[0001] La présente invention concerne des dispositifs de type chaudière permettant de réaliser
la combustion de mélanges solides-liquides, par exemple charbon-eau et de récupérer
les calories produites sous forme de fluides chauds sous pression.
[0002] La combustion du charbon est habituellement réalisée selon les principales techniques
suivantes :
- sur grille, le charbon étant alors chargé dans la chambre de combustion en masse
c'est-à-dire que les particules de charbon présentent des dimensions importantes (de
l'ordre de quelques centimètres).
- sous forme pulvérisée, le charbon étant finement broyé à des dimensions fines (quelques
dizaines de microns) et entraîné par un jet d'air de pulvérisation.
- en lit fluidisé, le charbon étant alors broyé à des dimensions de l'ordre de quelques
millimètres.
[0003] Cette dernière technique, assez récente, peut présenter diverses variantes de réalisation
au niveau du type de lit mis en oeuvre.
[0004] Toutes ces techniques présentent de sérieux problèmes d'exploitation, décrassage,
évacuation des scories et des cendres, dépoussiérage, organes de sécurité etc... et
imposent souvant des contraintes importantes de mise en oeuvre quant au choix du charbon,
de la granulométrie et de la conduite des unités.
[0005] Enfin, ces toutes dernières années des recherches et expérimentations ont été entamées
pour étudier les processus de combustion de mélanges charbon-fuel et à un degré moindre
les suspensions charbon-eau. Ces études ont pour objectif la substitution plus ou
moins partielle du charbon au fuel, avec comme souci d'utiliser le plus possible les
installations existantes prévues pour les hydrocarbures liquides.
[0006] L'invention vise des dispositifs du type chaudière palliant la plupart des inconvénients
évoqués ci-dessus et permettant notamment :
. d'utiliser dans le même appareil une large gamme de nature de charbon, ou même d'utiliser
du charbon tout venant et même avantageusement les sous produits tels que fines, poussières,
schlamms etc ...
. d'éliminer de façon quasi-absolue les problèmes de sécurité
. de résoudre au mieux le problème de l'évacuation automatique des scories.
. d'offrir des comportements en combustion voisins de ceux des brûleurs à gaz et à
fuel et donc des possibilités de souplesse de fonctionnement analogues à celles obtenues
avec ces combustibles.
[0007] La présente invention a pour objet un dispositif pour la production industrielle
de vapeur ou de fluide thermique, utilisant comme combustible une suspension solide-liquide
caractérisé en ce qu'il comporte :
- une première zone dite de combustion équipée d'un organe de combustion multifluides
à pulvérisation axiale par fluide auxiliaire adapté au combustible utilisé, de forme
cylindrique allongée,légèrement inclinée sur l'horizontale et animée d'un mouvement
de rotation.
- une deuxième zone, totalement distincte de la précédente, dite zone de solidification
d'axe vertical dans laquelle, d'une part, une fraction des calories contenues dans
les produits de la combustion est transférée par rayonnement à une paroi réceptrice
équipée de tubes froids dans lesquels circule le fluide à réchauffer et d'autre part,
les particules non combustibles, fondues ou pâteuses en suspension dans le flux gazeux
sont solidifiées, ladite zone de solidification comportant dans sa partie basse une
trémie de récupération des scories
- une troisième zone d'échange thermique par convection sur un faisceau tubulaire,
équipée dans sa partie basse de trémies à poussières et raccordée au système d'épuration
des gaz et d'exhaure.
[0008] La zone de combustion cylindrique est équipée d'un brûleur unique de type multifluide
fixé à l'extrémité fixe du cylindre opposée à la zone de solidification et dont l'axe
coïncide avec celui de la zone de combustion. Un système de pompage adapté au combustible
utilisé (suspension solide-liquide) sert à introduire ledit combustible dans le brûleur
qui reçoit également le fluide gazeux auxiliaire de pulvérisation ainsi que l'air
de combustion. L'injection de tous les fluides actifs dans le foyer que constitue
la zone de combustion est nécessairement axiale.
[0009] La zone de combustion est fortement isolée au moyen de produits réfractaires formant
une paroi chaude rayonnante maintenue en place par une enveloppe métallique.
[0010] La pulvérisation mentionnée ci-dessus s'effectue à une pression effective généralement
comprise entre 0,5 et 2 bars.
[0011] La zone de combustion est de forme cylindrique allongée c'est à dire que sa longueur
(L) sera généralement comprise entre 3,25 et 5 fois le diamètre intérieur (D), du
cylindre.
[0012] Afin de permettre une évacuation satisfaisante des scories qui se forment généralement
à l'état liquide dans cette zone de combustion, celle ci sera inclinée sur l'horizontale
d'un anglej,-généralement compris entre 2 et 8°. En outre cette zone sera mise en
rotation à une vitesse lente de l'ordre à 1 à 5 tours par minute au moyen d'un système
d'entraînement classique à galets ou à chaîne.
[0013] A la sortie de cette zone de combustion est disposée une zone dite de solidification,
d'axe vertical, distincte de la zone de combustion avec laquelle elle communique.
Cette zone de solidification aura un volume généralement compris entre 10 et 15 fois
le volume de zone de combustion Elle prendra avantageusement la forme d'un parallélépidède
rectangle dont la profondeur (P), sera au moins égale à (L) longueur de la zone de
combustion, une largeur (1) au moins égale à 2,25 D et une hauteur (H) au moins égale
à 5 D.
[0014] Cette zone de solidification comporte sur ses parois latérales, constituées par un
matériau isolant réfractaire maintenu en place par une enveloppe métallique, des tubes
froids contenant le fluide sous pression à réchauffer par rayonnement. En outre, elle
comporte dans sa partie basse une trémie permettant de récupérer les scories provenant
de la zone de la combustion et les cendres issues de la zone de solidification.
[0015] A l'extrémité de la zone de solidification est disposée perpendiculairement une zone
de convection horizontale équipée d'un faisceau de tubes échangeurs fonctionnant par
convection, et des trémies pour récupérer les poussières présentes.
[0016] Selon une variante de réalisation du dispositif de l'invention cette zone de convection
pourra être disposée verticalement de telle sorte que les fumées s'écoulent de haut
en bas, l'essentiel étant que le courant gazeux soit soumis à un changement de direction
notable.
[0017] La suspension solide-liquide utilisée comme combustible dans le dispositif de l'invention
pourra par exemple être un mélange de charbon finement broyé, c'est à dire dont les
particules auront généralement un diamètre inférieur à 100 microns et d'eau ou de
tout autre liquide approprié tel que les huiles animales ou végétales, les alcools
ou les fuels. La teneur du mélange en liquide est de préférence comprise entre 30
et 50 % (poids).
[0018] Le dispositif de l'invention sera mieux compris à la lumière de l'exemple de réalisation
ci-après décrit en référence aux figures 1 et 2.
La figure 1 représente une coupe schématique longitudinale d'un exemple du dispositif
selon l'invention.
La figure 2 représente une vue schématique de la zone de solidification (12).
[0019] La zone de combustion (5) est alimentée en suspension solide-liquide par l'intermédiaire
de la ligne (1). Les lignes (2) et (3) conduisent respectivement l'air de pulvérisation
et l'air de combustion au brûleur multifluide (4).Ce brûleur (4) est disposé sur le
mur avant (6) fixe de la zone (5). Les parois de cette zone sont constituées de réfractaires(7)
d'une épaisseur d'environ 350 mm, maintenus en place par l'enveloppe extérieure métallique
(8). La zone (5) inclinée d'un angle α de 3,5° sur l'horizontale est mise en rotation
au moyen d'un système comportant un galet moteur (9) et un galet support (10) sur
lesquels s'appuient les chemins de roulement (11).
[0020] La zone (5) débouche sur une zone de solidification (12) d'axe vertical, revêtant
la forme d'un parallélépipède rectangle. L'intérieur des parois de la zone (12) est
tapissé de tubes (13) destinés à l'échange thermique par rayonnement, lesdites parois
étant constituées d'un revêtement réfractaire isolant intérieur (14) de 100 mm d'épaisseur
environ maintenu en place par une enveloppe métallique (15).
[0021] Dans la partie basse de la zone (12)est disposée une trémie (16)destinée à récupérer
les scories et les cendres.Les parois de la trémie sont constituées de manière analogue
à celle de la partie échange thermique de la zone (12).
[0022] La zone (12)débouche sur une zone de convection (17)disposée perpendiculairement
à la zone (12).Cette zone (17)est équipée d'une batterie de tubes (18)destinés à l'échange
thermique par convection.Des conduites (19) collectent l'émulsion vapeur-eau produite
à la fois par les tubes (13)et les tubes (18)pour la diriger vers le ballon séparateur(20).La
zone (17)est équipée à sa partie basse de trémies (21)pour la récupération des poussières
véhiculées par le flux gazeux et des dépôts éventuels sur les tubes (18),détachés
au moyen d'un système de soufflage classique non représenté.Les parois de la zone
(17)sont constituées d'un réfractaire isolant (22)d'une épaisseur de 50mm environ
maintenu en place par l'enveloppe (23).
[0023] A la sortie de la zone (17) le flux gazeux refroidi est aspiré par l'exhauster (25)
à travers un dépoussiéreur (24) avant rejet à la cheminée (26).
[0024] Le dispositif de l'invention décrit ci-dessus est mis en oeuvre selon le processus
décrit ci-après avec comme combustible une suspension charbon-eau. Cette suspension
est constituée d'un mélange pondéral 40 % eau, 60 % charbon. Ce charbon a été finement
broyé en milieu aqueux de façon à obtenir une granulométrie centrée sur 35 microns
avec un maximum de 100 microns. La viscosité du mélange est réduite par addition d'un
produit tensio actif approprié.
[0025] Le combustible est introduit par pompage volumétrique dans le brûleur, ce dernier
étant alimenté séparément en air sur- pressé de pulvérisation à 0,7 bar effectif et
en air de combustion. Le jet pulvérisé est injecté dans l'axe de la zone de combustion
dont la conception permet la combustion totale du charbon contenu dans la suspension
au sein même de cette zone avec un taux de combustion atteignant 600 Thermies par
m3 de zone de combustion.
[0026] L'allumage du combustible est assuré automatiquement par le niveau de température
régnant dans la zone prélablement préchauffée à 1100
0C avec du fuel classique. Dès lors la température en régime stabilisé est de l'ordre
de 1400°C. La charge termique est modulée en fonction des besoins par action directe
sur la pompe volumétrique d'alimentation. La souplesse ainsi obtenue permet une variation
instantanée du débit calorifique dans les proportions de 1/5 à 5/5. Aux températures
atteintes les cendres contenues dans le charbon se trouvent à l'état liquide en fine
suspension dans les gaz de combustion. Une fraction de ces particules se dépose au
contact des parois réfractaires sur lesquelles elles ruissellent par gravité. Leur
évacuation est assurée par la conjonction de l'inclinaison de la zone sur l'horizontale
et sa mise en rotation lente. Les concrétions éventuelles qui peuvent se former sur
les parois sont également éliminées au fur et à mesure de leur décrochement. Ce dernier
résulte en particulier de la nature anti-adhérente de la paroi vis-à- vis des scories.
[0027] Les gaz chaud (1400°C environ) produits dans la zone de combustion pénètrent dans
la zone de solidification.Les gaz,dans cette zone,se refroidissent par rayonnement
vers les parois froides tapissées de tubes ce qui provoque automatiquement le refroidissement
concomitant des fines particules cendreuses en fusion transportées au sein du courant
gazeux. Dans cette zone la température du gaz passe de 1400 à 850°C environ. La trémie
située à la partie inférieure de cette zone reçoit d'une part les cendres fondues
et les concrétions issues de la zone de combustion et d'autre part celles qui pourraient
se former sur la partie de la paroi en regard de combustion, puis se détacher. Les
gaz issus de la zone solidification pénètrent dans la zone de convection où ils sont
refroidis, jusqu'à une température de 250°C environ au contact des faisceaux de tubes
échangeurs. Dans cette zone une fraction des poussières se dépose sur les tubes d'où
elles sont chassées par un procédé classique de soufflage.
[0028] Des trémies disposées à la base recoivent les poussières chutant par gravité. L'émulsion
eau-vapeur générée dans les faisceaux d'échange des zones de solidification et de
convection est collectée à la partie supérieure et dirigée vers le ballon séparateur.
[0029] Les gaz issus de la zone de convection sont dépoussiérées de manière classique avant
le rejet à la cheminée.
[0030] Les dispositifs de l'invention sont particulièrement avantageux car ils permettent
l'utilisation comme combustible liquide des charbons de toutes natures dans des conditions
d'exploitation particulièrement favorables notamment aux niveaux de la manutention,
de l'extraction des cendres, de la souplesse de fonctionnement et de la sécurité.
[0031] De plus, il est à noter qu'en utilisant les moyens de l'invention il est aisé de
convertir au charbon des chaudières existantes, et conçues pour les combustibles hydrocarbonés
classiques. Pour cela, il suffira essentiellement d'ajouter une zone de combustion
selon l'invention à adapter aux caractéristiques de la chaudière existante.
1 - Dispositif du type chaudière pour la production industrielle de fluide termique
tel que la vapeur d'eau utilisant comme combustible un solide en suspension dans un
liquide caractérisé en ce qu'il comporte :
- une première zone de combustion (5) équipée d'un organe de combustion multifluides
(4) à pulvérisation axiale par fluide auxiliaire adapté au combustible utilisé, de
forme cylindrique allongée, légèrement inclinée sur l'horizontale et animée d'un mouvement
de rotation,
- une deuxième zone (12), distincte de la précédente, dite zone de solidification
dans laquelle d'une part, une fraction des calories contenues dans les produits de
la combustion est transférée par rayonnement à une paroi réceptrice équipée de tubes
froids (13) dans lesquels circule le fluide à réchauffer, et d'autre part les particules
non combustibles, fondues ou pâteuses en suspension dans le courant gazeux sont solidifiées,
ladite zône de solidification comportant dans sa partie basse une trémie (16) de récupération
des scories et,
- une troisième zone (17) d'échange thermique par convection sur des faisceaux tubulaires
(18) équipée dans sa partie basse de trémie à poussières (21) et raccordée aux systèmes
d'épuration des gaz (24) et d'exhaure (25).
2 - Dispositif selon la revendication 1 caractérisé en ce que la zone de combustion
(5) est inclinée sur l'horizontale d'un angle compris entre 2 et 8°.
3 - Dispositif selon l'une des revendications 1 et 2 caractérisé en ce que la zone
de combustion (5) est mise en rotation à une vitesse comprise entre 1 et 5 tours/mn.
4 - Dispositif selon la revendication 1, caractérisé en ce que les dimensions de la
zone de combustion (5) sont reliées par la relation suivante : L≥ 3,25 D.