[0001] Film d'alcool polyvinylique à dissolution aqueuse retardée, son procédé de fabrication
et son application à l'ensevelissement de cadavres.
[0002] La présente invention concerne un film d'alcool polyvinylique à dissolution aqueuse
retardée, son procédé de fabrication et son application à l'ensevelissement de cadavres.
[0003] On sait que les films d'alcool polyvinylique sont obtenus, à partir de granulés de
résine d'alcool polyvinylique, eux-mêmes obtenus par polymérisation, dissolution aqueuse,
puis saponification de l'acétate de vinyl produit par action de l'acide acétique sur
l'acétylène. Ces granulés sont ensuite dissous dans de l'eau, chauffés et additionnés
de divers composants et le mélange aqueux obtenu est conformé en film, par exemple
par calandrage ou extrusion-soufflage.
[0004] D'une manière générale, les films d'alcool polyvinylique sont solubles dans l'eau
et l'on sait, au moyen de traitements thermiques ou chimiques par exemple, ajuster
la solubilité d'un film d'alcool polyvinylique en fonction de la température de l'eau
dans laquelle ledit film est plongé.
[0005] L'objet de la présente invention,est de réaliser un film d'alcool polyvinylique dont
la dissolution aqueuse, au lieu d'être pratiquement instantanée comme pour les films
connus, soit retardée dans le temps de quelques mois ; le film selon l'invention peut
alors être utilisé, entre autres applications, pour la réalisation de linceuls, housses
mortuaires, cuvettes de cercueil, etc...
[0006] On sait que, de nos jours, les morts ne sont ensevelis que plusieurs jours après
leur décès et que leur mise en bière n'est effectuée que le jour de l'enterrement.
Il en résulte que les corps sont exposés, généralement sur un lit, plusieurs jours
avant d'être ensevelis, et que, surtout par temps chaud, la décomposition desdits
corps est suffisamment avancée avant la mise en bière pour entrainer l'émission d'odeurs
nauséabondes et pour soulever des problèmes d'hygiène.
[0007] Par ailleurs, on sait que les cercueils comportent un capitonnage intérieur constitué
par un film plastique en chlorure de polyvinyle de couleur blanche. Cette feuille
plastique de 100 microns à un double rôle :
- masquer les imperfections du bois du cercueil,
- et surtout réaliser une cuvette étanche pour pallier les effets de la désagrégation
des corps dans le temps.
[0008] La réalisation de cette cuvette étanche en chlorure de polyvinyle pose les problèmes
suivants :
- le chlorure de polyvinyle n'est absolument pas biodégradable et se retrouve toujours,
même après une période de mise en terre très longue.
- quand l'on veut procéder à des réductions de corps ou des exhumations ce qui est
assez courant, les personnels qui effectuent cette opération se trouvent toujours
en présence de ces cuvettes qui sont restées étanches et qui par là même contiennent
tous les éléments de décomposition avec le grand nombre d'inconvénients majeurs que
cela entraîne.
[0009] Il est donc intéressant de réaliser une cuvette qui, au bout de quelques mois (5
à 6 environ), sous l'effet de la décomposition du cadavre,se délite progressivement
et de façon que les résultats de la décomposition s'éliminent dans le sol.
[0010] Ainsi lors d'opérations d'exhumation ou de réduction de corps, le personnel n'est
en contact qu'avec des résidus séchés, donc sans liquide, ni odeur forte.
[0011] A ces fins, selon l'invention, le film d'alcool polyvinylique à dissolution aqueuse
retardée, obtenu à partir de résine d'alcool polyvinylique saponifiée, est remarquable
en ce que son épaisseur est choisie entre 30 et 100 u et en ce que la résine d'alcool
polyvinylique de base contient une proportion en poids d'acétate de vinyl résiduel,
non saponifié, comprise entre 0,2 et 0,7 %.
[0012] En effet, on a trouvé que l'on pouvait agir sur la durée de la dissolution d'un film
d'alcool polyvinylique en jouant sur la proportion d'acétate de vinyl résiduel non
saponifié. En conséquence, en ajustant cette proportion d'acétate de vinyl résiduel
en fonction de l'épaisseur du film, il est possible de retarder le début apparent
de la dissolution aqueuse.
[0013] Bien entendu, le film d'alcool polyvinylique selon l'invention peut être utilisé
pour toutes les applications pour lesquelles on a besoin d'un film à dissolution retardée.
Toutefois, comme mentionné ci-dessus, le film conforme à l'invention est particulièrement
approprié à être utilisé pour réaliser des linceuls, des housses mortuaires, des cuvettes
de cercueil, etc... devant présenter une grande résistance mécanique pendant quelques
dizaines de jours suivant leur mise en contact avec le corps d'un être mort et correspondant
aux manipulations et à la présentation dudit corps avant son ensevelissement, mais
entièrement biodégradable après plusieurs mois de contact, c'est-à-dire après ensevelissement.
[0014] Le film d'alcool polyvinylique selon l'invention peut être obtenu, de façon connue,
par extrusion-soufflage ou par calandrage. Toutefois, il semble préférable d'utiliser
la méthode du calandrage (coulée continue).
[0015] Pour permettre une bonne coulée ou extrusion du mélange de base de résine d'alcool
polyvinylique, il est avantageux d'incorporer à ce mélange de base un plastifiant
du type de la glycérine.
[0016] Lorsque le film obtenu soit par calandrage, soit par extrusion-soufflage, est enroulé
en continu en bobine, il est intéressant d'incorporer dans la masse du mélange de
base, un agent anti-blocking, tel que des stéarates métalliques et/ou des polyols
éthoxylés, afin d'éviter que les différentes spires de la bobine collent les unes
aux autres.
[0017] .On pourrait également effectuer, au niveau du bobinage, une projection d'amidon
ou d'un corps semblable pour obtenir un résultat analogue.
[0018] De préférence, avant élimination de l'eau servant à la dissolution aqueuse, la composition
en poids du film d'alcool polyvinylique selon l'invention est approximativement la
suivante :
- Résine d'alcool polyvinylique (présentant une proportion d'acétate de vinyl résiduel
de 0,2 à 0,7 %) : de 45 à 60 % ;
- Plastifiant : de 5 à 20 % ;
- Agents anti-blocking : de 0,05 à 0,2 %
- Eau : quantité suffisante pour la dissolution aqueuse de la résine.
[0019] Afin de rendre le film obtenu opaque, on peut y ajouter des opacifiants, tels que
le dioxyde de titane et le carbonate de calcium, dans une proportion pondérale comprise
entre 10 et 25 %. On remarquera qu"un tel opacifiant joue'indirectement le rôle de
retardateur de dissolution aqueuse, puisqu'il influe sur la quantité initiale d'eau
nécessaire à la dissolution aqueuse de la résine.
[0020] Ainsi, pour obtenir un film selon l'invention, on met en oeuvre un procédé dans lequel
on utilise une résine d'alcool polyvinylique dont la saponification de l'acétate de
vinyl est telle que la proportion en poids d'acétate de vinyl résiduel non saponifié,
est comprise entre 0,2 % et 0,7 % et on réalise un film dont l'épaisseur est comprise
entre 30 et 100 µ.
[0021] De plus, il est avantageux que le mélange de base initial, à partir duquel sera fabriqué
ce film, contienne approximativement :
- Résine d'alcool polyvinylique : de 45 à 60 %
- Plastifiant de 5 à 25 %
- Agents anti-blocking de 0,05 à 0,2 %
- Eau : quantité suffisante pour la dissolution aqueuse de la résine.
[0022] De préférence, le procédé de fabrication du film d'alcool polyvinylique conforme
à la présente invention est du type dit "par calandrage", selon lequel on mélange
en continu tous les composants, y compris l'eau et on chauffe le mélange aqueux, puis
on épand ledit mélange sur une calandre où il est chauffé en vue de son épandage et
de l'évaporation de l'eau.
[0023] Selon l'invention, avant épandage sur la calandre, le mélange aqueux est chauffé
à une température comprise entre 80 et 95°C. En effet, on a remarqué que la température
à laquelle le mélange était épandu sur la calandre avait également une influence sur
la solubilité aqueuse du film obtenu. La gamme comprise entre 80 et 95°C est particulièrement
favorable pour le résultat à obtenir.
[0024] De préférence, le mélange aqueux est soumis à désaération avant épandage.
[0025] On décrit ci-après un exemple de réalisation particulier.
[0026] Pour fabriquer un film de 80 µ d'épaisseur, on verse dans la cuve d'un mélangeur
les produits suivants :
- 57 kg de granulés de résine d'alcool polyvinylique (ayant un taux résiduel d'acétate
de vinyl égal à 0,3 %) ;
- 14 kg de glycérine à titre de plastifiant;
- 17 kg de dioxyde de titane et de carbonate de calcium à titre d'opacifiants ;
- 0,5 kg d'acide borique à titre de stabilisant ;
- 0,2 kg d'alkyl aryl polyether à titre d'agent mouillant ;
- 0,15 kg de stéarates métalliques et de polyols ethoxylés à titre d'agents anti-blocking
;
- 11,15 litres d'eau.
[0027] Le mélange aqueux est chauffé à 85°C et après dissolution complète des composants,
le mélange est transmis à une cuve de désaération, puis à une calandre d'épandage
réglée à l'épaisseur de 80 µ. La calandre est chauffée pour évaporer l'eau du film
et celui-ci est séché, puis enroulé en bobine.
[0028] Pour déterminer les propriétés mécaniques et physiques de ce film, on le soumet à
des tests à différents taux d'humidité relative (HR) et à des températures comprises
entre 22 et 23°C.
Résistance à la rupture en traction (NF T 54 102)
[0029]

Allongement à la rupture en traction (NF T 54 102)
[0030]

Perméabilité à la vapeur d'eau g/dm2/24h/25 microns
[0031]

x humidités relatives sur les faces du film.
[0032] Odeur très faible odeur acétique Perméabilité aux gaz cc/dm2/24h

[0033] Conditions du test : 96 heures à 32°C en atmosphère saturée.
[0034] Par ailleurs, avec ce film, on forme des sacs dans lesquels sont enfermés des cadavres
d'animaux.
[0035] Les sacs et leur contenu sont ensevelis en terre et des vérifications périodiques
ont montré que la résistance mécanique de la matière desdits sacs restait satisfaisante
pendant 30 à 60 jours et que ceux-ci disparaissaient progressivement à partir de 180
jours pour être éliminés complètement après 260 jours.
[0036] Avec le film selon l'invention, il est possible de fabriquer des enveloppes destinées
à servir de linceul.
[0037] Ainsi, dès que la mort a été constatée par un médecin, on peut introduire le cadavre
dans l'enveloppe fabriquée à l'avance et comportant une ouverture, après quoi on ferme
cette ouverture par soudure, par exemple au moyen d'une thermosoudeuse portative à
la disposition du médecin, ou de toute autre personne autorisée. L'enveloppe enferme
ainsi le cadavre de façon étanche et elle empêche les odeurs de décomposition de se
répandre. Le corps peut rester ainsi plusieurs jours sans qu'il en résulte d'émissions
d'odeurs, ni de difficultés d'hygiène. En effet, d'une part, la soudure et la matière
de l'enveloppe sont étanches et d'autre part, l'action des émissions liquides provenant
du cadavre sur la matière de l'enveloppe peut par exemple conduire à un début de destruction
de celle-ci en quelques dizaines de jours.
[0038] Notamment dans le cas où le cadavre par suite d'une maladie aurait tendance à lettre
de grandes quantités de gaz susceptibles de faire éclater l'enveloppe étanche, il
est avantageux d'équiper celle-ci d'une soupape permettant auxdits gaz de s'échapper
bulle à bulle. Dans ce cas, il est avantageux que ladite soupape soit du type à travers
lequel on puisse faire le vide. Ainsi, après la soudure de l'ouverture de l'enveloppe,
on fait le vide à l'intérieur de celle-ci, par exemple à l'aide d'un simple aspirateur.
Une telle aspiration permet de retarder la décomposition du cadavre puisque l'atmosphère
à l'intérieur de l'enveloppe est raréfiée. Par suite, le temps d'exposition du cadavre
dans son enveloppe peut alors être allongé si nécessaire.
[0039] L'enveloppe peut être au moins partiellement transparente pour permettre l'exposition
du corps à la famille et aux amis avant l'ensevelissement. Cependant, il est avantageux
que l'enveloppe ne soit transparente qu'au niveau du visage et soit opaque ailleurs,
de façon que le cadavre puisse être enfermé sans vêtement à l'intérieur de la housse.
[0040] De façon connue, peu de temps avant l'ensevelissement, le cadavre enfermé dans son
enveloppe peut être introduit dans un cercueil. Cependant, grâce à l'enveloppe selon
l'invention, il est éventuellement possible de supprimer ledit cercueil, qui est alors
remplacé par ladite enveloppe.
[0041] La partie opaque de cette enveloppe peut être décorée et/ou colorée et/ou simuler,
par exemple, des vêtements. De plus, l'enveloppe peut être parfumée et/ou aseptisée.
[0042] Comme mentionné ci-dessus, le film selon l'invention pourra également être utilisé
pour réaliser des cuvettes biodégradables de fond de cercueil.
1 - Film d'alcool polyvinylique à dissolution aqueuse retardée, obtenu à partir de
résine alcool polyvinylique, saponifiée,
caractérisé en ce que son épaisseur est choisie entre 30 et 100 µ et en ce que la
résine d'alcool polyvinylique de base contient une proportion en poids d'acétate de
vinyl résiduel, non saponifié, comprise entre 0,2 et 0,7 %.
2 - Film d'alcool polyvinylique selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il
comporte de la glycérine ou un corps analogue à titre de plastifiant.
3 - Film d'alcool polyvinylique selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il
comporte dans sa masse au moins un agent anti-blocking.
4 - Film d'alcool polyvinylique selon les revendications 2 et 3,
caractérisé en ce que, avant élimination de l'eau servant à la dissolution aqueuse,
sa composition en poids est approximativement la suivante :

- Eau : quantité suffisante pour la dissolution aqueuse de la résine.
5 - Film d'alcool polyvinylique selon la revendication 4, caractérisé en ce qu'il
comporte au moins un opacifiant dans une proportion pondérale comprise entre 10 et
25 %.
6 - Procédé de fabrication d'un film selon l'une quelconque des revendications 1 à
5, selon lequel on mélange en continu tous les composants, y compris l'eau, et on
chauffe le mélange aqueux, puis on épand ledit mélange sur une calandre où il est
chauffé.
caractérisé en ce qu'on utilise une résine d'alcool polyvinylique dont la saponification
de l'acétate de vinyl est telle que la proportion en poids d'acétate de vinyl résiduel
non saponifié est comprise entre 0,2 % et 0,7 %, en ce que ledit mélange aqueux, avant
épandage sur la calandre, est chauffé à une température comprise entre 80 et 95°C,
et en ce que l'on réalise un film dont l'épaisseur est comprise entre 30 et 100 p.
7 - Procédé de fabrication selon la revendication 6, caractérisé en ce que ledit mélange
aqueux est soumis à désaération avant épandage.
8 - Application du film selon l'une quelconque des revendications 1 à 5,
caractérisé en ce que ledit film est utilisé pour réaliser des linceuls, housses mortuaires,
cuvettes de cercueil, etc... devant présenter une grande résistance mécanique pendant
quelques dizaines de jours suivant leur mise en contact avec le corps d'un être mort,
mais être entièrement biodégradés après quelques mois de ce contact.
9 - Application selon la revendication 8, à la fabrication d'une enveloppe étanche
d'ensevelissement, caractérisée en ce que ladite enveloppe est pourvue d'une soupape
permettant les communications gazeuses de l'intérieur de l'enveloppe vers l'extérieur.
10 - Enveloppe selon la revendication 9, caractérisée en ce que la soupape permet
de faire le vide dans ladite enveloppe.