[0001] La présente invention concerne un procédé pour la préparation de lithium par électrolyse
du chlorure de lithium dans un mélange de sels fondus ; elle concerne également un
appareillage utilisé pour la mise en oeuvre dudit procédé.
[0002] On a déjà décrit, par exemple dans le cadre des procédés de préparation de silane
des Brevets US 3.078.218 et 3.163.590, la préparation de lithium par électrolyse du
chlorure de lithium contenu dans un mélange de sels fondus à base de chlorure de lithium
et d'au moins un chlorure alcalin et/ou alcalino-terreux ; les dits procédés sont
caractérisés par la mise en oeuvre d'au moins une des caractéristiques suivantes
- on opère en semi-continu, c'est-à-dire que l'on charge la cellule d'électrolyse
avec un mélange électrolysable et l'on réalise, sur ce mélange, l'électrolyse de la
quantité de chlorure de lithium souhaitable, puis on admet dans le mélange restant
une nouvelle charge de chlorure de lithium,
- on utilise des dispositifs complexes et délicats pour d'une part séparer, dans l'électrolyseur
lui-même, le lithium obtenu d'avec le mélange des sels fondus et d'autre part éviter
les réactions de recombinaison du chlore gazeux produit avec le lithium, c'est ainsi
par exemple que l'on contrôle très soigneusement l'atmosphère de la cellule au-dessus
de la couche de lithium et que l'on utilise un diaphragme dans le bain entre l'anode
et la cathode.
[0003] La présente invention vise un procédé simplifié pour la réalisation de cette électrolyse
; ce procédé présente les caractéristiques suivantes :
- il est mis en oeuvre en continu,
- on ne sépare pas, dans l'électrolyseur, le lithium produit du mélange des sels fondus
de sorte que l'on sort dudit électrolyseur un mélange constitué du lithium métallique
et du mélange des sels fondus, ce qui simplifie considérablement la conduite de l'électrolyse.
- on effectue l'électrolyse sans utilisation d'un diaphragme entre l'anode et la cathode,
mais en réalisant dans l'espace compris entre l'anode et la cathode, une circulation
naturelle rapide du milieu d'électrolyse.
- enfin on protège l'anode contre une attaque éventuelle du lithium surnageant à la
surface du milieu d'électrolyse et contre une éventuelle réoxydation directe du lithium
sur l'anode en gainant ladite anode jusqu'au dessous de ladite surface avec un matériau
réfractaire isolant.
- par ailleurs le chlore produit par l'électrolyse est soutiré en continu sans dilution
par un gaz inerte ce qui permet son utilisation industrielle immédiate.
[0004] Il va de soi que si, à partir du mélange sortant de l'électrolyseur, on désire récupérer
le lithium pur, il conviendra de mettre en oeuvre des techniques connues de séparation
de ce métal d'avec le mélange des sels fondus.
[0005] Le milieu d'électrolyse est.-constitué d'un mélange de sels fondus à base de chlorure
de lithium et d'au moins un autre chlorure alcalin et/ou alcalino-terreux qui, avec
le chlorure de lithium, forment un mélange eutectique fondant à une température comprise
entre 320 et 360°C environ. Comme mélange binaire utilisable, on peut citer le chlorure
de lithium et le chlorure de potassium ; comme mélanges ternaires utilisables, on
peut citer les mélanges contenant, en plus du chlorure de lithium et du chlorure de
potassium, un chlorure choisi parmi les chlorures de sodium, de rubidium, de strontium,
de magnésium, de calcium et de baryum.
[0006] Dans tous les cas, on opérera dans un milieu liquide ; l'électrolyse devant être
réalisée à une température comprise entre 400 et 500°C environ et de préférence aux
environs de 450°C, il convient que le mélange de sels fondus alimentant l'électrolyseur
ait une composition assez voisine de la composition eutectique du mélange utilisé
avec un excès en chlorure de lithium qui sera soumis à l'électrolyse. C'est ainsi
(par exemple) que si l'on utilise comme milieu d'électrolyse un mélange de chlorure
de lithium et de chlorure de potassium, on considère qu'à 450°C environ, la quantité
de chlorure de lithium dudit mélange pourra varier d'environ 69 % en mole dans le
mélange de sels fondus entrant dans l'électrolyseur à environ 56 % en mole dans le
mélange sortant de l'électrolyseur. Dans ce cas, le chlorure de lithium peut être
dans un excès allant jusqu'à 10 % en mole par rapport à la composition eutectique
du mélange de sels fondus chlorure de lithium-chlorure de potassium.
[0007] La première caractéristique du procédé est qu'il est mis en oeuvre de façon continue
; c'est dire que la cellule d'électrolyse est alimentée en continu avec un fluide
constitué par le mélange de sels fondus contenant, comme matériau électrolysable,
du chlorure de lithium et que l'on enlève également de façon continue de l'électrolyseur
les produits de l'électrolyse, c'est-à-dire le chlore d'une part et le mélange de
lithium métallique et de sels fondus d'autre part.
[0008] Comme autre caractéristique, on a signalé le fait que l'on ne sépare pas le lithium
du mélange des sels'fondus. Cette caractéristique, liée à la recirculation naturelle
qui sera discutée plus loin, a comme conséquence que le-s@'sels fondus jouent un rôle
de protection vis-à-vis de la recombinaison possible du lithium qui surnage à la surface
du mélange des sels fondus avec le chlore qui forme l'atmosphère au-dessus de la surface
du milieu d'électrolyse. Il n'est donc pas nécessaire de prendre des précautions particulières
pour isoler le milieu d'électrolyse de ladite atmosphère de chlore.
[0009] On effectue de plus l'électrolyse sans utilisation d'un diaphragme grâce à l'organisation
d'une circulation naturelle rapide du milieu d'électrolyse. Ladite circulation sera
dite naturelle parce qu'elle est obtenue simplement par l'effet d'en- trainement sur
le milieu d'électrolyse des bulles de chlore qui se dégagent à l'anode ; il n'est
donc pas nécessaire,mais non impossible d'utiliser un moyen de circulation indépendant
de ce moyen naturel. Comme le milieu d'électrolyse est entrainé verticalement par
le mouvement ascendant des bulles de chlore dans l'espace situé entre l'anode et la
cathode, il convient d'organiser une recirculation dudit milieu dans la cellule en
faisant en sorte que ledit milieu redescende dans l'espace situé au-delà de la cathode
pour pénétrer à nouveau, par des ouvertures convenablement aménagées, dans l'espace
situé entre l'anode et la cathode. La vitesse de circulation dudit milieu est élevée
puisque si on représente par Vo la vitesse de passage du milieu- d'électrolyse dans
l'espace entre anode et cathode en absence de recirculation naturelle, la vitesse
V réellement atteinte du fait de cette recirculation sera d'environ 100 fois Vo (elle
était en moyenne dans les divers essais effectués de 0,5 à 5 cm/sec).
[0010] Pour permettre cette circulation naturelle du milieu d'électrolyse, la partie supérieure
de la cathode est immergée et présente de préférence une forme évasée.
[0011] Le mouvement ascensionnel du milieu d'électrolyse lié à la forme de préférence évasée
de la cathode permet de repousser le lithium vers les parois de la cellule et de faciliter
ainsi son élimination naturelle par surverse en minimisant la recombinaison avec le
chlore.
[0012] Enfin, l'anode doit être protégée contre une attaque éventuelle du lithium surnageant
par une gaine en matériau réfractaire isolant qui plonge dans le bain d'électrolyse.
Par matériau réfractaire, on entend un matériau qui reste inerte, à la température
d'électrolyse, vis-à-yis des produits avec lesquels ledit matériau réfractaire est
en contact, c'est-à-dire essentiellement le mélange de sels fondus, le chlore et le
lithium. Ce matériau doit être isolant électriquement. On utilisera donc le gainage
de l'anode par un matériau tel que l'alumine, le quartz, la silice, la thorine, la
zircone ou l'oxyde de béryllium.
[0013] Selon une variante du procédé de l'invention, il est possible le préparer par celui-ci
et de façon similaire des alliages Lithium-calcium contenant au moins 50 % en mole
de lithium ; dans :e cas on assure l'électrolyse d'un mélange chlorure de Lithium-chlorure
de calcium dans un mélange de sels fondus et dans ies conditions similaires à celles
qui ont été exposées ci-dessus.
[0014] Le procédé selon l'invention conduit à la réalisation d'une cellule d'électrolyse
présentant les caractéristiques techniques décrites ci-après :
- la cellule comporte une anode gainée entourée d'une cathode ; la partie supérieure
de la cathode immergée dans le bain présente de préférence une forme évasée et des
ouvertures sont ménagées à la base de ladite cathode ;
- l'alimentation de la cellule est réalisée préférentiellement par une amenée du mélange
de sels fondus dans le bas de la cellule,
- enfin la cellule est pourvue de dispositifs de sortie, évacuant d'une part le mélange
de sels fondus et le lithium métallique et d'autre part le chlore gazeux. Ces dispositifs
sont constitués pεr un trop-plein et une évacuation de la phase gazeuse qui surmonte
le milieu d'électrolyse.
[0015] On donne ci-après de façon non limitative un exemple de réalisation de l'invention
pour une cellule contenant un seul couple anode-cathode ; la cellule d'électrolyse
est schématisée, en coupe, sur la figure 1 :
- Le corps de la cellule 1 est en acier inoxydable.
- La cathode 2, en acier inoxydable également, a une forme cylindrique ; cette cathode
est soudée au fond de la cellule et comporte, à sa partie inférieure des ouvertures
3 qui permettent la circulation du milieu d'électrolyse dans l'électrolyseur ; la
partie supérieure 4 de la cathode est disposée de façon à rester sous la surface du
milieu d'électrolyse (lorsque la cellule est en fonctionnement) et a une forme évasée
;
- L'anode 6 est en graphite, de forme cylindrique et disposée à l'intérieur de la
cathode ; cette anode est gainée dans sa partie au-dessus du milieu d'électrolyse
et jusqu'à une certaine distance au-dessous de la surface dudit milieu (lorsque la
cellule est en fonctionnement) par une gaine d'alumine 10.
- L'alimentation en mélange de sels fondus est effectuée par un conduit d'amenée 5
qui débouche à la base de la cellule immédiatement au-dessous de l'espace situé entre
l'anode et la cathode.
- La sortie des gaz (chlore) est réalisée à la partie supérieure de la cellule en
9 ; la sortie du mélange provenant de l'électrolyse est réalisée par le conduit 7
dont le niveau 8 détermine le niveau du milieu d'électrolyse dans la cellule.
- pour donner un ordre de grandeur des dimensions d'une cellule de ce type on peut
indiquer que la distance entre l'anode et la cathode est de l'ordre de 1 à 5 cm environ
et que la hauteur du milieu d'électrolyse (sensiblement la hauteur immergée de l'anode)
est de l'ordre de 2 à 10 cm
[0016] La description qui précède permet de constater que le chlore qui se dégage dans l'électrolyse
est extrait de l'électrolyseur sans être dilué avec, par exemple, un gaz inerte. Cette
caractéristique est importante dans la mesure où ce chlore peut être utilisé tel quel
industriellement.
[0017] La cellule décrite est utilisable pour réaliser l'électrolyse du chlorure de lithium
dans un milieu de sels fondus ou selon la variante du procédé de l'invention pour
effectuer simultanément l'électrolyse du chlorure de lithium et du chlorure de calcium
(donnant naissance à un alliage Li-Ca) si ce dernier produit est présent dans le mélange.
[0018] Selon l'invention, on effectue l'électrolyse du chlorure de lithium dans un mélange
à base de chlorure de lithium-chlorure de potassium ayant une composition voisine
de l'eutectique ; pour une' intensité de 45 A avec une surface active cathodique de
80 cm
2 et une surface anodique de 40 cm
2, la distance interpolaire étant de 1,6 cm, on obtient des rendements faradiques de
85 - 90 % avec une tension de 6,0 volts.
[0019] On voit donc que ce dispositif, relativement simple, permet d'obtenir du lithium
à un coût énergétique très satisfaisant (27 kWh/kg Li).
[0020] Dans la variante on effectue l'électrolyse d'un mélange à base de chlorure de lithium-chlorure
de potassium, chlorure de calcium, ce mélange ayant une composition voisine de l'eutectique
; pour une intensité de 40 A, avec une surface cathodique active de 1,5 dm2 et une
surface anodique de 0,47 dm2 (la distance entre les électrodes étant 2cm), le rendement
faradique est supérieur à 85 %, la tension aux bornes de la cellule est de 6,6 V et
l'alliage Li-Ca obtenu contient 76 % de Li et 24 % de Ca en mole.
[0021] L'extrapolation du dispositif d'électrolyse décrit ci-dessus au stade industriel
peut être réalisé par exemple comme représenté sur les figures 2 et 2 bis par la mise
en oeuvre de plusieurs couples anode-cathode.
[0022] Sur cette tigure on note :
- en 11 la paroi de l'électrolyseur,
- en 12 les cathodes qui sont disposées à l'intérieur de l'électrolyseur ; ces cathodes
sont percées 13 à leur base,
- en 14 les anodes qui sont gainées sur une certaine hauteur avec de l'alumine,
- en 15 l'alimentation en mélange de l'électrolyseur,
- en 16 l'évacuation du mélange ayant subi l'électrolyse.
[0023] Une telle cellule a un diamètre total d'environ 120 cm, les anodes (4) en graphite
ont un diamètre de l'ordre de 14 cm, les cathodes disposées- autour des anodes sont
en acier et ont un diamètre intérieur d'environ 20 cm. La partie haute de l'anode
est gainée d'alumine.
[0024] La cellule est alimentée à l'aide d'un mélange de chlorure de lithium-chlorure de
potassium contenant un excès d'environ 10 % en moles de chlorure de lithium, par rapport
à l'eutectique, la température de l'électrolyse est de 450°C, on travaille à 12 kA
(soit 4 x 3 kA) (densité de courant anodique 85,2 A/dm2 et cathodique 58,7 A/dm2)
et sous 7 V. On obtient avec un débit convenable la production de 2,8 kg/h de lithium
dispersé dans le mélange des sels fondus ce qui correspond à un rendement faradique
de 90 %.
1) Procédé pour la préparation continue de lithium par électrolyse du chlorure de
lithium dans un mélange de sels fondus caractérisé en ce que :
- on effectue l'électrolyse en ccntinu avec une circulation naturelle du milieu d'électrolyse
entre les électrodes sans utilisation d'un diaphragme entre l'anode et la cathode,
- on récupère en continu d'une part le lithium dans le mélange de sels fondus sans
en opérer la séparation et d'autre part le chlore sous forme gazeuse.
2) Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on effectue l'électrolyse
d'un mélange de sels fondus constitué d'un mélange de chlorure de lithium et de chlorure
de potassium et contenant un excès de chlorure de lithium pouvant aller jusqu'à 10%
en mole, par rapport à la composition eutectique et en ce que l'électrolyse est effectuée
à une température comprise entre 400 et 500°C et de préférence de 450°C. -
3) Cellule d'électrolyse utilisable pour la mise en oeuvre d'un procédé selon les
revendications 1 et 2, caractérisé en ce que :
- la cellule comporte une anode entourée d'une cathode ; des ouvertures sont ménagées
à la base de ladite cathode ; la partie supérieure de la cathode immergée dans le
bain est de préférence de forme évasée,
- l'alimentation de la cellule est réalisée par amenée du chlorure de lithium dans
le mélange de sels fondus à la base de la cellule,
- la cellule est pourvue de dispositifs de sortie du mélange obtenu, dispositifs constitués
par un trop-plein et une évacuation de la phase gazeuse qui surmonte le milieu d'électrolyse.
- l'anode est gainée avec un matériau réfractaire isolant dans la partie où cette
anode est en contact avec l'atmosphère surmontant le milieu d'électrolyse et plonge
dans ledit milieu.
4) Cellule d'électrolyse selon la revendication 3 caractérisée en ce qu'elle comporte
plusieurs couples anode-cathode.