[0001] La présente invention a pour objet un procédé de commande d'un imageur matriciel.
Elle trouve principalement une application dans la réalisation des dispositifs d'affichage
à cristaux liquides, utilisés notamment dans l'affichage binaire d'images complexes
ou de caractères alpha-numériques.
[0002] Ces dispositifs d'affichage matriciel sont généralement constitués d'un matériau
formé de plusieurs zones réparties en matrice et intercalées dans un système à bandes
croisées ou, en terminologie an- glosaxonne, dans un système "cross-bar". De tels
systèmes comprennent une première famille de p lignes d'électrodes parallèles et une
deuxième famille de q colonnes d'électrodes parallèles, les lignes et les colonnes
d'électrodes étant croisées, une zone ij du matériau étant définie par la région de
recouvrement entre la ligne i, où i est un entier tel que l ≤ i ≤ p et par la colonne
j, où j est un entier tel que l ≤ j ≤ q. Ces systèmes comprennent de plus des moyens
permettant de délivrer sur les lignes et les colonnes d'électrodes des signaux d'excitation
appropriés servant à exciter une propriété optique du matériau.
[0003] On connaît de nombreux dispositifs de ce genre qui utilisent par exemple comme matériau
sensible un film de cristal liquide, et dans lesquels l'excitation est électrique.
L'invention s'applique particulièrement bien à de tels dispositifs, mais elle s'applique
de manière plus générale à tout dispositif comprenant un matériau dont une propriété
optique peut être modifiée à l'aide d'une excitation quelconque. Cette excitation
peut être de nature électrique, comme pour les cristaux liquides, mais aussi magnétique,
thermique, électronique, etc... Le matériau peut être un corps solide ou liquide,
amorphe ou cristallin. La propriété optique peut être une opacité, un indice de réfraction,
une transparence, une absorption, une diffusion, une diffraction, une convergence,
un pouvoir rotatoire, une birefringence, une intensité réfléchie dans un angle solide
déterminé etc...
[0004] Le procédé de commande d'un imageur matriciel, par exemple à cristaux liquides, le
plus communément utilisé consiste à appliquer séquentiellement ou successivement sur
les lignes d'électrodes un signal électrique S
o par exemple sinusoïdal et à appliquer en parallèle ou simultanément sur les colonnes
d'électrodes et pendant l'adressage d'une ligne, des signaux électriques sinusoïdaux
S
j qui peuvent être soit en opposition de phase, soit en phase avec le signal S
0 suivant que l'on désire afficher ou non la zone de cristal liquide correspondante.
[0005] Sur la figure 1, on a représenté un exemple de signaux appliqués aux électrodes-lignes
et aux électrodes-colonnes d'un imageur matriciel. Le premier signal, portant la référence
a, correspond au signal appliqué sur la ligne i ; le second signal, portant la référence
b, correspond au signal appliqué sur la colonne j et le troisième signal, portant
la référence c, correspond au signal, ou tension, vu par la zone ij du matériau d'affichage.
Le temps T correspond au temps pendant lequel la ligne i et la colonne j sont adressées
et le temps t au temps contenant l'information nécessaire à l'affichage ou non de
la zone ij du matériau. Pour un adressage séquentiel des p lignes, le temps T correspond
au temps d'adressage de toutes les lignes et il est régi par l'équation T = pt.
[0006] Ce procédé de commande, de mise en oeuvre aisée, ne peut être utilisé que pour un
nombre de lignes limité (p voisin de 100), ce qui limite son utilisation. En effet,
dans certaines applications telles que dans les télévisions de poche, les écrans de
visualisation de texte,... le nombre de lignes éxigé est trop important pour que l'on
puisse utiliser ce procédé de commande ; l'utilisation de ce procédé entraîne un contraste
insuffisant entre les points affichés et les points non affichés, conduisant à l'obtention
d'une image floue. Ceci est lié au temps de réaction du matériau d'affichage, lors
de son excitation, et/ou à son effet mémoire.
[0007] Pour ces applications, on a alors recours à des structures d'électrodes et à des
signaux de commande qui permettent de conserver le nombre de points d'affichage, ou
zones d'affichage, désiré sur l'imageur et de diviser par deux le nombre de lignes
d'électrodes adressées séquentiellement.
[0008] Une des solutions consiste à utiliser des électrodes-colonnes de géométrie spéciale
permettant de les commander en parallèle et de commander simultanément l'électrode-ligne
i et l'électrode-ligne i + 1. Cette solution développée par Itachi a été exposée à
la conférence de la "Society for Information Display" de 1980. Cette solution est
compatible avec la prise d'informations sur un signal vidéo, avec une mise en mémoire
au niveau d'une ligne. Malheureusement, la structure des électrodes-colonnes est complexe
et leur réalisation difficile.
[0009] La présente invention a justement pour objet un procédé de commande d'un imageur
matriciel permettant de remédier à cet inconvénient.
[0010] De façon plus précise, l'invention a pour objet un procédé de commande d'un imageur
matriciel comprenant un matériau dont on peut modifier une caractéristique optique,
ce matériau étant intercalé entre une première famille de p lignes d'électrodes parallèles
et une deuxième famille de q colonnes d'électrodes parallèles, les lignes et les colonnes
étant croisées, une zone ij du matériau étant définie par la région du matériau recouvert
par la ligne i, où i est un entier tel que 1 i p, et par la colonne j, où j est un
entier tel que 1 j q, les lignes et les colonnes servant à véhiculer des signaux provoquant
une excitation du matériau. Ce procédé se caractérise en ce que, les colonnes d'électrodes
présentant n discontinuités horizontales définissant n + 1 jeux identiques de colonnes
d'électrodes, on applique sur la ligne d'électrode i un signal I et sur les autres
lignes d'électrodes un signal nul, le signal I étant appliqué séquentiellement aux
p lignes d'électrodes suivant les valeurs croissantes de i, et en ce que l'on applique
sur les colonnes d'électrodes un signal J, ce signal J étant appliqué simultanément
sur les colonnes d'électrodes du premier jeu, pendant le temps d'application du signal
I sur les p/n premières lignes d'électrodes, les colonnes d'électrodes des autres
jeux recevant un signal nul, puis sur les colonnes d'électrodes du deuxième jeu, pendant
le temps d'application du signal I sur les p/n lignes d'électrodes suivantes, les
colonnes d'électrodes du premier jeu et des autres jeux recevant un signal nul, et
ainsi de suite jusqu'à excitation des colonnes d'électrodes du
nième jeu.
[0011] Le fait de commander séquentiellement les lignes d'électrodes et suivant les valeurs
croissantes de i est compatible avec une prise d'informations sur un signal vidéo.
De plus, l'emploi de colonnes d'électrodes présentant des discontinuités horizontales
permet de commander séparément les différents jeux de colonnes d'électrodes formés
et donc d'augmenter le taux de multiplexage de l'imageur, c'est-à-dire son nombre
de lignes d'électrodes. Par ailleurs, les colonnes d'électrodes présentent une structure
très simple.
[0012] Selon un mode préféré de mise en oeuvre de l'invention, les signaux I et J sont des
signaux rectangulaires à valeur moyenne nulle. De plus, ces signaux I et J peuvent
être soit en phase, soit en opposition de phase.
[0013] Selon un autre mode préféré de mise en oeuvre de l'invention, le matériau dont on
peut modifier la caractéristique optique est un film à cristal liquide, les signaux
d'excitation appliqués aux électrodes étant des tensions électriques.
[0014] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront mieux de la description
qui va suivre, donnée à titre purement illustratif et non limitatif. Pour plus de
clarté, la description se réfère à un dispositif d'affichage matriciel à cristal liquide
dont la propriété optique varie en fonction du champ électrique qui lui est appliqué.
Cependant, comme on l'a indiqué plus haut, l'invention est d'application beaucoup
plus générale, mais ce dispositif d'affichage étant actuellement bien connu et largement
utilisé, il est préférable d'effectuer la description sur cet exemple.
[0015] La description se réfère à des figures annexées, sur lesquelles :
- la figure 1, déjà décrite, représente la forme des signaux appliqués aux électrodes
d'un imageur matriciel à bandes croisées selon l'art antérieur,
- la figure 2 représente une vue éclatée et en perspective d'un imageur à cristaux
liquides utilisant des électrodes à bandes croisées conformément à l'invention, et
- la figure`3 représente la forme des signaux appliqués aux électrodes de l'imageur
de la figure 2.
[0016] La figure 2 représente un dispositif d'affichage à bandes croisées. Il comporte des
parois 20 et 22, généralement transparentes, disposées de part et d'autre d'une cale
d'épaisseur 24, en matériau isolant, définissant un volume 26 qui est occupé, lorsque
le dispositif est monté, par le matériau dont on commande une caractéristique optique
comme par exemple un film de cristal liquide. Sur les parois 20 et 22 sont déposés
deux systèmes d'électrodes constitués chacun par une série de bandes conductrices
parallèles semi- transparentes, notées i pour les lignes et j pour les colonnes. La
surface utile du cristal liquide est ainsi décomposée en une mosaïque de zones correspondant
aux zones de recouvrement des deux sytèmes d'électrodes, chaque zone correspondant
au recouvrement de deux bandes i et j, et qui peut, de ce fait, être repérée par la
notation ij.
[0017] La sensibilisation d'une zone ij, c'est-à-dire la commande d'une caractéristique
optique du cristal liquide contenu dans cette zone, s'effectue en appliquant sur les
électrodes i et j des tensions électriques qui entrainent l'apparation d'un champ
électrique au sein du cristal liquide. On voit ainsi apparaître une image sur l'ensemble
du dispositif en la définissant point par point et en sensibilisant les zones les
unes après les autres selon les principes connus de commande séquentielle.
[0018] Conformément à l'invention, les électrodes colonnes j présentent n discontinuités
horizontales 28 définissant n + 1 jeux identiques de q colonnes d'électrodes, q étant
le nombre total de colonnes d'électrodes. Sur la figure 2, on n'a représenté qu'une
seule discontinuité 28 définissant deux jeux de colonnes d'électrodes, un jeu supérieur
portant la référence d et un jeu inférieur portant la référence e.
[0019] Sur la figure 3, on a représenté la forme Ses signaux appliqués sur la ligne d'électrode
i et sur la colonne d'électrode j, pour sensibiliser la zone ij du matériau d'affichage,
ces signaux étant ceux utilisés pour n égal à 2.
[0020] Selon l'invention, on applique sur la ligne d'électrode i, à l'aide de moyens connus,
un signal I et sur les autres lignes d'électrodes un signal nul. Ce signal I est de
préférence un signal rectangulaire à valeur moyenne nulle comme représenté sur la
figure 3. L'excitation de toutes les lignes i se fait de façon séquentielle et suivant
les valeurs croissantes de i. Autrement dit, on applique le signal I sur la première
ligne, puis sur la deuxième ligne, puis sur la troisième ligne, etc... jusqu'à la
p
ième ligne, p étant le nombre total de lignes. Ceci est compatible avec une prise d'information
sur un signal vidéo.
[0021] De même, on applique sur la colonne d'électrode j un signal J. Ce signal peut être
par exemple un signal rectangulaire à valeur moyenne nulle comme représenté sur la
figure 3.
[0022] Selon l'invention, ce signal J est appliqué simultanément sur les colonnes d'électrodes
du premier jeu pendant le temps d'adressage, ou temps d'application du signal I, des
p/n premières lignes d'électrodes, les colonnes d'électrodes des autres jeux recevant
un signal nul.
[0023] Ce signal J est ensuite appliqué simultanément sur les colonnes d'électrodes du deuxième
jeu pendant le temps d'adressage, ou application du signal I, des p/n lignes d'électrodes
suivantes, les colonnes d'électrodes de tous les autres jeux, y compris du premier
jeu recevant un signal nul. L'apparition d'une image sur l'ensemble du dispositif
est obtenue en excitant les colonnes d'électrodes de tous les jeux, comme précédemment,
et les uns après les autres jusqu'à excitation des colonnes d'électrodes du n
ième jeu. L'excitation des n + 1 jeux de colonnes d'électrodes se fait en utilisant des
moyens connus associés à chaque jeu de colonnes d'électrodes.
[0024] Lorsque n est égal à 2 et p est égal à 10, le signal J est appliqué simultanément
sur les colonnes du jeu d (figure 2), pendant l'adressage séquentiel des lignes respectivement
1, 2, 3, 4 et 5, les colonnes du jeu e recevant un signal nul ; puis le signal J est
appliqué simultanément sur les colonnes du jeu e, pendant l'adressage séquentiel des
lignes respectivement 6, 7, 8, 9 et 10, les colonnes du jeu d recevant un signal nul.
[0025] Sur la figure 3, le temps T correspond au temps d'adressage de toutes les lignes
i de façon séquentielle, et le temps t correspond au temps contenant l'information,
c'est-à-dire conduisant à l'affichage ou non de la zone ij du matériau ; le temps
Test régi par l'équation T = pt, p étant le nombre total de lignes. L'affichage de
la zone ij se fait lorsque le signal I et le signal J sont, pendant le temps t, en
opposition de phase et le non-affichage de cette zone se fait lorsque les signaux
1 et J sont en phase, comme représenté sur cette figure.
[0026] Par ailleurs, on a représenté sur cette figure un troisième signal K correspondant
au signal, ou tension, vu par la zone ij du matériau d'affichage.
[0027] On peut remarquer que les trois signaux I, J, K présentent tous les trois une valeur
nulle au bout d'un temps T/2. Ce temps correspond au temps d'adressage de p/2 lignes
d'électrodes et de l'un des deux jeux de colonnes d'électrodes.
[0028] Le fait d'utiliser des colonnes d'électrodes discontinues et d'adresser, alternativement
les différents jeux de colonnes d'électrodes permet de réaliser des imageurs matriciels
comportant un grand nombre de lignes d'électrodes, et d'obtenir sur ces imageurs une
image bien contrastée.
1. Procédé de commande d'un imageur matriciel comprenant un matériau dont on peut
modifier une caractéristique optique, ce matériau étant intercalé entre une première
famille de p lignes d'électrodes parallèles et une deuxième famille de q colonnes
d'électrodes parallèles, les lignes et les colonnes étant croisées, une zone ij du
matériau étant définie par la région du matériau recouvert par la ligne i, où i est
un entier tel que l ≤ i ≤ p, et par la colonne j, où j est un entier tel que l ≤ j
≤ q, les lignes et les colonnes servant à véhiculer des signaux provoquant une excitation
du matériau, caractérisé en ce que, les colonnes d'électrodes présentant n discontinuités
horizontales définissant n + 1 jeux identiques de colonnes d'électrodes, on applique
sur la ligne d'électrode i un signal I et sur les autres lignes d'électrodes un signal
nul, le signal 1 étant appliqué séquentiellement aux p lignes d'électrodes suivant
les valeurs croissantes de i, et en ce que l'on applique sur les colonnes d'électrodes
un signal J, ce signal J étant appliqué simultanément sur les colonnes d'électrodes
du premier jeu (d), pendant le temps d'application du signal 1 sur les p/n premières
lignes d'électrodes (1, 2, 3, 4, 5),les colonnes d'électrodes des autres jeux (e)
recevant un signal nul, puis sur les colonnes d'électrodes du deuxième jeu (e), pendant
le temps d'application du signal I sur les p/n lignes d'électrodes suivantes (6, 7,
8, 9, 10), les colonnes d'électrodes du premier (d) jeu et des autres jeux recevant
un signal nul, et ainsi de suite jusqu'à excitation des colonnes d'électrodes du nième jeu.
2. Procédé de commande selon la revendication 1, caractérisé en ce que les signaux
1 et J sont des signaux rectangulaires à valeur moyenne nulle.
3. Procédé de commande selon l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisé
en ce que les signaux I et J sont soit en phase, soit en opposition de phase.
4. Procédé de commande selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, cractérisé
en ce que le matériau est un film à cristal liquide, les signaux d'excitation appliqués
aux électrodes étant des tensions électriques.