[0001] L'invention concerne les isolateurs électriques présentant une insensibilité améliorée
à la pollution et plus particulièrement ceux dont les diélectriques sont en verre
ou en porcelaine.
[0002] On sait que les pollutions atmosphériques peuvent conduire, sur la surface des isolateurs,
à la formation de dépôts conducteurs.
[0003] La résistance électrique au niveau de la couche superficielle de l'isolateur n'étant
pas uniforme, on constate en milieu humide, la présence de zones sèches en série avec
des zones humides.
[0004] Au niveau de ces zones sèches, il peut alors se produire des gradients de tension,
bien plus élevés qu'au niveau des zones humides, et susceptibles d'atteindre le seuil
de claquage dans l'air.
[0005] De plus lorsque l'étendue des zones sèches atteint une certaine proportion de la
longueur de l'isolateur, il se produit alors un contour nement complet de ce dernier
entraînant un court-circuit pour le réseau et sa mise hors service.
[0006] Afin de pallier ces inconvénients, il a déjà été proposé, dans le brevet américain
USP 3 795 499 pour les isolateurs en porcelaine et dans le brevet anglais n° 1 240
854 pour les isolateurs organiques, de revêtir la surface du diélectrique par une
couche semi-conductrice, de résistivité ne variant pas en fonction du courant, par
exemple un émail semi-conducteur, de façon à juxtaposer à la couche polluée de résistivité
irrégulière une couche sous-jacente de résistivité constante afin de maîtriser la
répartition de potentiel le long de l'isolateur.
[0007] Toutefois cette solution n'est pas pleinement satisfaisante.
[0008] En effet, si le courant passant dans la couche semi-conductrice n'est pas nettement
supérieur à celui qui passe dans la couche polluée, la couche semi-conductrice ne
joue pratiquement pas de rôle, car c'est la couche polluée qui fixe la répartition
du potentiel, de façon irrégulière.
[0009] Par contre, si le courant passant dans la couche semi-conductrice est nettement plus
important que celui passant dans la couche polluée, les phénomènes résultant de la
juxtaposition des zones sèches et des zones humides ne peuvent se produire, mais les
pertes d'énergie sont alors trop élevées pour que cette solution soit économiquement
acceptable. De plus, cette solution n'est pas fiable dans le temps.
[0010] On est donc obligé d'adopter une solution de compromis, qui n'est en fait satisfaisante
que pour les cas de pollution légère.
[0011] Aussi, avec un revêtement semi-conducteur de résistivité définie , on ne peut, dans
les cas de pollution importante, qu'atténuer les défauts explicités ci-dessus mais
non pas les supprimer.
[0012] La présente invention permet de remédier à ces inconvénients.
[0013] Elle a pour objet un isolateur électrique présentant une insensibilité améliorée
à la pollution comprenant un corps en un matériau diélectrique comportant un revêtement
extérieur semi-conducteur, caractérisé par le fait que , ledit matériau diélectrique
étant choisi parmi le verre et la porcelaine, que ledit revêtement est constitué par
un dépôt de céramique comprenant essentiellement de l'oxyde de zinc additionné d'au
moins un oxyde métallique créant une non linéarité dans la caractéristique tension-courant
dudit oxyde de zinc, telle que I = kV c( avec compris entre 20 et 50, l'épaisseur
dudit revêtement étant comprise entre 0,05 et 0,5 mm.
[0014] A titre d'exemple, dans le revêtement conforme à l'invention, une variation de la
densité de courant de l'ordre de 10
6 correspond une variation du gradient de tension voisine de 2. Les coefficients k
et α sont caractéristiques du matériau et des dimensions géométriques (notamment ligne
de fuite de l'isolateur, épaisseur du revêtement).
[0015] La teneur en oxyde de zinc dans le revêtement est avantageusement supérieure à 90%.
[0016] Ledit oxyde métallique est choisi avantageusement dans le groupe formé par l'oxyde
de bismuth, l'oxyde de manganèse, l'oxyde de cobalt, l'oxyde de chrome, l'oxyde d'antimoine.
[0017] La caractéristique particulière du revêtement à base d'oxyde de zinc utilisée dans
le cadre de la présente invention est qu'il évite la formation locale d'ares au niveau
des zones sèches. La répartition du champ électrique à la surface de l'isolateur est
améliorée et on prévient ainsi l'arc de contournement.
[0018] Ainsi, en cas de pollution importante, compte tenu des caractéristiques électriques
de la couche à base d'oxyde de zinc, lorsque l'intensité augmente très fortement dans
la couche d'oxyde de zinc, la tension peut être stabilisée au-dessous du seuil de
contournement dans l'air.
[0019] Dès que les troubles résultant de la pollution diminuent, le courant revient à une
valeur très faible ne créant pas de perte d'énergie sensible.
[0020] Ce fonctionnement se retrouve en cas de pollution légère, entrai- nant alors un très
faible courant dans les zones polluées ; le courant dans la couche superficielle à
base d'oxyde de zinc est également très faible, ne créant pas de perte d'énergie sensible.
[0021] D'autres caractéristiques de l'invention ressortiront de la description qui va suivre
et du dessin annexé dans lequel :
La figure 1 représente schématiquement en coupe partielle une partie d'un isolateur
conforme à l'invention.
La figure 2 est représentative des caractéristiques électriques de l'oxyde de zinc
dopé entrant dans la constitution du revêtement conforme à l'invention et d'un émail
semi-conducteur utilisé selon l'art antérieur pour le revêtement des isolateurs.
[0022] Sur la figure 1, on a représenté un tronçon 1 d'un isolateur constitué par un assemblage
d'éléments isolants tels que 2. Chaque élément 2 comprend substantiellement un diélectrique
3 en verre ou en porcelaine par exemple, muni d'un capot métallique 4 et d'une tige
métallique de solidarisation 5
[0023] Selon l'invention, le diélectrique 3 est revêtu extérieurement par une mince couche
6 à base d'oxyde de zinc dopé par au moins un autre oxyde métallique.
[0024] La couche 6 peut présenter une épaisseur comprise entre 0,05 et 0,5 mm.
[0025] On donnera ci-après, à titre illustratif et nullement limitatif, trois exemples de
composition d'une couche de revêtement :
Pour 10 grammes de matériau de revêtement :
1er exemple

[0026] 2ème exemple

[0027] 3ème exemple

[0028] Le mélange est fritté à 1250
0C puis, pour 10 grammes de produit, on ajoute 0,5 mole de Bi
20
3 (0,2691
g de
Bi203).
[0029] La composition et l'épaisseur de la couche de revêtement sont ajustées en fonction
des caractéristiques électriques désirées pour ladite couche.
[0030] La forme de l'isolateur intervient également.
[0031] La mise en place du revêtement à base d'oxyde de zinc peut être réalisée selon différents
procédés.
[0032] Ainsi, avec un isolateur comportant un diélectrique en porcelaine, on commence par
réaliser ledit diélectrique.
[0033] Le matériau destiné à constituer le revêtement est préparé ainsi : Le mélange pulvérulent
d'oxyde de zinc et des oxydes métalliques additionnels est homogénéisé et broyé, puis
subit un préfrittage à l'air ambiant vers 700°C pendant deux heures ; le mélange calciné
est rebroyé. De préférence on y incorpore ensuite un liant organique ; on sèche l'ensemble
par des moyens conventionnels et on rebroie le mélange obtenu : la granulométrie est
alors de l'ordre du micron.
[0034] La poudre est mise en forme, par exemple, par projection ou par dépôt sous vide,
sous forme d'une couche sur la surface externe du diélectrique. L'épaisseur de la
couche est choisie suffisante pour être compatible avec les échauffements qu'elle
aura à subir au cours du fonctionnement de l'isolateur et en fonction des caractéristiques
électriques recherchées.
[0035] De même, pour un isolateur en verre, le dépôt de la couche à base d'oxyde de zinc
peut être réalisé notamment par les techniques de dépôt sous vide et de dépôt par
projection.
[0036] Sur la figure 2, on a porté en ordonnée le logarithme du gradient de tension E en
kV/cm et en abscisse le logarithme de la densité de courant J en ampères/cm
2.
[0037] Les mesures ont été faites à 25°C. La courbe (A) est relative à un matériau répondant
à la composition du premier exemple précité et la courbe (B) à un émail semiconducteur
utilisé selon l'art antérieur pour le revêtement d'un isolateur.
[0038] Comme on peut le constater très clairement sur la courbe (A), lorsque la densité
de courant varie de 10
-4 à 10 , c'est-à-dire dans un rapport 10
6, la tension ne varie même pas dans un rapport 2, alors que dans le cas de l'émail
semi-conducteur (courbe B) lorsque l'intensité varie dans le rapport 10, la tension
varie également dans le même rapport 10.
[0039] Pour l'oxyde de zinc additionné d'oxydes métalliques, la courbe (A) répond à l'équation
: I = k Vα, α étant compris entre 20 et 50.
[0040] Si de telles propriétés électriques ont déjà été utilisées dans le domaine des parafoudres,
il y a lieu de souligner que cette application diffère totalement de celle décrite
dans la présente demande et que les résultats observés dans le cas des parafoudres
ne peuvent être transposés aux isolateurs objet de la présente demande.
[0041] En effet, dans les parafoudres, l'intensité du courant qui traverse l'oxyde de zinc
est très importante, supérieure à 1000 ampères et pouvant atteindre 30000 ampères,
alors que dans l'isolateur conforme à l'invention, l'intensité se situe entre le milliampère
et l'ampère.
[0042] Il s'ensuit en particulier, que la section d'oxyde de zinc dopé traversée dans un
parafoudre est beaucoup plus importante que la section du revêtement de l'isolateur
conforme à l'invention.
[0043] Dans le cas de l'isolateur conforme à l'invention, l'action de la couche à base d'oxyde
de zinc est locale et se manifeste en plusieurs endroits selon des intervalles de
temps assez courts sans entraîner l'interruption du service.
[0044] Par contre, dans les parafoudres, l'action est instantanée ; elle concerne la totalité
du parafoudre, qui est traversé entièrement, et entraîne l'arrêt du service par ouverture
des disjoncteurs de protection de la ligne.
[0045] Bien entendu l'invention n'est nullement limitée au mode de réali sation décrit et
représenté qui n'a été donné qu'à titre d'exemple, en particulier elle peut s'appliquer
à des isolateurs du type support ou d'autres types.
1/ Isolateur électrique (1) présentant une insensibilité améliorée à la pollution
comprenant un corps en un matériau diélectrique (3) comportant un revêtement extérieur
semi-conducteur, caractérisé par le fait que, ledit matériau diélectrique étant choisi
parmi le verre et la porcelaine, ledit revêtement (6) est constitué par un dépôt de
céramique comprenant essentiellement de l'oxyde de zinc additionné d'au moins un oxyde
métallique créant une non-linéarité dans la caractéristique tension-courant dudit
oxyde de zinc, telle que I = kVα avec α compris entre 20 et 50, l'épaisseur dudit
revêtement étant comprise entre 0,05 et 0,5 mm.
2/ Isolateur selon la revendication 1, caractérisé par le fait que la teneur en oxyde
de zinc dans le revêtement est supérieure à 90%.
3/ Isolateur selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé par le fait que l'oxyde
métallique est choisi dans le groupe formé par les oxydes de bismuth, manganèse, cobalt,
chrome et antimoine.