[0001] L'invention concerne les traitements mécaniques de fibres végétales en vue de leur
affinage. L'invention concerne plus spécialement le teillage du lin, qui a pour but
de séparer les fibres textiles des fibres de bois contenues dans les pailles de lin,
qui ont le plus souvent été préalablement rouies.
[0002] Le teillage du lin comprend traditionnellement deux opérations successives : le broyage
et le teillage proprement dit, ces deux opérations étant réalisées en continu sur
des installations automatisées. Le broyage est réalisé par passage des pailles de
lin, disposées en nappe continue, entre des cylindres métalliques cannelés : les pailles
étalées horizontalement sont pincées entre deux courroies qui maintiennent et déplacent
la nappe : les cylindres cannelés, ayant de 18 à 25 dents selon les constructeurs,
sont placés perpendiculairement à la direction des courroies et de telle sorte que
le plan horizontal dans lequel se situe la nappe passe entre les jeux de deux cylindres
placés l'un au dessus de l'autre, le cylindre supérieur exerçant une pression sur
le cylindre inférieur. Avant de pénétrer entre les cylindres, la nappe passe par un
embarrage qui a pour effet d'orienter les pailles dans le sens de l'avancement des
courroies ; ainsi les pailles sont broyées entre les cylindres cannelés dans le sens
de leur longueur.
[0003] Ce procédé de broyage par cylindres cannelés présente de nombreux inconvénients.
La modification de la direction des pailles par l'embarrage entraîne une hétérogénéité
du broyage, puisque les pailles se présentent entre les cylindres dans le sens longitudinal
sur une partie de leur longueur, mais aussi dans le sens transversal sur une autre
partie. Par ailleurs, les pailles se présentent le plus souvent entre les cylindres
sous la forme de paquets irréguliers, et on comprend bien que l'action des cylindres,
entre lesquels s'exerce une pression constante, étant fonction de la quantité de paille,
la présence de paquets irréguliers entraîne une nouvelle hétérogénéité du broyage.
Ces inconvénients sont parfaitement illustrés par l'usure des cylindres cannelés,
dont on peut constater qu'elle est très irrégulière et par la même amplifie les défauts
précédents.
[0004] Le teillage proprement dit est réalisé après broyage sur la nappe de lin, dont une
extrémité est pincée entre deux courroies qui maintiennent et déplacent la nappe.
Des lames, dénommées couteaux, fixées à la périphérie de deux tambours rotatifs et
tournant en sens inverse, viennent battre la nappe et éliminent la partie ligneuse
des pailles de lin. L'opération de teillage proprement dit doit compenser les irrégularités
dues au broyage préalable.
[0005] Or on a trouvé un nouveau procédé de traitement des pailles de lin en vue de séparer
les fibres textiles des fibres de bois dont le résultat technique s'apparente au teillage.
Ce procédé permet en une seule opération de réaliser le broyage dans des conditions
améliorées de régularité et tout ou partie du teillage proprement dit. Pour la suite
de la description, nous utiliserons le terme générique de teillage pour définir le
résultat technique ainsi obtenu. Le procédé de teillage en une seule opération selon
l'invention élimine les inconvénients constatés dans le procédé conventionnel mettant
en oeuvre les deux opérations de broyages et de teillage proprement dit.
[0006] Le procédé conforme à l'invention de traitement d'une nappe de fibres végétales entrainée
de façon continue dans un plan moyen de référence, se caractérise en ce qu'on exerce
sur la nappe une action de martelage intensif sensiblement perpendiculairement audit
plan moyen, suivie d'une action de raclage le long des fibres.
[0007] Le martelage intensif conforme à l'invention, implique des chocs énergiques répétés,
et se distingue parfaitement du battage obtenu par les couteaux des tambours rotatifs
mentionnés plus haut, ou par les lames du rotor du document FR-A-1 213 423. Dans ces
dispositifs connus, les organes batteurs viennent frapper la nappe pratiquement tangentiellement,
et sont plutôt destinés à mettre celle-ci en vibration. En revanche, le martelage
intensif perpendiculaire au plan moyen de la nappe (la nappe pouvant du reste sortir
de ce plan moyen sous l'action dudit martelage) vise un effet de broyage des fibres,
complété par le raclage subséquent.
[0008] Avantageusement, la nappe se déplace entre un bloc fixe et un bloc mobile, ce dernier
exerçant l'action de martelage intensif.
[0009] Avantageusement, le bloc mobile exerce aussi l'action de raclage.
[0010] Avantageusement, la nappe est martelée et raclée par des organes communs portés sur
le bloc mobile, lequel est entraîné en rotation.
[0011] L'invention vise aussi un matériel destiné à mettre en oeuvre le procédé précité.
Ce matériel comprend, outre un moyen d'entrainement continu de la nappe de fibres
dans un plan moyen de référence, des moyens de martelage intensif de la nappe dans
une direction sensiblement perpendiculaire à son plan moyen, et des moyens de raclage
des fibres le long de celles-ci.
[0012] Avantageusement, les moyens de martelage intensif et de raclage sont constitués par
des organes communs portés par un bloc mobile.
[0013] Avantageusement, le bloc mobile est animé d'un mouvement de rotation.
[0014] Avantageusement, le bloc rotatif comprend en périphérie un ou plusieurs marteaux,
le bloc étant disposé par rapport à la nappe de façon que les marteaux arrivent sensiblement
perpendiculairement au plan moyen de la nappe pour la frapper.
[0015] Avantageusement, les marteaux sont montés mobiles sur des axes portés par le bloc
rotatif et parallèles à son axe de rotation.
[0016] Lorsque le bloc mobile est mis en rotation, les marteaux, par la force centrifuge,
sont orientés vers l'extérieur du bloc. Chaque marteau vient frapper la nappe de paille
qui se déplace entre un bloc fixe et le bloc mobile. Cet agencement des marteaux permet
de laisser passer des sur-épaisseurs, voire des corps étrangers tels que des pierres.
On peut concevoir d'autres types d'escamotage des marteaux (par exemple, des marteaux
fixes avec élasticité radiale).
[0017] Avantageusement, le bloc mobile est placé dans une enceinte de forme approximativement
cylindrique, en sorte que chaque marteau, après avoir frappé la nappe des pailles,
glisse à la surface de celles-ci et poursuit une action progressive de teillage. Une
ouverture est prévue à la partie inférieure de cette enceinte pour la récupération
des sous-produits du teillage.
[0018] Avantageusement, la nappe continue de pailles de lin, maintenue entre deux courroies
de transport, tombe verticalement (définissant ainsi le plan moyen de la nappe) et
se déplace entre les deux blocs ; le bloc fixe est une tige métallique au contact
de la paille, en oblique par rapport à celle-ci, de manière à ce que, dans le sens
du déplacement de la nappe, la première extrémité soit au niveau le plus bas de la
paille et la seconde extrémité soit à la hauteur de la partie inférieure de la courroie
de transport.
[0019] Avantageusement, le bloc mobile tourne autour d'un axe de rotation sensiblement contenu
dans le plan moyen de la nappe, et oblique par rapport à la direction d'avancement
de celle-ci.
[0020] Un ensemble de teillage selon l'invention comprend une succession de plusieurs matériels
composés de blocs fixes et de blocs mobiles, entre lesquels est intercalé un mécanisme
connu de retournement des pailles. Cet ensemble permet de teiller les pieds des pailles
de lin puis les têtes ou inversement.
[0021] L'invention sera mieux comprise à l'aide d'un exemple de réalisation décrit ci-dessous
et illustré par les figures 1, 1 bis, 2, 3 et 4, la figure 1 étant une vue de côté
d'un ensemble de teillage, la figure 1 bis étant une vue de dessus du même ensemble
de teillage, les figures 2 et 3 deux coupes transversales du matériel de teillage
respectivement au niveau des plans AA' et BB', la ligne 4 montrant une variante de
réalisation de la figure 3.
[0022] Les pailles de lin 1 sont constituées sous forme d'une nappe continue, pincée approximativement
au tiers de sa longueur entre deux courroies, l'une mâle 2, l'autre femelle 3. Les
courroies sont animées d'un mouvement continu de l'ordre de 40 mètres par minutes,
entraînant le déplacement de la nappe de pailles à travers l'ensemble de teillage.
Cet ensemble est constitué par la succession de deux installations de teillage 4 et
4' agissant sur les pieds des pailles, d'un mécanisme connu 5 de retournement des
pailles et de deux installations de teillage 6 et 6' agissant sur les têtes des pailles,
un même dispositif collecteur 7 récupérant la totalité des sous-produits à la partie
inférieure des différentes installations de teillage.
[0023] Chaque installation de teillage comprend un bloc fixe 8, qui est une tige métallique
rigide, montée oblique par rapport à la nappe de pailles de lin, au contact de celle-ci,
l'extrémité 8a de cette tige étant au niveau le plus bas de la paille à teiller, l'extrémité
8b étant à la hauteur de la partie inférieure de la courroie de transport. Pour des
pailles dont la hauteur à teiller h est de l'ordre de 800 mm, la longueur de la tige
métallique 8 est de 1500 mm. Chaque installation de teillage comprend également un
bloc mobile 9, rotatif autour d'un axe 10 paralllèle à la direction du bloc fixe 8,
cet axe 10 étant sensiblement dans le plan moyen vertical 1' de la nappe ; ledit bloc
mobile comprend un ensemble de six marteaux 11 disposés symétriquement et montés libres
autour de leur axe 12, cet axe étant aussi parallèle à la direction du bloc fixe 8
: chacun de ces marteaux est un corps métallique, asymétrique (fig. 2 et 3) ou symétrique
(fig. 4), présentant une extrémité arrondie 13. Lors de la mise en rotation par l'entraînement
d'un moteur non représenté, du bloc mobile 9, les marteaux s'orientent sous l'action
de la force centrifuge de sorte que la partie la plus lourde soit en périphérie et
que l'extrémité 13 frappe les pailles de lin en 14, suivant la ligne où elles sont
situées entre la tige 8 et le bloc mobile. Chacun des six marteaux décrits ci-dessus
peut être lui-même décomposé en un certain nombre de marteaux alignés individuellement
libres autour du même axe, de longueur réduite, de l'ordre de 50 mm. Le poids de chaque
marteau est de 200 grammes, la mise en rotation du bloc mobile de 600 tours par minute.
[0024] Grâce à l'emplacement de l'axe 10, les marteaux arrivent sensiblement perpendiculairement
au plan moyen l' de la nappe et exercent sur elle un martelage d'autant plus intensif
que la nappe est maintenue à- proximité de l'impact par la barre 8. Il en résulte
un effet de cisaillage favorable au résultat recherché.
[0025] Il est à observer que les résultats avantageux du traitement de l'invention sont
liés à l'effet d'impact localisé imparti par chaque marteau. Une augmentation excessive
du nombre de marteaux conduit à des résultats moins bons, probablement parce que l'action
de nombreux marteaux se rapproche alors de l'écrasement continu obtenu dans le broyage
classique.
[0026] La tige fixe 8 se prolonge par une surface d'appui courbe 15 qui a un profil calculé
de telle sorte que l'extrémité arrondie 13 du marteau 11, après avoir frappé en 14
les pailles de lin 1, poursuit sa course en raclant lesdites pailles qui sont théoriquement
plaquées contre la paroi interne de cette surface courbe 15 (fig. 3). Ladite surface
a donc un profil approximativement cylindrique dont l'axe de symétrie est l'axe de
rotation du bloc mobile 9.
[0027] Bien que certaines fibres puissent se comporter comme indiqué ci-dessus et se plaquer
sur la paroi 15, l'observation stroboscopique de matériels en fonctionnement a montré
que la tige de lin, une fois qu'elle a été frappée par le marteau 13, a plutôt tendance
à venir épouser le contour de marteaux sous l'effet d'un phénomène aérodynamique complexe.
Aussi, comme représenté en figure 4, prévoit-on des dispositifs antibarbes 16 pour
éviter que les tiges ne s'enroulent autour des axes 12. Ce phénomène aérodynamique
est positif car il entraîne un raclage beaucoup plus énergique et donc un teillage
plus poussé.
[0028] A la partie inférieure du bloc mobile 9 et dans le prolongement de la surface courbe
15 sont évacués les sous- produitsdu teillage : anas, poussières qui sont ainsi éliminés.
[0029] Ainsi chaque paille de lin, se déplaçant dans le sens de la flèche S et entrant dans
l'installation de teillage 4, subit d'abord l'action des marteaux au niveau le plus
bas des pieds. Un marteau frappant la paille au droit de l'extrémité 8 a du bloc fixe
8 ; la même paille est frappée ensuite par un autre marteau, alors que la courroie
de transport s'est elle-même déplacée, le point d'impact de ce second marteau n'étant
pas de ce fait identique au premier et se déplaçant le long de la tige rigide et oblique
8. En conséquence, lorsque la même paille a traversé toute l'installation de teillage
4, c'est toute sa longueur disponible en deçà du point de pincement des courroies
qui a été frappée par la succession des marteaux individuels.
[0030] Cette action de teillage est réglable à volonté, pour une même vitesse de déplacement
de la nappe, en fonction de la vitesses de rotation du bloc mobile 9, et aussi du
choix de la forme, du poids et du nombre de marteaux individuels. Par ailleurs, pour
un réglage donné de la machine, l'action de teillage est uniforme sur toute la longueur
des pailles.
[0031] Pour obtenir une élimination suffisante des fibres de bois, il est plus souvent nécessaire
de procéder à plusieurs opérations du type décrit précédemment et donc de disposer
en série de plusieurs installations de teillage. Après le teillage des pieds des pailles
de lin, la nappe est retournée selon une technique traditionnalle dans le métier du
lin, dans un dispositif approprié 5. Enfin l'opération de teillage se poursuit au
niveau de tête des pailles de lin dans une ou plusieurs installations de teillage.
[0032] La figure 1 bis illustre l'exemple d'un ensemble de teillage comprenant successivement
deux installations de teillage 4 et 4' pour le teillage des pieds des pailles de lin,
le dispositif de retournement 5 et des deux installations de teillage 6 et 6' pour
le teillage des têtes des pailles de lin. Dans les installations 4' et 6' les blocs
fixe 8 et mobile 9 sont disposés l'un par rapport à l'autre à l'inverse de leur disposition
dans les installations 4 et 6 ; de la sorte, l'impact des marteaux 13 des installations
4 et 6 sur la nappe de pailles se produit sur l'une des faces de la nappe, alors qu'il
se produit sur l'autre face dans les installations 4' et 6'. Cette disposition particulière
permet d'augmenter la régularité du teillage.
[0033] Il est aussi à noter, et c'est un avantage complémentaire de cette forme de l'invention,
que l'évacuation des sous-produits de teillage par le collecteur placée à la partie
inférieure de chaque installation de teillage ne nécessite que très peu d'énergie,
compte-tenu de l'effet de ventilateur provoqué par le bloc mobile en rotation : les
anas et les poussières sont projetés vers ledit collecteur.
[0034] L'exemple qui vient d'être décrit et qui est le meilleur mode de réalisation connu
à ce jour n'est pas restrictif des autres variantes de l'invention, telle que celle
dans laquelle le bloc mobile est animé non d'un mouvement rotatif mais alternatif.
[0035] Comme on l'a dit en tête de ce mémoire, l'invention ne concerne pas que le traitement
du lin, même si elle procure dans le cas de ce dernier, des avantages particuliers
(le fait par exemple que la première machine de traitement de la ligne peut effectuer
l'élimination des grains de lin, traditionnellement réalisée sur une machine autonome
précédant le teillage). L'invention s'applique aussi au traitement du chanvre, etc.
1. Procédé de traitement d'une nappe (1) de fibres végétales entraînée de façon continue
dans un plan moyen (1') de référence, caractérisé en ce qu'on exerce sur la nappe
une action de martelage intensif sensiblement perpendiculairement audit plan moyen
(1') suivie d'une action de raclage le long des fibres.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la nappe se déplace entre
un bloc fixe (8) et un bloc mobile (9), ce dernier exerçant l'action de martelage
intensif.
3. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que le bloc mobile (9) exerce
aussi l'action de raclage.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 2 ou 3, caractérisé en ce que
la nappe est martelée et raclée par des organes communs (11) portés sur le bloc mobile
(9), lequel est entraîné en rotation.
5. Matériel de traitement pour la mise en oeuvre du procédé de l'une quelconque des
revendications 1 à 4, comprenant un moyen (2,3) d'entraînement continu de la nappe
de fibres dans un plan moyen (1') de référence, caractérisé en ce qu'il comprend des
moyens (11) de martelage intensif de la nappe (1) dans une direction sensiblement
perpendiculaire à son plan moyen (1'), et des moyens (11) de raclage des fibres le
long de celles-ci.
6. Matériel selon la revendication 5, caractérisé en ce que les moyens de martelage
intensif et de raclage sont constitués par des organes communs (11) portés par un
bloc mobile (9).
7. Matériel selon la revendication 6, caractérisé en ce que le bloc mobile (9) est
animé d'un mouvement de rotation.
8. Matériel selon la revendication 7, caractérisé en ce que le bloc rotatif (9) comprend
en périphérie un ou plusieurs marteaux (11), le bloc (9) étant disposé par rapport
à la nappe (1) de façon que les marteaux (11) arrivent sensiblement perpendiculairement
au plan moyen (1') de la nappe pour la frapper.
9. Matériel selon la revendication 8, cararctérisé en ce que les marteaux (11) sont
montés mobiles sur des axes (12) portés par le bloc rotatif (9) et parallèles à son
axe de rotation (10).
10. Matériel selon l'une quelconque des revendications 7 à 9, caractérisé en ce que
le bloc mobile (9) tourne autour d'un axe de rotation (10) sensiblement contenu dans
le plan moyen (1') de la nappe, et oblique par rapport à la direction d'avancement
de celle-ci.
11. Matériel selon l'une quelconque des revendications 6 à 10, caractérisé en ce qu'il
comporte un moyen d'appui fixe (15) coopérant avec le bloc mobile (9) pour le raclage
des fibres.