[0001] La présente invention concerne un procédé pour former une lentille convergente dans
une plaque d'un matériau minéral transparent.
[0002] Il est connu d'équiper un verre de montre d'une lentille convergente, en vue de faciliter
la lecture du calendrier. Lorsque ce verre est en matériau minéral, la lentille est
collée en surépaisseur. Cette solution est toutefois inesthétique et, de plus, un
décollement ne peut être entièrement évité. Lorsque le verre est une matière organique,
la lentille peut être noyée dans son épaisseur. Malheureusement, ce type de matériau
est plus mou, donc plus facilement rayable que les matériaux minéraux, le saphir en
particulier, qui confèrent au verre de montre une résistance remarquable à l'abrasion.
[0003] Le but de l'invention est de fournir un procédé permettant de fabriquer des plaques
en matériau minéral transparent munies d'une lentille, sans surépaisseur et sans risque
de décollement.
[0004] Ce but est atteint en réalisant la lentille par meulage de la plaque, mais ce meulage
n'est pas effectué à l'aide d'une meule dont le diamètre et le rayon de courbure correspondent
au diamètre et au rayon de courbure de la lentille car cela provoque une usure plus
rapide de la périphérie de la meule que de sa partie centrale.
[0005] Le procédé selon l'invention constiste principalement à effectuer simultanément :
- une rotation de la plaque autour d'un premier axe qui est perpendiculaire à la zone
où doit être formée la lentille et passe par le centre de cette zone;
- un meulage de ladite zone au moyen d'une meule dont la partie active a un diamètre
inférieur au diamètre de la lentille et tourne autour d'un deuxième axe contenu dans
un plan contenant le premier axe; et
- un mouvement oscillant de la meule ou de la plaque autour d'un troisième axe perpendiculaire
au plan contenant les premier et deuxième axes et distant de ladite zone d'une valeur
égale au rayon de courbure désiré de la lentille.
[0006] La demanderesse a en effet constaté de manière surprenante que, si l'on utilise une
meule dont la partie active a un diamètre inférieur au diamètre de la lentille, et
qu'on crée un mouvement d'oscillation relatif entre la meule et la plaque, la période
entre deux affûtages de la meule est augmentée de façon sensible.
[0007] Lorsque l'arc embrassé par la partie active de la meule dépasse la moitié de l'arc
de la lentille, le mouvement d'oscillation a pour seule fonction d'assurer l'auto-affûtage
de la meule. Si, par contre, l'arc embrassé par la partie active de la meule est inférieur
à la moitié de l'arc embrassé par la lentille, le mouvement de rotation de la plaque
ne peut suffire à l'usinage de toute la surface de la lentille. Pour garantir cet
usinage, il faut que l'angle d'oscillation soit au moins égal à l'angle correspondant
à la différence entre la moitié de l'arc embrassé par la lentille et l'arc embrassé
par la partie active de la meule.
[0008] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui suit, faite en
regard des dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 représente un dispositif permettant la mise en oeuvre de ce procédé;
- les figures 2, 3 et 4 représentent en coupe verticale trois arrangements différents
d'une partie du dispositif représenté à la figure 1.
[0009] Le dispositif représenté à la figure 1 comprend un bâti-support 10 sur lequel sont
montées une potence 12 et une poupée 14. La potence 12 porte une broche 16 à l'extrémité
de laquelle est fixée une meule cylindrique 20, de même axe que la broche et portant,
à son extrémité active 20a, de la matière abrasive, constituée de préférence par de
la poudre de diamant. Une poulie 18, montée sur la broche 16, permet d'entraîner celle-ci
en rotation au moyen d'un moteur non représenté. La potence 12 comporte, en outre,
des coulisses 22, 24 et 26 permettant, d'une manière tout à fait classique, le déplacement
de la meule 20 selon trois axes orthogonaux. De manière plus précise, la coulisse
22 permet, à l'aide d'une vis micrométrique 23, de déplacer la meule verticalement
selon son axe, tandis que les coulisses 24 et 26 permettent, à l'aide des vis micrométriques
25 et 27 respectivement, de déplacer la meule horizontalement selon deux directions
perpendiculaires.
[0010] La poupée 14 porte une broche 28 dont l'extrémité 28a voisine de la potence 12 est,
grâce à un coude 28b, décalée vers le bas par rapport à l'axe de rotation de la broche.
Une table 30 est montée sur un arbre 32 qui est perpendiculaire à l'axe de la broche
28 et qui pivote dans l'extrémité 28a. Cet arbre porte une poulie 34 qui permet de
l'entrainer en rotation, grâce à un moteur non représenté à la figure. Un posage 36,
solidaire de la table 30, permet de fixer une plaque 38, en matériau minéral transparent,
telle qu'un verre de montre, destinée à être munie d'une lentille.
[0011] Il va de soi que la meule 20 et le posage 36 ont des sens de rotation opposés.
[0012] Le posage 36 a une épaisseur telle que la distance entre la face supérieure de la
plaque 38 et l'axe de la broche 28 soit égale au rayon de courbure R que devra avoir
la lentille.
[0013] La broche 28 est associée à des moyens d'entraînement, non représentés, permettant
de lui imprimer un mouvement oscillant de faible amplitude.
[0014] Dans une première variante du procédé selon l'invention, la partie active 20a de
la meule a, comme représenté sur les figures 2a et 2b, une forme de calotte sphérique
concave, de rayon égal au rayon de courbure de la lentille. En outre, l'axe 40 de
l'arbre 32 et l'axe 42 de la broche 16 coïncident lorsque la plaque 38 est horizontale
(figure 2a). Dans les autres positions de la plaque, ces deux axes coupent l'axe de
la broche 28, représenté en 44 et forment un angle a dont la valeur maximum α
max correspond aux positions extrêmes de la plaque.
[0015] Grâce au mouvement oscillant de la broche 28, il est possible d'augmenter le temps
compris entre deux affûtages de la meule. Le mouvement d'oscillation est rendu possible
du fait que de diamètre D de la lentille est sensiblement supérieur à celui d de la
meule. De façon avantageuse, le rapport d/D est compris entre 1/3 et 2/3. La relation
entre l'angle α
max, les diamètres D et d et le rayon de courbure R peut être exprimée par la formule
:

[0016] Cette relation sert à définir l'amplitude maximum du mouvement d'oscillation de la
broche, qui permet de réaliser, à l'aide d'une meule de diamètre donné, une lentille
de diamètre et de rayon de courbure désirés. A titre indicatif, pour une valeur du
rayon R de courbure comprise entre une et deux fois le diamètre D de la lentille,
et pour un rapport d/D compris entre 1/3 et 2/3, l'angle α
max est compris entre 5 et 20° environ.
[0017] La pratique a montré que l'auto-affûtage de la meule est d'autant meilleur que l'amplitude
de l'oscillation est grande, pour un diamètre de meule donné. Dans la variante représenté
aux figures 2a et 2b, cette amplitude maximum équivaut à une oscillation telle que
α varie de +α
max à -α
max. Lorsque l'arc embrassé par la partie active de la meule est inférieur à la moitié
de l'arc embrassé par la lentille, l'oscillation doit avoir une amplitude minimum,
comprise entre α
max et α
min, α
min étant égal à α
max moins la différence des angles associés à la moitié de l'arc embrassé par la lentille
et l'arc embrassé par la meule.
[0018] Dans la deuxième variante du procédé selon l'invention, représentée aux figures 3a
et 3b, les axes 40 et 42 de l'arbre 32 et de la broche 16 définissent un plan, coïncidant
avec le plan de ces figures et perpendiculaire à l'axe 44 de la broche 28. L'axe 42
de la broche 16 est distant de l'axe 44 d'une valeur e. Lorsque la plaque 38 est horizontale
(figure 3a), les axes de la broche 16 et de l'arbre 32 sont parallèles. Dans les autres
positions, les deux axes forment un angle a, dont la valeur maximum α
max est obtenue lorsque la broche 28 est au maximum de son oscillation (figure 3b). Celle-ci
ne peut se faire que de la position horizontale vers une position inclinée dans laquelle
le côté de la lentille opposé à l'axe 42 est surélevé (figure 3b). Un basculement
dans l'autre sens aurait pour effet de mettre en contact la meule 20 et le cône de
raccordement 46, ce qui détériorerait la meule et altèrerait l'état de surface du
cône 46. Dans cette variante, la relation entre les différents paramètres peut être
exprimé par la formule :

[0019] La valeur de (d-e) est typiquement comprise entre D/3 et 2D/3, ce qui fait que l'angle
α
max est, ici aussi, compris entre 5° et 20°.
[0020] Plus la distance e est grande, plus le diamètre de la meule peut être augmenté. Si
toutefois la meule a un diamètre trop grand, la forme du cône 46 (figures 3a et 3b)
qui entoure la lentille est déformée, dans le sens de l'élargissement, ce qui est
préjudiciable à l'esthétique du produit.
[0021] Cet inconvénient peut être évité si le diamètre d de la meule, le diamètre D de la
lentille, et l'angle α
max répondent à l'inégalité :

[0022] La forme de l'extrémité 20a de la meule est, dans ce cas, une partie de tore dont
le rayon du cercle générateur est égal au rayon de courbure R de la lentille et dont
la distance entre l'axe générateur et le centre du cercle générateur est égale à e.
Ce mode de faire permet d'utiliser une meule de plus grand diamètre, d'où une augmentation
de sa durée de vie, à cause d'une usure plus faible. Le réglage du dispositif est
toutefois plus délicat.
[0023] Les règles relatives à l'amplitude minimum de l'oscillation sont aussi applicable
dans cette variante, avec toutefois la différence que pour un même diamètre, l'arc
embrassé par la partie active de la meule est sensiblement égale à la moitié de celui
correspondant à la première variante, du fait que la partie active a la forme d'une
partie de tore et non plus d'une calotte de sphère.
[0024] La variante représentée aux figures 4a et 4b s'apparente à celle des figures 3a et
3b avec toutefois un angle a qui n'est jamais nul. Ces conditions de travail sont
obtenues en faisant osciller la broche 28 entre deux positions extrêmes pour lesquelles
les axes 40 et 42 forment des angles α
min (figure 4a), tel que la meule soit en contact avec la partie centrale de la lentille,
et a
max (figure 4b), tel que la meule soit en contact avec la zone périphérique de la lentille.
[0025] Si dans ce cas, on utilisait une meule similaire à celle des figures 3a et 3b, le
cône de raccordement aurait un grand angle au sommet, ce qui serait inesthétique.
Cet inconvénient peut être éliminé en utilisant une meule dont la partie active 20a,
en forme de partie de tore est reliée au corps de la meule par un tronc de cône 20b
dont l'angle au sommet est égal à 2 a
max. Dans ce cas, les parties 20a et 20b peuvent être fabriquées indépendament du corps
de la meule, puis fixées à celui-ci par des moyens de liaison classiques. Grâce au
fait que l'angle α
max est important, la zone centrale de la partie de tore concave est proéminante et peut
ainsi facilement être tronquée pour permettre l'accès aux moyens d'assemblage non
représentés au dessin.
[0026] Dans les trois variantes décrites, le mouvement d'oscillation est imposé à la table
portant la plaque. Il va de soit que si c'est la meule qui oscille, autour du même
axe 44, l'effet obtenu est identique.
[0027] Les essais mécaniques effectués avec des plaques réalisées selon ce procédé ont montré
que, pour une épaisseur de saphir de 0,6 mm, et pour une épaisseur de lentille égale
à 0,2 mm, la résistance mécanique de la plaque n'est nullement affectée.
[0028] Ce procédé se prête particulièrement bien à l'usinage de plaques en saphir, mais
aussi à d'autres matériaux, tels que le verre minéral par exemple.
1. Procédé pour former une lentille convergente dans une plaque d'un matériau minéral
transparent, caractérisé en ce qu'il consiste à effectuer simultanément :
- une rotation de ladite plaque autour d'un premier axe qui est perpendiculaire à
la zone où doit être formée ladite lentille et passe par le centre de cette zone;
- un meulage de ladite zone au moyen d'une meule dont la partie active a un diamètre
inférieur au diamètre de la lentille et tourne autour d'un deuxième axe;
- un mouvement oscillant de la plaque ou de la meule autour d'un troisième axe, perpendiculaire
au plan contenant les premier et deuxième axes coupant ledit premier axe et distant
de ladite zone d'une valeur égale au rayon de courbure désiré de la lentille.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le deuxième axe coupe le
troisième axe et en ce que la partie active de ladite meule a une forme de calotte
sphérique concave, de rayon égal au rayon de courbure de la lentille.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que les deuxième et troisième
axes sont éloignés l'un de l'autre d'une valeur constante non nulle et que la partie
active de la meule a la forme d'une partie de tore concave, dont l'axe générateur
coïncide avec ledit deuxième axe, dont le rayon du cercle générateur est égal au rayon
de courbure de la lentille et dont la distance entre l'axe générateur et le centre
du cercle générateur est égal à la distance entre les deuxième et troisième axes.
4. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que le diamètre d de la meule,
le diamètre D de la lentille et l'angle maximum a max que forment les premier et deuxième
axes répondent à l'inégalité : D cos αmax ≧ d.
5. Procédé selon la revendication 4, dans lequel ladite meule comporte un corps de
forme cylindrique, caractérisé en ce que ledit corps est relié à la partie active
de la meule par un tronc de cône, dont la partie la plus étroite est attenante audit
corps, l'angle au sommet dudit cône étant égal à 2 a max