[0001] Pour le broyage de divers produits, on utilise une technique de broyage dans laquelle
les corps broyants sont des barres longues (80 mm de diamètre par quelques mètres
de longueur), disposées dans un broyeur cylindrique à peu près horizontalement.
[0002] Ces barres de broyage sont utilisées dans les broyages fins ou grossiers, à sec ou
humide, et les produits obtenus sont éventuellement traités ensuite dans des broyeurs
à boulets.
[0003] Bien des produits et des procédés ont été expérimentés comme barre de broyage, à
commencer par des rails laminés rebutés, simplement coupés en longueur et utilisés
en l'état.
[0004] On a ainsi utilisé des barres réalisées en matériaux laminés à partir d'une ébauche
(lingot ou billette), ce qui oriente les fibres du métal en long,par la déformation
du métal à chaud, sous la pression de cylindre ou de marteau de frappe. Les fibres
du métal sont alors orientées très fortement dans le sens longitudinal de la barre
(voir par exemple le brevet U.S. 3 170 641).
[0005] Ces matériaux,pour être facilement laminables,sont en acier faiblement allié,avec
une teneur en carbone inférieure ou égale à 1, 1% pour, par exemple,un acier ,selon
AISI 52100 ou 1095 avec plus ou moins de manganèse (Acier 50 MC 4 développé par la
Société CREUSOT LOIRE).
[0006] Les barres sont brutes de laminage et dressage et, éventuellement, traitées selon
des procédés qui conservent la rectitude de la barre (brevet U.S. 3 255 053 ; communication
de la Société CREUSOT LOIRE au Congrès Abrasion de 1979). Le traitement consiste en
une chauffe d'austénisation, suivie d'un refroidissement (trempe) pour obtenir une
structure à peu près martensitique de 55 à 60 RC. On a également utilisé des barres
bimétalliques, dont le noyau est en acier doux et la surface en acier dur.
[0007] Tous ces matériaux utilisés sont laminables à un coût raisonnable ce sont donc des
matériaux à teneur limitée en carbone et en alliage.Cependant,pour cette raison, leur
usure est élevée, du fait d'une quantité insuffisante de carbure et d'alliage pour
résister à la corrosion.
[0008] La présente invention vise à proposer des barres de broyage en un matériau suffisamment
chargé en carbone et en alliage pour produire des quantités et types de carbures procurant
une résistance satisfaisante à l'usure.
[0009] L'invention vise également à proposer un procédé de fabrication de telles barres
ne faisant pas intervenir de laminage.
[0010] A cet effet, l'invention a pour objet une barre de broyage en métal ferreux, issue
directement de coulée à solidification dirigée, caractérisée en ce qu'elle présente
une structure de surface à grain fin et un coeur à structure dendritique orientée
radialement, et en ce qu'elle comprend, en % en poids, entre environ 1,1 et 3 % de
carbone, entre environ 3 et 30 % de chrome, entre environ 0,3 et 1,5 % de manganèse
et entre environ 0,3 et 1 % de silicium.
[0011] Suivant les applications envisagées pour ces barres, elles pourront en outre contenir,
en % en poids, de 0 à 1 % de cuivre, de 0 à 5 % de nickel, de 0 à 1 % de molybdène,
de O à 1 % de titane, de 0 à 0,5 % de bore, de O à 2 % de vanadium et de O à 2 % de
tungstène.
[0012] Ces barres contiendront au moins 10 % en volume de carbures.
[0013] L'invention a également pour objet un procédé de fabrication d'une telle barre de
broyage, caractérisé en ce qu'on la réalise par coulée continue d'un métal ferreux
de composition convenable, avec solidification dirigée, à l'exclusion de toute phase
de laminage.
[0014] Du fait de ce procédé, contrairement aux barres de la technique antérieure, les barres
de broyage conformes à la présente invention ne présentent pas de fibres orientées
dans le sens longitudinal, c'est-à-dire parallèlement à l'axe de la barre.
[0015] Il est bien connu quepour améliorer les performances d'usure et de résistance à la
corrosion, cette structure devra être de plus en plus fine en allant du coeur vers
la surface de la barre. En effet, les barres de broyage sont soumises à une usure
et une corrosion à partir de leur surface, jusqu'à ce qu'elles atteignent un certain
diamètre, où elles sont éliminées. Il est alors préférable qu'elles cassent en petits
morceaux,plutôt que de fléchir et s'entremêler avec les autres barres. De ce fait,
la structure interne devra, de préférence, être grossière, sensible à la casse.
[0016] Les barres de broyage connues dans la technique présentent deux types de structure
:
1) Brutes de laminage structure perlitique, avec un grain identique sur toute la section.
2) Laminées avec traitement : structure martensitique en surface, avec un grain fin
; structure perlitique à coeur,avec conservation du grain du laminage initial.
[0017] Ces barres connues, en acier faiblement alliée avec une teneur en carbone inférieure
ou égale à 1,1 %,sont conçues pour avoir une couche externe résistante à l'usure et
un noyau interne doux et résilient, afin d'assurer le meilleur compromis entre résistance
à l'usure et fragilité. Elles n'ont pas,pour ce faire,une trempabilité suffisante
pour être martensitiques à coeur pour un diamètre de 80 à 100 mm.
[0018] Le but de la présente invention est de proposer une barre de broyage dont les caractéristiques
sont bien supérieures, grâce à l'emploi d'un matériau différent et du fait d'une structure
particulière obtenue par un procédé originale
[0019] Ainsi qu'il a été indiqué ci-dessus, une telle barre de broyage est réalisée en un
acier présentant une forte teneur en carbone et un pourcentage élevé de carbure.
[0020] Le Tableau 1 ci-après compare différents types de barres de broyage connues dans
la technique et celles conformes à l'invention.

[0021] La barre objet de l'invention a, en surface, une structure à grain homogène non orienté
dans le sens longitudinal ; ce n'est pas une structure laminée avec étirement des
fibres, allongement d'inclusion, ligne possible, c'est une structure propre issue
du procédé. Avec une teneur en carbone supérieure ou égale à 1,2 % en poids, cette
structure comporte un fort pourcentage de carbure du type M
3C, M
7C
3, M
23 C
6 suivant le type d'alliage, M désignant un composé fer-alliage.
[0022] La structure interne de la barre objet de l'invention présente une orientation perpendiculaire
à la surface cylindrique, en forme de dendrite. De ce fait, la dureté des carbures
orientés dans ce sens est supérieure à leur dureté latérale ; la micro-dureté de la
surface de la barre restera donc élevée même après réduction du diamètre par l'abrasion.
[0023] D'autre part, la structure en dendrite radiale assure une fragilité suffisante du
métal pour entraîner sa casse en morceaux en dessous d'un'certain diamètre de la barre.
[0024] La barre conforme à l'invention a donc,en surface, sur une certaine épaisseur, une
structure à grain fin, tandis que son coeur est à structure dendritique radiale.
[0025] En fonction des applications à un broyage sec, humide, plus ou moins acide et plus
ou moins abrasif, différentes constitutions pourront être retenues : austénitique,
martensitique ou bainitique, avec des duretés et des constitutions de matrices et
de carbures variables.
[0026] Une telle barre ne peut être réalisée que par le procédé conforme à l'invention ,
que l'on va maintenant décrire plus en détail.
[0027] Il est nécessaire d'utiliser un procédé d'un coût économique donnant directement
la barre objet de l'invention, car elle ne peut être laminée économiquement. Par ailleurs,
un laminage, même coûteux, détruirait la structure favorable aux caractéristiques
de résistance à l'usure.
[0028] On doit éliminer également la fabrication de la barre par compactage de poudre frittée,
procédé coûteux et qui donne une structure homogène dans toutes les directions sans
avantage particulier.
[0029] La barre selon l'invention est réalisée par coulée continue horizontale, en diamètre
final de 50 à 100 mm et à la longueur nécessaire, de 2 à 6 m et plus. La solidification
dirigée et la formation de la structure fine eh surface et dendritique à coeur sont
obtenues par des réglages appropriés des conditions d'extraction de la barre de la
lingotière de production, soit selon un pas compris entre 1 et 50 mm ou un ratio P/D
(longueur du pas rapportée au diamètre de la barre) de 5/100 à 5/10.
[0030] Après solidification, on procède au refroidissement contrôlé de la barre pour obtenir
la matrice et la morphologie des carbures désirées.Ce refroidissement peut être un
cycle thermique descente en température,puis remontée, suivie d'un palier et refroidissement.
De cette manière, le procédé conforme à l'invention fournit un produit directement
utilisable dans les broyeurs ordinaires. Dans certains cas particuliers, il pourra
être procédé à un traitement thermique additionnel ou complémentaire.
[0031] En cas de sollicitation de choc particulièrement élevée dans les broyeurs de très
forte puissance, ou de diamètre important du broyeur,les barresde broyage ne doivent
présenter aucun défaut de surface, ligne de fissure, etc... Ces défauts bien connus
dans l'état de la technique, sont généralement liés au procédé de laminage et aux
ségrégations possibles dus au lingot ou à la billette d'ébauche.
[0032] La barre faisant l'objet de l'invention ne comporte pas de défauts de cette sorte.
Cependant, compte tenu de l'alliage constitutif de la barre et de son procédé de fabrication,
il peut y avoir des calamines adhérentes, des reliefs de surface ou des microségrégations
de surface sur le produit. Pour éliminer les concentrations possibles de contrainte
sous les efforts et les zones de fragilité potentielle prématurées, on procèdera si
nécessaire à la régénération de l'état de cette surface par l'un des moyens suivants.
[0033] Il a déjà été proposé de procéder à l'élimination d'une couche superficielle, par
meulage et usinage avec enlèvement de matière, mais une telle solution est coûteuse.
Selon l'invention, il est préférable d'avoir recours à des moyens qui transforment
localement la surface pour la régénérer -sur barre chaude ou froide- par refusion,
plasma, laser ou induction à haute fréquence. Une autre solution peut consister à
écraser les micro- reliefs et les ségrégations locales de surface engendrées par la
coulée continue horizontale. A cet effet, on peut grenailler ou marteler la surface
par des dispositifs circulaires au défilé.
[0034] Dans une forme de mise en oeuvre préférée de l'invention, la barre de broyage est
réalisée en métal ferreux présentant l'analyse suivante, en % en poids :
- carbone : 1,4 à 1,6 %,
- chrome : 11 à 12 %,
- molybdène : 0,4 à 0,6 %,
- vanadium : 0,3 à 0,5 %,
- silicium : 0,5 à 0,7 %,
- manganèse : 0,5 à 0,8 %.
[0035] Cette barre a dans l'ensemble un diamètre de 80 mm et est obtenue par coulée continue
horizontale dans une machine à paramètre d'extraction contrôlée donnant un pas de
10 mm.
[0036] Le refroidissement de la barre entre 1180°C de température à la sortie de la lingotière
et 400°C, se fera en 30 minutes. La barre est tronçonnée en ligne à chaud à une longueur
de 3,10 m.
[0037] Une telle barre conforme à l'invention a une dureté de 40 RC. Sa structure de surface
est austénitique et présente une couche à grain fin sur une épaisseur de 5 mm. Le
coeur de la barre a une dureté de 32 RC et sa structure est dendritique.
[0038] Une telle barre,tombant d'une hauteur de 4 m sur un appui rigide en son milieune
casse pas.
[0039] Un lot de telles barres a été essayé dans un broyeur de 2 m de diamètre utilisé pour
broyer du minerai d'uranium.
[0040] Les usures relevées par comparaison avec un acier traité en surface ont été les suivantes
(en microns par heure), au cours de deux mesures 1 et 2 successives :

[0041] Les barres selon l'invention présentent donc une résistance à l'usure très supérieure
aux barres usuelles.
1.- Barre de broyage en métal ferreux, issue directement d'une coulée à solidification
dirigée, caractérisée en ce qu'elle présente une structure de surface à grain fin
et un coeur à structure dendritique orientée radialement, en ce qu'elle comprend,
en % en poids, entre environ 1,1 et 3 % de carbone, entre environ 3 et 30 % de chrome,
entre environ 0,3 et 1,5% de manganèse et entre environ 0,3 et 1 % de silicium, et
en ce qu'elle comporte au moins 10 % en volume de carbures..
2.- Barre de broyage selon la revendication 1, caractérisée en ce qu'elle contient
en outre, en % en poids, de O à 1 % de cuivre, de O à 5 % de nickel, de 0 à 1 % de
molybdène, de O à 1 % de titane, de 0 à 0,5% de bore, de O à 2 % de vanadium et de
O à 2 % de tungstène.
3.- Barre de broyage selon la revendication 2, caractérisée en ce qu'elle contient,
en % en poids, de 1,4 à 1,6 % de carbone, de 11 à 12 % en poids de chrome, de 0,4
à 0,6 % de molybdène, de 0,3 à 0,5 % de vanadium, de 0,5 à 0,7 % de silicium, et de
0,5 à 0,8 % de manganèse.
4.- Procédé de fabrication d'une barre de broyage selon l'une des revendications 1
à 3, caractérisé en ce qu'on la réalise par coulée continue d'un métal ferreux de
la composition convenable, avec solidification dirigée, à l'exclusion de toute phase
de laminage.
5.- Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que la phase de solidification
dirigée est suivie d'un refroidissement contrôlé en vue d'obtenir le type de matrice
et de carbures désirés.
6.- Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que la phase de refroidissement
est constituée par un cycle thermique comprenant une descente en température suivie
d'une remontée et d'un palier de température, puis d'un refroidissement.
7.- Procédé selon l'une des revendications 5 et 6, caractérisé en ce que la phase
de refroidissement contrôlée est suivie d'un traitement de régénération de l'état
de surface de la barre.