[0001] La présente invention concerne un procédé de fabrication de métaux ou d'alliages
métalliques de pureté élevée, en particulier de chrome métallique.
[0002] Les industries modernes exigent de plus en plus de métaux et d'alliages métalliquesde
pureté élevée pour la fabrication de pièces mécaniques.
[0003] C'est le cas notamment des parties nobles des turbo-moteurs aéronautiques qui requièrent
des alliages super-réfractaires, appelés "super-alliages" de très haute qualité, car
il s'agit des pièces les plus fortement sollicitées, tant au point de vue thermique
que mécanique. De telles pièces comprennent des ailettes fixes et mobiles de _turbines,
des disques de turbines, des chambres de combustion, des tuyères, etc.
[0004] Afin d'obtenir des caractéristiques satisfaisantes, les super-alliages concernés
exigent des élaborations extrêmement soignées et sophistiquées à partir de matières
premières de très haute qualité, tant en pureté chimique qu'en régularité. C'est en
particulier le cas pour le chrome métallique pur qui est utilisé comme élément d'alliage
apportant aux super-alliages la résistance à l'oxydation à chaud.
[0005] Il existe à l'heure actuelle deux techniques d'élaboration du chrome métallique pur,
à savoir la technique électrolytique et la technique alumino-thermique.
[0006] La technique électrolytique permet d'obtenir un chrome métallique de très bonne pureté
chimique qui contient cependant trop de gaz très nocifs pour les super-alliages, en
particulier de l'oxygène, de l'hydrogène et de l'azote.
[0007] Pour améliorer la qualité du chrome métallique obtenu par électrolyse, on procède
ensuite à un dégazage réducteur sous vide, si bien que la teneur en oxygène du chrome
tombe de 2000 à 5000 ppm pour le produit brut d'électrolyse à 300 - 500 ppm pour le
chrome métallique obtenu après traitement. Ce traitement permet également d'abaisser
sensiblement les teneurs en hydrogène et en azote ainsi que les teneurs en certains
métaux volatils comme le plomb ou en certains . métalloïdes comme le soufre.
[0008] C'est généralement ce chrome électrolytique dégazé sous vide qui, en raison de sa
pureté élevée et de sa faible teneur en oxygène, est préféré pour la production des
pièces nobles de turbomachines aéronautiques.
[0009] La technique aluminothermique consiste à réduire à très haute température, à savoir
à plus de 2000°C, de l'oxyde de chrome chimiquement pur (99,5 à 99,7 % de Cr203) par
de l'aluminium en poudre. Même si par un choix convenable des matières premières utilisées
et par une technologie de réaction évoluée et très soignée on parvient à obtenir des
puretés chimiques très satisfaisantes dans l'ensemble et dans certains cas meilleures
que par électrolyse, l'élaboration ignée utilisée conduit inévitablement à la présence
dans le chrome métallique pur obtenu, revenu à la température ambiante, d'inclusions
non métalliques oxydées d'alumine et d'oxyde de chrome. La teneur en oxygène qui en
est la conséquence et qui varie en fonction inverse de la teneur en réducteur résiduel
dans le chrome métallique, en l'occurence la teneur en aluminium, est alors prohibitive
pour les usages aéronautiques les plus nobles qui par ailleurs ne peuvent tolérer
que des teneurs en aluminium résiduel très basses.
[0010] Le procédé de l'invention permet de fabriquer différents métaux, notamment du chrome,
et différents alliages,avec une pureté élevée.
[0011] Le procédé de l'invention est fondé essentiellement sur une élaboration primaire
d'un métal ou d'un alliage métallique contenant préférentiellement des inclusions
non métalliques oxydées du métal de base, facilement réductibles, qui est ensuite
broyé et aggloméré avant d'être soumis à un traitement réducteur sous vide.
[0012] L'élaboration primaire du métal ou de laLliage métallique est de préférence obtenue
par une réaction aluminothermique déséquilibrée permettant d'abaisser au minimum la
teneur en inclusions alumineuses difficilement réductibles, mais cette élaboration
peut être également obtenue par d'autres techniques, par exemple par silicothermie,
par réduction au four électrique, etc., à condition que les caractéristiques des inclusions
non métalliques permettent de reproduire les étapes ultérieures de broyage et de traitement
réducteur sous vide.
[0013] Selon la caractéristique essentielle du procédé de l'invention, celui-ci comporte
les étapes qui consistent à :
a) élaborer un métal ou un alliage métallique dont les inclusions non métalliques
sont préférentiellement des oxydes du métal de base facilement réductibles,
b) broyer le métal ou l'alliage métallique ainsi obtenu et agglomérer le métal ou
l'alliage métallique broyé avec un agglomérant et un agent réducteur pour former des
boulets, et
c) soumettre les boulets à un traitement réducteur sous vide dans des conditbns réglées
de pression et de température pour que l'agent réducteur réagisse sur les inclusions
non métalliques réductibles et qu'il n'y ait pas de sublimation substantielle du métal
ou des métaux d'alliage, le cas échéant.
[0014] Comme indiqué précédemment, les métaux ou les alliages métalliques pouvant être obtenus
avec une pureté élevée grâce au procédé de l'invention sont ceux susceptibles de comprendre
des inclusions non métalliques réductibles pouvant être pratiquement éliminées à l'issue
des étapes de broyage et de réduction sous vide, tels que les propres oxydes du métal
de base.
[0015] Parmi les métaux pouvant être fabriqués avec le procédé de l'invention, on peut citer
notamment le chrome, le titane, le vanadium, le molybdène, le manganèse, le niobium
et le tungstène. De même, les alliages envisagés dans le cadre de l'invention sont
des alliages comprenant l'un au moins des métaux précédents, et/ou le bore, ces alliages
comprenant aussi les ferro-alliages en général.
[0016] Conformément au mode de réalisation préféré de l'invention, l'étape a) comprend une
réaction aluminothermique entre au moins un oxyde métallique et de l'aluminium divisé,
la réaction étant déséquilibrée par un défaut en aluminium par rapport à la quantité
usuelle, pour produire un métal ou un alliage métallique contenant des inclusions
non métalliques réductibles constituées principalement par des inclusions de l'oxyde
métallique de base, l'apparition d'inclusions d'alumine Ai
20
3 étant réduite au minimum.
[0017] Ce défaut en aluminium qui peut représenter de 0,5 à 8 %, de préférence de 2 à 5
%, en poids de la quantité usuelle est indispensable pour abaisser au minimum les
inclusions d'alumine qui sont les plus difficilement réductibles.
[0018] Cette réaction aluminothermique déséquilibrée par un défaut volontaire et important
d'aluminium par rapport à la quantité usuelle va tout à fait à l'encontre des procédés
aluminothermiques habituels où l'on utilise toujours des quantités d'aluminium plus
élevées et plus proches de la stoechiométrie de la réaction, de manière à obtenir
le rendement maximal, pour lequel on obtient un produit dont les inclusions non métalliques
sont constituées en majeure partie par des inclusions d'alumine difficilement réductibles.
[0019] Comme indiqué précédemment, le métal préféré pour la mise en oeuvre du procédé de
l'invention est le chrome.
[0020] Le chrome métallique sera avantageusement préparé par une réaction aluminothermique
déséquilibrée, du type indiqué précédemment, entre de l'oxyde de chrome éventuellement
un additif tel que du bichromate de potassium, et de l'aluminium divisé. L'utilisation
d'additifs de ce genre est bien connue dans le domaine de l'aluminothermie pour apporter
de l'oxygène supplémentaire et réchauffer la réaction aluminothermique.
[0021] L'étape (b) de broyage est avantageusement effectuée au moyen d'un broyeur à choc
, par exemple d'un broyeur à marteaux.
[0022] Dans le mode de réalisation préféré de l'invention, le broyage du métal ou de l'alliage
métallique est un broyage dit "épurant".qui permet de produire un certain débit d'air
de balayage pour entraîner en partie les inclusions non métalliques libérées lors
du broyage. Cette épuration associée au broyage n'est pas obligatoire, mais bien entendu
préférée, car elle permet une première séparation physique des inclusions non métalliques
avant le traitement réducteur de l'étape (c). Il faut cependant noter que les inclusions
non métalliques libérees lors du broyage épurant semblent être préférentiellement
les inclusions d'oxyde de métal de base, par exemple les inclusions de Cr
20
3 dans le caa de la fabrication de chrome métallique.
[0023] Le broyage épurant est avantageusement complété par l'élimination par tamisage ou
touteautre séparation sélective des particules les plus fines du produit broyé où
se retrouvent concentréesla quasi totalité des inclusions non métalliques libérées
par le broyage.
[0024] Le produit broyé ainsi obtenu, dont une partie des inclusions non métalliques aura
été éliminée,est ensuite aggloméré avec un agglomérant et un agent réducteur pour
former des.boulets. L'agglomérant sera avantageusement constitué par un composé organique
ou un mélange de composés organiques susceptibles de laisser, lors du chauffage de
l'étape (c), un squelette carboné venant compléter l'action réductrice de l'agent
réducteur. Ainsi, l'agglomérant pourra être constitué par un mélange de bakélite et
de furfuraldéhyde et l'agent réducteur sera avantageusement constitué par du noir
de carbone.
[0025] Lors de l'étape(b), les boulets sont mis en forme dans une presse à compacter classique
puis étuvés à température réglée, par exemple entre 200 et 230°C pour éviter toute
oxydation du métal ou des métaux constituant les boulets, tout en obtenant une cohésion
satisfaisante.
[0026] Conformément au mode de réalisation préféré de l'invention, le traitement réducteur
est effectué dans un four à vide et est complété éventuellement par un balayage au
moyen d'un gaz non oxydant ou réducteur non soluble dans le métal ou l'alliage.
[0027] Le produit métallique obtenu après traitement réducteur sous vide est-refroidi en
atmosphère neutre et peut être ensuite être utilisé dans la fabrication de pièces
métalliques.
[0028] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention résulteront de la description
détaillée qui suit et qui se réfère à la fabrication de chrome métallique de pureté
élevée par une réaction aluminothermique déséquilibrée. Cette description ne constitue
qu'un exemple non limitatif et ne saurait en aucun cas limiter la portée de l'invention.
E tape a
[0029] On introduit dans un creuset aluminothermique, garni d'une matière réfractaire, de
l'oxyde de chrome (Cr
2O
3) du bichromate de potassium (Cr
2O
7K
2) et de l'aluminium divisé.L'oxyde de chrome et le bichromate de potassium sont avantageusement
des produits du commerce ayant une granulométrie comprise entre O et 15 µ, tandis
que l'aluminium divisé est constitué par des grains inférieurs à 1 mm.
[0030] L'oxyde de chrome et le bichromate de potassium sont présents dans les proportions
de la réaction aluminothermique classique, tandis que l'aluminium est présent avec
un défaut par rapport à la proportion de la réaction aluminothermique classique. Comme
indiqué plus haut, ce défaut d'aluminium peut représenter de 0,5 à 8 %, de préférence
de 2 à 5 % en poids de la quantité usuelle.
[0031] Les trois constituants sont mélangés soigneusement puis la réaction est initiée dans
le creuset de façon appropriée. La température de la réaction atteint rapidement une
valeur d'environ 2200°C, et à l'issue de la réaction, on recueille le métal au fond
du creuset, et un laitier surnageant.
[0032] L'analyse du chrome métallique obtenu montre qu'en choisissant délibérémment de rester
en deça des proportions usuelles, avec pour conséquence de ne pas atteindre le rendement
extractif optimal, la teneur en aluminium résiduel dans le chrome métallique descend
à des niveaux très bas inférieurs à 0,01 % (100 ppm). Cette analyse montre également
que la teneur en inclusions non métalliques monte très vite pour atteindre des taux
élevés de 0,40 à 0,80 %, voire même plus, mais que ces inclusions non métalliques
sont en quasi-totalité composées d'oxyde de chrome non réduit (Cr
20
3) avec très peu d'Al
2O
3.
[0033] Cette manière de procéder contraste nettement avec la manière classique où l'on recherche
toujours, pour des raisons économiques, le rendement maximal en utilisant des quantités
d'aluminium plus élevées, tout en restant compatible avec la teneur en aluminium résiduel
maximum admissible. Ainsi,si l'on conduit une réaction aluminothermique classique
entre de l'oxyde de chrome et de l'aluminium en quantité habituelle, on obtient pour
une teneur en aluminium résiduel dans le chrome métallique de 0,1 % maximum (teneur
maximum usuellement admise pour les usages aéronautiques) des teneurs en inclusions
de 1500 à 2500 ppm en quasi-totalité ou tout au moins en majeure partie, sous forme
d'alumine Al
2O
3.
[0034] Sans vouloir limiter l'invention à une théorie particulière, on peut cependant tenter
d'expliquer le mécanisme du phénomène observé. Contrairement à une opinion admise
auparavant, les inclusions
[0035] . non métalliques d'alumine Al
2O
3 présentes dans le chrome métallique pur solidifié normal, ne sont pas constituées
par du laitier de réaction (corindon de chrome, c'est-à-dire laitier alumineux de
la réduction par l'aluminium) mal décanté et s'étant trouvé piégé lors du passage
du métal de l'état liquide à l'état solide. Il s'agit au contraire d'une alumine secondaire
formée soit au moment de la solidification, soit même dans le métal à l'état solide
peu en dessous de la température du solidus, donc à une température encore très élevée
où les phénomènes de diffusion et la réactivité des composants est encore très grande.
Cette alumine secondaire serait en fait issue de la réaction, les conditions d'équilibre
s'étant déplacées avec la baisse de la température où l'état étant par nature hors
d'équilibre, entre de l'oxyde de chrome ou de l'oxygène dissous dans le chrome métal
et l'aluminium résiduel excédentaire lui aussi présent dans le chrome métal.
[0036] Ainsi, dans les réactions aluminothermiques classiques, où les quantités d'aluminium
sont plus importantes et se rapprochent de la quantité stoechiométrique de la réaction,
l'aluminium résiduel est en quantité suffisamment importante pour pouvoir réduire
la totalité de l'oxyde de chrome ou de l'oxygène dissous et il en reste même un excès
non utilisé dans le chrome. Les inclusions non métalliques qui restent emprisonnées
dans le métal solide sont alors en quasi totalité formées d'alumine A1
20
3.
[0037] Si au contraire on opère, conformément au procédé de l'invention, avec un défaut
en aluminium par rapport à la quantité usuelle précédente, l'aluminium résiduel présent
est en quantité insuffisante pour pouvoir réduire la totalité de l'oxyde de chrome
ou de l'oxygène dissous. Tout ou presque tout l'aluminium présent est oxydé par l'oxygène
présent (équilibre de phasesen refroidissement lent) et l'excès d'oxyde de chrome
ou d'oxygène dissous non réduit précipite sous forme d'inclusions non métalliques
Cr
20
3. Il y a alors d'autant moins d'inclusions alumineuses A1
20
3 et d'autant plus de Cr
2O
3 que la réduction a été conduite avec un défaut d'aluminium de plus en plus marqué
(réaction déséquilibrée par défaut).
[0038] La réaction aluminothermique déséquilibrée de l'étape a) donne bien évidemment un
rendement un peu moins bon que dans les procédés aluminothermiques classiques .
[0039] Avec le procédé de l'invention, le chrome élémentaire se trouve néanmoins réduit
et le produit final obtenu est un chrome métallique de pureté élevée, identique au
chrome métallique aluminothermique normal de bonne qualité, sauf qu'il contient une
très forte teneur en oxygène (2000 à 3000 ppm ou davantage), mais sous forme quasi
exclusive d'inclusions non métalliques Cr
2O
3 (0,40 à 0,80 % ou davantage) avec présence de très peu d'inclusions alumineuses A1
20
3 (100 à 400 ppm correspondant à 50 à 200 ppm d'oxygène lié à de l'aluminium).
[0040] On obtient par conséquent un chrome métallique avec des inclusions non métalliques
constituées principalement par des inclusions de Cr
2O
3 faciles à éliminer et secondairement par des inclusions d'alumine, plus difficiles
à éliminer, mais en faible quantité.
Etape b
[0041] Le chrome métallique provenant de l'étape a) est broyé dans un broyeur à choc constitué
avantageusement par un broyeur à haute énergie du type à marteaux (marteaux mobiles/contre
marteaux fixes) jusqu'à obtention d'une poudre fine passant entièrement à travers
un tamis de 200 µ d'ouverture de maille. La haute énergie d'impact du broyeur provoque
l'éclatement des grains qui libère, au moins en bonne partie, les inclusions non métalliques
Al
20
3 et Cr
20
3 contenues dans le métal, les inclusions Cr
20
3 semblant préférentiellement libérées.
[0042] Dans le présent exemple, le broyage est un broyage épurant qui produit une ventilation,
c'est-à-dire un certain débit d'air de balayage. Cette ventilation peut être produite
directement par le broyeur lui-même ou indirectement par un dispositif annexe, tel
une soufflerie. Cet air de balayage permet de ventiler le produit en cours de broyage
ce qui d'une part évite l'échauffement du produit, et donc éventuellement son oxydation
et sa nitruration par l'air ambiant, et d'autre part entraîne les fractions les plus
fines et les plus légères dans le courant d'air de balayage, c'est-à-dire de préférence
les inclusions non métalliques libérées, dont la densité est moindre.
[0043] Le débit d'air peut être réglé volontairement pour accentuer, si on le désire, l'effet
épurateur. De même, cet effet épurateur peut être complété par l'élimination par tamisage
ou tout autre séparation sélective des particules les plus fines du produit broyé
où se retrouvent concentrées la quasi totalité des inclusions non métalliques libérées
par le broyage.
[0044] La poudre de chrome épurée ainsi obtenue est ensuite mélangée intimement avec un
réducteur et un agglomérant. Ce dernier est avantageusement constitué par un mélange
de bakélite et de furfuraldéhyde. Le furfuraldéhyde a pour but de faciliter l'agglomération
à froid, la bakélite dissoute dans le furfuraldéhyde formant colle à froid, ainsi
que la polymérisation ultérieure de la bakélite à chaud. Bien entendu, on peut utiliser
d'autres agglomérants thermodurcissables et d'autres solvants.
[0045] Le réducteur, quant à lui, est avantageusement constitué par du noir de carbone venant
en complément du carbone de la bakélite. Les quantités respectives de ces produits
sont variables mais sont globalement ajustées, avec un léger excès, à la teneur résiduelle
en oxygène du produit broyé. A titre d'exemple, le mélange réducteur/agglomérant peut
être constitué de 0,1 % de bakélite, 0,3 % de furfuraldéhyde et de 0,05 à 0,2 % de
noir de carbone,ces pourcentages étant rapportés au poids du produit broyé.
[0046] Le mélange obtenu est mis en forme de boulets ou de pastilles au moyen d'une presse
à compacter classique, telle qu'une presse à bouleter à roues tangentes ou une presse
à pastiller. Après aggloméra- _tion, le mélange est étuvé à la température adéquate
(200 à 230°C environ)pour éliminer le furfuraldéhyde volatil et polymériser la bakélite
qui forme liant et donne de la tenue aux boulets ou aux pastilles.
[0047] Il faut cependant remarquer que la température d'étuvage doit être limitée au minimum
mécessaire afin d'éviter toute oxydation du produit.
Etape c
[0048] Les boulets ou pastilles obtenus à l'étape précédente sont alors soumis à un traitement
réducteur sous vide à 1100°-1400°C sous vide poussé de l'ordre de 10
-4 mm de mercure.
[0049] Au début du cycle de chauffage sous vide, la bakélite se décompose vers 600°C en
laissant un squelette carboné qui s'ajoute au noir de carbone introduit comme réducteur
dans le mélange. Une fois arrivé à la température de traitement, ce carbone réagit
sur l'oxygène du
Cr203 restant dans le produit mais pratiquement pas sur l'oxygène de l'alumine Al
2O
3 car pour réduire l'alumine il faudrait opérer à une température plus élevée et atteindre
des vides plus poussés.
[0050] A cet égard, il convient de noter que, déjà à des températures de 1200 à 1300°C sous
des vides de 10-4 mm de mercure, le chrome se sublime et une partie non négligeable
se vaporise. Ceci explique qu'il n'est économiquement pas possible de pousser plus
loin la réduction de l'alumine résiduelle et justifie l'élaboration "déséquilibrée"
de l'étape a) afin de limiter l'alumine résiduelle à sonplus strict minimum.
[0051] On ramène le vide dans le four de traitement à 10 mm de mercure par balayage contrôlé
par un gaz non oxydant ou réducteur, tel que l'hydrogène, qui a pour particularité
de n'être pratiquement pas soluble dans le chrome solide.
[0052] Du fait des vides relativement faibles et des températures relativement basses imposées
par la sublimation du chrome, le traitement peut demander plusieurs heures pour atteindre
une réaction quasiment complète.
[0053] Une fois la réaction terminée et après refroidissement en atmosphère neutre, on obtient
un produit contenant au plus 300 à 400 ppm d'oxygène total sous forme de 200 à 300
ppm d'alumine environ contenant 100 à 150 ppm d'oxygène et environ 500 ppm an maximum
d'oxyde de chrome non réduit contenant environ 150 ppm d'oxygène. Il s'agit par conséquent
d'un chrome de pureté élevée qui permet d'élaborer des super- alliages utilisables
en particulier dans la fabrication des parties nobles des turbo-moteurs aéronautiques.
[0054] Il faut observer que l'utilisation d'un produit de départ classique sans déséquilibre
au niveau de l'étape a)conduirait obligatoirement, dans la mesure où l'on désire abaisser
la teneur en oxygène au niveau requis de 300 ppm environ, à un traitement permettant
la réduction d'Al
2O
3 par le carbone qui, outre les inconvénients précédents, amènerait une remontée de
la teneur en aluminium résiduel du produit fini à des niveaux non acceptables par
les utilisateurs élaborant les super-alliages.
[0055] Bien entendu, l'invention n'est.pas limitée au mode de réalisation préféré décrit
ci-dessus et on peut envisager d'autres variantes de réalisation sans sortir du cadre
de l'invention. Ainsi,l'étape a) peut être conduite autrement que par aluminothermie,
par exemple par silicothermie ou bien par réduction au four électrique, pour obtenir
un métal ou alliage comprenant des inclusions non métalliques oxydées du métal de
base.
[0056] Pour la silicothermie on peut citer, à titre d'exemples non limitatifs, la fabrication
de ferro-chrome ou de chrome métal par réduction avec du silicium métal ou du silico-chrome,
ainsi que la fabrication de ferro- tungstène ou de ferro-molybdène par réduction avec
un ; ferro-silicium à haute teneur ou du silicium métal.
[0057] Pour la réduction au four électrique, on peut citer, à titre d'exemple non limitatif,
la fabrication de ferro-vanadium au four électrique, suivie d'une alumino-thermie.
1. Procédé de fabrication d'un métal ou d'un alliage métallique de pureté élevée,
caractérisé par le fait qu'il comporte les étapes consistant à :
(a) élaborer un métal ou un alliage métallique dont les inclusions non métalliques
sont préférentiellement des oxydes du métal de base facilement réductibles,
(b) broyer le métal ou l'alliage métallique ainsi obtenu et agglomérer le métal ou
l'alliage métallique broyé avec un agglomérant et un agent réducteur pour former des
boulets, et
(c) soumettre les boulets à un traitement réducteur sous vide dans des conditions
réglées de pression et de température pour que l'agent réducteur réagisse sur les
inclusions non-métalliques et qu'il n'y ait pas de sublimation substantielle du métal
ou des métaux de l'alliage, le cas échéant.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé par le fait que le métal est choisi
parmi le chrome, le titane, le vanadium, le molybdène, le manganèse, le niobium et
le tungstène et que l'alliage comprend l'un au moins des métaux précédents et/ou le
bore, l'alliage comprenant aussi les ferro-alliages en général.
3. Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé par le fait que l'étape
(a) comprend une réaction aluminothermique entre au moins un oxyde métallique et de
l'aluminium divisé, la réaction étant déséquilibrée par un défaut en aluminium par
rapport à la quantité usuelle, pour produire un métal ou un alliage métallique contenant
des inclusions non métalliques réductibles constituées principalement par des inclusions
de l'oxyde métallique de base, l'apparition d'inclusions d'alumine Al203 étant réduite au minimum.
4. Procédé selon la revendication 3, caractérisé par le fait que le défaut en aluminium
représente de 0,5 à 8 %, de préférence de 2 à 5 %, en poids de la quantité usuelle.
5. Procédé selon l'une des revendication 3 et 4, pour la préparation de chrome métallique
de pureté élevée, caractérisé par le fait que l'on conduit la réaction aluminothermique
entre de l'oxyde de chrome et éventuellement un additif,tel que du bichromate de potassium,et
de l'aluminium divisé.
6. Procédé selon l'une des revendications 1 à 5, caractérisé par le fait que le broyagedu
métal ou de l'alliage métallique est effectué dans un broyeur à choc, par exemple
dans un broyeur à marteaux.
7. Procédé selon l'une des revendications 1 à 6, caractérisé par le fait que le broyage
du métal ou de l'alliage métallique est un broyage épurant produisant un certain débit
d'air de balayage pour entrainer en partie les inclusions non-métalliques libérées
lors du broyage.
8. Procédé selon la revendication 7, caractérisé par le fait que le broyage épurant
est suivi par une séparation sélective des inclusions non métalliques libérées.
9. Procédé selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé par le fait que l'agglomérant est un mélange bakélite-furfuraldéhyde.
10. Procédé selon l'une des revendications 1 à 9, caractérisé par le fait que l'agent
réducteur est du noir de carbone.
11. Procédé selon l'une des revendications 1 à 10, caractérisé par le fait que les boulets sont mis en forme dans une presse à compacter
puis étuvés à température réglée pour éviter toute oxydation du métal ou des métaux
constituant les boulets, tout en obtenant une cohésion satisfaisante.
12. Procédé selon la revendication 11, caractérisé par le fait que la température
d'étuvage est comprise entre 200 et 230°C.
13. Procédé selon l'une des revendications 1 à 12, caractérisé par le fait que l'on
réalise le traitement réducteur dans un four à vide et que l'on utilise un balayage
au moyen d'un gaz non-oxydant ou réducteur non soluble dans le métal ou l'alliage.
14. Procédé selon la revendication 13, pour la fabrication de chrome métallique de
pureté élevée, caractérisé par le fait que l'on soumet des boulets de chrome contenant
de l'oxyde de chrome et de l'alumine à un traitement réducteur à une température de
1100 à 1400°C et sous un vide pousse et que, en cours de traitement, on ramène la
pression à un niveau de vide plus faible par balayage avec un gaz non-oxydant ou réducteur,
tel que l'hydrogène.
15. Procédé selon l'une des revendications 1 à 14, caractérisé par le fait que le produit métallique obtenu après traitement réducteur
sous vide est refroidi en atmosphère neutre.