de s'affranchir de ces sujétions.
[0020] L'invention a également pour objet une machine permettant de mettre en oeuvre le
procédé précédemment défini. Cette machine comprend, disposés l'un au-dessus de l'autre
dans un bâti fixe, un ensemble de trois cadres horizontaux non rotatifs, mais mobiles
verticalement de façon autonome, parmi lesquels le cadre intermédiaire porte un jeu
de plateaux horizontaux dotés de perforations ordonnées suivant une trame régulière
et destinées à recevoir des baguettes rigides d'égale longueur qui se trouvent ainsi
maintenues en un réseau régulier yertical, le cadre supérieur porte, par l'intermédiaire
d'un mécanisme de déplacement suivant deux directions horizontales croisées, de préférence
perpendiculaires, une navette qui est ainsi mobile en tous sens dans un plan horizontal
situé légèrement au-dessus du sommet du réseau de baguettes et. est susceptible d'y
déposer par le dessus un fil de tissage suivant un chemin sinueux, et le cadre inférieur
porte un plateau horizontal d'arrêt non perforé, sous-jacent au réseau de baguettes.
Il peut être utile que la machine réalise aussi une phase terminale de laçage; dans
ce cas, il convient que celle-ci comporte en outre un agencement de laçage permettant
de remplacer, après achèvement du tissage, les baguettes par des fils. Cet agencement
de laçage comprend de préférence un dispositif supérieur d'actionnement d'une aiguille
de laçage et un dispositif inférieur d'introduction d'un fil de laçage, ces dispositifs
étant portés par des mécanismes respectifs de déplacement suivant deux directions
horizontales croisées, montés respectivement sur le cadre supérieur et sur le cadre
intermédiaire.
[0021] Avantageusement, la navette de la machine comporte des moyens d'entraînement et de
poussée du fil susceptibles d'assurer la délivrance de celui-ci sans tension et constitués
par deux roulettes entre lesquelles est pincé le fil et dont l'une est actionnée en
rotation par un moteur, ces roulettes poussant ledit fil, lors de son dépôt, dans
un tube guide-fil vertical.
[0022] Par ailleurs, la machine comporte de préférence un plateau perforé horizontal susceptible
de descendre sur le réseau de baguettes, les extrémités de celles-ci pénétrant alors
dans ses perforations, en tassant les couches de fil tissées dans ledit réseau. Ce
plateau perforé peut être porté par le cadre supérieur au-dessus de la navette, laquelle
est écartée de temps en temps du réseau de baguettes pour permettre la descente dudit
plateau perforé sur la masse tissée.
[0023] Au-dessous du réseau de baguettes, le plateau d'arrêt peut être constitué par un
disque entraîné en rotation autour de son axe vertical et comportant une barrette
vibrante assurant par balayage le maintien longitudinal des baguettes à une hauteur
constante en moyenne malgré l'action d'entraînement vers le bas qu'elles subissent
de la part de la masse tissée au cours de sa confection.
[0024] Il convient d'associer à une machine selon l'invention un dispositif de commande
numérique pilotant et synchronisant d'après un programme pré-établi tous les mouvements
de ses organes mobiles, en particulier ceux de sa navette qui définissent la configuration
des chemins sinueux de dépôt du fil formant les couches successives de la masse tissée.
[0025] La description qui va suivre, en regard des dessins annexés à titre d'exemples non
limitatifs, permettra de bien comprendre comment la présente invention peut être mise
en pratique.
[0026]
La figure 1 représente schématiquement, en élévation, une machine de tissage multidimensionnel
selon l'invention, la moitié de gauche correspond à la phase de tissage et la moitié
de droite à la phase de laçage.
La figure 2 représente en perspective une vue de dessus du réseau de baguettes et
de la masse tissée confectionnée dans celui-ci, ainsi que la navette et son mécanisme
de déplacement.
La figure 3 représente à plus grande échelle le détail III de la figure 1.
La figure 4 représente une coupe suivant la ligne IV-IV de l'objet de la figure 3.
La figure 5 représente schématiquement une coupe suivant la ligne V-V de l'objet de
la figure 4, montrant en même temps le plateau perforé inférieur qui supporte la masse
tissée et le plateau perforé supérieur, descendu en position de tassement de cette
dernière.
[0027] Dans ces dessins, on ne doit pas s'attacher au fait que le nombre de baguettes du
réseau est variable d'une figure à une autre. Il en est ainsi par simple raison de
commodité de représentation. En pratique, le nombre et la , disposition des baguettes
sont choisis en fonction de la conformation et des dimensions de chaque pièce tissée
à réaliser.
[0028] La machine que représente la figure 1 comprend un bâti 1 dans lequel sont disposées,
entre son socle la et son toît 1b, plusieurs tiges filetées 2 verticales fixes (au
moins trois) le long desquelles peuvent se déplacer trois cadres 3, 4, 5 horizontaux.
A cet effet, chacun de ces cadres est muni d'un moteur particulier (non représenté)
pouvant entraîner en rotation, par l'intermédiaire d'une chaîne 6, des écroùs 6a engagés
sur lesdites tiges filetées (seul l'un des écrous 6a du seul cadre 4 a été représenté,
avec une partie de la chaîne 6 correspondante). Chaque cadre peut ainsi être animé
à volonté d'un mouvement ascendant ou descendant par commande dudit moteur.
[0029] Le cadre supérieur 3 porte un plateau perforé 7 et, par l'intermédiaire d'un mécanisme
8 de déplacement à mouvements croisés, une navette 9 assurant le dépôt d'un fil 10
dans un réseau 14 de baguettes métalliques 11 rigides, tenues verticalement suivant
une répartition régulière par des plateaux perforés 12, 13 (le nombre des plateaux
13 dépendant de la hauteur de la pièce à réaliser) portés par le cadre intermédiaire
4. Les perforations des plateaux 7, 12 et 13 sont disposées suivant un quadrillage
(droit, comme dans le présent exemple, ou oblique), de manière que les baguettes 11
du réseau 14 qui les traversent fassent apparaître entre elles des couloirs se croisant
sous un certain angle, ici un angle droite dans lesquels sera déposé suivant des méandres
de directions alternativement perpendiculaires le fil 10 par la navette 9.
[0030] Le mécanisme 8 assurant les déplacements de la navette 9 comprend une réglette 15
horizontale le long de laquelle peut se déplacer la navette sous l'action d'un moteur
16 par l'intermédiaire d'une courroie d'entraînement située à l'intérieur de la réglette
(figure 2). Cette dernière est elle-même mobile suivant la direction horizontale perpendiculaire,
ses extrémités roulant sur des rails de guidage
17, 18. fixés au cadre 3, sous l'action de caurroies, d'entraînement 19, 20 animées
par un moteur 21 également solidaire du cadre 3. La navette 9 peut ainsi effectuer
des déplacements suivant deux directions horizontales perpendiculaires 22, 23, donc
être amenée successivement en tout point du plan horizontal limité par les rails 17,
18.
[0031] La navette 9 est constituée (figure 3) par un chariot 24 coulissant le long de la
réglette 15 et portant un petit moteur pas à pas 25 et deux roulettes 26, 27 entre
lesquelles le fil 10 est pincé. La roulette 26 est entraînée en rotation par le moteur
25, tandis que la roulette 27 est montée folle. Par commande du moteur 25, le fil
10 est poussé plus ou moins vite dans un tube guide-fil 28 vertical fixé à la platine
24 et passant entre les extrémités supérieures des baguettes 11 du réseau 14 pour
y déposer par le dessus de ce réseau le fil suivant le chemin sinueux choisi.
[0032] Pour réaliser le tissage d'une pièce de forme déterminée sur la machine décrite,
on engage tout d'abord les baguettes 11 à travers les plateaux perforés 12, 13 pour
les disposer en un réseau 14 régulier offrant la forme désirée (dans le cas présent,
il s'agit d'une forme cylindrique de section circulaire ou polygonale). Le cadre 3
étant placé à une hauteur telle que le tube guide-fil 28 de la navette 9 pénètre dans
la région supérieure du réseau 14 (figure 3), la navette est déplacée grâce à son
mécanisme 8 suivant un trajet sinueux dont les méandres sont orientés suivant l'une
des directions des couloirs orthogonaux du réseau 14, parallèles aux directions 22,
23 de déplacement de la navette 9. En même temps, le moteur 25 de cette dernière est
mis en marche, de sorte que le fil 10, issu d'une bobine29, se dépose par le dessus
du réseau de baguettes suivant ce trajet sinueux entre les extrémités supérieures
de celles-ci (figure 4). Lorsqu'une couche C de fil a été déposée, la couche C suivante
est déposée en superposition, suivant l'autre direction 22 ou 23. Dès l'achèvement
de chaque couche, on. fait s'écarter sur le côté la navette 9 et on commande un déplacement
vers le bas du cadre 3 de manière à faire descendre sur le réseau 14 le plateau perforé
7 qu'il porte (figure 5) afin de tasser la masse tissée 30 formée par l'ensemble des
couches C confectionnées. Pour assurer une pénétration aisée des baguettes 11 dans
les perforations 31 du plateau 7, les extrémités des baguettes sont taillées en pointe
et les orifices des perforations sont évasés.., comme représenté. Parallèlement, on
fait descendre le cadre 4 d'une quantité sensiblement égale à l'épaisseur d'une couche,
de sorte que la masse tissée 30 descende graduellement, soutenue par le plateau perforé
12 solidaire du cadre 4 et tassée par le plateau perforé 7 solidaire du cadre 3. Après
chaque opération de tassement, où le plateau perforé 7 descend toujours au même niveau,
on le fait remonter (par déplacement ascendant du cadre:3) jusqu'à un niveau également
fixe, suffisant pour laisser place à la navette 9 entre ledit plateau perforé et les
extrémités des baguettes 11, qui revient alors dans cet espace pour effectuer le dépôt
d'une nouvelle couche de fil après avoir résorbé le mou nécessité par son écart sur
le côté préalablement au tassement.
[0033] Le glissement descendant de la masse tissée 30 entraîne vers le bas les baguettes
11. Pour compenser cet effet, sous le réseau de baguettes est prévu, porté par le
cadre 5 (de hauteur réglable), un disque tournant 32 doté d'une barrette vibrante
33 (figure 1) disposée diamétralement sur une paire de vibreurs à action verticale
qui cause, par balayage, une remontée des baguettes 11 frappées par ladite barrette,
celles-ci conservant ainsi une position moyenne invariable dans le sens de la hauteur
durant tout le déroulement du tissage de la pièce. En fin de tissage, le cadre 4 se
trouve à proximité du cadre 5, les plateaux perforés 13, suspendus par des chaînettes
34 au cadre 4, étant venus se juxtaposer en conséquence.
[0034] La pièce désirée étant tissée, il s'agit alors d'en remplacer les baguettes 11 par
des fils de même nature que le fil 10 constituant les couches transversales superposées.
A cet effet, la machine est équipée d'un agencement 35 dit "de laçage", composé d'un
dispositif supérieur 35a et d'un dispositif inférieur 35b (représentés schématiquement
sur la partie droite de la figure 1). Le dispositif supérieur
35a est porté par le cadre 3 par l'intermédiaire d'un mécanisme de déplacement 36a suivant
deux directions orthogonales, semblable au mécanisme 8 de la navette 9. Il en va de
même pour le dispositif inférieur 35b, dont le mécanisme de déplacement 36b est monté
sur le cadre 3. Ces ensembles de laçage sont amovibles.
[0035] Dans la phase de laçage, le cadre 3 portant la pièce tissée par son plateau perforé
12 (la rehausse 37 préyue dans la phase de tissage étant supprimée) est remonté à
une hauteur laissant au-dessous un espace suffisant pour la descente des baguettes
11a chassées de la masse tissée 30. Le cadre est remonté corrélativement en une position
où son plateau perforé 7 repose sur le haut de la masse tissée 30. Conformément à
l'enseignement de la demande de brevet français n° 80/17666, le dispositif supérieur
35a fait descendre une longue aiguille 41 successivement à l'aplomb de chaque baguette
11, de manière à la chasser et à la faire tomber en 11a au-dessous du cadre 4, sur
le disque 32 (tandis qu'elle reste maintenue par les plateaux perforés 13 maintenant
rassemblés et fixés au sommet de colonnes 38). A chaque descente, ladite aiguille
accroche dans le dispositif inférieur 35b un fil 39 issu d'une bobine 40 et le tire
en boucle à travers la masse tissée 30 en remplacement de la baguette qu'elle vient
de chasser. Bien entendu, les mécanismes de déplacement 36a et 36b sont commandés
corrélativement de la même façon pour que les dispositifs de laçage 35a et 35b restent
constamment en regard et viennent successivement à l'aplomb de chaque baguette 11
du réseau 14.
[0036] La commande des différents organes mobiles de la machine, en particulier des mécanismes
de déplacement 8, 36a et 36b (équipés de moteurs pas à pas), est effectuée en synchronisme,
dans chaque phase de fonctionnement, au moyen d'un dispositif de commande numérique
dans lequel est introduit un programme correspondant aux caractéristiques de structure,
de forme et de dimensions de la pièce tissée à réaliser.
[0037] On comprend que, par le choix de ce programme, on peut obtenir le dépôt du fil par
la navette 9 dans chaque couche suivant tout chemin sinueux désiré entre les baguettes
11 du réseau, lesquelles peuvent d'ailleurs être ordonnées suivant un diagramme en
section transversale de forme et de disposition géométrique quelconques. Il est ainsi
possible d'obtenir des pièces tissées de forme cylindrique ou prismatique, pleines
ou creuses, éventuellement déformables si le chemin du fil de tissage est choisi à
cet effet dans chaque couche transversale.
1. Procédé de réalisation d'une pièce tissée formée de fils assemblés par tissage
multidirectionnel et susceptible de servir d'armature dans la fabrication d'un corps
en matériau composite, caractérisé par le fait qu'il consiste, dans une phase initiale
de tissage, à établir un réseau (14) de baguette rigide (11), parallèles et non jointives,
à déposer à une extrémité de ce réseau, stationnaire, un fil unique (10) suivant un
chemin sinueux zigzaguant entre les parties terminales des baguettes (11), ce fil
formant des couches (C) successives se superposant dans des plans transversaux à la
direction des bagùettes (11), à tasser des couches de fil au fur et à mesure de leur
formation, ce tassement s'accompagnant d'un glissement desdites couches le long des
baguettes.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé par le fait que le tassement avec
glissement des couches (C) de fil (10) le long des baguettes (11) s'effectue par application
discontinue d'une pression sur chaque nouvelle couche (C) achevée, l'ensemble des
couches superposées étant soutenu à sa base par une surface d'appui (12) qui s'éloigne
d'un mouvement continu de la zone de dépôt du fil de tissage (10).
3. Procédé selon la revendication 1 ou 2, caractérisé par le fait que le fil (10)
est déposé sans tension dans le réseau'de baguettes (11), étant délivré avec poussée
mécanique à la demande suivant une direction parallèle à celle des baguettes.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé par le fait
que le fil (10) est déposé en méandres orientés dans les couches (C) superposées alternativement
suivant une direction, puis suivant une autre direction croisée par rapport à la précédente.
5. Machine permettant de mettre en oeuvre le procédé selon l'une quelconque des revendications
1 à 4, caractérisé par le fait qu'elle comprend, disposés l'un au-dessus de l'autre
dans un bâti (1) fixe, un ensemble de trois cadres (3, 4, 5) horizontaux non rotatifs,
mais mobiles verticalement de façon autonome, parmi lesquels le cadre intermédiaire
(4) porte un jeu de plateaux horizontaux (12, 13) dotés de perforations ordonnées
suivant une trame régulière et destinées à recevoir des baguettes rigides (11) d'égale
longueur qui se trouvent ainsi maintenues en un réseau régulier (14) vertical, le
cadre supérieur (3) porte, par l'intermédiaire porte, par l'intermédiaire d'un mécanisme
(8) de déplacement suivant deux directions horizontales croisées (22, 23), une navette
(9) qui est ainsi mobile en tous sens dans un plan horizontal situé légèrement au-dessus
du sommet du réseau (14) de baguettes (11) et est susceptible d'y déposer par le dessus
un fil de tissage (10) suivant un chemin sinueux, et le cadre inférieur (5) porte
un plateau horizontal d'arrêt (32) non perforé, sous-jacént au réseau (14) de baguettes.
6. Machine selon la revendication 5, caractérisée par le fait qu'elle comporte en
outre un agencement de laçage (35) permettant de remplacer, après achèvement du tissage,
les baguettes (11) par des fils.
7. Machine selon la revendication 6, caractérisée par le fait que cet agencement de
laçage (35) comprend un dispositif supérieur (35a) d'actionnement d'une aiguille de
laçage (41) et un dispositif inférieur (35b) d'introduction d'un fil de laçage (39),
ces dispositifs étant portés par des mécanismes (36a, 36b) respectifs de déplacement
suivant deux directions horizontales croisées, montés respectivement sur le cadre
supérieur .(3) et sur le cadre intermédiaire (4).
8. Machine selon l'une quelconque des revendications 5 à 7, caractérisée par le fait
que la navette (9) comporte des moyens d'entraînement et de poussée du fil (10) susceptibles
d'assurer la délivrance de celui-ci sans tension et constitués par deux roulettes
(26, 27) entre lesquelles est pincé le fil (10) et dont l'une est actionnée en rotation
par un moteur (25), ces roulettes poussant ledit fil, lors de son dépôt, dans un tube
guide-fil (28) vertical.
9. Machine selon l'une quelconque des revendications 5 à 8, caractérisée par le fait
qu'elle comporte un plateau perforé (7.) horizontal susceptible de descendre sur le
réseau (14) de baguettes (11), les extrémités de celles-ci pénétrant alors dans ses
perforations (31) en tassant les couches (C) de fil tissés dans ledit réseau.
10. Machine selon la revendication 9, caractérisée par le fait que le plateau perforé
(7) est porté par le cadre supérieur (3) au-dessus de la navette (9).
11. Machine selon l'une quelconque des revendications 5 à 10, caractérisée par le
fait que le plateau d'arrêt (32) est constitué par un disque entraîné en rotation
autour de son axe vertical et comportant une barrette vibrante (33) assurant par balayage
le maintien longitudinal des baguettes (11) à une hauteur constante en moyenne.
12. Machine selon l'une quelconque des revendications 5 à 11, caractérisée par le
fait que lui est associé un dispositif de commande numérique pilotant et synchronisant
d'après un programme pré-établi tous les mouvements de ses organes mobiles.