[0001] L'invention concerne un procédé de levage d'une structure à surface généralement
horizontale sensiblement étanche, ou rendue étanche. Par levage, il est entendu qu'on
désigne plus particulièrement un mouvement de bas en haut (qui sera l'application
la plus fréquente du procédé), mais également, le cas échéant, de haut en bas. En
effet, la réalisation de certaines structures est souvent simplifiée par une exécution
à un niveau plus bas que le niveau définitif ? une opération de levage est ensuite
nécessaire. Le procédé décrit est adaptable à une exécution à un niveau plus haut
que le niveau définitif suivi d'une descente ; il peut être intéressant pour tout
déplacement de charge ayant une surface d'appui rendue étanche.
[0002] Dans le cas où les charges sont assez bien réparties, il est très avantageux d'avoir
un moyen de levage développant une force répartie ; les efforts dans la structure
sont alors faibles et ne nécessitent pas (ou peu) de renforts pour cette phase.
[0003] On connaît par le document FR-A-2 215 519 un procédé de levage selon lequel on crée
sous la surface, dite surface poussée, de la structure, un espace fermé qu'on alimente
en gaz sous pression, ladite surface participant à la fermeture de l'espace.
[0004] Ce gaz est de préférence de l'air. La surpression d'air engendre une force uniformément
répartie indépendante des différences de niveaux de la paroi recevant la poussée.
L'air est un fluide gratuit, n'ayant pas de nuisance sur les matériaux constituant
la structure ou environnant. Pour que l'air puisse assurer la portance de la surface
poussée dans une direction essentiellement verticale, il convient que la surface poussée
ait une projection horizontale suffisante. C'est ce qu'on entend en tête de ce mémoire
en parlant d'une structure à surface généralement horizontale.
[0005] Le procédé divulgué dans le document précité n'a pu avoir de suite, car il est purement
utopique : toute tentative de levage par ce procédé est vouée à l'échec en raison
de l'instabilité de la surface poussée, qui a tendance, sous la moindre sollicitation
extérieure, à prendre du gîte, en abimant à cette occasion la membrane souple qui
clôt le volume de poussée.
[0006] Le but de l'invention est de proposer un procédé de levage stable et donc viable.
[0007] Ce but est atteint selon l'invention en ce qu'on exerce au moyen du gaz sous pression
une force de levage différente (toutefois généralement voisine) de la charge de la
structure à lever, la différence étant reprise par des moyens mécaniques de poussée
ou de traction annexes.
[0008] Selon un mode de réalisation, la pression du gaz sert à sustenter une partie de la
charge, de préférence entre 90 % et 99,5 % de celle-ci, le reste étant repris par
des moyens mécaniques assurant également le mouvement de levage.
[0009] Selon un autre mode de réalisation, la pression du gaz sert à pousser la surface
d'une force supérieure à sa charge, le reste étant repris par des moyens de traction
assurant également le levage.
[0010] Pour réaliser la surpression d'air, il est nécessaire de clore totalement le volume
sous la surface d'application par un système compatible avec les déplacements de la
structure.
[0011] Avantageusement, l'espace fermé est formé d'une base constituée par une surface d'appui
fixe et étanche, de préférence sensiblement parallèle à la surface poussée, d'une
jupe périphérique étanche compatible avec la variation d'écartement entre la surface
d'appui et la surface poussée pendant le levage, et, naturellement, de la surface
poussée elle-même.
[0012] Avantageusement, la jupe périphérique est une bâche souple qui peut être caoutchoutée
ou plastifiée.
[0013] Il peut être nécessaire de prévoir des surfaces d'appui pour cette bâche, afin d'empêcher
la formation de poches ayant des rayons de courbure importants entrainant des efforts
de traction élevés.
[0014] La bâche doit être difficile à déchirer, souple, facilement réparable en cas d'accident,
Elle peut être collée ou pincée avec un cordon mousse sur les bords des surfaces fixes
et mobiles,
[0015] Ires surfaces d'appui de la bâche n'existent pas, en général, en totalité dans la
construction elles sont donc réalisées pour cette opération ; elles doivent être parallèles,
distantes d'une dizaine de centimètres l'une de l'autre, valeur compatible avec les
tolérances de construction, le bon déroulement de la bâche et des efforts de traction
faibles. Généralement, elles seront verticales , mais dans le cas où la levée doit
être accompagnée d'un déplacement horizontal, elles pourront être obliques.
[0016] La peau de l'ossature d'appui doit être très soignée pour éviter les pincements de
la bâche et des percements.
[0017] Les éléments sont avantageusement démontables afin de permettre d'éventuelles réparations
de la bâche.
[0018] La structure de cette ossature d'appui peut être constituée par des éléments de coffrage
ou par une résille spécialement conçue à cet effet.
[0019] Des orifices d'arrivée d'air et de dégonflage sont disposés dans la bâche ou dans
la structure.
[0020] Une autre solution consiste à prévoir deux surfaces étanches, parallèles, lisses,
munies d'un joint fixé à l'une et glissant sur l'autre.
[0021] Les fissures éventuelles dans le béton des surfaces fixes et mobiles peuvent entrainer
des fuites d'air ; leur intensité est toutefois faible et ne compromet pas le fonctionnement
de l'ensemble du coussin d'air.
[0022] Avantageusement, des guides verticaux sont installés pour éviter translations et
rotations; des vérins complémentaires assurent le règlage de l'horizontalité et des
appuis de secours, tels que des étais,empêchent à tout moment la chute de la structure
en cas de rupture de la jupe périphérique.
[0023] Les guides verticaux ont pour mission d'équilibrer les actions horizontales agissant
sur la structure levée, dont l'origine peut être notamment le vent, la pression de
la bâche sur les surfaces d'appuis en cas de dissymétries accidentelles ou de conception
, ou encore l'inclinaison des vérins et étais.
[0024] Selon la forme de la structure, on disposera 2, 3 ou plusieurs guides.
[0025] Un système peut être constitué par deux galets placés de part et d'autre d'un rail
rigidifié par une structure à treillis métallique ; le rail est solidaire . de la
structure fixe, les galets liés à la structure mobile ou réciproquement.
[0026] Si les galets sont libres de se déplacer sur leur axe, seule la force perpendiculaire
à cet axe est équilibrée, il faut donc quatre guides de ce type pour faire face à
une action horizontale de direction quelconque.
[0027] Les déformations de la structure doivent être évaluées dans les différentes phases
(avec et sans surpression).
[0028] Il peut être nécessaire de modifier la position des galets en cours de levage par
de petits vérins hydrauliques.
[0029] Il est avantageux d'assurer le guidage vertical par les vérins de levage si l'examen
des déformations et des efforts le permet.
[0030] Les actions horizontales, l'écart de position entre la poussée résultante et le centre
de gravité engendrent un couple de renversement qui doit être équilibré par des vérins
secondaires,
[0031] On calcule les forces nécessaires pour amener centre de gravité et poussée résultante
sur la même verticale ; deux possibilités se présentent :
- la poussée de l'air équilibre la charge totale moins la poussée des vérins ;
- la poussée de l'air équilibre la charge totale plus la traction des vérins ou des
cables,
[0032] Selon le premier aspect - de l'invention, la pression du gaz sert à sustenter l'essentiel
de la char-
ge de la structure, de préférence entre 90% et 99,5% de celle-ci, le reste étant repris
par des moyens mécaniques assurant également le mouvement de levage,
[0033] La quantité d'air dans le coussin doit être accrue au fur et à mesure de la levée
; la surpression doit être constante afin de ne pas modifier la charge sur les vérins.
[0034] Un système d'asservissement consiste à réguler la pression à une valeur constante
avec une faible tolérance par un régulateur de pression. Une variation inférieure
ou égale à + 2 millibars est réalisable.
[0035] Les vérins hydrauliques commandent la levée à condition que leur vitesse soit compatible
avec le débit d'air fourni par le compresseur ; la pression d'huile dans les vérins
est donc surveillée.
[0036] La variation de la charge portée par l'air est une charge supplémentaire sur les
vérins. Les vérins doivent pouvoir équilibrer toutes les actions verticales aléatoires
pendant le levage (par ex., la succion du vent, les variations de résistance au roulement
des galets).
[0037] Le nombre de vérins dépend de la structure à lever, il est au moins égal à 3.
[0038] Les hauteurs de levée en 3 points sont comparées ; des corrections de niveau sont
apportées par les vérins.
[0039] Il est possible d'installer un système de correction automatique de dénivellation.
[0040] Les valeurs de pression d'air, forces par vérins calculées sont vérifiées au décollement
de la structure,
[0041] On peut réduire l'excentrement du centre de gravité de la structure à lever en plaçant
sur celle-ci des contrepoids.
[0042] Les déformations de la structure pendant le levage et lors de l'appui en fin de mouvement
rendent souhaitable généralement l'interposition de plaques d'élastomère fretté entre
les étais et vérins et la structure d'appui.
[0043] La structure levée repose sur les étais de sécurité ; la stabilité horizontale doit
être éventuellement renforcée pour tenir compte d'actions de vent sur longue durée.
[0044] Le système d'étanchéité est alors démonté et la construction des appuis définitifs
entreprise,
[0045] Selon le second aspect de l'invention, on reprend par la pression du gaz plus que
100 % de la charge, par exemple 102 % de la charge, et on retient la structure par
des forces de traction.
[0046] Le problème du flambement est alors supprimé, des cables peuvent être utilisés et
les levages peuvent être envisagés sur de grandes hauteurs ; la structure fixe doit
être prévue pour ces actions.
[0047] La traction dans les cables peut être obtenue par des treuils ou des contrepoids
avec poulies.
[0048] Un autre avantage de cette solution est de créer un couple de rappel plus important
qu'avec la solution précédemment développée, en raison de l'éloignement plus grand
des points d'application des forces résultantes dirigées vers le haut et vers le bas.
[0049] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description suivante d'un mode
particulier de réalisation, se référant aux dessins annexés sur lesquels
- la figure 1 est une vue partielle en coupe de la partie supérieure d'une structure
réalisée conformément à l'invention.
- la figure 2 est une vue schématique de dessus montrant la répartition des étais
et des vérins.
- la figure 3 est une vue en coupe partielle de la structure montrant la bâche et
l'ossature d'appui, avant levage.
- la figure 4 est une vue analogue à la figure 3, en fin de levage.
[0050] La figure 1 montre la partie haute d'une structure réalisée conformément à l'invention.
Cette structure destinée à couvrir un réacteur nucléaire consiste essentiellement
en deux enceintes cylindriques externe 1 et interne 2, recouvertes respectivement
de dômes externe 3 et interne 4 de même courbure en regard.
[0051] Pour donner une idée des dimensions des structures que peut concerner l'invention,
on peut préciser que dans un exemple particulier, les dômes 3,4 ont une flèche d'environ
9m, pour un diamètre d'une cinquantaine de mètres. Ils sont espacés l'un de l'autre
de deux mètres et le dôme externe culmine à plus de 60 m au dessus du sol.
[0052] Après avoir monté de façon traditionnelle, les enceintes 2,3 et le dôme interne 4,
on a utilisé ce dernier comme coffrage du dôme externe 3(fig,3) en ayant soin de disposer
entre les deux dômes 3,4 un feuilleté 5 autorisant par la suite le passage de l'air
et le décollement-des dômes. Ce feuilleté peut consister de manière connue d'une superposition
de treillis soudé, de panneau d'aggloméré et de feuilles de matière plastique ; ou
de géotextiles à fort pourcentage de vide recouverts de matière plastique.
[0053] La construction de la ceinture 6 du dôme externe 3 peut être facilitée par l'utilisation
de prédal- les 7 de forme adaptée qui évite le problème d'un coffrage en porte à faux.
Cette prédalle présente aussi l'avantage de créer naturellement, une dépouille et
un intervalle de circulation d'air sans interposition de feuilleté. Elle favorise
l'implantation des inserts de fixation de la jupe.
[0054] On fixe sous la base de la ceinture 6 du dôme externe 3 des éléments verticaux 8
d'une ossature d'appui périphérique, intercalée entre les deux enceintes 1 et 2, et
sur laquelle va pouvoir s'appuyer une bâche étanche souple 9 faisant le tour de la
structure. Cette bâche 9 est fixée de façon étanche d'une part à la périphérie du
dôme externe, par exemple en 10, au niveau de la fixation de l'ossature d'appui 8
sur la ceinture 6, et d'autre part, en 11, à la périphérie du dôme interne.
[0055] Cette fixation étanche, obtenue par exemple par cloutage, sous baguette et joint,
ou collage, est réalisée de façon que la bâche 9 forme une poche 12 vers le bas, ce
qui permettra à la bâche de suivre le mouvement d'élévation du dôme par résorption
de ladite poche,
[0056] L'ossature d'appui comporte des éléments verticaux 8 espacés périphériquement de
1 à 2 m, ainsi que des éléments horizontaux (non représentés) espacés d'un demi- mètre
et formant une résille métallique sur laquelle il est possible de venir accrocher
des plaques 13 de contre- plaqué qui formeront l'appui plein sur lequel portera la
bâche sous pression. Cette disposition a l'avantage d'être très souple et légère ;
elle autorise un démontage et des réparations rapides in situ en vue du colmatage
d'une fuite dans la bâche par exemple.
[0057] On peut cependant choisir de remplacer tout ou partie de ce dispositif par des éléments
de coffrage déjà disponibles sur le chantier.
[0058] Les éléments verticaux 8 de l'ossature d'appui sont munis d'un organe 14 tel qu'une
roulette ou un patin de glissement, leur permettant de s'appuyer sur l'enceinte extérieure
1 en permanence,y compris pendant le mouvement d'élévation du dôme externe 3.
[0059] Lors du coulage de la ceinture 6, on a prévu de réserver par trente-six fourreaux
15 un logement pour six vérins 16 et trente étais verticaux 17, répartis sur la périphérie
et espacés d'environ 4,40 m (cf.fig.2) Les vérins sont eux-mêmes munis d'un écrou
de sécurité.
[0060] Les vérins 16 et étais 17 reposent, par l'intermédiaire d'un appui élastomère 18,
sur l'enceinte 1.
[0061] Pour procéder au levage du dôme externe 3, on alimente l'espace fermé 19 réservé
entre les deux dômes 3,4 et la bâche périphérique 9, en air comprimé. Celui- ci est
à une pression régulée pour assurer la reprise de la plus grosse partie de la charge
moyenne; entre 95% et 99,5%. Ces valeurs ne sont cependant pas critiques, et peuvent
être modifiées en fonction de divers facteurs ; c'est ainsi qu'un vent puissant peut
créer une force de succion ascensionnelle s'exerçant sur le dôme externe et rendant
souhaitable, pour des questions de stabilité, de ne reprendre par la pression de l'air
qu'environ 90% de la charge.
[0062] Le levage proprement dit est effectué par les vérins 16, Pour tenir compte du déséquilibre
éventuel de la charge, résultant,soit de sa constitution soit d'actions extérieures
(vents), les vérins sont répartis en trois groupes de deux vérins 16a, 16b, 16c, alimentés
à des pressions qui peuvent être différentes,
[0063] Afin d'assurer la sécurité totale du procédé, le dôme externe doit pouvoir reposer
à tout moment sans chute sur des appuis de secours .C'est le rôle des étais 17 constitués
par des barres ou tubes 17a filetés extérieurement sur la hauteur de la levée et munis
d'un écrou 17b qui est vissé au fur et à mesure de la montée,
[0064] En fin de levage, le dôme 3 repose sur les étais de sécurité 17 (environ 100 tonnes
par étais).
[0065] L'invention s'applique au levage ou au déplacement vertical ou oblique de toutes
sortes de structures de grande envergure, notamment dans le domaine de la construction
des ouvrages d'art ou des structures industrielles.
1. Procédé de levage d'une structure à surface (3) généralement horizontale sensiblement
étanche, du type selon lequel on crée sous la surface (3), dite surface poussée, un
espace fermé (19) qu'on alimente en gaz sous pression, ladite surface (3) participant
à la fermeture de l'espace (19), caractérisé en ce qu'on exerce au moyen du gaz sous
pression une force de levage différente de la charge de la structure à soulever, la
différence étant reprise par des moyens mécaniques de poussée ou de traction.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la pression du gaz sert
à sustenter une partie de la charge de la structure, de préférence entre 90% et 99,5%
de celle-ci, le reste étant repris par des moyens mécaniques (16) assurant également
le mouvement de levage.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la pression du gaz sert
à pousser la surface d'une force supérieure à sa charge, la différence étant reprise
par des moyens de traction.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
la pression du gaz est régulée à une valeur constante.
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que
l'espace (19) est fermé notamment par une jupe périphérique constituée par une bâche
souple (9) associée à une ossature d'appui (8,13).
6. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce qu'il
est prévu un guidage (8,14) de la structure dans la direction du levage.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce qu'il
est prévu un système d'appuis de sécurité (17).