[0001] La présente invention se rapporte à une famille de procédés de laminage dans laquelle
les cylindres de travail sont mobiles dans l'espace et viennent au contact du produit
périodiquement, sur tout ou partie de leur trajectoire. v
[0002] Des installations de laminage construites selon ce principe sont aujourd'hui bien
connues sous la dénomination "laminoir planétaire" et présentent une conception particulière
à partir d'une série de petits cylindres de travail horizontaux, disposés en "cage
d'écureuil" tournant à grande vitesse autour de rouleaux d'appui montés en "duo" de
part et d'autre du produit.
[0003] Par commodité pour la suite, on convient de qualifier de "planétaire" tout laminoir,
quelque soit sa conception, dont les cylindres de travail répondent aux critères de
mobilité indiqués ci-avant.
[0004] On sait que le principe du laminoir planétaire résoud le problème du laminage de
produits à vitesse de défilement très lente (par exemple de l'ordre de 1 m/mn) grâce
à la superposition du mouvement de déplacement dans l'espace de l'axe géométrique
du cylindre de travail avec son mouvement habituel de rotation sur lui-même, ce qui
assure un temps de contact très court entre le produit à laminer et le cylindre.
[0005] En dehors de la variante connue dite de "laminage oblique", dans laquelle le cylindre
de travail est en permanence au contact du produit, lequel présente obligatoirement
une symétrie périodique de révolution, (ce qui en limite singulièrement le domaine
d'application), les principales variantes du laminage planétaire ont toutes en commun
l'existence d'une discontinuité de vitesse entre l'orbite du cylindre et la direction
de l'écoulement du métal à laminer à l'entrée du laminoir. Cette discontinuité se
traduit par un choc relativement violent chaque fois qu'un cylindre arrive au contact
du produit à laminer (de l'ordre de 2 à 3000 fois par mn), d'où il résulte des sollicitations
mécaniques très sévères pour le matériel et des conditions de travail pénibles pour
le personnel en raison du bruit occasionné.
[0006] Dans une version, proposée par la Société de droit anglais "Hille Engineering", le
cylindre parcourt son orbite en remontant l'empoise de la cage-support et se raccorde
quasi-tangentiellement avec le produit, ce qui devrait avoir pour effet de réduire
le niveau sonore. A la connaissance de l'inventeur, cette solution n'a toutefois été
proposée que pour les produits longs et impose un laminage "en remontant" (i.e. à
l'opposé du sens de déplacement du produit à laminer), ce qui limite l'applicabilité
du procédé.
[0007] La présente invention a pour but de résoudre le problème de ces chocs répétitifs
des nuisances sonores propres au laminoir planétaire à l'aide d'une solution qui ne
présente pas les inconvénients des méthodes connues.
v
[0008] A cet effet, l'invention a pour objet un procédé pour la conduite d'un laminoir planétaire
selon lequel le cylindre de travail parcourt une orbite sur une portion de laquelle
au moins il vient au contact du produit à laminer, procédé caractérisé en ce que la
direction de laminage du produit étant supposée horizontale, on confère au mouvement
du cylindre, sur ladite portion de l'orbite, une trajectoire en forme de "5" à l'horizontale
et limitée par deux points où les tangentes à l'orbite sont parallèles entre elles
et à la direction de laminage du produit.
[0009] L'invention a également pour objet un dispositif de mise en oeuvre du procédé, caractérisé
en ce qu'il est constitué par une combinaison d'excentriques et de bielles qui impriment
à l'axe du cylindre de laminage un déplacement dans l'espace selon une orbite comportant
une portion de trajectoire en forme de "S" à l'horizontale limitée par deux points
où les tangentes à ladite orbite sont parallèles entre elles et à la direction de
déplacement du produit à laminer.
[0010] L'invention sera mieux comprise et d'autres aspects et avantages apparaîtront plus
clairement au vu de la description qui suit, donnés en références aux planches de
dessins annexées, sur lesquelles :
- la figure 1 est un schéma de principe du procédé, montrant la portion de l'orbite
du cylindre de travail au contact du produit,
- les figures 2, 3 et 4 sont des schémas de principe montrant différentes variantes
de réalisation d'un dispositif pour la mise en oeuvre du procédé.
[0011] Sur la figure 1, on a représenté en 1 un cylindre de travail dont l'axe 2 parcourt
une orbite 3 en boucle fermée. Pour une meilleure compréhension de l'invention, seule
la partie de l'orbite proche du produit à laminer 5 est représentée sur la figure.
[0012] Plus précisément, la portion 4 de cette orbite, portion le long de laquelle le cylindre
1 est au contact du produit 5, présente une trajectoire en forme de "S" à l'horizontale
limitée par deux points extrêmes A et B où les tangentes T
A, T
B à l'orbite 3 menées en ces points sont parallèles entre elles et parallèles à la
direction de laminage du produit 5, indiquée par la flèche V sur la figure et qui,
en pratique, peut être considérée généralement comme parfaitement horizontale.
[0013] La trajectoire 4 présente avantageusement un point d'inflexion 1 pour assurer un
déplacement régulier du cylindre 1 entre les points extrêmes A et B.
[0014] Pour permettre le laminage, un système antagoniste A'I'B' est disposé symétriquement
au premier système A.I.B. par rapport au produit à laminer 5. On retrouve dans ce
système antagoniste A'I'R' les mêmes éléments et dispositions, que dans le système
A.I.B. repérés par des références qui sont différenciées seulement par le signe "prime".
[0015] Les axes 2, 2' des cylindres de travail 1, l' sont horizontaux et perpendiculaires
au plan de la figure. On voit donc que l'épaisseur du produit laminé 5 est ainsi réduite
de la quantité 2d (d étant la distance séparant les tangentes T
A et T
B - respectivement T
AI et T
B'-), lorsque les cylindres 1 et l' parcourent leur arc respectif AB et A'B'.
[0016] Ces cylindres peuvent parcourir leur arc dans un sens ou dans l'autre, étant entendu
qu'ils se déplacent simultanément dans le même sens. Dans la suite de la description,
on ne considèrera, pour simplifier, que le déplacement du cylindre de travail supérieur
1. Lorsque, comme le montre la figure, ce cylindre parcourt l'arc AB de A vers B,
il vient au contact du produit 5 en A et le quitte en B. Entre ces deux points, le
contact avec le produit est permanent pour exercer l'effort de laminage, et le cylindre
roule sur la surface du produit, dans le sens de rotation indiqué par les flèches.
[0017] Conformément à l'invention, la partie de l'orbite 3 située au delà du point A, i.e.
la partie de la trajectoire qu'emprunte l'axe 2 juste avant la venue du cylindre au
contact du produit à laminer en A, peut :
- ou se poursuivre, de l'autre côté de la tangente TA, sans modification sensible de la direction du secteur vitesse, le point A étant
alors un point d'inflexion (variante repérée par la lettre cerclée ⓐ sur la figure),
- ou, selon une autre variante, se poursuivre avec inversion du sens du secteur vitesse,
le point A étant dans ce cas un point de rebroussement (variante repérée par la lettre
cerclée ⓑ).
[0018] Quelque soit la variante mise en oeuvre, la trajectoire du cylindre 1 raccorde tangentiellement
la surface du produit à laminer 5 et il ne peut, de ce fait, y avoir de choc.
[0019] Il va de soi que les dispositions précédentes s'appliquent également à l'égard du
point B si l'on souhaite laminer le produit 5 en "remontant", c'est-à-dire si le cylindre
1 doit parcourir son arc de travail AB dans le sens allant de B vers A. Dans ce cas
toutefois, il faut observer que le raccordement en B n'est pas rigoureusement tangentiel
à la surface du produit 5 en raison de la légère avance de ce dernier pendant le temps
où le cylindre 1 boucle son orbite 3 de A vers B en dehors de la portion 4 (cas où
l'orbite 3 est parcouru en totalité toujours dans le même sens). Il pourra donc se
produire en B un choc très léger, mais dont le niveau sonore demeure sans commune
mesure avec le bruit occasionné par les procédés connus existants.
[0020] Par contre, dans le cas où l'arc de travail AB est parcouru alternativement de A
vers B puis de B vers A, le cylindre 1 reste donc en permanence en contact du produit
à laminer 5 et il n'y aura par conséquent aucun choc.
[0021] Par ailleurs, pour ne pas risquer de nuire à la bonne qualité de surface des produits
laminés, on a avantage à éviter un patinage du cylindre sur le produit au moment de
la venue en contact.
[0022] A cet effet, conformément à une mise en oeuvre préférée de l'invention, on imprime
au cylindre, au moment de sa venue au contact du produit, une vitesse de rotation
égale, ou en tout cas voisine, de celle qui correspond aux conditions de roulement
du cylindre sur le produit à laminer (celle-ci étant définie, donc prédéterminable
comme on le sait et comme on sait la calculer, à partir de la vitesse du produit à
laminer, et des valeur et direction de la vitesse du cylindre sur son orbite au moment
du contact avec le produit).
[0023] Bien entendu, dans le cas de la variante @ , la vitesse de déplacement du cylindre
étant nécessairement nulle au moment de la venue en contact en A (puisque ce dernier
est un point de rebroussement), la vitesse de rotation du cylindre autour de son axe
2 sera avantageusement nulle à cet instant également.
[0024] De même, les problèmes éventuels de synchronisation de la vitesse de rotation du
cylindre au moment du contact ne se posent pas dans le cas où l'arc de travail est
parcouru alternativement de A vers B puis de R vers A, puisque le cylindre de travail
reste alors en permanence au contact du produit à laminer.
[0025] Quelque soit la variante retenue, le cylindre de travail est entraîné en rotation
autour de son axe 2 sous l'effet des cissions qui prennent naissance au contact du
produit laminé. L'énergie est fournie par les moteurs commandant le système qui engendre
le mouvement du cylindre sur son orbite.
[0026] Dans le ces du laminage planétaire pluricylindre classique, tel qu'évoqué au début,
la composante horizontale de la résultante des forces agissant le long de l'arc de
contact AB est dirigée dans le sens opposé à celui du laminage, ce qui a pour effet
un rejet vers l'arrière de la matière à laminer. Cette force doit donc être équilibrée
par un organe pousseur qui est généralement une première cage "duo" ordinaire placée
en amont du planétaire par rapport au sens de laminage et qui impose au produit à
laminer une loi de déplacement, ladite force étant maximale au moment où le cylindre
de travail vient au contact du produit.
[0027] Dans le procédé selon l'invention, la forme d'"S" à l'horizontale de l'arc de contact
AB est telle que cette force de poussée est minimale quand le contact du cylindre
avec le produit 5 s'établit, ce qui a pour effet de minimiser les sollicitations sur
l'organe de poussée imposant la loi d'avancement du produit à laminer.
[0028] Le dispositif assurant le déplacement des cylindres de travail selon une orbite 3
conforme à l'invention est réalisé par combinaison d'excentriques et de bielles, dont
trois différentes formes de réalisation sont représentées sur les figures 2, 3 et
4 respectivement..
[0029] Les figures 2 et 3 illustrent chacune un dispositif conçu pour permettre au cylindre
de travail 1 de parcourir son orbite 3 en totalité dans le même sens (sens indiqué
par les flèches).
[0030] Le dispositif représenté sur la figure 2 se compose essentiellement, comme on le
voit, de trois bielles 21, 22 et 23, de trois excentriques 24, 25 et 26 et d'une tringle
de liaison 27.
[0031] Chaque bielle est articulée à l'une de ses extrémités (respectivement 28, 29, 30)
à un excentrique (24, 25, 26). La bielle 21 est fixée à son autre extrémité sur l'axe
2 du cylindre de travail 1. Les deux autres bielles 22, 23 forment à leur autre extrémité
un couple rotatif M et la tringle 27 relie ce point mobile M à l'axe 2. Les arbres
des trois excentriques tournent dans le sens indiqué par les flèches. Les vitesses
de rotation sont égales en valeur absolue, leurs rapports étant maintenus fixes, par
exemple au moyen d'engrenages non-représentés sur la figure. L'un des excentriques
est entraîné par un moteur également non représenté.
[0032] Dans ces conditions, l'axe 2 du cylindre de travail parcourt l'arc de contact AB
de A vers B en prenant contact avec le produit en A, ce point constituant un point
de rebroussement (variante de type b).
[0033] Le dispositif représenté sur la figure 3 comprend seulement deux bielles 31, 32 et
deux excentriques 33, 34. La bielle 31 est reliée à l'axe 2 du cylindre de travail
et se trouve prolongée au delà de son point d'articulation 35 sur l'excentrique 34
jusqu'à un point mobile N formant un couple avec la bielle 32 à son extrémité opposée
à celle de son attache 3
6 sur l'excentrique 33. Les deux excentriques tournent dans des sens opposés, comme
l'indiquent les flèches, le reste étant inchangé par rapport au dispositif décrit
en référence à la figure 3.
[0034] Dans ces conditions, l'axe 2 du cylindre 1 parcourt l'arc de travail AB de A yers
B en prenant contact avec le produit en A, ce point constituant un point d'inflexion
(variante de type 0 ).
[0035] Le dispositif représenté sur la figure 4 est similaire à celui de la figure 2. On
y retrouve, selon la même organisation, un jeu de trois bielles 41, 42, 43 et de trois
excentriques 44, 45, 46, une tringle de liaison 47 et les articulations 48, 49, 50
entre les exentriques et les bielles, ainsi que le point mobile M reliant les bielles
42, 43 et la tringle 47 en un couple de rotation commun.
[0036] A la différence toutefois du dispositif représenté sur la figure 2, l'un des excentriques,
en l'occurence l'excentrique 46 dans l'exemple représenté, est entraîné selon un mouvement
de rotation alternatif inférieur à un tour, par un quatrième excentrique 51 à l'aide
d'une bielle supplémentaire 52, l'arbre de l'excentrique 53 étant entraîné en rotation
continue par un moteur.
[0037] Dans ces conditions, l'axe 2 du cylindre de travail 1 parcourt l'arc de travail AB
alternativement de A vers B puis de B vers A (laminage en "remontant" dans ce dernier
cas) et le cylindre reste donc en permanence au contact du produit à laminer 5.
[0038] Bien entendu, l'invention ne saurait se limiter aux exemples décrits, mais s'étend
à de multiples variantes ou équivalents dans la mesure où sont respectées les caractéristiques
énoncées dans les revendications jointes.
1) Procédé de conduite d'un laminoir planétaire selon lequel le cylindre de travail
(1) parcourt une orbite (3) sur une portion (4) au moins de laquelle, il vient au
contact du produit à laminer (5), procédé caractérisé en ce que la direction de laminage
(V) du produit (5) étant supposée horizontale, on confère au mouvement du cylindre
(1) sur ladite portion (4) une trajectoire en forme de "S" à l'horizontale, limitée
par deux points (A et B) où les tangentes (Ta et Tb) à l'orbite (3) sont parallèles entre-elles et à la direction de laminage du produit
(5).
2) Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le point (A ou B) de la
portion (4) où le cylindre (1) vient au contact du produit à laminer (5) est un point
d'inflexion de l'orbite (3) de déplacement dudit cylindre.
3) Procédé selon la revendication 1 caractérisé en ce que le point (A ou B) de la
portion (4) où le cylindre (1) vient au contact du produit à laminer (5) est un point
de rebroussement de l'orbite (3) de déplacement dudit cylindre.
4) Procédé selon les revendications 1 ou 2 caractérisé en ce que la portion de trajectoire
(4) présente, entre ses deux points extrêmes, (A et B), un point d'inflexion (1).
5) Procédé selon la revendication 2 caractérisé en ce que l'on imprime au cylindre
(1), au moment de son contact avec le produit à laminer (5), une vitesse de rotation
autour de son axe (2) égale ou sensiblement égale à celle qui correspond aux conditions
de roulement du cylindre sur le produit en cours de laminage.
6) Dispositif pour la mise en oeuvre du procédé selon la revendication 1 caractérisé
en ce qu'il est constitué par une combinaison d'excentriques et de bielles qui impriment
à l'axe (2) du cylindre de travail (1) un déplacement dans l'espace selon une orbite
comportant une portion de trajectoire (4) en forme d "S" à l'horizontale limitée par
deux points (A et B) où les tangentes à ladite orbite sont parallèles entre-elles
et à la direction de laminage du produit, celle-ci étant supposée horizontale.