[0001] L'invention est relative aux techniques de formation de feutres de fibres dans lesquelles
les fibres sont produites par centrifugation. Plus particulièrement l'invention se
rapporte à celles de ces techniques dans lesquelles les fibres sont produites en dirigeant
la matière étirable de l'extérieur à la périphérie d'une ou plusieurs roues de centrifugation
et sont entraînées par un courant gazeux longeant la paroi périphérique de la (ou
des) roue(s) de centrifugation.
[0002] La formation de fibres par ces techniques, et notamment de fibres de matériaux verriers,
est bien connue. On peut se reporter pour le détail des conditions de mise en oeuvre
en particulier à la demande de brevet publiée FR-A-2 500 492 de la Demanderesse.
[0003] Le mode de réception des fibres en vue de former des feutres dans le cadre de ces
techniques comporte un certain nombre de dispositions très spécifiques à ce type d'étirage.
[0004] En premier lieu, il est important de souligner que les roues sont ordinairement disposées
de telle sorte que leur axe de rotation est horizontal ou proche de cette position.
Les courants gazeux qui participent à la formation des fibres en les entraînant, mais
aussi en exerçant une action d'étirage à proximité des roues de centrifugation, sont
habituellement engendrés parallèlement à l'axe de rotation. Il est aussi préférable
de faire en sorte que les fibres, quelle que soit la zone de la roue où elles prennent
naissance, subissent un traitement homogène. Pour celà, le courant gazeux doit longer
la paroi de la roue à faible distance et en étant approximativement parallèle à la
paroi périphérique. Les courants gazeux dans ces conditions sont, au moins à l'origine,
voisins de l'horizontale.
[0005] Ces techniques de centrifugation, même dans leurs modes de mise en oeuvre les plus
performants, tels que ceux décrits dans la demande de brevet précitée, ne permettent
pas d'éviter complètement la projection de produits infibrés immédiatement à l'aplomb
du dispositif de fibrage ou légèrement en avant de celui-ci sur le trajet suivi par
le courant gazeux portant les fibres. La réception des fibres en vue de former le
féutre est donc avantageusement située à une certaine distance du dispositif de centrifugation.
De cette façon il s'opère un tri dynamique qui aboutit automatiquement à l'élimination
des particules infibrées les plus grossières.
[0006] En pratique une fosse est habituellement ménagée sous le centrifugeur pour recevoir
les infibrés, tandis que la réception, constituée par un convoyeur perforé, est placée
à une distance qui dépend des caractéristiques du flux gazeux portant les fibres.
[0007] Les fibres portées par les courants gazeux sont dirigées vers une chambre de réception
allongée suivant la direction générale de ces courants. Dans cette chambre, les courants
gazeux sont ralentis progressivement. Ceci permet d'éviter un impact trop brutal des
fibres avec le convoyeur qui clos la chambre de réception à sa base.
[0008] Le ralentissement des courants gazeux portant les fibres est dû à l'entraînement
d'une masse d'air environnant, masse qui s'accroît au fur et à mesure de la progression
du courant gazeux "moteur".
[0009] Etant donnée la longueur de la chambre de réception et donc la longueur du trajet
des gaz, une certaine sédimentation des fibres s'opère sur ce trajet. Aussi le convoyeur
s'étend suivant une direction qui correspond à peu près à celle suivie par le courant
gazeux.
[0010] Sous le convoyeur une atmosphère en dépression est maintenue. Sous l'effet de cette
dépression les gaz portant les fibres sont aspirés à travers le convoyeur déposant
au passage les fibres qu'ils portent. Cette aspiration contribue à infléchir la trajectoire
des libres et des gaz vers le convoyeur.
[0011] On comprend que la circulation des gaz et des fibres dans les installations de ce
type est soumise à de multiples influences et que la répartition homogène des fibres
sur le convoyeur soit délicate à assurer. En plus du flux gazeux participant à l'étirage,
il faut tenir compte de l'influence des courants induits qui modifient la répartition
des fibres. Il faut tenir compte aussi des courants préférentiels que peut engendrer
l'aspiration à travers le convoyeur. Il faut enfin encore tenir compte de la géométrie
de la chambre qui peut être la cause de modifications importantes dans la circulation
de ces courants.
[0012] Si dans les publications antérieures relatives à ces techniques, on s'est efforcé
par divers moyens, y compris en modifiant les caractéritiques des gaz moteurs ou celles
des gaz induits, d'améliorer les phénomènes aboutissant à la formation des fibres,
il ne semble pas que les questions concernant la distribution des fibres dans le feutre
aient fait l'objet d'études approfondies. Cette question est pourtant d'une grande
importance étant donnée que la qualité du produit préparé est directement liée à l'homogénéité
de cette distribution. Un produit homogène peut ainsi être beaucoup moins épais et
donc nécessiter moins de matière, moins de transport, etc... qu'un produit présentant
les mêmes propriétés isolantes mais de mauvaise homogénéité. Pour obtenir en tout
point du feutre une masse par unité de surface au moins égale à une valeur que l'on
s'impose compte tenu de la qualité du produit final recherché, globalement la quantité
de fibres nécessaires peut ainsi être de 15 à 20 %, plus importante lorsque la répartition
n'est pas satisfaisante.
[0013] Les propriétés mécaniques des produits, en particulier vis-à-vis de la compression,
sont aussi très sensiblement influencées par l'homogénéité de la distribution des
fibres.
[0014] Il est donc particulièrement souhaitable d'obtenir un produit dans lequel les fibres
sont bien uniformément distribuées. Un des aspect de cette distribution concerne la
répartition transversalement au convoyeur. Il apparaît en effet très difficile d'obtenir
dans les conditions traditionnelles un dépôt uniforme sur toute la largeur. Ordinairement
on constate une densité de fibres plus forte sur les bords du feutre formé et un "creux"
au centre du feutre.
[0015] Les raisons qui aboutissent à cette distribution transversale sont mal connues.
[0016] Il est remarquable que l'effet est à l'opposé de ce que l'on observe pour les feutres
formés avec des dispositifs tels que ceux décrits dans la publication FR-A-2 510 909.
Dans le cas de ces dispositifs pour lesquels les fibres sont obtenues en centrifugeant
le maté= riau à travers les orifices disposés sur la paroi périphérique d'un centrifugeur,
on constate en effet un dépôt de fibres plus important au centre du convoyeur. Les
comparaisons sont de toute façon difficiles à établir dans la mesure où, indépendamment
des considérations relatives aux moyens pour former les fibres, la disposition générale
de l'instal= lation de fibrage est totalement différente. En particulier dans les
techniques auxquelles se rapporte la publication antérieure citée, le courant gazeux
est dirigé verticalement de haut en bas, et le convoyeur est disposé transversalement
à la trajectoire de ce courant.
[0017] Il est possible d'émettre certaines hypothèses sur les causes de la distribution
constatée. Parmi ces hypothèses, une des plus simples est la suivante :
Le courant gazeux d'étirage est envoyé suivant une direction sensiblement parallèle
à l'axe de la ou des roues. Au contact de celles-ci et également des fibres, le courant
gazeux serait modifié et prendrait une forme tourbillonnaire qui aurait tendance à
projeter les fibres vers l'extérieur et donc vers les bords du convoyeur. La présence
de parois latérales dans la chambre de réception, le long du convoyeur, constituerait
un obstacle sur la trajectoire des fibres vers l'extérieur et aboutirait à une accumulation
des fibres au pied de ces parois. Cette explication qui a le mérite de la simplicité,
ne permet pas de rendre compte parfaitement des phénomènes observés.
[0018] Quoiqu'il en soit, la répartition des fibres sur le feutre préparé de façon traditionnelle,
n'est pas satisfaisante. L'invention se propose d'améliorer cette répartition.
[0019] Il est apparu au cours des recherches effectuées par les inventeurs qu'il est possible
d'obtenir une répartition sensiblement meilleure en effectuant un soufflage additionnel
dans le sens de progression du courant gazeux portant les fibres, sur les côtés de
ce courant, le long des parois bordant le convoyeur de réception.
[0020] Antérieurement, dans les techniques de formation de feutres telles que celle décrite
dans la publication FR-A 2 510 909, il a été proposé d'améliorer la distribution des
fibres dans le feutre en modifiant la trajectoire du courant gazeux. Dans ce cas l'utilisation
des jets gazeux additionnels a pour but de faire en sorte que le courant gazeux portant
les fibres couvre toute la largeur du convoyeur, ce qui est obtenu soit en modifiant
la géométrie du courant gazeux porteur de fibres, par exemple de la façon décrite
dans la publication FR-A-2 510 909 de la Demanderesse, ou en imprimant des impulsions
qui dévient alternativement le courant de manière à lui faire balayer toute la largeur
du convoyeur. Dans ce cas également l'utilisation de ces jets supplémentaires se caractérise
par le fait que les jets sont émis à proximité immédiate de l'origine du courant portant
les fibres pour que leur modification soit aussi efficace que possible. Autrement
dit, l'émission des jets additionnels se situe dans la chambre de réception à distance
du convoyeur.
[0021] Les dispositions selon l'invention sont fondamentalement différentes. Tout d'abord
la technique de fibrage et le type d'installation dans lesquels l'invention est mise
en oeuvre sont d'une autre nature comme nous l'avons indiqué précédemment, selon l'invention
ensuite, les jets gazeux additionnels n'ont pas pour but d'épanouir le courant gazeux
portant les fibres ou de faire varier sa direction périodiquement, enfin, toujours
selon l'invention, l'émission des jets additionnels est localisée à proximité du convoyeur
et non à l'origine du courant gazeux dans la chambre de réception.
[0022] Les caractéristiques des jets additionnels doivent bien entendu être réglées en fonction
de nombreux éléments spécifiques à chaque installation. Certains points sont cependant
communs à toutes les réalisations.
[0023] Ainsi les jets émis peuvent être très énergétiques, autrement dit ils peuvent être
émis sous forte pression, mais on constate expérimentalement que des jets à faible
pression permettent aussi d'obtenir des résultats très satisfaisants et à moindre
coût. Ceci confirme les différences de modalité d'action des jets selon l'invention
par rapport aux jets utilisés dans d'autres techniques, pour influencer la répartition
des fibres. La modification de la trajectoire du courant gazeux porteur de fibres,
dans ces techniques, requiert une dépense énergétique relativement forte ce qui n'est
pas le cas de l'invention.
[0024] Il est important également que l'émission des jets additionnels ait lieu le long
des parois latérales bordant le convoyeur, autrement dit sensiblement dans la direction
de propagation du courant portant les fibres. Lorsque la direction du courant gazeux
doit être modifiée, comme c'est le cas dans les techniques dont il a été question
plus haut, les jets sont dirigés vers le courant transversalement à sa trajectoire,
perpendiculairement sinon suivant un angle prononcé avec cette trajectoire. L'expérience
montre que selon l'invention, au contraire, lorsque l'angle des jets additionnels
avec la direction des courants gazeux portant les fibres, ou celui avec les parois
latérales de la chambre de réception ce qui est équivalent, est trop important l'effet
de ces jets sur la distribution décroit et peut même s'annuler. Pour cette raison,
l'angle des jets avec les parois est avantageusement inférieur à 20°. Dans la pratique,
il est préférable de diriger les jets parallèlement aux parois et également suivant
une direction parallèle au convoyeur.
[0025] L'énergie communiquée aux jets additionnels est relativement faible. Nous avons vu
que la pression du jet à l'orifice n'a pas besoin d'être élevée. Le volume de gaz
nécessaire est également relativement faible par rapport à la masse de gaz véhiculant
les fibres qui est aspirée sous le convoyeur. Cette quantité de gaz soufflée est réglée
en fonction de l'intensité de l'effet à obtenir. De façon simplifiée, on peut considérer,
dans certaines limites, que l'effet est d'autant plus marqué que la quantité soufflée
est plus importante.
[0026] Il ne faut cependant pas que la quantité soufflée soit trop importante car alors
on constate que l'effet diminue et peut aller jusqu'à s'annuler. Des essais simples
permettent de déterminer dans chaque cas les limites utiles.
[0027] Expérimentalement, on constate que pour rétablir une répartition satisfaisante des
fibres, la masse de gaz additionnels qu'il est nécessaire de souffler ne représente
habituellement pas plus de 2 à 3 % de la masse totale des gaz aspirés sous le convoyeur.
[0028] Les conditions d'émission sont telles que les jets gazeux ont une vitesse de l'ordre
de celle des courants gazeux, au même niveau, ou sensiblement plus grande.
[0029] Les jets additionnels sont émis le long du courant gazeux. Il n'est pas nécessaire
qu'ils couvrent toute la hauteur des parois latérales. Leur localisation au niveau
moyen du flux gazeux portant les fibres est suffisant. Eventuellement, ces jets additionnels
peuvent avantageusement être légèrement décalés vers le convoyeur. Le soufflage ne
doit pas cependant être effectué le long du convoyeur ce qui pourrait conduire à balayer
complètement les fibres qui se déposent. De préférence on laisse une distance minimum,
de 0,3 m entre le convoyeur et le point d'émission le plus proche du convoyeur.
[0030] Le mécanisme qui aboutit par soufflage selon l'invention à mieux alimenter le centre
du convoyeur et à diminuer en conséquence la masse de fibres par unité de surface
sur les côtés, n'est pas mieux élucidé que la raison de la distribution irrégulière
qui est constatée en l'absence de l'invention. Lorsque l'on considère la façon dont
l'accumulation de fibres sur le convoyeur se développe d'une extrémité à l'autre de
la chambre de réception, la seule conclusion que l'on peut tirer est que le mécanisme
en présence duquel on se trouve est un ensemble complexe qui n'est pas réductible
à un effet unique. Nous verrons ceci dans l'étude des exemples.
[0031] L'invention est décrite plus en détail dans la suite de la description en se référant
aux planches de dessins dans lesquelles :
- la figure 1 est une vue schématique en perspective de la partie d'une installation
dans laquelle les fibres sont produites puis recueillies pour former le feutre,
- la figure 2 est une vue de côté analogue à la figure 1, dans laquelle les parois
en façade de l'installation sont enlevées pour montrer la trajectoire des fibres et
leur dépôt sur le convoyeur,
- la figure 3 montre schématiquement le mode de distribution des fibres dans le feutre
sur une coupe transversale en l'absence de l'invention,
- la figure 4 montre en vue de dessus la disposition de jets additionnels dans des
conditions ne répondant pas à l'invention,
- la figure 5 est une vue détaillée d'un mode de réalisation du dispositif de soufflage
additionnel selon l'invention,
- la figure 6 est une vue d'un autre mode de réalisation de l'invention,
- la figure 7 est une vue de dessus du dispositif de la figure 6,
- la figure 8 montre schématiquement les quatre types de répartitions servant de base
pour caractériser les répartitions effectivement observées,
- la figure 9 est un graphique montrant l'influence de la pression de soufflage selon
l'invention sur un paramètre de mesure de la distribution,
- la figure 10 présente l'influence de la pression de soufflage selon l'invention
sur un autre paramètre de mesure de la distribution.
[0032] La partie de l'installation représentée à la figure 1 comprend essentiellement le
dispositif de formation des fibres et la chambre de réception dans laquelle se forme
le feutre.
[0033] Le dispositif de formation des fibres est constitué par un ensemble de trois roues
1, 2, 3 tournant en sens inverse les unes des autres, et des couronnes 4, 5 engendrant
un courant gazeux à la périphérie des roues de fibrage.
[0034] L'alimentation en matériau est assurée à partir d'un four ou d'un creuset 6. Le matériau
s'écoule par une goulotte 7 sur la première roue 1 dite roue de distribution parce
que son rôle principal est d'accélérer le matériau et que peu de fibres s'en détache.
[0035] Le matériau accéléré au contact de la roue 1 est projeté sur la roue 2. Une partie
du matériau adhère à cette roue puis, sous l'effet de la centrifugation, est projetée
sous forme de fins filaments. L'autre partie du matériau est renvoyée sur la roue
3 où elle adhère et forme des filaments de la même façon que pour la roue 2.
[0036] Les filaments qui se détachent des roues sont entraînés (et étirés lorsqu'ils sont
dans des conditions convenables) par un courant gazeux soufflé à partir des couronnes
de soufflage 4 et 5 qui entourent les roues d'où se détachent les fibres.
[0037] Eventuellement une couronne supplémentaire peut entourer, au moins partiellement,
la roue 1 lorsque celle-ci se trouve à même de produire également des fibres.
[0038] Le dispositif représenté est typique d'une installation pour la formation de fibres
minérales, notamment pour les matériaux dont la température de fusion est particulièrement
élevée : roche basaltique, laitier de fonderie, etc... Des installations analogues
comprenant des dispositifs de centrifugation à une, deux ou quatre roues sont également
couramment utilisées pour ce genre de production.
[0039] Des moyens sont normalement disposés au voisinage des roues, ou sur les roues elles-mêmes,
pour projeter une composition d'un liant sur les fibres entraînées par le courant
gazeux. Ces moyens ne sont pas représentés.
[0040] Sous le dispositif de centrifugation et en avant, se trouve une trémie 8 qui recueille
les particules infibrées projetées directement à partir du dispositif de centrifugation,
où celles qui, parce qu'elles sont trop denses, "sédimentent" avant d'atteindre le
convoyeur de réception 9.
[0041] La distance horizontale séparant le dispositif de formation des fibres du convoyeur
9 est de l'ordre de 2 à 3 m, ce qui permet une élimination relativement importante
d'infibrés ou de particules insuffisamment fibrées.
[0042] La chambre de réception dans laquelle circulent les fibres et les courants gazeux
qui les portent est pratiquement close. Les seules ouvertures permettant l'introduction
d'une quantité significative d'air extérieur se situent derrière l'appareil de centrifugation
et au niveau de la trémie 8. Ces ouvertures et l'air induit qu'elles laissent entrer
facilitent le bon développement du flux gazeux dans la chambre de réception.
[0043] Cette chambre de réception est fermée à sa base par le convoyeur 9 et latéralement,
le long du convoyeur, par des parois 10 et 11.
[0044] Pour des raisons, notamment de commodité d'entretien, les parois 10 et 11 sont avantageusement
mobiles en rotation et se déplacent dans le même sens que le convoyeur 9.
[0045] Entre la partie de la chambre délimitée par le convoyeur et les parois latérales
mobiles, et l'extrémité portant le dispositif de centrifugation la continuité est
assurée par des parois 15, 16 métalliques fixes, qui doivent être très résistantes
en raison des projections d'infibrés qui les frappent. Des volets de matériau souple
non représentés sont fixés aux extrémités des parois 15 et 16. Ces volets qui viennent
s'appliquer sur les parois mobiles 10 et 11 assurent l'étanchéité à ce niveau.
[0046] La chambre est également close à sa partie supérieure ce qui n'est pas représenté
sur la figure 1, pour des raisons de clarté.
[0047] Des caissons d'aspiration 12 et 13 sont disposés sous le convoyeur 9 sur toute la
longueur. Ces caissons qui sont maintenus en dépression par rapport à la chambre de
réception évacuent les gaz porteurs des fibres, après que celles-ci aient été retenues
sur le convoyeur.
[0048] La figure 2 montre de façon approximative la trajectoire suivie par les gaz et les
fibres.
[0049] Le mouvement des courants gazeux circulant dans la chambre de réception est commandé
par les gaz d'étirage émis le long des roues de centrifugation. Il est commandé aussi
par l'aspiration maintenue sous le convoyeur de réception. S'ajoutent à ces effets
ceux qui résultent de l'induction d'air ambiant.
[0050] La quantité de gaz franchissant le convoyeur 9 est très supérieure à celle émise
par les couronnes de soufflage 4 et 5. Pour la majeure partie, le gaz aspiré dans
les caissons 12 et 13 pénètre dans la chambre de réception par des ouvertures ménagées
pour laisser pénétrer l'air "induit". Les ouvertures en question sont situées principalement
au niveau de la trémie 8 et sur la paroi de la chambre sur laquelle se trouve le dispositif
de fibrage.
[0051] Les flèches I schématisent les grandes lignes de courant de l'air induit.
[0052] La circulation de l'air induit dans la trémie 8 se fait à contre courant des particules
projetées à partir des roues de centrifugation. Ce mouvement permet de compléter l'effet
de tri recherché pour séparer les fibres des particules infibrées.
[0053] Dans l'ensemble, les fibres se déplacent dans la chambre de réception suivant une
direction voisine de l'horizontale. Cette direction s'infléchit vers le convoyeur
de réception sous l'effet de l'aspiration. Elles se déposent progressivement sur le
convoyeur 9 pour former le feutre 14 dont l'épaisseur s'accroit jusqu'à la sortie
de la chambre.
[0054] La circulation des gaz dans la chambre est très turbulente, aussi il n'est pas possible
de représenter une trajectoire précise mais seulement le mouvement global.
[0055] La distribution des fibres que l'on obtient en l'absence de mise en oeuvre de l'invention
est du type représenté à la figure 3. Deux défauts sont ordinairement observés, un
creux au milieu du feutre, ou ce qui est équivalent un excès de fibres sur les bords,
et un déséquilibre d'un côté par rapport à l'autre.
[0056] Une analyse plus détaillée de la façon dont les fibres se déposent le long du convoyeur
montre la complexité du phénomène. Dans leurs études, les inventeurs ont constaté
en effet qu'au début, c'est-à-dire sur la partie du convoyeur proche du dispositif
de formation des fibres, le dépôt est plus abondant au centre que sur les bords et
que la tendance s'inverse progressivement au fur et à mesure que la formation du feutre
se poursuit jusqu'à l'autre extrémité de la chambre de réception.
[0057] Il est remarquable de constater que les tentatives dans le but de modifier la trajectoire
du courant portant les fibres, n'ont pas permis de remédier à ces défauts de répartition.
Les inventeurs ont essayé en particulier, sans succès, de modifier ce courant au moyen
de jets gazeux dirigés transversalement à la trajectoire générale des fibres à proximité
du dispositif de fibrage. La direction des jets additionnels était celle schématisée
à la figure 4. Dans cette disposition, et pour des débits gazeux comparables à ceux
mis en oeuvre selon la présente invention, il n'a pas été possible d'obtenir une modification
satisfaisante de la répartition des fibres.
[0058] De façon surprenante, les inventeurs ont constaté au contraire qu'en soufflant le
long des parois latérales 10 et 11 des quantités relativement faibles de gaz, une
modification substantielle de la distribution était possible.
[0059] La figure 5 reprend à plus grande échelle une partie de la figure 1 sur laquelle
est représenté un mode de réalisation de l'invention. Suivant ce mode, des tuyères
de soufflage 18 conduisent de l'air sous pression à des buses de soufflage 19 disposées
à la limite entre les cloisons 16 et 11.
[0060] Un espace minimum est toujours ménagé à cet emplacement pour ne pas gêner le mouvement
de la cloison 11. Cet espacement est suffisant pour passer les buses dont l'extrémité,
constituant l'orifice émetteur 20, est applatie pour former des jets plans. Le volet
d'étanchéité comme à la figure 1 n'est pas représenté.
[0061] La figure ne présente qu'un côté du dispositif. Il va de soi que des tuyères analogues
sont disposées également pour souffler à la limite entre les parois 15 et 10.
[0062] L'axe des buses de soufflage est sensiblement parallèle à la paroi mobile 11 de façon
que les jets émis longent cette paroi.
[0063] Sur la figure 5, cinq buses distinctes conduisent le gaz additionnel à différents
niveaux le long de la paroi 11. D'autres dispositions sont utilisables sans modifier
le fonctionnement d'ensemble. Il est possible notamment de souffler à partir d'un
orifice unique, de préférence suffisamment allongé, pour répartir le gaz soufflé sur
une certaine hauteur. C'est le cas pour le dispositif représenté à la figure 6.
[0064] Sur cette figure, le gaz amené par la tuyère 21 est émis par la buse unique 22. Le
soufflage est effectué légèrement en dessous de la trajectoire moyenne des fibres
déterminée à leur origine par la position des roues de centrifugation, et à une certaine
distance du convoyeur 9.
[0065] La position verticale des souffleurs peut varier dans certaines limites. Des essais
permettent de déterminer dans chaque cas la meilleure position, c'est-à-dire celle
qui permet d'obtenir la modification la plus grande pour un jet additionnel dont les
autres caractéristiques sont maintenues constantes.
[0066] Il est très important de bien conserver la direction des jets. Si l'on fait pivoter
les buses de sorte que le jet s'écarte de la paroi on constate très vite une diminution
de l'influence sur la répartition.
[0067] La figure 7 montre la position des buses et la direction des jets émis. Les buses
sont placées le long des parois 15 et 16 et à l'extrémité de celles-ci légèrement
en avant vis-à-vis des parois tournantes, l'extrémité de la buse pratiquement au niveau
où la paroi devient plane. Dans cette position, les jets pénètrent dans la chambre
de réception immédiatement après leur émission, ce qui leur confère un maximum d'efficacité.
[0068] Les buses peuvent aussi s'avancer davantage à l'intérieur de la chambre de réception.
Il ne semble pas que ceci procure des améliorations supplémentaires. En effet la buse
qui doit se supporter elle-même ne pénètre pas très loin dans la chambre. Par ailleurs,
si la buse devait s'avancer davantage, elle constituerait un point particulier le
long de la paroi, sur lequel les fibres pourraient venir s'accrocher ce qui n'est
pas souhaitable.
[0069] Des essais ont été conduits avec des pressions très variables de 0,1 à 4 bars. La
pression la mieux adaptée pour chaque cas dépend des buses de soufflage. En effet,
les résultats, comme nous le verrons dans ce qui suit, dépendent de la masse de gaz
soufflée et par suite lorsque que les buses offrent des orifices de petite dimension
il est nécessaire d'utiliser une pression plus élevée.
[0070] En pratique, il semble avantageux d'opérer à faible pression éventuellement en accroissant
les dimensions des orifices d'émission. Le coût de production de tels jets est moindre.
Par ailleurs l'utilisation de jets plus larges assure une action mieux répartie sur
les courants gazeux circulant dans la chambre de réception.
[0071] A titre d'exemple, figurent ci-après des résultats d'essais selon l'invention pour
améliorer la répartition transversale de fibres formant un feutre. Les essais sont
conduits dans une installation du type présenté à la figure 1.
[0072] Les souffleurs additionnels utilisés comprennent sur chaque côté de l'installation
une seule buse de soufflage. Ces buses analogues à celle présentée à la figure 6 ont
un orifice allongé sur 500 mm pour une largeur de 25 mm.
[0073] Les souffleurs sont alimentés par un ventilateur à basse pression. Ils sont réglés
indépendamment l'un de l'autre par deux vannes distinctes.
[0074] La répartition des fibres est mesurée au moyen d'une sonde à rayons X. Cette sonde
est mobile et se déplace transversalement au convoyeur. Elle opère sur le feutre sortant
de la chambre de réception.
[0075] L'analyse des mesures de densité de fibres par absorption des rayons X est faite
en distinguant trois zones sur le feutre : une zone centrale et deux zones latérales..
Ces trois zones sont de même largeur.
[0076] La répartition est représentée par deux valeurs, un "taux de creux" qui exprime le
déséquilibre de répartition entre le centre et les bords du feutre, et un taux de
"pente" montrant le déséquilibre entre les deux bords.
[0077] Si l'on désigne par A, B et C les mesures correspondant respectivement aux masses
de fibres par unité de surface sur un c6t
g, le centre et l'autre côté du feutre le taux de creux est déterminé selon la formule
:
X = (A + C)/2B x 100 - 100
et le taux de pente :
Y = (A - C)/(A + C) x 200
[0078] Lorsque X est positif la densité en fibre est plus faible au centre que sur les bords.
[0079] La figure 8 montre schématiquement, suivant les valeurs des taux de creux et de pente,
la forme générale de la répartition des fibres transversalement au convoyeur. En pratique,
il faut bien entendu combiner une forme représentant le taux de creux et celle correspondant
au taux de pente.
[0080] Dans une première série d'essais, un produit est préparé à raison de 6 tonnes par
heure. Le feutre formé présente une masse par unité de surface moyenne de 5,5 kg/m
2. Le taux de liant est de 6,6 % de la masse du feutre.
[0081] La quantité moyenne de gaz aspirée sous le convoyeur est de l'ordre de 175000 Nm
3/h.
[0082] Les quantités de gaz soufflé le long des parois sont modifiées et l'on suit l'évolution
des taux de pente et de creux.
[0083] Les résultats sont regroupés dans le tableau I en annexe.
[0084] La répartition initiale est mauvaise comme on le constate à l'exemple 1. Les taux
de creux et de pente sont tous les deux relativement élevés, alors que pour une répartition
idéale ils doivent tendre à s'annuler l'un et l'autre.
[0085] Dans une répartition de ce type, c'est-à-dire sans mise en oeuvre de l'invention,
la quantité de fibres nécessaire pour atteindre en tout point du feutre la densité
requise se trouve sensiblement accrue. Le fonctionnement n'est pas satisfaisant.
[0086] Les exemples 2 à 6 sont conduits en faisant souffler les bu- .ses selon l'invention
à différentes pressions.
[0087] On remarque que par suite de configurations différentes dans le circuit entre la
droite et la gauche, pour une même pression les débits ne sont pas identiques. Ceci
ne constitue pas un obstacle au bon fonctionnement dans la mesure où le réglage de
chaque buse est effectué séparément.
[0088] Les exemples 2, 3, 4 et 5 montrent la progressivité des effets obtenus en accroissant
la pression simultanément sur les deux buses. Les taux de creux et de pente sont sensiblement
réduits. Le taux de creux devient même négatif.
[0089] L'exemple 6 (qui ne correspond pas à une distribution satisfaisante), est réalisé
pour montrer l'influence de l'utilisation de deux pressions différentes. On constate
que la différence dans le soufflage permet de modifier profondément le taux de pente.
On dispose donc par ce biais de moyens pour faire varier de façon partiellement indépendante
le taux de creux et le taux de pente.
[0090] Il va de soi que la répartition des fibres sur le convoyeur est sensible à de nombreux
facteurs et, en particulier, aux caractéristiques du produit préparé.
[0091] Des essais analogues aux précédents ont été effectués au cours de la préparation
d'un feutre présentant d'autres caractéristiques. Il s'agit d'un feutre dont la masse
par unité de surface est de 5,2 kg/m
2. Le taux de liant est ici de 2,4 %.
[0092] Les résultats, analogues aux précédents, sont regroupés dans le tableau II en annexe.
[0093] Dans ces essais, la progressivité des effets obtenus est confirmée. On ne s'est pas
efforcé d'équilibrer les deux bords du feutre. Les pressions sont identiques des deux
côtés. On voit cependant que pour obtenir une meilleure répartition, il est nécessaire
d'avoir des conditions différentes dans le soufflage à droite et à gauche.
[0094] Les résultats précédents sont présentés graphiquement aux figures 9 et 10.
[0095] Sur ces figures, sont reportés respectivement les taux de creux (figure 9) et de
pente (figure 10) pour les deux séries d'essais précédents (I et II).
[0096] Il est remarquable de constater que dans les limites des conditions expérimentales
utilisées, les modifications sont pratiquement linéaires. Indépendamment de l'allure
de la réponse, ce qui est important, et que nous avons déjà souligné, c'est la progressivité
de l'effet qui permet le réglage de l'installation pour aboutir à une distribution
très régulière.
[0097] Par ailleurs, les dispositifs de soufflage selon l'invention peuvent être mis en
oeuvre de façon automatique.
[0098] La régulation se fait dans ce cas en continu à partir des mesures provenant de la
sonde d'absorption des rayons X. Les valeurs mesurées sont traitées par l'intermédiaire
d'un calculateur pour aboutir par exemple aux expressions de taux de creux et de pente.
Un algorithme mis en mémoire élabore à partir de ces résultats une réponse qui correspond
à une modification des flux soufflés par les buses selon l'invention au moyen des
vannes disposées sur les tuyères.
[0099] La possibilité de faire varier le débit gazeux de façon continue permet un réglage
parfaitement adapté à toutes les situations rencontrées en pratique.

1. Procédé de formation d'un feutre de fibres dans lequel les fibres sont formées
à partir d'un matériau à l'état étirable, ce matériau étant conduit sur la surface
périphérique d'une ou plusieurs roues animées d'un mouvement de rotation d'où les
fibres se détachent et sont projetées dans un courant gazeux dirigé transversalement
au sens de projection des fibres le long de la paroi périphérique de la ou des roues,
les fibres ainsi formées entraînées par le courant gazeux étant conduites dans une
chambre de réception dans laquelle un convoyeur perforé constitue la base, le courant
gazeux portant les fibres franchissant le convoyeur et les fibres se déposant sur
le convoyeur pour former le feutre, procédé caractérisé en ce qu'un ou plusieurs jets
gazeux additionnels sont engendrés de chaque côté du courant gazeux portant les fibres
sensiblement suivant la même direction que celle de ce courant, ces jets additionnels
étant émis le long des parois latérales bordant le convoyeur perforé.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que les jets additionnels sont
émis à des vitesses du même ordre de grandeur, ou plus élevées, que celle du courant
gazeux portant les fibres à ce niveau.
3. Procédé selon la revendication 1 ou la revendication 2, caractérisé en ce que la
masse de gaz introduite est au plus égale au l/50ême de la masse du courant gazeux
portant les fibres.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce
que les jets additionnels sont émis dans une direction parallèle au plan du convoyeur
et faisant au plus an angle de 20° avec le plan des parois latérales de la chambre
de réception.
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce
que les jets sont émis sous forme de nappes gazeuses planes sensiblement parallèles
aux parois latérales de la chambre de réception.
6. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, dans lequel la masse
de gaz additionnel introduite est réglée séparément de chaque côté en fonction de
la correction de répartition à produire.
7. Procédé selon la revendication 6, caractérisé en ce que la répartition transversale
des fibres dans le feutre est contrôlée en continu, les mesures effectuées étant analysées
et comparées à des consignes dans un organe de calcul élaborant des réponses sous
forme de commande des moyens réglant l'émission des gaz additionnels.
8. Installation de formation d'un feutre de fibres comprenant un ensemble de formation
de fibres constitué d'une ou plusieurs roues de centrifugation sur lesquelles le matériau
est conduit de l'extérieur, des moyens de soufflage engendrant un courant gazeux le
long de la périphérie des roues de centrifugation, une chambre de réception des fibres
allongée dans le sens de progression du courant gazeux portant les fibres, ladite
chambre présentant à sa base un convoyeur perforé bordé latéralement par deux parois,
des moyens d'aspiration situés sous le convoyeur, caractérisé en ce que des moyens
de soufflage additionnels sont disposés à proximité des parois latérales, les orifices
de ces moyens de soufflage étant dirigés de telle façon que les gaz émis longent les
parois latérales.
9. Installation selon la revendication 8, dans laquelle les moyens de soufflage sont
constitués de chaque côté de la chambre de réception des fibres par plusieurs buses
de soufflage espacées les unes des autres verticalement le long de l'extrémité des
parois latérales.
10. Installation selon la revendication 8, caractérisée en ce que les moyens de soufflage
comportent de chaque côté une buse unique allongée verticalement le long des parois
latérales.
11. Installation selon l'une des revendications 8 à 10, caractérisée en ce qu'elle
comprend en outre des moyens de mesure de la répartition des fibres, transversalement
au feutre formé, un ensemble calculateur pour le traitement de ces mesures comparant
les résultats avec des valeurs de consignes et élaborant des réponses sous forme de
commande de moyens de réglage de l'émission des gaz additionnels.