[0001] La présente invention porte sur un procédé perfectionné pour la fabrication de rails,
et notamment de rails à haute résistance.
[0002] Elle a pour objet l'obtention, dans la chaude de laminage, et de préférence sans
addition d'éléments d'alliage, de rails présentant, après refroidissement, les caractéristiques
mécaniques suivantes :
- résistance à la rupture élevée : au moins 1080 MPa au bourrelet pour les aciers
à haute résistance;
- allongement : au moins égal à 10 %.
[0003] Par aciers à haute résistance, il faut entendre spécialement des aciers contenant
0,4 % à 0,85 % de C, 0,4 % à 1 % de Mn et O,1 % à 0,4 % de Si, et de préférence 0,6
%à 0,85 % de C et 0,6 % à 0,8 % de Mn.
[0004] Le cas échéant, ces aciers peuvent contenir jusqu'à 1 % de Cr, ou jusqu'à 0,3 % de
Mo ou jusqu'à 0,15 % de V.
[0005] Il ne sort pas du domaine de l'invention d'appliquer le procédé à des aciers dont
les teneurs en carbone et en manganèse sont comprises entre 0,4 % et 0,6 %, et ne
contenant de préférence pas d'éléments d'alliage et qui présentent une résistance
à la rupture d'au moins 750 MPa.
[0006] Il est bien connu de soumettre les produits laminés, à la sortie du laminoir à chaud,
à une opération de refroidissement, plus ou moins accéléré, en les plongeant dans
une cuve contenant un bain aqueux qui peut être à sa température d'ébullition.
[0007] A cet égard, un procédé de traitement d'un rail dans l'eau bouillante est déjà connu
par le brevet belge N° 754.416. Ce procédé provoque cependant l'apparition de gradients
thermiques très élevés entre le bourrelet et le patin au cours du traitement, qui
entraînent une déformation permanente importante du rail.
[0008] Pour remédier à cet inconvénient, il a alors été proposé, en particulier dans le
brevet belge N° 854.834, d'effectuer un refroidissement différentiel du rail, en refroidissant
de façon différente le bourrelet et le patin. Selon ce brevet belge, le bourrelet
du rail est soumis à un refroidissement accéléré par trempe à l'eau bouillante agitée
mécaniquement, alors que le patin est refroidi à l'air ou dans l'eau calme à 100°C.
[0009] Ce procédé connu permet certes de minimiser les déformations permanentes des rails.
Toutefois, sa mise en oeuvre à l'échelle industrielle présente de grandes difficultés
technologiques.
[0010] En outre, il peut provoquer d'importantes déformations transitoires du rail au cours
du traitement, ce qui risque de donner lieu à certaines déformations permanentes.
[0011] La présente invention a précisément pour objet un procédé permettant d'éliminer les
inconvénients mentionnés ci-dessus.
[0012] Le procédé qui fait l'objet de la présente invention, est essentiellement caractérisé
en ce qu'à la sortie du laminoir à chaud, on abaisse la température du rail jusqu'à
une valeur non inférieure à celle à laquelle débute la transformation perlitique dans
le bourrelet, en ce qu'à partir de cette température, on soumet le rail en défilement
continu à un refroidissement rapide jusqu'à une température inférieure à environ 650°C,
de façon que soient effectués, à la fin de ce refroidissement rapide, au moins 80
% de la transformation allotropique austénite - perlite dans le rail, et en ce que
l'on refroidit ensuite le rail jusqu'à la température ambiante.
[0013] Selon une première variante intéressante du procédé de l'invention, la vitesse du
refroidissement rapide est comprise entre 2°C/s et 10°C/s. -
[0014] Le procédé de l'invention est avantageusement mis en oeuvre en ajustant le coefficient
de transfert calorifique entre le rail et l'agent de refroidissement au cours du refroidissement
rapide.
[0015] Selon une mise en oeuvre intéressante, on opère le refroidissement rapide en projetant
de l'eau sur le rail et en adaptant le débit d'eau projetée à la température du rail.
[0016] Egalement selon l'invention, on adapte le débit d'eau projetée pendant le refroidissement
rapide à la massivité des différentes parties du rail, de façon à atteindre une vitesse
de refroidissement sensiblement identique dans toutes les parties du rail..
[0017] Dans une mise en oeuvre particulièrement intéressante, on utilise pour le refroidissement
rapide du rail, une installation pourvue de dispositifs de projection d'eau, par exemple
des gicleurs, répartis autour du rail et sur sa trajectoire, de façon à permettre
d'ajuster le débit d'eau projetée en fonction de la température du rail.
[0018] A cet égard, il est spécialement avantageux de recourir à une répartition non uniforme
des gicleurs sur la trajectoire du rail, notamment en augmentant le nombre de gicleurs
dans la zone où se produit la recalescence de l'acier.
[0019] Selon une autre variante du procédé de l'invention, on applique au rail une accélération,
de préférence sensiblement uniforme dans la zone de refroidissement rapide et on ajuste
la valeur de cette accélération en fonction de la différence de température mesurée
entre les extrémités du rail à l'entrée de la zone de refroidissement, de façon telle
que la température du rail à la sortie de cette zone soit inférieure à environ 650°C
et que soient effectués, à la sortie de cette zone, au moins 80 % de la transformation
allotropique austénite - perlite dans le rail.
[0020] Selon l'invention, cette accélération du rail permet de maintenir une température
de rail sensiblement constante à la sortie de la zone de refroidissement rapide et
de veiller à ce que la recalescence, dans toute portion du rail, se produise toujours
à l'endroit approprié de la zone de refroidissement rapide.
[0021] Le procédé de l'invention permet de limiter les effets de la différence de massivité
des diverses parties du rail (bourrelet, âme, patin) et de la recalescence de l'acier
sur les déformations transitoires au cours du-refroidissement.
[0022] Outre qu'il assure l'obtention des bonnes propriétés mécaniques désirées, ce procédé
contribue à améliorer la rectitude des rails en réduisant fortement les déformations
transitoires au cours du refroidissement et par conséquent à réduire l'importance
du dressage après le laminage.
[0023] L'exemple qui suit, illustre l'amélioration importante qu'apporte le procédé de l'invention.
[0024] Trois rails (A, B,C) de 12 m de longueur ont été soumis respectivement à un refroidissement
par un procédé connu d'immersion dans l'eau bouillante et par le procédé de l'invention,
d'une part sans accélération et d'autre part avec accélération du rail au cours du
refroidissement rapide. La composition de l'acier des trois rails était sensiblement
identique :

[0025] Dans les trois cas, les rails sortant du laminoir et mis à la longueur de 12 m ont
quitté le poste de sciage à une température d'environ 950°C. Les propriétés mécaniques
du bourrelet ont été déterminées selon la norme UIC 860.0, c'est-à-dire aux 2/5 de
la hauteur du bourrelet.
[0026] Le rail A a été refroidi à l'air jusqu'à 695°C puis immergé dans l'eau bouillante
pendant 67 secondes. Sa température de sortie de l'eau était de 560°C.
[0027] Le bourrelet présentait une charge de rupture de 1115 MPa et un allongement de 10
%. A la sortie du bain, ce rail A présentait une flèche verticale de 700 mm, qui avait
disparu après 300 sec. Bien que s'étant redressé au cours du refroidissement final,
ce rail présentait donc une déformation transitoire importante.
[0028] Le rail B a été refroidi en défilement à une vitesse uniforme de 0,16 m/s, par projection
d'eau sous un débit de 28 m
3/h. La zone de refroidissement rapide avait une longueur de 10,70 m. La durée du refroidissement
a donc été de 67 sec. Sa température à l'entrée de la zone de refroidissement était
d'environ 800°C et sa température à la sortie s'élevait à 630°C.
[0029] Ainsi traité, il présentait dans le bourrelet une charge de rupture de 1188 MPa et
un allongement de 10 %. Il n'a pas été possible de mesurer la flèche du rail dans
la zone de refroidissement rapide, car le rail est sorti de ses glissières de guidage.
Par contre, la flèche verticale permanente après refroidissement complet était de
60 mm.
[0030] Le rail
C, traité de la même façon que le rail B, mais avec une vitesse initiale de 0,18 m/s
et une accélération de l'ordre de 0,01 m/sec
2, de sorte que la durée du traitement a été ramenée à 46 sec. Le débit d'eau de refroidissement
était de 34,2 m
3/h.
[0031] La température du rail était de 800
0C à l'entrée et de 620°C à la sortie de la zone de refroidissement.
[0032] Dans ces conditions, le bourrelet présentait une charge de rupture de 1100 MPa et
un allongement de 12,5 %.
[0033] La flèche verticale maximum au cours du refroidissement était de 20 mm, et la flèche
verticale permanente après le refroidissement final était également d'environ 20 mm.
[0034] Ces valeurs confirment l'amélioration apportée par l'invention en ce qui concerne
les déformations transitoires des rails.
1. Procédé pour la fabrication de rails, caractérisé en ce qu'à la sortie du laminoir
à chaud, on abaisse la température du rail jusqu'à une valeur non inférieure à celle
à laquelle débute la transformation perlitique dans le bourrelet, en ce qu' à partir
de cette température, on soumet le rail en défilement continu à un refroidissement
rapide jusqu'à une température inférieure à environ 650°C, de façon que soient effectués,
à la fin du refroidissement rapide, au moins 80 % de la transformation allotropique
austénite - perlite dans le rail, et en ce que l'on refroidit ensuite le rail jusqu'à
la température ambiante.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la vitesse du refroidissement
rapide est comprise entre 2°C/s et 10°C/s.
3. Procédé selon l'une ou l'autre des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que
l'on ajuste le coefficient de transfert calorifique entre le rail et l'agent de refroidissement
au cours du refroidissement rapide.
4. Procédé selon l'une ou l'autre des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
l'on opère le refroidissement rapide du rail par projection d'un agent de refroidissement,
par exemple de l'eau ou un brouillard d'eau.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que l'on ajuste le débit de
l'agent de refroidissement en fonction de la température du rail et/ou de la massivité
des différentes par- ties du rail.
6. Procédé selon l'une ou l'autre des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que,
pour exécuter le refroidissement rapide du rail, on utilise une installation pourvue
de dispositifs de projection d'un agent de refroidissement, par exemple des gicleurs,
répartis autour du rail et/ou sur sa trajectoire, de façon à permettre d'ajuster le
débit d'agent de refroidissement projeté, en fonction-de la température du rail.
7. Procédé selon l'une ou l'autre des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que
l'on applique au rail une accélération, de préférence sensiblement uniforme, dans
la zone de refroidissement rapide et en ce que l'on ajuste la valeur de cette accélération
en fonction de la différence de température mesurée entre les extrémités du rail à
l'entrée de cette zone, de telle façon que la température du rail à la sortie de cette
zone soit inférieure à environ 6500C et que soient effectués, à la sortie de cette zone, au moins 80% de la transformation
allotropique austénite - perlite dans le rail.
8. Procédé suivant l'une ou l'autre des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que
l'on augmente le débit d'agent de refroidissement dans la portion de la zone de refroidissement
rapide où le rail est le siège du phénomène de recalescence de l'acier.