(57) L'invention concerne un procédé de passivation à sec de magnésium à l'état divisé.
Le procédé consiste à mettre le magnésium divis en contact intime avec un inhibiteur
de corrosion à l'état pulvérulent, en atmosphère sèche puis en atmosphère saturée
de vapeur d'eau, mais en l'absence d'eau liquide, puis finalement en atmosphère sèche.
L'inhibiteur est un composé minéral dont le cation est choisi parmi le zinc, le cadmium,
le baryum, le plomb et l'étain, et dont l'anion est choisi parmi le chromate, le bichromate,
le permanganate, le chlorate, le perchlorate, les vanadates, les phosphates, le fluorophosphate,
le fluorure, les borates, et il est introduit dans une proportion comprise entre 0,01
et 1% et, de préférence, entre 0,05 et 0,2% en poids par rapport au magnésium à passiver.
[0001] Il est connu que le magnésium et les alliages à base de magnésium, à l'état divisé
(poudre, grains, grenailles, copeaux, etc...) présentent une grande activité chimique
et sont sujets à une corrosion rapide en présence de certains composés, et même par
simple stockage à l'air humide. C'est le cas, par exemple, de la poudre de magnésium
utilisée pour l'enrobage de certaines électrodes de soudure, sous forme d'une pâte
dont le liant est à base de silicate de sodium.
[0002] La poudre de magnésium non-passivée réagit avec le silicate de sodium et forme une
quantité importante d'hydrogène. Si l'on veut assurer la conservation au stockage
prolongé de la poudre destinée à la fabrication des électrodes, il faut absolument
la passiver.
[0003] Les procédés actuels opèrent par trempage des poudres en solution aqueuse, et font
appel le plus souvent à du chromate ou à du bichromate de potassium. Ils obligent
à procéder à un séchage suivi d'un démottage.
[0004] L'objet de la présente invention est un procédé de passivation, à sec, de magnésium
et alliages de magnésium à l'état divisé, qui est mis en oeuvre par simple mise en
contact intime du magnésium divisé à passiver et d'un inhibiteur de corrosion à l'état
pulvérulent.
[0005] Dans tout ce qui suit, on conviendra de désigner par "magnésium" aussi bien le magnésium
pur non allié que les alliages à base de magnésium.
[0006] Le procédé de passivation est mis en oeuvre dans les conditions suivantes :
A. - le magnésium divisé est introduit dans un récipient clos, de dimensions suffisantes
pour permettre une agitation efficace, et muni d'une entrée et d'une sortie de gaz.
B. - l'inhibiteur, à l'état pulvérulent, est également introduit dans le récipient
clos.
C. - on établit, dans le récipient clos, une atmosphère sèche, par exemple, par circulation
d'air sec ou de tout autre gaz sec inactif vis-à-vis du magnésium divisé à froid,
tel que l'azote ou l'argon.
D. - on soumet la poudre à une agitation convenable de façon à mettre en contact intime
le magnésium divisé et l'inhibiteur, pendant une durée de l'ordre de 1 à 15 minutes.
E. - on établit, dans le récipient, une atmosphère humide en saturant de vapeur d'eau
l'air ou le gaz inactif, par exemple par barbottage préalable dans de l'eau portée
à une température comprise entre`20 et 80°C, et, de préférence, entre 50 et 70° C.
Cette opération doit s'effectuer sans entraînement d'eau à l'état liquide ; sa durée
est sensiblement égale à l'opération précédente, et il est préférable d'agiter.
F. - on achève le traitement par passage d'air sec ou de gaz inactif sec, éventuellement
préchauffé à une température inférieure à 100° C, pendant quelques minutes, et on
récupère le magnésium divisé passivé.
[0007] Les paramètres de ces différentes opérations sont les suivants :
1°/ Granulométrie du magnésium divisé : elle peut varier dans des limites très larges,
de quelques micromètres à quelques millimètres. Toutefois, la passivation est particulièrement
efficace -et nécessaire- pour les poudres inférieures à 500 micromètres. Les poudres
utilisées pour la fabrication des électrodes de soudure, par exemple, se situent généralement
entre 60 et 400 micromètres.
2°/ Nature de 1 inhibiteur : c'est un produit minéral dont le cation est choisi parmi
le zinc, le cadmium, le baryum, le plomb et l'étain et dont l'anion est choisi parmi
le chromate, le bichromate, le permanganate, le chlorate, le perchlorate, les vanadates,
les phosphates (ortho, méta ou poly), le fluorophosphate, le fluorure, les borates.
Parmi les inhibiteurs les plus actifs, on peut citer le chromate de zinc (ZnCrO2), le fluorophosphate de zinc (ZnPO F) et le métavanadate de zinc.
3°/ Quantité d inhibiteur : elle est de 0,01 à 1 % et, de préférence, de 0,05 à 0,2
% en poids, par rapport au magnésium divisé à passiver. L'effet de passivation, évalué
par un test qui sera décrit un peu plus loin, est corrélé à la teneur en inhibiteur.
C'est le cas avec le chromate de zinc, tout au moins dans l'intervalle de 0,05 à 0,5
% en poids.
4°/ Granulométrie de l'inhibiteur : l'inhibiteur doit être finement pulvérisé et,
de préférence, passé entièrement au tamis à maille de 40 micromètres.
5°/ Atmosphère : pendant les phases C et F (passivation et séchage final), l'air sec
convient parfaitement ; de même que les gaz inactifs vis-à-vis du magnésium à la température
ambiante ou à une température inférieure à 100° C, ce qui est le cas de l'azote ou
de l'argon. Des essais effectués avec des mélanges argon-oxygène ou avec de l'air
ozoné ont également donné des résultats satisfaisants.
6°/ Durée de l'agitation : selon le type d'agitation (à secousses, à rotation, à renversements
alternés, etc...) la durée optimale peut varier de 1 à 15 minutes. Une durée excessive
provoque; par auto- abrasion, la destruction progressive de la couche protectrice
d'oxyde de magnésium en surface des grains et va à l'encontre du but recherché.
7°/ Température de traitement : bien que l'on puisse opérer à là température ambiante,
le meilleur compromis entre la durée et l'efficacité du traitement se situe vers 50
à 70° C.
[0008] La qualité de la passivation peut être évaluée par réaction du magnésium divisé sur
du silicate de sodium. Dans le cas d'une poudre pour électrodes, on fait réagir un
gramme de poudre passivée avec 20 millilitres de solution de silicate de sodium, obtenue
par dilution de deux volumes de la solution commerciale de densité 1,33 avec un volume
d'eau, pendant 3 heures à 90° C.
[0009] Une poudre de granulométrie 100 à 200 micromètres donne lieu, dans ces conditions,
à un dégagement d'hydrogène de 1000 à 4000
Ncm3.
[0010] La même poudra passivée avec 0,05 % de chromate de zinc, donne un dégagement de 100
à 200 Ncm3 et avec 0,1 % de chromate de zinc, nettement inférieur à 100 Hcm3.
[0011] Le fluorophosphate de zinc, dans les mêmes proportions, conduit à des résultats à
peu près identiques.
[0012] Il faut souligner que le test au silicate à 90° C est particulièrement sévère et
que, en pratique, la poudre passivée avec 0,05 % de chromate de zinc convient parfaitement
pour la fabrication des électrodes de soudure et ne donne lieu à aucune corrosion
lors du stockage prolongé.
[0013] La poudre de magnésium 100-200 micromètres a une teneur initiale en oxygène (exprimée
en MgO) de l'ordre de 0,2 à 0,3 %, et au maximum de 0,4 %, selon les conditions particulières
de fabrication. Après passivation, la teneur en MgO peut augmenter jusqu'à 0,4 % à
0,8 % selon le pourcentage d'inhibiteur utilisé.
[0014] Quelles que soient la granulométrie du magnésium divisé et la teneur en inhibiteur,
le produit obtenu après passivation conserve sa granulométrie et son état initial,
et ne forme ni agglomérés ni mottes. L'aspect est relativement peu modifié, tout au
plus peut-on observer un très léger ternissement de l'éclat métallique, surtout sensible
aux niveaux élevés d'inhibiteur (0,5 %) et à peine visible aux bas niveaux (0,05 %).
[0015] La couche protectrice ainsi formée peut être nettement différentiée des couches obtenues
par les procédés de trempage. Cette différentiation est basée sur la morphologie,
sûr la composition chimique (par exemple, présence de Cr, de Zn ou de V), déterminée
à l'aide des techniques classiques d'analyse de surface telles que la microscopie
électronique à balayage, la spectrographie ESCA ou AUGER, ou l'analyse ionique.
[0016] Le magnésium divisé, passivé selon le procédé objet de l'invention, convient parfaitement
à tous les usages dans lequel il doit être conservé, pendant des durées prolongées,
dans des conditions ou en présence de substances qui seraient susceptibles de déclencher
une corrosion.
1. Procédé de passivation à sec de magnésium à l'état divisé, caractérisé en ce que
le magnésium est mis en contact intime, avec un inhibiteur de corrosion à l'état finement
pulvérisé, constitué par un composé minéral dont le cation est choisi parmi le zinc,
le cadmium, le baruym, le plomb et l'étain, et dont l'anion est choisi parmi le chromate,
le bichromate, le permanganate, le chlorate, le perchlorate, les vanadates, les phosphates,
le fluorophosphate, le fluorure, les borates, la mise en contact étant effectuée en
trois stades successifs : en atmosphère sèche, puis en atmosphère saturée de vapeur
d'eau mais en l'absence d'eau à l'état liquide, puis finalement en atmosphère sèche.
2. Procédé de passivation à sec, selon revendication 1, caractérisé en ce que la phase
initiale de mise en contatc en atmosphère sèche a une durée comprise entre 1 et 15
minutes.
3. Procédé de passivation à sec, selon revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que.la
phase initiale de mise en contact en atmosphère sèche est effectuée en présence d'air
sec ou d'air ozone sec, ou de gaz inactif sec, tel qu'azote ou argon.
4. Procédé de pa3sivation à sec, selon revendication 1, caractérisé en ce que la phase
de mise en contact en atmosphère humide est effectuée en présence d'air ou de gaz
inactif tel qu'azote ou argon saturé en vapeur d'eau, à une température comprise entre
20 et 80°C, de préférence, comprise entre 50 et 70°C, et, de préférence, sous agitation.
5. Procédé de passivation à sec, selon revendication 1, caractérisé en ce que la phase
finale de mise en contact en atmosphère sèche est effectuée en présence d'air sec
ou d'air ozoné sec ou de gaz inactif tel qu'azote ou argon, à une température ne dépassant
pas 100°C.
6. Procédé de passivation à sec, selon revendication 1, caractérisé en ce que l'inhibiteur
est introduit à l'état de poudre passant entièrement au tamis à maille de 40 micromètres.
7. Procédé de passivation à sec, selon revendication 1, caractérisé en ce que l'inhibiteur
est introduit dans une proportion comprise entre 0,01 et 1 Z et, de préférence, entre
0,05 et 0,2 X en poids par rapport au magnésium à passiver.
8. Procédé de passivation à sec, selon revendication 1, caractérisé en ce que la durée
de chacune des trois phases (atmosphère sèche, atmosphère humide, atmosphère sèche)
est comprise entre 1 et 15 minutes.