[0001] L'invention concerne les projectiles contenant une charge activable par voie électrique
au cours de leur vol, ce qui impose une source embarquée et, notamment, ceux dont
les caractéristiques excluent ou rendent peu souhaitable la génération d'électricité
à partir de l'énergie cinétique. A titre d'exemple, on peut citer les munitions d'artillerie
et la plupart des engins autopropulsés de faible calibre.
[0002] On a déjà proposé de fournir l'énergie électrique nécessaire à l'aide d'une pile.
Mais la durée de stockage possible est alors considérablement réduite et, dans la
plupart des cas, insuffisante. Une solution beaucoup plus avantageuse (demande de
brevet FR 80 01420) consiste à transférer l'énergie requise et à programmer le projectile,
immédiatement avant le tir, à partir d'organes émetteurs de lumière portés par l'arme.
Cette solution a toutefois l'inconvénient d'ajouter une étape avant le tir et de compliquer
notablement l'arme.
[0003] L'invention vise à fournir un projectile contenant une charge activable électriquement
répondant mieux que ceux antérieurement connus aux exigences de la pratique, notamment
en ce qu'il ne contient pas de source électrochimique, n'implique pas une étape supplémentaire
entre introduction du projectile à l'emplacement de tir et mise à feu de la charge
propulsive, et ne complique pas de façon notable l'arme.
[0004] Dans ce but, l'invention propose notamment un projectile contenant une charge électriquement
activable, comportant un convertisseur photoélectrique embarqué, relié à un accumulateur
de stockage d'énergie électrique, caractérisé en ce que le convertisseur est placé
de façon à être soumis à un flux lumineux intense en réponse à l'allumage de la charge
propulsive du projectile.
[0005] Dans le cas le plus fréquent, les moyens pour appliquer le flux lumineux intense
au convertisseur seront constitués par une lampe éclair consommable, portée par le
projectile, munie de moyens de déclenchement en réponse au départ du coup. Une première
possibilité consiste à déclencher la lampe éclair par les moyens qui assurent également
l'allumage de la charge propulsive. Cette solution a l'inconvénient de charger le
condensateur susceptible d'activer la charge militaire même en cas de défaut d'allumage
de la charge propulsive. Une autre possibilité, plus avantageuse, consiste à ne déclencher
la lampe éclair qu'en réponse au départ effectif du coup. Ce résultat peut être atteint
en utilisant des moyens sensibles à la pression provoquée par la mise à feu effective
de la charge propulsive, notamment dans un canon, par le déplacement de la munition
dans le tube de l'arme, par l'accélération linéaire ou centrifuge à laquelle est soumis
le projectile. Cette sécurité accrue permettra souvent de supprimer la chaîne d'alignement
pyrotechnique classique, qui constitue un mécanisme délicat et coûteux.
[0006] Dans un autre mode de mise en oeuvre de l'invention, le flux lumineux intense sera
provoqué par la lueur même de combustion de la charge propulsive. Cette solution est
particulièrement intéressante dans le cas des projectiles comportant une charge de
propulsion principale ou additionnelle entraînée par le projectile hors du tube de
lancement.
[0007] L'invention propose également un système d'arme comportant un projectile du genre
ci-dessus défini et une arme dont le tube est équipé de façon à provoquer l'application
du flux lumineux intense au convertisseur photoélectrique en réponse à l'allumage
de la charge de propulsion du projectile.
[0008] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui suit de modes
particuliers de réalisation, donnés à titre d'exemples non limitatifs. La description
se réfère aux dessins qui l'accompagnent, dans lesquels :
- la Figure 1 est un schéma de principe d'un circuit électrique porté par un projectile,
comportant un condensateur de stockage d'énergie et un convertisseur photoélectrique
recevant son énergie d'une lampe éclair;
- la Figure 2 est un schéma de principe, en coupe montrant une disposition possible
de la lampe éclair de la Figure 1 et de ses moyens de déclenchement ;
- la Figure 3 est une vue schématique en perspective, montrant une disposition constituant
une variante de celle de la Figure 2 ;
- les Figures 4 et 5 montrent, suivant deux directions perpendiculaires, une autre
disposition possible encore de la lampe éclair et de ses moyens de déclenchement ;
- la Figure 6 est un schéma de principe montrant une disposition possible du convertisseur
photoélectrique lui permettant d'être exposé à la lueur de la charge de propulsion,
dans une roquette ;
- la Figure 7 est une vue en coupe suivant la ligne VII-VII de la Figure 6.
[0009] Dans le mode de réalisation de l'invention montré en Figure 1, le flux lumineux appliqué
à un convertisseur photoélectrique 10 est fourni par une lampe éclair à combustion
12. La lampe 12 peut être constituée par une ampoule transparente contenant du magnésium
en filaments, munie d'un queusot 14. Une telle constitution est couramment utilisée
sur les appareils de photographie. L'éclair est déclenché par frappe sur le queusot
14 pour provoquer l'entrée d'air dans l'ampoule 12. Le magnésium d'une telle ampoule
a une durée de combustion extrêmement faible, 10 ms environ.
[0010] Le couplage optique entre le convertisseur photoélectrique 10 et l'ampoule doit être
aussi élevé que possible, de façon à avoir un rendement de conversion aussi élevé
que possible. Une solution simple consiste à constituer le convertisseur 10 de plusieurs
cellules photovoltaïques accollées et entourant la lampe 12. Un avantage supplémenta.ire
de cette disposition est que l'on peut augmenter la force électromotrice fournie par
le convertisseur en mettant en série les cellul.es. On pourra fréquemment utiliser
six cellules photovoltaïques de hauteur correspondant à celle de la lampe 12, placées
en série. Une autre solution consiste à argenter l'une des faces de la lampe pour
renvoyer le flux lumineux vers le convertisseur.placé de l'autre côté. L'énergie lumineuse
ainsi transférée en une durée d'environ 10 ms, dans la plage de longueurs d'onde inférieures
à 1000 X pour laquelle le convertisseur 10 est sensible, permet d'obtenir sans difficulté
l'énergie électrique, de plusieurs dizaines de mJ, requise pour effectuer la mise
à feu de la charge et pour alimenter des modules électroniques de faible puissance,
assurant par exemple une fonction de chronométrie.
[0011] Le convertisseur photoélectrique 10 alimente un condensateur de stockage 16 à travers
une diode anti- retour 18. On utilisera en général un condensateur sec au tantale,
qui tolère une plage de températures allant de -55°C à 155°C environ. La capacité
de ce condensateur sera choisie en fonction de la tension d'alimentation et de l'énergie
à stocker. Un condensateur de 1000p F, associé à un convertisseur fournissant une
tension de 5 à 6 V, sera en général satisfaisant. Il peut être réalisé sous forme
d'un cylindre de 20 mm de haut et de 7 mm de diamètre. susceptible d'être monté sur
une plaquette d'interconnexion en même temps que la lampe éclair et le convertisseur.
Un tel ensemble, éventuellement enrobé dans une résine pour augmenter la résistance
aux accélérations, constitue un bloc autonome insérable dans la munition.
[0012] Le circuit montré à titre d'exemple en Figure 1 comporte des moyens permettant une
remise à zéro automatique de circuits électroniques équipant le projectile. Ces moyens
comprennent une oorte ET-NON 20 à deux entrées. L'une des entrées est reliée à l'électrode
du condensateur de stockage 16 portée à la tension +V d'alimentation électrique. L'autre
entrée est reliée au point milieu d'un pont reliant les deux électrodes du condensateur
16. L'une des branches de ce pont comporte un condensateur 22 de faible capacité (0.22
µF par exemple) et l'autre branche comporte, en parallèle. une résistance 24 de charge
lente du condensateur 22 (1 MOhm par exemple) et une diode 26 polarisée en inverse
lors- de la charge. La porte ET-NON 22 reçoit des polarités différentes sur ses deux
entrées au début de la charge du condensateur 22. des polarités égales avant le début
de la charge et une fois celle-ci achevée.
[0013] On ne décrira pas ici les circuits électroniques dont est susceptible d'être équipé
le projectile. Ces circuits peuvent avoir une constitution du même genre que ceux
décrits dans la demande de brevet FR 80 01420 déjà mentionnée et assurer notamment
les fonctions suivantes :
- sécurité d'armement et retard de neutralisation. réglables en usine, habituellement
par choix entre des valeurs variant en progression géométrique de raison 2 ;
- retard à la mise à feu après impact, généralement réglable en usine ou par programmation
avant le tir à une valeur modifiable par pas. typiquement de 100 ms ;
- durée avant auto-destruction, généralement programmable en usine par choix de valeurs
croissant en progression géométrique de raison 2.
[0014] Le choix parmi des valeurs en progression géométrique est particulièrement simple
en système binaire. La programmation avant le tir peut s'effectuer par un processus
quelconque connu, y compris par les moyens de transfert optique décrits dans la demande
de brevet français déjà mentionnée.
[0015] Il sera souvent possible de simplifier le système par suppression de la chaîne pyrotechnique
d'alignement classiquement prévue sur les projectiles. du fait que l'énergie nécessaire
à l'activation de la charge n'est reçue par le projectile que s'il y a effectivement
tir de ce dernier. Mais. dans ce cas. il est souhaitable de munir le circuit . montré
en Figure 1 d'un composant supplémentaire 28 qui ne met. en liaison le condensateur
16 avec l'électronique de chronométrie et d'activation que dans la mesure où l'impulsion
lumineuse reçue a une durée et/ou une intensité minimale, afin d'éviter un chargement
intempestif dû à des sources lumineuses extérieures intenses.
[0016] Cette solution implique au surplus que le déclenchement de la lampe 12 n'intervienne
que lorsque le tir a eu lieu avec succès. Cette condition n'est pas remplie si on
déclenche la lampe éclair 12 par la commande de tir, et non pas en réponse aux conditions
qui règnent lorsque le tir est effectif.
[0017] La Figure 2 montre une disposition qui assure la sécurité requise. Dans ce mode de
réalisation, l'ampoule de la lampe 12 est brisée par frappe d'un percuteur 30 sur
le queusot 14 lorsque le projectile sort de son tube de lancement 32. Le percuteur
30 est constitué par un levier qu'un ressort 34 tend à projeter vers le queusot qui
est retenu par une goupille 36 avant chargement, par le tube 32 lorsque la munition
est engagée. La goupille 36 peut être extractible ou éjectable.
[0018] Dans la variante de réalisation montrée en Figures 4 et 5, c'est la pression des
gaz de propulsion agissant sur un piston 38 qui libère le percuteur 30, constitué
par un ressort à pincettes. Dans l'état initial, le ressort à pincettes 30 prend appui
dans une gorge de sécurité du piston 38 et retient ce dernier. Lorsque la pression
des gaz de propulsion s'établit sur la face arrière 42 du projectile et du piston
38, ce dernier est repoussé vers l'avant dans un logement prévu à cet effet. Un évent
44 permet au gaz emprisonné par le piston de s'échapper. Dès que le ressort à pincettes
30 se trouve face à une partie rétrécie 46 du piston, il est libéré et vient frapper
le queusot métallique 14 de la lampe éclair 12.
[0019] Une solution plus simple consiste à immobiliser le piston 38 dans son alésage par
une goupille cisaillable et à placer la lampe éclair 12 de façon que son queusot reçoive
le choc du piston 38 lorsque ce dernier est projeté après cisaillement de la goupille.
[0020] La variante de réalisation montrée en Figure
3, où les éléments correspondant à ceux déjà décrits sont désignés par le même numéro
de référence, comporte un volet de chaîne d'alignement pyrotechnique qui, en même
temps que ses autres fonctions, provoque le chargement du condensateur de stockage.
Ce volet peut par exemple être actionné par la force centrifuge, dans le cas des projectiles
stabilisés par rotation.
[0021] Le volet 46 comporte une fente 48 que la force centrifuge amène face au percuteur
30 pour libérer ce dernier.
[0022] D'autres solutions encore sont possibles, par exemple utilisant un percuteur classique
pour mettre la lampe éclair à l'atmosphère. Cette solution est notamment utilisable
sur les obus où l'accélération au départ dépasse 10 000 g.
..Une autre solution encore consiste à placer le queusot sur un canal d'évacuation
des gaz de combustion à très haute température (dépassant 1000°C). Lors du tir, le
jet violent de gaz à très haute température brise l'ampoule.
[0023] Tous les modes de réalisation décrits jusqu'ici utilisent une lampe éclair comme
source de lueur. Celui illustré en Figures 6 et 7, au contraire, utilise la lueur
de la charge propulsive. Pour cela, le fond du projectile 50 est tapissé de cellules
photovoltaïques 10, dont la durée de vie peut être augmentée en les protégeant par
dépôt d'une couche de résine, vitrification, voire même recouvrement par une feuille
de verre. Dans le cas où le projectile est constitué par une roquette ou un obus à
charge propulsive additionnelle, les cellules photovoltaïques 10 peuvent notamment
être placées de façon à correspondre aux évidements dans la masse de poudre propulsive
52 (Figure 7). Il y a naturellement destruction rapide des cellules photovoltaïques,
mais la durée de vie pourra toujours, éventuellement avec une protection appropriée,
atteindre les 5 à 10 ms nécessaires à la charge complète du condensateur de stockage.
[0024] Naturellement, il est possible de disposer le convertisseur à d'autres emplacements.
1. Projectile contenant une charge électriquement activable, comportant un convertisseur
photoélectrique (10) relié à un accumulateur (16) de stockage d'énergie électrique, caractérisé en ce
que le convertisseur (10) est placé de façon à être soumis à un flux lumineux intense
en réponse à l'allumage de la charge propulsive du projectile.
2. Projectile contenant une charge électriquement. activable. comportant un convertisseur
photoélectrique (10) relié à un accumulateur (16) de stockage d'énergie électrique,
typiquement un condensateur. caractérisé en ce que le convertisseur (10) est placé
dans le flux lumineux d'une lampe éclair consommable (12). portée par le projectile,
munie de moyens de déclenchement en réponse à l'allumage de la charge propulsive du
projectile.
3. Projectile suivant la revendication 2, caractérisé par des moyens pour déclencher
la lampe éclair par les moyens qui assurent également l'allumage de la charge propulsive
du projectile.
4. Projectile suivant la revendication 2. caractérisé en ce que les moyens de déclenchement
sont des moyens sensibles à la pression provoquée par la mise à feu effective de la
charge propulsive. par le déplacement de la munition dans le tube de l:arme ou par
l'accélération linéaire ou centrifuge à laquelle est soumis le projectile.
5. Projectile suivant la revendication 4. caractérisé en ce que les moyens de déclenchement
comportent un percuteur (30) construit de façon à être projeté sur un élément de la
lampe éclair (12) pour rompre cette dernière et provoquer l'allumage du matériau combustible
qu'elle contient.
6. Projectile suivant l'une quelconque des revendications 2 à 5. caractérisé en ce
que le convertisseur enveloppe la lampe éclair.
7. Projectile suivant la revendication 1. caractérisé en ce que le convertisseur (10)
est placé de façon à recevoir le flux lumineux intense provoqué par la lueur de combustion
de la charge propulsive.
8. Projectile suivant la revendication 7, caractérisé en ce que le convertisseur est
protégé par une couche transparente de verre ou résine.
9. Projectile suivant l'une quelconque des revendications précédentes. caractérisé
en ce que le condensateur de stockage d'énergie (16) est un condensateur sec au tantale
et le convertisseur (10) comporte plusieurs cellules photo- voltaiques montées en
série.
10. Système d'arme comprenant une arme destinée à tirer des projectiles contenant
une charge électriquement activable. chaque projectile portant un convertisseur photoélectrique
(10) relié à un condensateur (16) de stockage d'énergie électrique. système caractérisé
par des moyens pour appliquer un flux lumineux intense au convertisseur en réponse
à l'allumage de la charge de propulsion du projectile.